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Matthieu 26
Vigouroux


Mort et résurrection de Jésus

Complot contre Jésus

1 Et il arriva que, lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, Il dit à Ses disciples :
2 Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours, et le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié.
[26.2 Voir Marc, 14, 1 ; Luc, 22, 1. — La Pâque, la fête la plus solennelle des Juifs, se célébrait en mémoire de la délivrance du peuple juif de la servitude de l’Egypte, par la manducation de l’agneau pascal, figure de Notre-Seigneur, voir 1 Corinthiens, 5, 7. Elle se célébrait le 14 nisan (mars-avril) et durait sept jours.]
3 Alors les princes des prêtres et les anciens du peuple s’assemblèrent dans la cour du grand prêtre, appelé Caïphe ;
[26.3 Les princes des prêtres, les chefs des vingt-quatre familles sacerdotales. — Les anciens du peuple, les membres du sanhédrin. — Du grand prêtre appelé Caïphe. Caïphe, qu’on appelait aussi Joseph, fut nommé grand prêtre par le procurateur romain Valérius Gratus vers l’an 27 ou 28 de notre ère, à la place de Simon, fils de Camith. Il conserva ses fonctions pendant toute l’administration de Pilate, mais il fut déposé en l’an 36 ou 37 par le proconsul Vitellius et remplacé par Jonathan, fils du pontife Ananus ou Anne.]
4 et ils tinrent conseil pour se saisir de Jésus par ruse, et Le faire mourir.
5 Mais ils disaient : Que ce ne soit pas pendant la fête, de peur qu’il n’y ait du tumulte parmi le peuple.

Une femme verse du parfum sur Jésus

6 Or, comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,
[26.6 Simon le lépreux ; c’est-à-dire qui avait été lépreux. — « Le repas décrit par saint Jean, 12, 2, est-il différent de celui qui eut lieu chez Simon le lépreux, voir Matthieu, 26, 6, et de celui que décrit saint Luc, 7, 36 ? — Il est probable que le repas décrit par saint Jean est le même que saint Matthieu nous dit avoir eu lieu chez Simon. Les deux Evangélistes placent la scène à Béthanie ; les récits présentent les mêmes circonstances et se rapportent à la même époque. Le Sauveur revint dans ce bourg six jours avant Pâques, comme le dit saint Jean, le samedi soir par conséquent, un peu avant le repas, ou le vendredi, si l’on compte les six jours à partir du jeudi soir où la fête commençait. Si saint Matthieu parle de deux jours avant Pâques, quelques versets plus haut, c’est à propos d’un autre fait, de la résolution prise par le Sanhédrin de faire mourir Jésus ; et cette anticipation n’empêche pas qu’il ne dérive ensuite très naturellement ce repas de Béthanie, qui a fourni à Judas l’occasion de quitter son Maître et de le vendre aux Juifs. Que Lazare et ses sœurs assistent à ce repas, ce n’est pas une preuve qu’il eut lieu chez eux. Celui qui l’offrait ne pouvait-il pas être de leurs parents ou de leurs amis ? C’est même probablement parce qu’on n’était pas chez eux que saint Jean crut devoir signaler leur présence et surtout le zèle de Marthe à servir les convives. Ici comme ailleurs, le dernier évangile complète les précédents, en ajoutant à leur récit de nouveaux traits. Saint Matthieu et saint Marc disent : une femme ; saint Jean dit : Marie, sœur de Lazare. Ils parlent de l’onction de la tête seulement ; lui signale l’onction des pieds.

« Le repas dont parle saint Luc eut lieu assez longtemps auparavant en Galilée, et selon toute apparence à Naïm. On ne peut donc pas le confondre avec celui qui eut lieu à Béthanie six jours avant Pâques, où Notre-Seigneur eut à reprendre les sentiments de Judas, et non ceux de Simon. Seulement on peut demander si ce n’est pas le même Simon qui les a donnés l’un et l’autre. La plupart distinguent Simon le pharisien de Simon le lépreux. Ils ne semblent pas, disent-ils, avoir le même domicile, ni le même caractère, ni les mêmes dispositions envers le Sauveur. Ces raisons ne sont cependant pas une démonstration. Il n’est pas sûr que Simon fût de Naïm, ni même de Galilée : saint Luc ne le dit pas ; et quoique pharisien, il avait pu être guéri de la lèpre par Notre-Seigneur et changer de sentiment à son égard. Â» (L. BACUEZ.)]

7 une femme s’approcha de Lui avec un vase d’albâtre, plein d’un parfum de grand prix, et elle le répandit sur Sa tête, pendant qu’Il était à table.[26.7 Voir Marc, 14, 8 ; Jean, 11, 2 ; 12, 3. — « Une femme ayant un vase d’albâtre. On croit que c’est Marie Madeleine. Le sentiment commun est qu’il n’y a point de distinction à faire entre la pécheresse de saint Luc, Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, Marie, sœur de Marthe, et Marie de Béthanie. Ce sentiment paraît bien fondé. En effet : 1° Tel est l’avis des docteurs et des Pères les plus anciens, celui que l’Eglise romaine a toujours suivi dans sa liturgie. S’il s’agissait, dans ces passages, de personnes différentes, serait-il possible que les Apôtres n’en eussent pas instruit les premiers fidèles ou qu’il se fût établi dès les premiers temps une tradition opposée à leur enseignement ? — 2° Lorsqu’on lit simplement l’Evangile, l’idée de ces distinctions ne s’offre pas à l’esprit. — Après avoir rapporté la conversion de la pécheresse chez Simon, saint Luc parle aussitôt de plusieurs femmes qui avaient été guéries ou délivrées du démon par le Sauveur, et qui l’assistaient de leurs biens : or, la première de toutes est Marie, surnommée Madeleine. — Quand saint Jean parle de Marie, sœur de Lazare et de Marthe, il ajoute, pour la faire connaître, que c’est la personne qui a essuyé de ses cheveux les pieds du Sauveur. A qui peut-on penser, sinon à la pécheresse qu’on sait avoir fait à Naïm cet acte d’humilité et de religion ? — On ne peut pas la méconnaître davantage chez Simon où cette action est renouvelée, ni aux pieds du Sauveur, à la maison de Marthe, ni au pied de la croix, ni au tombeau où elle paraît sous le nom de Marie-Madeleine. Si ce n’était pas là, en effet, Marie de Béthanie, comment s’expliquer son absence, l’absence de la sœur de Lazare, en pareille circonstance ? D’ailleurs, ce sont les mêmes habitudes qui se manifestent partout, et l’identité du caractère indique l’identité de la personne. Mais si Marie de Béthanie est Marie-Madeleine, délivrée de sept démons, peut-on douter que ce ne soit la pécheresse de Naïm, celle qui a témoigné à Notre-Seigneur tant de repentir et tant d’amour ? — 3° On ne peut opposer à ce sentiment aucune difficulté réelle. — Une même personne ne peut-elle pas s’être trouvée en Galilée, chez Simon le pharisien, avoir possédé un bien à Magdala, et être venue chez sa sœur à Béthanie ? — Il est des esprits qui répugnent à croire que le Sauveur ait témoigné tant de bonté à une pécheresse, même après sa conversion. Mais n’a-t-il pas dit lui-même à Simon ce qu’on doit penser d’un tel sentiment ? N’est-ce pas pour les pécheurs qu’il est venu sur la terre et ne voulait-il pas qu’on connût ses dispositions ? Ce qu’il a fait pour Madeleine, ne l’a-t-il pas fait pour la Samaritaine et pour une infinité d’autres ? N’était-ce pas un présage, une figure de la grâce qu’il destinait à toute la gentilité ? Ne l’a-t-il pas aussi convertie ? Ne l’a-t-il pas régénérée, honorée du nom d’épouse et mise à la place de la synagogue infidèle ? — Enfin, si Marie, sœur de Marthe, n’était pas Marie-Madeleine, ne faudrait-il pas dire que l’Eglise est loin de remplir les intentions du Sauveur, qu’elle ne comprend même pas la prédiction qu’il a faite au repas de Béthanie, puisqu’elle attribue à sainte Madeleine et qu’elle honore particulièrement en sa personne l’acte de religion qu’il a signalé en Marie comme devant être pour elle la source de tant de gloire ? — Le caractère de Madeleine contraste admirablement avec celui de Judas à Béthanie, comme il contraste avec celui de Simon à Naïm. Â» (L. BACUEZ.) — Un vase d’albâtre. On a trouvé de nombreux échantillons de ces vases à parfums dans des tombeaux. Ceux qui ont été découverts dans les tombeaux des rois de Sidon, en Phénicie, et qui remontent à une époque un peu antérieure à Notre-Seigneur, sont tous en albâtre égyptien ; ils ont la forme d’une poire ; leur hauteur est de 25 centimètres ; l’orifice a 3 centimètres ; l’épaisseur n’est guère que d’un centimètre. Ces vases faits au tour, sont donc très fragiles.]
8 Les disciples, voyant cela, s’indignèrent et dirent : A quoi bon cette perte ?
9 Car on aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres.
10 Mais Jésus, sachant ce qu’ils disaient, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? car elle a fait une bonne oeuvre à Mon égard.
11 En effet, vous avez toujours des pauvres avec vous ; mais Moi, vous ne M’aurez pas toujours.
12 Cette femme, en répandant ce parfum sur Mon corps, l’a fait en vue de Ma sépulture.
13 En vérité, Je vous le dis, partout où sera prêché cet Evangile, dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire.
14 Alors un des douze, appelé Judas Iscariote, alla trouver les princes des prêtres
[26.14 Voir Marc, 14, 10 ; Luc, 22, 4.]
15 et leur dit : Que voulez-vous me donner, et je vous Le livrerai ? Et ils convinrent de lui donner trente pièces d’argent.
[26.15 Trente pièces d’argent ; c’est-à-dire trente sicles, qui font environ quarante-huit francs de notre monnaie (en 1900) ; c’était le prix ordinaire d’un esclave. Voir Exode, 21, 32.]
16 Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour Le livrer.

Institution de la cène

17 Or, le premier jour des azymes, les disciples s’approchèrent de Jésus et Lui dirent : Où voulez-Vous que nous Vous préparions ce qu’il faut pour manger la pâque ?
[26.17 Voir Marc, 14, 12 ; Luc, 22, 9. — Les azymes ; c’est-à-dire la fête des pains sans levain. — La pâque ; l’agneau pascal.]
18 Jésus leur répondit : Allez dans la ville, chez un tel, et dites-lui : Le Maître dit : Mon temps est proche ; Je ferai la pâque chez toi avec Mes disciples.
[26.18 Je veux faire chez toi la pâque. Dans le cénacle. Voir sur le cénacle, Marc, 14, 15.]
19 Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné, et préparèrent la pâque.
[26.19 Ils préparèrent la pâque, l’agneau pascal et tout ce qui était nécessaire pour le manger selon les rites. Voir Exode, 12, 3-20.]
20 Le soir étant venu, Il Se mit à table avec Ses douze disciples.
[26.20 Voir Marc, 14, 17 ; Luc, 22, 14.]
21 Et pendant qu’ils mangeaient, Il dit : En vérité, Je vous le dis, l’un de vous Me trahira.
[26.21 Voir Jean, 13, 21.]
22 Vivement attristés, ils commencèrent chacun à Lui dire : Est-ce moi, Seigneur ?
23 Il leur répondit : Celui qui met avec Moi la main au plat est celui qui Me trahira.
[26.23 Dans le plat, en grec, trublion, plat très grand. En Orient, les assiettes sont inconnues ; chacun prend immédiatement dans le plat, à mesure qu’il mange, chacun de ses morceaux, en se servant de son pain en guise de cuiller et de fourchette. Tous les Apôtres mettaient donc la main dans le plat avec le Sauveur, et ces paroles ne désignaient pas le traître mais signifiaient seulement : C’est un de ceux qui mangent ici avec moi qui me trahira.]
24 Pour ce qui est du Fils de l’homme, Il S’en va, selon ce qui a été écrit de Lui ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme sera trahi ! Il aurait mieux valu pour cet homme de n’être jamais né.
[26.24 Voir Psaumes, 40, 10.]
25 Judas, celui qui Le trahit, prenant la parole, Lui dit : Est-ce moi, Maître ? Jésus lui répondit : Tu l’as dit.
26 Or, pendant qu’ils soupaient, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit, et le donna à Ses disciples, en disant : Prenez et mangez ; ceci est Mon corps.
[26.26 Voir 1 Corinthiens, 11, 24. — Ceci est mon corps. Jésus ne dit pas : Ceci est la figure de mon corps ; ni : Dans ceci ou avec ceci est mon corps ; mais absolument : Ceci est mon corps, ce qui implique clairement la transsubstantiation.]
27 Et, prenant le calice, il rendit grâces, et le leur donna, en disant : Buvez-en tous ;
[26.27 Buvez-en tous. Cela fut dit aux douze apôtres, qui tous étaient alors présents ; mais il ne s’ensuit nullement qu’il soit ordonné à tous les fidèles de boire de ce calice, pas plus qu’il ne leur est ordonné de consacrer, d’offrir et d’administrer ce sacrement, parce que Jésus-Christ, dans le même moment, commanda à ses apôtres de faire cela, selon ces paroles de saint Luc (voir Luc, 22, 19) : Faites ceci en mémoire de moi.]
28 car ceci est Mon sang, le sang de la nouvelle alliance (testament), qui sera répandu pour beaucoup, pour la rémission des péchés.
[26.28 Le sang du nouveau testament. Comme l’ancien testament était consacré avec le sang des victimes (voir Exode, 24, 8) par ces paroles : Ceci est le sang du testament (voir Hébreux, 9, 20), de même se trouve ici la consécration et l’institution du nouveau testament dans le sang de Jésus-Christ, répandu d’une manière mystique par ces paroles : Ceci est le sang du nouveau Testament. — Pour un grand nombre. Voir Matthieu, 20, 28.]
29 Or, Je vous le dis, Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où Je le boirai de nouveau avec vous, dans le royaume de Mon Père.
30 Et, après avoir dit l’hymne, ils allèrent à la montagne des Oliviers.
[26.30 Et l’hymne dit ; c’est-à-dire, selon les uns, après le chant des Psaumes 112 à 117, consacrés dans les rituels des Juifs, pour la cène pascale ; ou, selon d’autres, après le chant du cantique composé par le Sauveur lui-même pour la circonstance. — Comme Jésus-Christ et les Apôtres suivaient ordinairement les coutumes juives, l’opinion des premiers est la plus probable. « La nuit pascale, les Juifs avaient coutume de chanter deux hymnes eucharistiques, appelés Hallel, l’un qui commence par Halleluia et qui se compose des Psaumes 112 à 117 ; l’autre qu’on appelle grand, parce qu’on y dit vingt-six fois : Car sa miséricorde est à jamais (voir, Psaumes, 136, 1 en hébreu ; 135, 1 dans la Vulgate) qui se compose du Psaume 136. On divise le Hallel en deux parties : les Psaumes 112 et 113 avant de se mettre à table, le reste à la fin de la Cène pascale. Â» (H.-J. MICHON.)]
31 Alors Jésus leur dit : Vous serez tous scandalisés cette nuit à Mon sujet. Car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées.
[26.31 Voir Marc, 14, 27 ; Jean, 16, 32 ; Zacharie, 13, 7.]
32 Mais, après que Je serai ressuscité, Je vous précéderai en Galilée.
[26.32 Voir Marc, 14, 28 ; 16, 7.]
33 Pierre, prenant la parole, Lui dit : Quand même tous seraient scandalisés à Votre sujet, moi je ne serai jamais scandalisé.
34 Jésus lui dit : En vérité, Je te le dis, cette nuit même, avant que le coq chante, tu Me renieras trois fois.
[26.34 Voir Marc, 14, 30 ; Jean, 13, 38.]
35 Pierre Lui dit : Quand il me faudrait mourir avec Vous, je ne Vous renierai point. Et tous les disciples parlèrent de même.
[26.35 Voir Marc, 14, 31 ; Luc, 22, 33.]

Arrestation de Jésus

36 Alors Jésus vint avec eux dans un domaine appelé Gethsémani ; Il dit à Ses disciples : Asseyez-vous ici, pendant que J’irai là pour prier.
[26.36 Gethsémani. « Au bord même et presque à la naissance du torrent de Cédron, à l’est de Jérusalem, est Gethsémani ou le jardin des Oliviers. On y voit la grotte où Notre-Seigneur répandit une sueur de sang. Cette grotte est irrégulière, profonde et haute, et divisée en deux cavités qui communiquent par une espèce de portique souterrain ; on y a pratiqué des autels. Le jardin même est entouré d’un petit mur de pierres sans ciment, et huit oliviers espacés de trente à quarante pas les uns des autres le couvrent presque tout entier de leur ombre. Ces oliviers sont au nombre des plus grands arbres que j’ai jamais rencontrés, dit Lamartine ; la tradition fait remonter leurs années jusqu’à la date mémorable de l’agonie de l’Homme-Dieu qui les choisit pour cacher ses divines angoisses. [L’olivier est pour ainsi dire immortel, a observé Châteaubriand, parce qu’il renaît de sa souche.] Leur aspect confirmerait au besoin la tradition qui les vénère ; leurs immenses racines, comme les accroissements séculaires, ont soulevé la terre et les pierres qui les recouvraient, et, s’élevant de plusieurs pieds au-dessus du niveau du sol, présentent au pèlerin des sièges naturels, où il peut s’agenouiller ou s’asseoir pour recueillir les saintes pensées qui descendent de leurs cimes silencieuses. Un tronc noueux, cannelé, creusé par la vieillesse comme par des rides profondes, s’élève en large colonne sur ces groupes de racines, et, comme accablé et penché par le poids des jours, s’incline à droite ou à gauche et laisse pendre ses vastes rameaux entrelacés, que la hache a cent fois retranchés pour les rajeunir. Ces rameaux, vieux et lourds, qui s’inclinent sur le tronc, en portent d’autres plus jeunes, qui s’élèvent un peu vers le ciel, et d’où s’échappent quelques tiges d’une ou deux années, couronnées de quelques touffes de feuilles et noircies de quelques petites olives bleues, qui tombent, comme des reliques célestes, sur les pieds du voyageur chrétien. Â» (LAMARTINE.)]
37 Et ayant pris avec Lui Pierre et les deux fils de Zébédée, Il commença à être attristé et affligé.
38 Alors Il leur dit : Mon âme est triste jusqu’à la mort ; demeurez ici, et veillez avec Moi.
39 Et S’étant avancé un peu plus loin, Il Se prosterna le visage contre terre, priant et disant : Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de Moi ; cependant, qu’il en soit non pas comme Je veux, mais comme Vous voulez.
[26.39 Nous avons copié Bossuet, afin d’imiter le plus possible l’admirable concision du texte sacré, qui porte à la lettre : Toutefois, non comme je veux, mais comme vous voulez.]
40 Et Il vint vers Ses disciples, et les trouva endormis ; et Il dit à Pierre : Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec Moi ?
41 Veillez et priez, afin que vous ne tombiez point dans la tentation. L’esprit est prompt, mais la chair est faible.
42 Il S’en alla encore une seconde fois, et Il pria, en disant : Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que Je le boive, que Votre volonté soit faite.
43 Il revint de nouveau, et Il les trouva endormis ; car leurs yeux étaient appesantis.
44 Et les quittant, Il S’en alla encore, et Il pria pour la troisième fois, en disant les mêmes paroles.
45 Puis Il vint à Ses disciples, et leur dit : Dormez maintenant et reposez-vous ; voici que l’heure approche, et le Fils de l’homme sera livré aux mains des pécheurs.
[26.45 Dormez maintenant, etc. Ces paroles se prennent généralement dans un sens ironique. Ce n’est pas une permission que le Sauveur donne à ses apôtres, mais un reproche qu’il leur fait de ce qu’ils se mettaient si peu en peine de l’approche du péril qu’il leur avait annoncé.]
46 Levez-vous, allons ; voici que celui qui doit Me trahir approche.
47 Comme Il parlait encore, voici que Judas, l’un des douze, arriva, et avec Lui une foule nombreuse, armée d’épées et de bâtons, envoyée par les princes des prêtres et par les anciens du peuple.
[26.47 Voir Marc, 14, 43 ; Luc, 22, 47 ; Jean, 18, 3. — Les princes des prêtres. Voir Matthieu, note 2.4. — Les anciens du peuple. Voir Matthieu, note 16.21.]
48 Or, celui qui Le trahissait leur avait donné un signe, en disant : Celui que je baiserai, c’est Lui ; saisissez-Le.
49 Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : Je Vous salue, Maître. Et il Le baisa.
[26.49 Maître. Dans le texte latin Rabbi. Voir sur ce mot, Jean, note 1.38.]
50 Jésus lui dit : Mon ami, pourquoi es-tu venu ? Alors ils s’avancèrent, mirent les mains sur Jésus, et Le saisirent.
51 Et voici qu’un de ceux qui étaient avec Jésus, étendant la main, tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui coupa l’oreille.
52 Alors Jésus lui dit : Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.
[26.52 Voir Genèse, 9, 6 ; Apocalypse, 13, 10. — Périront par l’épée ; c’est-à-dire mériteront de périr par l’épée.]
53 Penses-tu que Je ne puisse pas prier Mon Père, qui M’enverrait à l’instant plus de douze légions d’Anges ?
[26.53 Dans la milice romaine, la légion était composée de six mille hommes.]
54 Comment donc s’accompliront les Ecritures, qui annoncent qu’il en doit être ainsi ?
[26.54 Voir Isaïe, 53, 10.]
55 En même temps, Jésus dit à la foule : Vous êtes venus comme après un voleur, armés d’épées et de bâtons, pour vous emparer de Moi ; tous les jours J’étais assis au milieu de vous, enseignant dans le temple, et vous ne M’avez pas arrêté.
56 Mais tout cela s’est fait afin que ce que les prophètes ont écrit fût accompli. Alors tous les disciples, L’abandonnant, s’enfuirent.
[26.56 Voir Lamentations de Jérémie, 4, 20 ; Marc, 14, 50.]

Jésus devant le conseil juif

57 Mais ceux qui avaient arrêté Jésus Le conduisirent chez Caïphe, le grand prêtre, où les scribes et les anciens s’étaient rassemblés.
[26.57 Voir Luc, 22, 54 ; Jean, 18, 24. — Selon le récit plus ample de saint Jean (voir Jean, 18, verset 13 et suivants), ils le menèrent d’abord chez Anne, beau-père de Caïphe, et ensuite chez Caïphe. — D’après la tradition, la maison de Caïphe, soit que ce fût sa propre maison, soit que ce fût celle des grands prêtres, était sur le mont Sion, dans la ville haute, à l’endroit où est aujourd’hui un petit couvent qui appartient aux Arméniens. Ce couvent occupe un emplacement triangulaire, en dehors de la porte actuelle qui porte le nom de Bab-es-Sioun ou Porte de Sion. On remarque au milieu une petite cour. C’est là, croit-on, que saint Pierre se trouvait pendant qu’on jugeait son maître et qu’il le renia trois fois. Nicéphore nous apprend que sainte Hélène avait bâti en ce lieu une église dédiée au Prince des Apôtres.]
58 Or, Pierre Le suivait de loin, jusqu’à la cour du grand prêtre ; et étant entré, il s’assit avec les serviteurs, pour voir la fin.
59 Cependant les princes des prêtres et tout le conseil cherchaient un faux témoignage contre Jésus, pour Le faire mourir ;
[26.59 Tout le conseil, le sanhédrin. Le sanhédrin, qui est souvent désigné dans les Evangiles par la périphrase : les princes des prêtres, les scribes et les anciens du peuple (voir Marc, 14, vv. 43, 53) parce que c’étaient là les membres qui le constituaient, était le conseil et le tribunal suprême des Juifs. Il était composé de soixante-douze membres ; le grand-prêtre en était le président ; les vingt-quatre chefs des familles sacerdotales ou princes des prêtres (voir Matthieu, 2, 4) y représentaient l’élément sacerdotal ; les scribes, la science juridique de la loi (voir Matthieu, 2, 4) ; les anciens du peuple, le reste d’Israël. Les Juifs faisaient remonter à Moïse l’origine du sanhédrin (voir Exode, 18, 17-26) ; mais on ne le voit constitué comme il l’était du temps de Notre-Seigneur qu’après la captivité. Même sous Pilate, le sanhédrin jugeait les causes graves, et il avait le droit de prononcer la peine de mort, à la condition que la sentence fût confirmée par le procurateur romain.]
60 et ils n’en trouvèrent point, quoique beaucoup de faux témoins se fussent présentés. Enfin il vint deux faux témoins
61 qui dirent : Celui-ci a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours.
[26.61 Voir Jean, 2, 19. — Le temple, en grec, naos. Voir Matthieu, 21, 12.]
62 Alors le grand prêtre, se levant, Lui dit : Tu ne réponds rien à ce que ces hommes déposent contre Toi ?
63 Mais Jésus Se taisait. Et le grand prêtre Lui dit : Je T’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si Tu es le Christ, le Fils de Dieu.
64 Jésus lui répondit : Tu l’as dit. Car Je vous le dis, désormais vous verrez (un jour) le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.
[26.64 Voir Matthieu, 16, 27 ; Romains, 14, 10 ; 1 Thessaloniciens, 4, 15.]
65 Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : Il a blasphémé ; qu’avons-nous encore de témoins ? Voici que vous venez d’entendre le blasphème.
[26.65 En signe d’une grande douleur ou d’indignation, les Juifs déchiraient leurs vêtements.]
66 Que vous en semble ? Ils répondirent : Il mérite la mort.
[26.66 Selon la loi (voir Lévitique, 24, 16), les blasphémateurs devaient être punis de mort.]
67 Alors ils Lui crachèrent au visage, et ils Le frappèrent à coup de poing ; d’autres Lui donnèrent des soufflets,
[26.67 Voir Isaïe, 50, 6 ; Marc, 14, 65. — Et le déchirèrent à coups de poing. Voir Matthieu, 21, 35.]
68 en disant : Prophétise-nous, Christ ; qui est-ce qui T’a frappé ?
69 Cependant Pierre était assis dehors, dans la cour ; et une servante s’approcha de lui, en disant : Toi aussi, Tu étais avec Jésus de Galilée.
[26.69 Voir Luc, 22, 56 ; Jean, 18, 17.]
70 Mais il le nia devant tous, en disant : Je ne sais ce que tu dis.
71 Et comme il franchissait la porte, une autre servante le vit, et dit à ceux qui étaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.
72 Et il le nia de nouveau avec serment : Je ne connais point cet homme.
73 Peu après, ceux qui étaient là s’approchèrent, et dirent à Pierre : Certainement tu es aussi de ces gens-là ; car ton langage te fait reconnaître.
[26.73 Ton langage te décèle. Les Galiléens n’avaient pas le même accent que les habitants de Jérusalem et de la Judée. Le Talmud dit que leur langage était corrompu et qu’ils brouillaient les lettres les unes avec les autres : le b avec le f, etc.]
74 Alors il se mit à faire des imprécations, et à jurer qu’il ne connaissait pas cet homme. Et aussitôt le coq chanta.
75 Et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus avait dite : Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti dehors, il pleura amèrement. [26.75 Et étant sorti, il pleura amèrement. Selon la tradition, saint Pierre alla pleurer son péché dans une grotte, transformée en tombeau et située sur le versant de la partie du mont Sion qui regarde la vallée du Cédron. On éleva dans la suite, au-dessus de cette grotte, une église que les anciens pèlerins nomment Gallicante ou le Chant du Coq.]

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