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Nombres 22
Vigouroux


Appel de Balak à Balaam

1 (Et) Etant partis de ce lieu, ils campèrent dans les plaines de Moab, près du Jourdain, au-delà duquel est situé Jéricho.
[22.1 Jéricho. Voir Josué, note 6.1.]
2 Mais Balac, fils de Séphor, considérant tout ce qu’Israël avait fait aux Amorrhéens
3 et voyant que les Moabites en avaient une grande frayeur, et qu’ils n’en pourraient soutenir les attaques
4 dit aux anciens de Madian : Ce peuple exterminera tous ceux qui demeurent autour de nous, comme le bœuf a coutume de brouter les herbes jusqu’à la racine. Balac, en ce temps-là, était roi de Moab.
5 Il envoya donc des ambassadeurs à Balaam, fils de Béor, qui était un devin, et qui demeurait près du fleuve du pays des enfants d’Ammon, afin qu’ils le fissent venir, et qu’ils lui dissent : Voilà un peuple sorti d’Egypte qui couvre toute la face de la terre, et qui s’est établi près de moi.
[22.5 Voir Deutéronome, 23, 5 ; Josué, 24, 9. ― Le fleuve ; c’est-à-dire l’Euphrate, d’après la paraphrase chaldaïque et la version arabe. Ajoutons que les Hébreux appelaient en effet l’Euphrate du nom générique de fleuve, mais en le faisant précéder de l’article déterminatif. ― Balaam était originaire de Pethor, ville située dans le nord de Mésopotamie, sur les bords de l’Euphrate, au confluent de ce fleuve et du Sagur. Au lieu de : qui habitait sur le fleuve du pays des enfants d’Ammon, le texte original porte : à Pethor, qui est sur la rivière des enfants de son peuple, c’est-à-dire du peuple de Balaam. ― Les opinions sont partagées sur le caractère de Balaam : 1° Philon, saint Ambroise, saint Augustin le regardent comme un faux prophète et un païen qui ne connaissait pas la vraie religion et que Dieu força à bénir malgré lui Israël, au lieu de le maudire ; 2° Tertullien et saint Jérôme au contraire le considèrent comme un vrai prophète qui pécha seulement par avarice et par ambition.]
6 Viens donc pour maudire ce peuple, parce qu’il est plus fort que moi ; afin que je tente si je pourrai par quelque moyen le battre et le chasser de mes terres. Car je sais que celui que tu béniras sera béni, et que celui sur qui tu auras jeté la malédiction sera maudit.
7 Les vieillards de Moab et les anciens de Madian s’en allèrent donc, portant avec eux de quoi payer le devin ; et étant venu trouver Balaam, ils lui exposèrent tout ce que Balac leur avait commandé de lui dire.
8 Balaam leur répondit : Demeurez ici cette nuit, et je vous dirai tout ce que le Seigneur m’aura déclaré. Ils demeurèrent donc chez Balaam, et Dieu, étant venu à lui, lui dit :
9 Que te veulent ces hommes qui sont chez toi ?
10 Balaam répondit : Balac, fils de Séphor, roi des Moabites, m’a envoyé
11 dire : Voici un peuple sorti d’Egypte, qui couvre toute la face de la terre ; viens le maudire, afin que je tente si je pourrai par quelque moyen le combattre et le chasser.
12 Dieu dit à Balaam : Ne va pas avec eux, et ne maudis point ce peuple, parce qu’il est béni.
13 Balaam, s’étant levé le matin, dit aux princes : Retournez dans votre pays, parce que le Seigneur m’a défendu d’aller avec vous.
14 Ces princes s’en retournèrent, et dirent à Balac : Balaam n’a pas voulu venir avec nous.
15 Alors Balac lui envoya de nouveau d’autres ambassadeurs en plus grand nombre (beaucoup plus nombreux), et de plus grande qualité que ceux qu’il avait envoyés d’abord ;
16 lesquels, étant arrivés chez Balaam, lui dirent : Voici ce que dit Balac, fils de Séphor : Ne diffère plus de venir auprès de moi ;
17 je suis prêt à t’honorer, et je te donnerai tout ce que tu voudras ; viens, et maudis ce peuple.
18 Balaam répondit : Quand Balac me donnerait plein sa maison d’or et d’argent, je ne pourrais pas pour cela changer la parole du Seigneur mon Dieu, pour dire ou plus ou moins qu’il ne m’a dit.
[22.18 Voir Nombres, 24, 13.]
19 Je vous prie de demeurer ici encore cette nuit, afin que je puisse savoir ce que le Seigneur me répondra de nouveau.
20 Dieu vint donc la nuit à Balaam, et lui dit : Si ces hommes sont venus te chercher, lève-toi, va avec eux ; mais à condition que tu fasses ce que je te commanderai.
21 Balaam, s’étant levé le matin, sella son ânesse, et se mit en chemin avec eux.
22 Alors Dieu s’irrita, et un (l’) ange du Seigneur se présenta dans le chemin devant Balaam, qui était sur son ânesse, et qui avait deux serviteurs avec lui.
[22.22 Voir 2 Pierre, 2, 15. ― Dieu fut irrité ; à cause des mauvaises dispositions avec lesquelles Balaam se mit en chemin. Comparer à Deutéronome, 23, 5.]
23 L’ânesse, voyant l’ange qui se tenait dans le chemin, ayant à la main une épée nue, se détourna du chemin, et allait à travers champs. Tandis que Balaam la battait et voulait la ramener dans le chemin
24 l’ange se tint dans un lieu étroit, entre deux murailles qui enfermaient des vignes.
25 L’ânesse, le voyant, se serra contre le mur, et pressa le pied de celui qu’elle portait. Il continua à la battre ;
26 mais l’ange, passant en un lieu encore plus étroit, où il n’y avait pas moyen de se détourner ni à droite ni à gauche, s’arrêta (devant l’ânesse) (à sa rencontre).
27 Celle-ci voyant l’ange arrêté devant elle, tomba sous les pieds de celui qu’elle portait. Balaam tout transporté de colère, se mit à battre encore plus fort avec un bâton les flancs de l’ânesse.
28 Alors le Seigneur ouvrit la bouche de l’ânesse, et elle dit à Balaam : Que vous ai-je fait ? Pourquoi m’avez-vous frappée déjà trois fois ?
29 Balaam lui répondit : Parce que tu l’as mérité, et que tu t’es moquée de moi. Que n’ai-je une épée pour te tuer !
30 L’ânesse lui dit : Ne suis-je pas votre bête, sur laquelle vous avez toujours eu coutume de monter jusqu’à ce jour ? Dites-moi si je vous ai jamais rien fait de semblable ? Jamais, lui répondit-il.
31 Aussitôt le Seigneur ouvrit les yeux de Balaam, et il vit l’ange qui se tenait dans le chemin avec une épée nue ; et il l’adora, s’étant prosterné à terre.
32 L’ange lui dit : Pourquoi as-tu battu ton ânesse par trois fois ? Je suis venu pour m’opposer à toi, parce que ta voie est corrompue, et qu’elle m’est contraire ;
33 et si l’ânesse ne se fût détournée du chemin en me cédant, lorsque je m’opposais à son passage, je t’aurais tué, et elle serait demeurée en vie.
34 Balaam lui répondit : J’ai péché, ne sachant pas que vous vous opposiez à moi ; mais maintenant, s’il ne vous plaît pas que j’aille là, je m’en retournerai.
35 L’ange lui dit : Va avec eux ; mais prends bien garde de ne rien dire que ce que je te commanderai. Il s’en alla donc avec ces princes.
36 Balac, ayant appris sa venue, alla au-devant de lui, jusqu’à une ville des Moabites qui est située sur les dernières limites de l’Arnon.
[22.36 Jusqu’à une ville des Moabites. Dans l’hébreu : Ir Moab, ville des Moabites, au sud de Rabbath ou Ar-Moab, à l’est de la pointe méridionale de la mer Morte.]
37 Et il dit à Balaam : J’ai envoyé des ambassadeurs (messagers) pour te faire venir ; pourquoi n’es-tu pas venu me trouver aussitôt ? Est-ce que je ne puis pas te récompenser pour ta peine ?
38 Balaam lui répondit : Me voilà venu. Mais pourrais-je dire autre chose que ce que Dieu me mettra dans la bouche ?
39 Ils s’en allèrent donc ensemble, et ils vinrent en une ville qui était à l’extrémité de son royaume.
40 Et Balac, ayant fait tuer des bœufs et des brebis, envoya des présents à Balaam et aux princes qui étaient avec lui.
41 Le lendemain, dès le matin, il le mena sur les hauts lieux de Baal, et il lui fit voir de là l’extrémité du camp du peuple d’Israël. [22.41 Sur les hauts lieux de Baal. Sur Baal, voir Juges, note, 6.25. On choisissait de préférence pour l’honorer les hauts lieux ou bamôth. Les montagnes, où l’on trouvait l’air frais l’ombrage, si recherché dans ce pays brûlé d’Orient, attiraient en foule ses adorateurs. Là, on chantait, on faisait de la musique, on brûlait des parfums, et on se livrait à toutes sortes de débauches. La montagne appartenait à Baal et le bocage à Aschéra, la déesse du plaisir.]

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