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2 Samuel 1.12
Vigouroux


Règne de David sur Juda

Annonce de la mort de Saül

1 (Or) Après la mort de Saül, David, qui avait battu les Amalécites, était revenu à Sicéleg, et y avait passé deux jours.
2 Le troisième jour il parut un homme qui venait du camp de Saül ; ses habits étaient déchirés, et sa tête couverte de poussière. S’étant approché de David, il le salua en se prosternant jusqu’à terre.
3 Et David lui dit : D’où viens-tu ? Et il répondit : Je me suis enfui du camp d’Israël.
4 David ajouta : Qu’est-il arrivé ? dis-le-moi. Il lui répondit : Le peuple a fui du champ de bataille, et un grand nombre sont tombés et ont péri, et Saül même et Jonathas son fils ont été tués.
[1.4 Qu’est-ce qui a été fait ? Que s’est-il passé ? Qu’est-il arrivé ? littéralement : Quelle chose ; car le terme hébreu que la Vulgate a rendu ici par parole, signifie aussi chose, affaire.]
5 David dit au jeune homme qui lui apportait cette nouvelle : Comment sais-tu que Saül et son fils Jonathas sont morts ?
6 (Et) Ce jeune homme lui répondit : J’étais venu par hasard sur la montagne de Gelboé, et Saül s’appuyait sur sa lance. Et comme des chars et des cavaliers s’approchaient,
[1.6 Saül était appuyé, etc. L’Amalécite dit ce qu’il veut pour s’attribuer le prétendu mérite d’avoir tué l’ennemi de David ; car, comme on l’a vu au chapitre précédent, Saül s’était jeté sur son glaive pour se tuer lui-même.]
7 il m’aperçut en se retournant, et m’appela. Je lui ai répondu : Me voici.
8 Et il me dit : Qui es-tu ? Et je lui répondis : Je suis Amalécite.
9 Et il me dit : Appuie-toi (Jette-toi) sur moi, et tue-moi ; car je suis dans l’angoisse, quoique toute ma vie (âme) soit encore en moi.
10 M’étant donc approché (jetant donc) de lui, je le tuai ; car je savais bien qu’il ne survivrait pas à cette ruine. Et j’enlevai le diadème qui était sur sa tête, et le bracelet qu’il avait au bras ; et je les ai apportés ici à vous, mon seigneur.
[1.10 Les hommes, surtout ceux qui étaient élevés en dignité, portaient des bracelets de même que les femmes. On sait que les Romains en donnaient aussi bien que des couronnes d’or à ceux qui s’étaient distingués par leur valeur dans les combats.]
11 Alors (Mais) David saisit ses vêtements et les déchira, et tous ceux qui étaient auprès de lui l’imitèrent.
[1.11 Déchirer ses vêtements était une marque de deuil commune aux anciens peuples.]
12 Et ils se frappèrent la poitrine et pleurèrent, et ils jeûnèrent jusqu’au soir, à cause de Saül et de Jonathas son fils, et du peuple du Seigneur et de la maison d’Israël, qui avaient péri par l’épée.
13 Et David dit au jeune homme qui lui avait apporté cette nouvelle : D’où es-tu ? Il lui répondit : Je suis fils d’un étranger Amalécite.
14 Et David lui dit : Comment n’as-tu pas craint de porter la main sur le christ du Seigneur et de le tuer ?
[1.14 Voir Psaumes, 104, 15.]
15 Et David, appelant un de ses hommes, lui dit : (Approche-toi) Jette-toi sur lui et tue-le. Aussitôt il le frappa, et il mourut.
16 Et David ajouta : Que ton sang retombe sur ta tête ; car ta bouche a déposé contre toi, en disant : C’est moi qui ai tué le christ du Seigneur.

Oraison funèbre sur Saül et Jonathan

17 Or David fit cette élégie sur la mort de Saül et de Jonathas son fils
18 et il ordonna d’enseigner (ce chant de) l’arc aux enfants de Juda, ainsi qu’il est écrit au Livre des Justes. Et il dit : Considère, (ô) Israël, ceux qui sont morts sur tes coteaux, percés de coups.
[1.18 L’arc. Il nous paraît très simple et très naturel de considérer ce mot, qui a fort embarrassé les commentateurs, comme le titre de la complainte ou élégie de David, parce que l’auteur y fait surtout l’éloge de l’arc de Saül et de celui de Jonathas. Les écrivains profanes en ont souvent usé ainsi dans leurs compositions. ― Tes hauts lieux, les lieux élevés.]
19 L’élite (Les illustres ô) d’Israël a (ont) été tuée sur tes montagnes. Comment les vaillants (forts) sont-ils tombés ?
20 Ne l’annoncez point dans Geth ; ne le publiez pas dans les places publiques (carrefours) d’Ascalon, de peur que les filles des Philistins ne s’en réjouissent (ne se livrent à joie), (et) que les filles des incirconcis n’en tressaillent d’allégresse.
[1.20 Geth, l’une des cinq villes principales des Philistins, au pied des montagnes de Juda. ― Ascalon, dans la plaine de la Séphéla, sur la Méditerranée, ville forte des Philistins.]
21 Montagnes de Gelboé, que la rosée et la pluie ne tombent (jamais) sur vous. Qu’il n’y ait point (sur vous) de champs à prémices ; parce que c’est là qu’a été jeté le (un) bouclier des héros (de forts), et le bouclier de Saül, comme s’il n’eût point été sacré de l’huile (sainte).
[1.21 Comme s’il n’avait pas été, etc. Quelques interprètes rapportent ces paroles au bouclier de Saül ; mais la plupart les appliquent à Saül lui-même, qui avait été oint ou sacré avec l’huile sainte. ― Gelboé. Voir 1 Rois, 18, 4.]
22 La flèche de Jonathas n’est jamais retournée en arrière, sans avoir du sang de ceux qui ont été tués, et de la graisse des forts, et le glaive de Saül n’est pas revenu en vain. (verset oublié)
[1.22 Sans avoir du sang. C’est la seule traduction admissible ; car, outre que le contexte l’exige, ce passage est un de ceux dans lesquels la Vulgate, à l’exemple de la Version grecque, donne aux particules hébraïques leur sens le plus ordinaire, bien qu’elles y aient leur signification moins usitée.]
23 Saül et Jonathas, aimables et gracieux (beaux) pendant leur vie, n’ont pas été séparés (dans leur mort même). Ils étaient plus agiles (rapides) que les aigles, et plus forts que les lions.
24 Filles d’Israël, pleurez sur Saül, qui vous revêtait d’écarlate avec (au milieu des) délices, et qui vous donnait des ornements d’or pour vous parer.
25 Comment les (des) forts sont-ils tombés dans le combat ? Comment Jonathas a-t-il été tué sur vos montagnes ?
26 Je suis dans la douleur (pleure) à cause de toi, Jonathas mon frère, si beau, digne d’être aimé d’un amour plus grand que celui (qu’on a pour les) (des) femmes. Je t’aimais comme une mère aime son fils unique.
27 Comment les (des) forts sont-ils tombés ? Comment les armes de guerre ont-elles péri ? [1.27 L’élégie de David sur la mort de Saül et de Jonathas portait le nom de chant de l’arc. Elle est composée avec beaucoup d’art. Il y a dans l’original deux vers d’introduction et deux de conclusion ; les derniers mots du verset 19 sont les mêmes que les premiers du verset 27. Les vers du verset 27 sont plus courts, comme terminant le poème. ― L’élégie elle-même renferme cinq strophes très distinctes par le sens. La première et la seconde, la quatrième et la cinquième, sont de quatre vers ; la troisième formant le milieu, a six vers et est ainsi de tous points la plus longue. ― Introduction, versets 18 et 19 : Thème de l’élégie. ― 1re strophe, verset 20 : La douleur ne doit pas éclater, afin de ne pas réjouir les ennemis. ― 2e strophe, verset 21 : Malédiction contre Gelboé, où les héros sont tombés. ― 3e strophe, versets 22 et 23 : Eloge commun de Jonathas et de Saül. Les deux parties de cette strophe médiale sont symétriques. ― 4e strophe, verset 24 : Eloge particulier de Saül ; les filles d’Israël doivent le pleurer. ― Répétition du refrain, verset 25. ― 5e strophe, versets 25 et 26 : Eloge particulier de Jonathas, son ami. ― Conclusion et refrain, verset 27. ― On peut comparer, au point de vue littéraire, le poème de David à l’ode XX du Ier livre d’Horace, et à l’élégie de Malherbe à Duperrier sur la mort de sa fille.]

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