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Actes 9.15
Vigouroux


Conversion de Saul

1 Cependant Saul, ne respirant encore que menaces et carnage contre les disciples du Seigneur, alla trouver le prince des prêtres,
[9.1 Voir Galates, 1, 13.]
2 et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s’il trouvait des hommes ou des femmes engagés dans cette voie, il les amenât enchaînés à Jérusalem.
[9.2 De cette voie. Le mot voie est pris ici figurément, comme souvent ailleurs dans l’Ecriture, pour conduite, profession, religion, secte, doctrine. — « Damas, à une soixante de lieues au nord-est de Jérusalem, avait été soumise par Pompée et était peut-être encore sous la domination romaine, au moment de la conversion de saint Paul ; mais bientôt après, elle tomba au pouvoir d’Arétas, roi d’Arabie, ainsi que le prouve une monnaie de cette ville, au type de ce prince. Comme la plupart des grandes cités de l’Asie Mineure et de l’empire, elle renfermait une nombreuse colonie juive, qui habitait un quartier à part, et avait non seulement des assemblées religieuses, mais ses lois, ses magistrats et sa justice propres : privilège dont les Juifs jouissent encore en plusieurs villes mahométanes. Le grand-prêtre de Jérusalem exerçait sur eux son autorité, en matière civile aussi bien que religieuse. C’est dans leurs rangs que se trouvaient ces nouveaux chrétiens, dont Saul prétendait châtier l’apostasie ; et peut-être quelques fidèles de Jérusalem étaient-ils venus y chercher un asile. L’endroit où le persécuteur fut terrassé et où il se soumit au divin maître, se trouve à cinq cent pas de la ville. Saint Augustin dit qu’il est bien connu et qu’on le montre aux voyageurs. Les chrétiens s’y rendent en procession chaque année, le 25 janvier. La rue droite traverse encore la ville dans toute sa longueur. Â» (L. BACUEZ.) — Tous les voyageurs vantent à l’envi la beauté de Damas. « Je comprends, dit Lamartine, que les traditions arabes placent à Damas le site du paradis perdu : aucun lieu de la terre ne rappelle mieux l’Eden. La vaste et féconde plaine, les sept rameaux du fleuve bleu qui l’arrosent, l’encadrement majestueux des montagnes, les lacs éblouissants qui réfléchissent le ciel sur la terre, la perfection du climat, tout indique au moins que Damas a été une des premières villes bâties par les enfants des hommes… Tant que la terre portera des empires, Damas sera une grande ville. Â»]
3 Mais comme il était en chemin et qu’il approchait de Damas, il arriva que tout à coup une lumière du ciel brilla autour de lui.
[9.3 Voir Actes des Apôtres, 22, 6 ; 1 Corinthiens, 15, 8 ; 2 Corinthiens, 12, 2.]
4 Et, tombant à terre, il entendit une voix qui lui dit : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
5 Il répondit : Qui êtes-vous, Seigneur ? Et le Seigneur : Je suis Jésus, que tu persécutes ; il t’est dur de regimber contre l’aiguillon.
6 Alors, tremblant et stupéfait, il dit : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ?
7 Le Seigneur lui dit : Lève-toi et entre dans la ville, et là on te dira ce qu’il faut que tu fasses. Or les hommes qui l’accompagnaient s’étaient arrêtés stupéfaits, entendant la voix, et ne voyant personne.
[9.7 Ceci semble contradictoire avec ce qui est dit dans Actes des Apôtres, 22, 9. Mais cette contradiction, qui n’est qu’apparente, s’évanouit quand on considère qu’entendre signifie tout à la fois être frappé d’un son et comprendre.]
8 Saul se leva donc de terre, et ayant les yeux ouverts, il ne voyait rien. Le conduisant par la main, on le fit entrer à Damas
9 et il y resta trois jours sans voir, et il ne mangea et ne but quoi que ce soit.
10 Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananie ; et le Seigneur lui dit dans une vision : Ananie. Et il répondit : Me voici, Seigneur.
11 Le Seigneur lui dit : Lève-toi, et va dans la rue qui est appelée Droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car voici, il prie.
[9.11 La rue qu’on appelle Droite. « La rue Droite subsiste encore dans toute sa longueur ; c’est la plus grande de la ville. Elle la traverse d’une extrémité à l’autre, d’orient en occident. Ses édifices de chaque côté sont presque autant de boutiques ou de magasins dans lesquels sont étalées les plus riches marchandises soit d’Europe, soit des diverses parties de l’Asie, qu’y ont apportés les caravanes des pèlerins. Â» (DE GERAMB.) — Saul de Tarse. Sur tarse, voir verset 30.]
12 (Et Saul vit un homme, nommé Ananie, qui entrait et lui imposait les mains, afin qu’il recouvrât la vue.)
[9.12 Saul vit aussi un homme. Pendant que le Seigneur faisait entendre sa voix à Ananie, il le montrait à Saul dans une vision.]
13 Mais Ananie répondit : Seigneur, j’ai entendu dire à (de) bien des personnes quels maux cet homme a faits à vos saints dans Jérusalem ;
[9.13 Les premiers chrétiens étaient communément appelés saints, soit parce qu’ils avaient été sanctifiés par la grâce des sacrements, soit parce que la pureté de leurs mœurs et la sainteté de leur vie les rendaient dignes de cette glorieuse dénomination.]
14 et ici il a des princes des prêtres le pouvoir d’enchaîner tous ceux qui invoquent votre nom.
15 Le Seigneur lui dit : Va, car il est un instrument (vase d’élection) que je me suis choisi pour porter mon nom devant les nations, et les rois, et les fils d’Israël ;
16 et je lui montrerai combien il lui faudra souffrir pour mon nom.
17 Alors Ananie alla, et entra dans la maison ; et lui imposant les mains, il dit : Saul, mon frère, le Seigneur Jésus, qui t’a apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé pour que tu voies, et que tu sois rempli de l’Esprit-Saint.
18 Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles, et il recouvra la vue ; et s’étant levé, il fut baptisé.
19 Et lorsqu’il eut pris de la nourriture, il reprit des forces. Il demeura pendant quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas.
20 Et aussitôt il prêcha Jésus dans les synagogues, disant qu’il est le Fils de Dieu.
21 Tous ceux qui l’écoutaient étaient frappés d’étonnement, et disaient : N’est-ce pas là celui qui persécutait à Jérusalem ceux qui invoquaient ce nom, et qui est venu ici pour les conduire enchaînés aux princes des prêtres ?
22 Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondait les Juifs qui résidaient à Damas, affirmant que Jésus est le Christ.
23 Lorsque des jours nombreux se furent écoulés, les Juifs tinrent conseil ensemble pour le tuer.
24 Mais leurs embûches furent connues de Saul. Ils gardaient les portes jour et nuit pour le tuer ;
[9.24 Voir 2 Corinthiens, 11, 32.]
25 mais les disciples le prirent pendant la nuit et le descendirent par la muraille, l’ayant mis dans une corbeille.
26 Quand il fut venu à Jérusalem, il cherchait à se joindre aux disciples ; mais tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût disciple.
[9.26 A Jérusalem, pour la première fois depuis sa conversion. Quoiqu’il eût reçu immédiatement de Jésus-Christ sa mission apostolique, il sentait qu’il devait se rattacher au chef visible de l’Eglise. Voir Galates, 1, 18.]
27 Alors Barnabé, l’ayant pris, le conduisit aux Apôtres, et leur raconta comment le Seigneur lui était apparu sur le chemin et lui avait parlé, et comment à Damas il avait agi avec assurance au nom de Jésus.
[9.27 Aux Apôtres, Pierre et Jacques, qui se trouvaient alors à Jérusalem. — Barnabé. Voir Actes des Apôtres, 4, 36.]
28 Il était donc avec eux à Jérusalem, allant et venant, et agissant avec assurance au nom du Seigneur.
[9.28 Demeurait, etc. ; littéralement : Entrait et sortait ; hébraïsme. Voir Actes des Apôtres, 1, 21.]
29 Il parlait aussi aux gentils, et il disputait avec les Grecs ; mais ceux-ci cherchaient à le tuer.
[9.29 Les Grecs, dans le texte original : les Hellénistes, le nom désigne les Juifs qui, nés en pays étranger, parlaient la langue grecque.]
30 Les frères, l’ayant su, le conduisirent à Césarée, et l’envoyèrent à Tarse.
[9.30 « Césarée de Palestine, qu’il faut distinguer de Césarée de Philippe, était une place forte, bâtie par Hérode, sur les bords de la mer, en l’honneur de César-Auguste, et munie d’un port de première importance. Le gouverneur romain résidait dans ses murs, avec un corps de troupe italien sur la fidélité duquel il pouvait compter. Le diacre Philippe s’y établit. Deux siècles et demi plus tard (315-340), cette ville avait pour évêque le premier historien de l’Eglise, Eusèbe, et la maison du centurion Corneille, transformée en église, était devenue un lieu de pèlerinage. Â» (L. BACUEZ.) — « Césarée, l’ancienne et splendide capitale d’Hérode, n’a plus un seul habitant, raconte Lamartine. Ses murailles, relevées par saint Louis pendant sa croisade, sont néanmoins intactes, et serviraient encore aujourd’hui de fortifications excellentes à une ville moderne. Nous franchîmes le fossé profond qui les entoure, sur un pont de pierre à peu près au milieu de l’enceinte, et nous entrâmes dans le dédale de pierres, de caveaux entrouverts, de restes d’édifices, de fragments de marbre et de porphyre dont le sol de l’ancienne ville est jonché. Nous fîmes lever trois chacals du sein des décombres qui retentissaient sous les pieds de nos chevaux ; nous cherchions la fontaine qu’on nous avait indiquée, nous la trouvâmes avec peine à l’extrémité orientale de ces ruines ; nous y campâmes. Vers le soir, un jeune pasteur arabe y arriva avec un troupeau innombrable de vaches noires, de moutons et de chèvres ; il passa environ deux heures à puiser constamment de l’eau de la fontaine pour abreuver ses animaux, qui attendaient patiemment leur tour, et se retiraient en ordre après avoir bu, comme s’ils eussent été dirigés par des bergers. Cet enfant, absolument nu, était monté sur un âne ; il sortit le dernier des ruines de Césarée, et nous dit qu’il venait ainsi tous les jours d’environ deux lieues, conduire à l’abreuvoir les troupeaux de sa tribu établie dans la montagne. Voilà la seule rencontre que nous fîmes à Césarée, dans cette ville où Hérode, suivant Josèphe, avait accumulé toutes les merveilles des arts grecs et romains. Â» — « Tarse, sur les bords du Cydnus, était la capitale de la Cilicie. C’était une ville libre, qui élisait ses magistrats ; mais il n’est pas certain qu’elle fût colonie romaine, ni qu’elle jouît du droit de municipe. Aussi croit-on que le titre de citoyen romain, acquis à saint Paul dès sa naissance, était un privilège de sa famille et non de sa patrie. Il est certain qu’il y avait en Asie, en particulier à Ephèse et à Sardes, des Juifs qui avaient reçu ce titre, soit pour leurs services militaires, soit pour quelque autre motif. La proximité de la mer et le voisinage de Chypre permettait à Tarse d’étendre son commerce et d’écouler les produits de son industrie. Ses écoles, que saint Paul avait pu fréquenter dans sa jeunesse, étaient célèbres en Orient et rivalisaient, dit-on, avec celles d’Athènes et d’Alexandrie. Â» (L. BACUEZ.)]

Miracles à Lydde et Jaffa

31 Cependant l’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; et elle s’établissait, marchant dans la crainte du Seigneur, et elle était remplie de la consolation de l’Esprit-Saint.
32 Or il arriva que Pierre, en les visitant tous, vint auprès des saints qui habitaient à Lydde.
[9.32 Les saints. Voir verset 13. — Lydde, bourgade de la tribu de Benjamin, appelée aussi Diospolis du temps des Romains, à peu de distance de la Méditerranée.]
33 Il trouva là un homme nommé Enée, qui depuis huit ans était étendu sur un grabat ; il était paralytique.
34 Et Pierre lui dit : Enée, le Seigneur Jésus-Christ te guérit ; lève-toi, et arrange toi-même ton lit. Et aussitôt il se leva.
35 Tous ceux qui habitaient à Lydde et dans Sarone le virent, et ils se convertirent au Seigneur.
[9.35 Sarone. C’est la plaine de Saron qui est ici désignée. Elle s’étendait de Césarée de Palestine jusqu’à Joppé. Elle était très fertile et par conséquent peuplée.]
36 Il y avait à Joppé, parmi les disciples, une femme nommée Tabithe, mot qui se traduit par Dorcas. Elle était remplie de bonnes œuvres et des aumônes qu’elle faisait.
[9.36 Tabitha en syriaque, et en grec Dorcas, veut dire gazelle. — Joppé, aujourd’hui Jaffa, dont le nom signifie belle, sur la Méditerranée, aux confins de la tribu de Dan et d’Ephraïm. Les princes Asmonéens avaient rétabli son port. Incorporée par Pompée à la province de Syrie, cette ville fut rendue à Hyrcan II par Jules César. Plus tard elle fut sous la domination d’Hérode-le-Grand et d’Archélaüs. Unie de nouveau à la Syrie, elle fut depuis ruinée par Cestius Gallus et par Vespasien. Il y a peu de villes qui aient été aussi souvent saccagées, brûlées et reconstruites. Au siècle dernier, elle était presque déserte, aujourd’hui elle est florissante et compte une quinzaine de mille habitants, grâce à son port, qui est le port de Jérusalem, quoiqu’il soit peu sûr et que le débarquement y soit fort difficile. Les jardins qui entourent Jaffa sont bien arrosés et d’une fertilité merveilleuse. Il y a encore des tanneries sur le bord de la mer et l’on y montre la maison de Simon le Corroyeur (voir Actes des Apôtres, 9, 43 ; 10, 6) de même que le tombeau de Tabitha.]
37 Or il arriva en ces jours-là qu’étant tombée malade, elle mourut ; après qu’on l’eut lavée, on la mit dans une chambre haute.
[9.37 Chambre haute, hyperôon. Voir Marc, 2, 4.]
38 Et comme Lydde était près de Joppé, les disciples, ayant appris que Pierre y était, lui envoyèrent deux hommes, pour lui faire cette prière : Ne tarde pas à venir auprès de nous.
39 Pierre, se levant, alla avec eux. Lorsqu’il fut arrivé, on le conduisit dans la chambre haute (le cénacle) ; et toutes les veuves l’entourèrent en pleurant, et en lui montrant les tuniques et les vêtements que leur faisait Dorcas.
[9.39 Dans le cénacle. Voir Actes des Apôtres, 1, 13. Dorcas avait formé une réunion de veuves pieuses, qui passaient avec elles les journées à tisser des habits pour les indigents.]
40 Ayant fait sortir tout le monde, Pierre se mit à genoux et pria ; puis se tournant vers le corps, il dit : Tabithe, lève-toi. Elle ouvrit les yeux, et ayant vu Pierre, elle se mit sur son séant.
41 Il lui donna la main, et la leva ; et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur rendit vivante.
42 Ce fait fut connu dans tout Joppé, et beaucoup crurent au Seigneur.
43 Or il arriva que Pierre demeura des jours nombreux à Joppé, chez un corroyeur nommé Simon.

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