/   /   /  Job 28:2     

Job 28.2
Vigouroux


1 L’argent a une source de ses veines, et l’or un lieu où on l’épure.
[28.1 L’argent a des sources de ses veines dans la terre. ― Les exégètes modernes croient que Job nous a conservé dans ce chapitre le souvenir des travaux des Egyptiens dans les mines de la péninsule du Sinaï. D’après eux, l’auteur du livre de Job avait, selon toutes les vraisemblances, visité le Sinaï comme l’Egypte, et il nous a fait ici la description de l’exploitation des mines sinaïtiques. Le texte original dit dans le premier verset : « Il y a pour l’argent [une mine] d’où ils sont, pour l’or, un lieu où on le purifie. » Diodore de Sicile décrit ainsi la manière dont les Egyptiens purifiaient l’or : « A l’extrémité de l’Egypte, sur les confins de l’Arabie et de l’Ethiopie, est une contrée abondante en mines d’or d’où on retire ce métal à grands frais et par un pénible travail. La terre, de couleur noire, y est remplie de protubérances et de veines de marbre d’une blancheur remarquable… C’est dans cette terre que les préposés aux travaux des mines font recueillir l’or par un grand nombre d’ouvriers… Voici quels sont les procédés employés pour traiter la mine. On expose à un feu violent la partie la plus dure de la terre qui contient l’or, on la fait ainsi éclater, et on la travaille ensuite avec les mains… Les plus robustes sont occupés à fendre avec des masses de fer le marbre qu’on trouve dans la mine… Comme les travailleurs, au milieu des détours que forment les galeries, se trouvent dans l’obscurité, ils portent, attachés au front, des lanternes allumées… Les enfants ramassent… les fragments de pierre détachés et les portent en plein air, à l’ouverture extérieure de la galerie. D’autres ouvriers… prennent une certaine mesure de ces fragments et les broient dans des mortiers de pierre avec des pilons de fer, jusqu’à ce qu’ils soient réduits à la grosseur d’une lentille. Auprès d’eux sont les femmes et les vieillards, qui reçoivent ces petites pierres, les jettent sous des meules rangées plusieurs de suite, et deux ou trois d’entre eux, se plaçant à la manivelle de chaque meule, la font tourner jusqu’à ce qu’ils aient, par cette sorte de mouture, converti à la mesure de pierres qui leur a été livrée, en une poussière aussi fine que la farine… Enfin, des hommes instruits dans l’art de traiter les métaux s’emparent des pierres réduites en degré de finesse que nous avons indiqué, et mettent la dernière main au travail. Ils commencent par étendre sur une planche large et un peu en pente cette poussière de marbre, et la remuent ensuite, en versant de l’eau dessus. La partie terreuse, détrempée par l’eau, coule le long de la planche inclinée, et l’or plus pesant y reste. Ils répètent plusieurs fois cette opération, d’abord en frottant légèrement la matière entre les mains ; puis, en la pressant mollement avec des éponges très fines, ils enlèvent peu à peu la terre inutile, jusqu’à ce que la paillette d’or demeure seule et pure sur la planche. D’autres reçoivent une certaine mesure de ces paillettes qui leur sont livrées au poids, et les jettent dans des vases d’argile cuite, en les mélangeant avec un lingot de plomb, d’un poids proportionné à la quantité de paillettes que contient le vase, quelques grains de sel, une très petite quantité d’étain, et du son de farine d’orge. Après quoi ils ferment ces vases d’un couvercle parfaitement ajusté, enduit avec soin d’argile délayée, et les rangent dans un four où ils les font chauffer, pendant cinq jours et cinq nuits, sans discontinuation. Ils les retirent ensuite du feu, les laissent refroidir, et n’y trouvent plus, après les avoir ouverts, que l’or devenu parfaitement pur et qui a très peu perdu de son poids : toutes les autres matières ont disparu. »]
2 Le fer se tire de la terre, et la pierre, fondue par la chaleur, se change en airain.
[28.2 Dans l’original : « Le fer est extrait de la poussière [de la terre], et la pierre fondue [donne] l’airain. » Cette description s’applique à l’extraction du cuivre, non à celle de l’or, de l’argent ou du fer. Les Egyptiens exploitaient le cuivre dans les mines du Sinaï. Ils en extrayaient aussi la turquoise ou la malachite qui est un cuivre carbonaté vert.]

3 L’homme (Il, note) met fin aux ténèbres ; il considère lui-même la fin de toutes choses, et aussi la pierre ensevelie (cachée) dans l’obscurité et l’ombre de la mort.
[28.3 Il a posé, etc. Les uns donnent pour sujet à ce verbe Dieu, sous-entendu, les autres le mot homme, qui se trouve exprimé au verset 13 ; ce que l’ensemble du récit semble insinuer. ― Pierre peut signifier ici gravier métallifère. ― L’ombre est grammaticalement complément du verbe il considère ; mais on le traduit généralement comme si ce mot était régime de cachée dans. ― Dans l’original : « [L’homme] met une fin aux ténèbres, jusqu’aux plus grandes profondeurs il explore la pierre [cachée dans] l’obscurité et dans l’ombre de la mort. » L’homme pénètre dans les sombres profondeurs de la terre pour en extraire le minerai et il y triomphe des ténèbres.]
4 Le (Un) torrent sépare du (d’un) peuple voyageur (étranger) ceux qu’a oubliés le pied de l’homme pauvre, et qui sont hors de la voie (inaccessibles).
[28.4 Tous les interprètes conviennent que ce verset présente de grandes difficultés, tant dans l’hébreu et les Septante que la Vulgate. On ne peut donc avoir que de simples conjectures sur le sens. ― Un peuple étranger ; c’est-à-dire éloigné et chez lequel se trouve des mines d’or et d’argent. ― Ceux que le pied, etc. Comme les mineurs sont éloignés, l’homme indigent ne saurait faire les dépenses nécessaires pour arriver jusqu’à eux ; d’autant plus qu’il n’y a pas de chemin frayé qui y conduise. ― Hébreu : « Il creuse un puits [de mine], loin des voyageurs, [là, sont les ouvriers], oubliés sous les pieds [des passants] ; suspendus [à des cordes], loin [du regard] des hommes, ils se balancent. »]
5 La (Une) terre, d’où le pain naissait comme de son lieu, a été bouleversée par le feu.
[28.5 Pain se prend souvent dans l’Ecriture pour nourriture, aliment en général. Le sens du verset est donc : Une terre auparavant cultivée et fertile, depuis que les mineurs l’ont découverte, a été bouleversée à l’intérieur à cause des fourneaux qu’il a fallu y établir, pour faire fondre les métaux. ― Hébreu : « Et la terre, d’où sort le pain, [l’homme] bouleverse ses entrailles comme le feu. »]
6 Le saphir se trouve dans ses pierres, et ses mottes (glèbes) sont de l’or.
[28.6 Hébreu : « Ses pierres recèlent le lapis-lazuli, [elles contiennent] des paillettes d’or. »]
7 L’oiseau en a ignoré la route, et l’œil du vautour ne l’a pas vue.
[28.7-8 Hébreu : « Le sentier [qui y conduit], l’oiseau de proie ne le connaît pas, l’œil du vautour ne l’a pas vu ; les animaux féroces ne l’ont pas foulé, le lion rugissant n’y a pas marché. »]
8 Les fils des marchands n’y ont pas marché, et la lionne n’y a pas passé.
9 Il a étendu sa main sur les (des) rochers ; il a renversé les (des) montagnes jusque dans leurs racines.
[28.9-11 Hébreu : « [L’homme] a porté sa main sur le granit, il ébranle les montagnes [jusque dans leur racine] ; il creuse des canaux dans le roc, alors son œil voit tout ce qui est précieux : il ferme [les fissures des rochers pour empêcher] les eaux de filtrer, et il produit à la lumière [du jour] ce qui était caché. »]
10 Il a taillé des ruisseaux dans les pierres, et son œil a vu tout ce qui est précieux.
11 Il a scruté le fond des fleuves, et il a produit au jour les trésors cachés.
12 Mais la sagesse, où la trouvera-t-on ? et quel est le lieu de l’intelligence ?
13 L’homme en ignore le prix, et elle ne se trouve pas dans la terre de ceux qui vivent délicatement (dans les délices).
14 L’abîme dit : Elle n’est pas en moi ; et la mer aussi : Elle n’est pas avec moi.
15 Elle ne se donne pas pour l’or le plus pur, et elle ne s’achète pas au poids de l’argent (au poids).
[28.15 Voir Sagesse, 7, 9.]
16 On ne la mettra pas en comparaison avec les étoffes teintes des Indes, ni avec la sardoine la plus précieuse, ou le saphir.
[28.16 Aux tissus colorés de l’Inde ; en hébreu : à l’or d’Ophir.]
17 On ne lui égalera ni l’or ni le verre, et on ne la donnera pas en échange pour des vases d’or.
[28.17 Comme l’époque reculée à laquelle vivait Job, le verre était très rare, il a pu le compter parmi les choses les plus précieux.]
18 Ce qu’il y a de plus grand et de plus élevé ne sera pas même mentionné auprès d’elle ; mais la sagesse se tire d’une source cachée.
[28.18 La sagesse, etc. Selon l’hébreu : La possession de la sagesse est plus que les coraux rouges, ou que des perles.]
19 On ne la comparera pas avec la topaze d’Ethiopie, ni avec les teintures les plus éclatantes.
20 D’où vient donc la sagesse ? et où l’intelligence se trouve-t-elle ?
21 Elle est cachée aux yeux de tous les vivants ; elle est inconnue même aux oiseaux du ciel.
22 La perdition et la mort ont dit : Nous avons entendu parler d’elle (ouï son nom de nos oreilles).
23 C’est Dieu qui connaît (comprend) sa voie ; lui qui sait le lieu où elle habite.
24 Car il contemple les extrémités du monde, et il considère tout ce qui se passe sous le ciel.
25 C’est lui qui a réglé le poids des (aux) vents ; lui qui a pesé et mesuré les eaux (avec mesure).
[28.25 Qui a fait un poids, etc., c’est-à-dire qui a pesé les vents et mesuré les eaux, de manière à les contenir les uns et les autres dans de certaines limites.]
26 Lorsqu’il prescrivait une loi aux pluies, et un chemin (une voix (voie ?)) aux tempêtes retentissantes (tonnantes),
27 alors il l’a vue, il l’a découverte, il l’a préparée (proclamée) et il l’a fondée (scrutée).
28 Et il a dit à l’homme : La crainte du Seigneur, voilà la sagesse, et se retirer du mal, c’est l’intelligence.

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