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Armées
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Bost

Dans l’Écriture, le Seigneur prend le nom de Dieu des armées. Le mot hébreu zebaoth, qui signifie armées, se prend aussi pour signifier des troupeaux de brebis (Cantique 2.7 ; Jérémie 3.19) etc., et, dans plus d’un endroit des livres saints, on compare les armées à des troupeaux. Saül fait la revue de son armée comme d’un troupeau de moutons (1 Samuel 15.4). Jérémie parlant de l’armée des Assyriens (Jérémie 6.3), dit qu’elle viendra devant Sion comme un troupeau conduit par son pasteur. Dans une infinité d’endroits, la nation des Hébreux est appelée l’armée du Seigneur, parce que Dieu en était considéré comme le chef et le général. C’était lui qui nommait les chefs de ses armées, qui ordonnait la guerre et la paix ; ses prêtres y sonnaient de la trompette et donnaient le signal du combat : aussi ces guerres étaient ordinairement accompagnées de prodiges.

Les armées d’Israël n’étaient pas composées de troupes soudoyées, réglées et entretenues ; toute la nation était une nation de guerriers, prête à marcher à l’ennemi dès que la nécessité ou les ordres de Dieu le demandaient. L’armée n’attendait point d’autre récompense que la gloire de vaincre, ni d’autre salaire que les dépouillés que l’on prenait sur les ennemis, et qui se partageaient par les chefs. Chacun se fournissait d’armes et de provisions, et pour l’ordinaire les guerres étaient de courte durée. Ils combattaient à pied, et on ne vit point de chevaux dans leur armée que sous le règne de Salomon. David est le premier qui ait eu des troupes réglées ; ses successeurs, pour la plupart, n’avaient que des milices, excepté leurs gardes du corps, qui n’étaient pas fort nombreux ;

[Cependant, dit sur ce qu’on vient de lire M. Glaire, quoiqu’il n’y eût point de troupes réglées, le recensement qui fut fait la seconde année après la sortie d’Égypte, et dans lequel Moïse statua, d’après l’ordre même du Seigneur, que tout Israélite ayant atteint sa vingtième année devait être enrôlé comme soldat ; ce recensement, disons-nous, probablement fait par les chefs des tribus, assistés des généalogistes, et renouvelé trente-huit ans après, porte à croire qu’il y avait toujours une armée effective, divisée en plusieurs catégories, de manière qu’au moment d’une guerre, on savait déj à quels étaient ceux qui devaient marcher immédiatement à l’ennemi, et ceux qui devaient former l’armée passive et de réserve. Sous David, tout le peuple était enrégimenté, et, à quelques exceptions près, il en fut ainsi sous tous les rois. C’est ce qui nous explique comment il leur était possible de lever avec tant de promptitude de si nombreuses armées. L’armée existant donc en tout temps sur les matricules des généalogistes, ces derniers n’avaient plus qu’à faire un travail de révision au moment où elle devait marcher à l’ennemi].

Lorsqu’on était près de livrer la bataille, on publiait à la tête de chaque bataillon [ou, comme dit M. Glaire, quand on avait réglé jusqu’à quel âge s’étendait l’appel, les généalogistes étaient chargés de constater les exemptions que chacun pouvait faire valoir. Or, on exemptait de droit ceux dont il est parlé dans ce passage du Deutéronome] : Que celui qui a bdti une maison neuve, et n’en a point encore fait la dédicace, s’en retourne dans sa maison, de peur qu’un autre ne vienne et ne la dédie. Que celui qui a planté une vigne, et ne l’a pas encore rendue commune, en sorte que l’on puisse librement manger de son fruit, s’en retourne, de peur qu’il ne meure à la guerre ; et qu’un autre ne jouisse du fruit de son héritage. Que celui qui a épousé une femme et ne l’a pas encore conduite dans sa maison, s’en retourne, de peur qu’un autre ne l’épouse. Après cela, on disait encore : Que celui qui est timide et qui manque de cœur, s’en aille, de peur qu’il ne décourage les autres par son exemple (Deutéronome 20.5). En même temps le prêtre se mettait à la tête de l’armée, et disait au peuple : Écoutez, Israël, vous devez aujourd’hui livrer la bataille à vos ennemis ; ne craignez point, ne vous elfrayez point, ne reculez point, parce que le Seigneur votre Dieu est au milieu de vous, pour combattre pour vous, et pour vous délivrer de la main de vos ennemis.

Il paraîtrait, d’après ce qui est dit dans plusieurs passages de l’Écriture (Juges 7.16 ; 1 Samuel 11.2-11 2 Samuel 18.1 Job 1.17), que l’armée, chez les Hébreux, formait ordinairement trois corps qui, selon l’opinion de Jahn, étaient vraisemblablement l’aile droite, l’aile gauche et le centre. Une autre division qui paraît ressortir de quelques endroits des livres saints (1 Samuel 8.12 ;2 Rois 1.9-19), était en bandes ou pelotons de cinquante hommes. Enfin, on divisait encore l’armée de manière à former des compagnies de cent hommes, des légions ou régiments de mille, et des corps ou divisions de dix mille. Sous David, l’armée se composait de cent quatre-vingt mille hommes, divisés en douze corps de vingt-quatre mille chacun, qui faisaient successivement le service pendant un mois. Sous Josaphat, elle ne formait que cinq corps d’inégale force. La cavalerie, les chariots de guerre et l’infanterie formaient trois corps différents, et l’infanterie elle-même était divisée par armes : ainsi les vélites, armés de frondes, de javelots, d’arcs, d’épées, et dans les derniers temps d’un bouclier léger, étaient destinés à harceler l’ennemi en tirailleurs ; les hastaires, combattant avec des glaives, des lances et des boucliers pesants, formaient le corps de bataille. Les tribus de Benjamin et d’Éphraïm fournissaient les vélites. L’armée se divisait en légions ; chaque légion formait dix cohortes, chaque cohorte trois manipules, chaque manipule deux centuries ; de sorte qu’une légion était composée de trente manipules ou de six mille hommes, et la cohorte de six cents hommes, quoiqu’il soit vrai de dire que ce nombre varie souvent. Du temps de Josèphe, les cohortes romaines, en Palestine, étaient de mille hommes, d’autres de six cents fantassins et cent vingt cavaliers.

On, portait ordinairement l’Arche du Seigneur dans l’armée ; elle ne quitta pas le camp d’Israël pendant tout le temps du voyage du désert. Josué la fit porter presque toujours avec lui dans les, guerres qu’il fit aux chananéens. Les Israélites ayant été Mis en fuite par les Philistins, du temps du grand-prêtre Héli (1 Samuel 4.5), envoyèrent quérir l’arche du Seigneur : sa venue les remplit d’allégresse, et répandit la terreur dans le camp des Philistins. David ordonna qu’on la portât au siège de Rabbat, où était l’armée d’Israël (2 Samuel 11.11) ; et ce prince étant obligé de s’enfuir devant son fils Absalom (2 Samuel 15.24) le grand prêtre Sadoc lui apporta l’arche du Seigneur, mais David la fit reporter à Jérusalem. Les Israélites des dix tribus, à l’imitation de ceux de Juda, portèrent leurs veaux d’or dans leur camp (1 Chroniques 14.12), et les Philistins y portaient leurs idoles (2 Chroniques 13.8). [Voyez Arche D’alliance).