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Typhon
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Divinité des Égyptiens. Ces peuples admettaient deux principes, l’un du bien, l’autre du mal. Du principe du bien venait la génération, et du principe du mal la corruption de toutes choses. Le principe du bien avait la supériorité sur celui du mal, mais non pas jusqu’au point de le détruire et d’empêcher ses opérations. Isis, Osiris et Orus étaient les principes du bien, Typhon était le principe du mal ; Osiris était dans le monde ce qu’est la raison dans l’homme, Typhon tenait lieu des passions qui répugnent à la raison. Dans le corps humain le bon tempérament venait d’Osiris, les maladies et les indispositions avaient Typhon pour cause ; on lui imputait aussi les tempêtes, les inondations, les tremblements de terre, les éclipses du soleil et de la lune, et tout ce qui passait pour dérangement de la nature. L’âne était son symbole aussi bien que le crocodile. On lui rendait les honneurs divins dans le canton d’Égypte nommé Papremis.

Typhon était frère d’Osiris : celui-ci régnait en Égypte dans la justice et dans l’équité. Typhon, homme violent et cruel, tua son frère et coupa son corps en vingt-six parties, dont il en donna une à chacun de ceux qui avaient conjuré avec lui pour les engager par là, en les rendant également coupables, à le soutenir dans son usurpation du royaume d’Égypte. Mais Isis, femme et sœur d’Osiris, et Orus, leur fils, vengèrent sa mort, firent mourir Typhon et tous ses conjurés après les avoir vaincus : il fut noyé dans le fleuve Oronte.

On dit qu’il fut enterré sous l’île de Sicile, et que cette île à peine put suffire à couvrir son corps, tant il était d’une énorme grandeur.

Nous ne parlerions pas ici de Typhon, puisqu’il n’en est point fait mention dans la Bible, si quelques critiques n’avaient pas avancé que Typhon est le même que Sem, fils de Noé, et que plusieurs traits de sa vie et de sa mort ont un très-grand rapport de ressemblance avec le roi de Basan. Les Égyptiens donnaient à Typhon le nom de Seth ou de Smy, qui à beaucoup de rapport à celui de Sem ; Marsham croit que la ville de Phithom, marquée dans l’Exode (Exode 1.11), tire son nom de Typhon, les Hébreux, a qui il était défendu de nommer les dieux étrangers, ayant exprès changé et déguisé le nom. Les Égyptiens ont donné à Sem, béni par Noé, les noms odieux de mauvais principe et d’usurpateur, qui convenaient bien mieux à Cham, leur père.

On a dit que Typhon avait été noyé dans le fleuve Oronte, ou dans le lac Sirbon, voisin de l’Égypte. Les Égyptiens chargent d’outrages cette divinité en certaines de leurs solennités ; ceux de Coptos précipitent un âne en haine de Typhon, parce que ce dieu était roux et de la couleur des ânes. On dépeint d’ordinaire Typhon avec des serpents. Homère dit que le lit de Typhon était à Arymes ou Arame, c’est-à-dire, en Syrie. Le même Homère dit que Typhon fut tué à Ydes, dans un pays plein de chênes, au milieu d’un peuple fort gras. La plupart de ces caractères conviennent au roi Og : c’était un géant d’une grandeur énorme. Typhon était si grand, que la Sicile suffisait à peine à le couvrir. Il fut précipité dans le lac Sirbon ; Job dit que les anciens géants gémissent sous les eaux. Og persécuta les Hébreux et leur fit la guerre ; il mourut dans la Syrie, dans le pays d’Aram, au delà de Jourdain, dans un pays gras et fertile, dans la terre de Basan. Ydes d’Homère peut marquer la Judée. Le nom des Hévéens signifie des serpents. Og était du nombre des géants hévéens et amorrhéens : mais avouons que tout cela est bien tiré de loin et ne peut guère servir ni à éclaircir ni à illustrer l’histoire sacrée.