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Tite
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Tite (1)

Fils et successeur de l’empereur Vespasien, frère et prédécesseur de l’empereur Domitien, fut un des meilleurs princes qu’ait eus l’empire romain : libéral, généreux, clément, sage, vaillant. Il croyait avoir perdu la journée, lorsqu’il l’avait passée sans rendre service à quelqu’un. Il fut surnommé l’Amour et les Délices du genre humain. Il n’entre dans le dessein de ce Dictionnaire qu’en tant que la Providence l’a employé à détruire la ville et le temple de Jérusalem, et par là à accomplir les menaces que le Fils de Dieu avait faites contre cette ville meurtrière des prophètes et de Jésus-Christ (Matthieu 24).

Vespasien était en Achaïe avec Néron, lorsque cet empereur le nomma pour avoir la conduite de la guerre des Juifs, en l’an 66 de l’ère vulgaire. Il n’arriva en Judée que l’année suivante, et commença à former son armée en l’an 67. Tite, son fils, qu’il avait choisi pour l’un de ses lieutenants, le vint joindre à Ptolémaïde avec deux légions qu’il lui amenait d’Alexandrie. Ils commencèrent donc la guerre par la Galilée, voulant donner à ceux de Jérusalem le temps de se reconnaître. Tite donna dans cette guerre diverses marques de sa valeur ; et Vespasien, son père, ayant été reconnu empereur en l’an 69 et étant obligé de s’en aller en Italie, Tite son fils demeura seul chargé du soin de la guerre des Juifs. Il assiègea Jérusalem au commencement d’avril de l’an 70 de l’ère vulgaire. La première muraille fut emportée le 28 d’avril, la seconde le 3, et encore le 7 de mai. La tour Antonia fut forcée le 5 de juillet : Le sacrifice perpétuel fut interrompu et cessa entièrement le 7 ou 10 du même mois. Le temple fut brûlé, malgré Tite, le 10 d’août. [Voyez le Calendrier des Juifs, au 9 d’ab]. Les Romains forcèrent la troisième muraille de la ville le 7 de septembre, et Tite y entra le lendemain 8.

Après cela Tite fit raser le temple et toute la ville, à la réserve des trois tours Hippique, Phazaële et Mariamne, avec la muraille qui environnait la partie occidentale de la ville.

Les Juifs tiennent par tradition qu’il fit passer la charrue sur la ville ou au moins sur le temple ; ce qui était une marque de la dernière désolation ; mais on croit que cela arriva plutôt sous Adrien. [Voyez temple]. Ainsi fut vérifiée la prédiction de Jésus-Christ, qui avait dit que les ennemis ne laisseraient pas pierre sur pierre dans ces édifices du temple que les apôtres admiraient (Matthieu 24.2). Tite laissa a Jérusalem la dixième légion sous le commandement de Térentius Rufus, et comme l’hiver qui était proche ne lui permettait pas de s’embarquer pour aller trouver son père à Rome, il alla visiter diverses villes de Syrie où il fit souvent représenter des jeux aux dépens des Juifs, dont le carnage faisait toujours une partie de ces divertissements.

Il demeura quelque temps à Béryte, et alla enfin à Antioche au commencement de l’an 71 de l’ère vulgaire De là il alla à Zeugma sur l’Euphrate, où il conféra avec les ambassadeurs de Vologèse, roi des Parthes. Il revint ensuite à Antioche, où il ne voulut point toucher aux priviléges des Juifs, ni les chasser de cette ville, comme les bourgeois d’Antioche l’avaient demandé avec instance. Il repassa à Jérusalem, pour se rendre en Égypte, et il ne put retenir ses larmes en voyant l’état où cette ville était réduite ; et il fit des imprécations contre ceux qui l’avaient forcé à en venir à cette extrémité, contre son inclination. D’Alexandrie il vint à Rouie par mer, où il triompha des Juifs, avec son père Vespasien. Parmi les dépouilles on remarqua la table d’or et le chandelier d’or à sept branches, avec le rouleau de la loi des Juifs, qui furent portés en triomphe. Le livre de la loi fut conservé dans le palais avec les tentures de pourpre qui avaient servi au temple ; les vases d’or furent mis dans le temple que Vespasien fit bâtir sous le nom de la Paix.

Vespasien étant mort l’an 79 de l’ère vulgaire, Tite lui succéda et gouverna l’empire pendant deux ans deux mois vingt jours. Son frère Domitien lui succéda.

Tite (2)

Surnommé le Juste, natif de Corinthe, hôte de saint Paul dans cette ville-là. On lit dans les Actes (Actes 18.7) que saint Paul étant sorti de la maison d’Aquila, où il logeait auparavant, entra chez un nommé Tite Juste, qui craignait Dieu, et dont la maison tenait à la synagogue, comme pour montrer que s’il abandonnait les Juifs, ce n’était qu’à regret et qu’il était toujours disposé à revenir à eux dès qu’ils voudraient renoncer à leur endurcissement. Quelques manuscrits grecs lisent simplement Tite, et non pas Juste. D’autres lisent Tite, fils de Juste. Saint Chrysostome et Grotius ont cru que ce Tite était le même que celui qui fut fait évêque de Crète et à qui saint Paul a adressé une de ses Épîtres. Mais le sentiment contraire qui distingue ces deux personnages est généralement suivi. On ne sait rien de particulier sur Tite Juste.

Tite (3)

Disciple de saint Paul, était gentil de religion par sa naissance (Galates 2.3) ; mais il fut converti par saint Paul, qui l’appelle son fils (Tite 1.4). Saint Jérôme dit qu’il était interprète de saint Paul, et apparemment qu’il écrivait ce que saint Paul lui dictait, ou il expliquait en latin ce que cet apôtre voulait dire en grec ; ou il expliquait en grec ce que saint Paul disait en hébreu ou en syriaque. Saint Paul le mena avec lui à Jérusalem (Galates 2.1), lorsqu’il y alla en l’an 51 de l’ère vulgaire pour faire décider la question, s’il fallait assujettir les gentils convertis aux cérémonies de la loi. Quelques-uns voulurent alors l’obliger à le faire circoncire ; mais ni lui ni Tite n’y consentirent jamais. Tite fut envoyé par le même apôtre à Corinthe (2 Corinthiens 12.18), à l’occasion des disputes qui partageaient cette Église. Il y fut très-bien reçu des Corinthiens, et très-satisfait de leur soumission ; mais il ne voulut rien recevoir d’eux, pour imiter le désintéressement de son maître.

De là il alla joindre saint Paul en Macédoine (2 Corinthiens 7.6-15), et lui rendit compte de l’état où il avait laissé l’Église de Corinthe. Peu de temps après, l’apôtre l’ayant prié de retournera Corinthe, afin d’y disposer toutes choses avant qu’il y vint lui-même, Tite s’exposa de nouveau à cette fatigue et partit aussitôt (2 Corinthiens 8.5-15,17), portant la seconde lettre que saint Paul écrivait aux Corinthiens. Tite fut établi évêque de l’île de Crète, vers l’an 63 de Jésus-Christ, lorsque saint Paul fut obligé de quitter cette île pour les besoins des autres Églises (Tite 1.5). L’année suivante il lui écrivit pour le prier que, quand il aurait envoyé Tychique ou Artémas en sa place en Crète, il le vînt trouver à Nicopole en Macédoine (Tite 3.12), ou à Nicopole dans l’Epire, sur le golfe d’Ambracie, où il devait passer l’hiver.

Épître à Tite écrite en l’an 61 de l’ère vulgaire.

Le sujet de cette Épître est de marquer à Tite quelles sont les qualités que doit avoir un évêque. Comme la principale fonction que Tite devait exercer dans l’île de Crète était d’y ordonner des prêtres et des évêques, il lui était important de les bien choisir. L’Apôtre lui marque aussi les instructions et les avis qu’il doit donner à toutes sortes de personnes, aux vieillards, aux femmes âgées, aux jeunes gens de l’un et de l’autre sexe, aux esclaves. Il l’exhorte à prendre beaucoup d’autorité sur les Crétois, et à les reprendre avec sévérité, comme gens menteurs, méchants, paresseux, giourmands ; et Comme il y avait dans l’Egiise de Crète beaucoup de Juifs convertis, il exhorte Tite à s’opposer à leurs vaines traditions, aux fables judaïques, et à leur montrer que l’observation des cérémonies légales n’est plus nécessaire, que la distinction des viandes ne subsiste plus, que tout est pur à ceux qui sont purs. Il lui dit d’exhorter les fidèles à la soumission envers les puissances temporelles, à fuir les disputes, les querelles, la médisance, à s’occuper à des travaux honnêtes, à éviter la compagnie d’un hérétique après une première et une seconde correction.

L’Épître à Tite a toujours été reconnue pour canonique dans l’Église. Les marcionites ne la recevaient pas, non plus que les basilidiens et quelques autres hérétiques. Mais Tatien, chef des encratites, ja recevait et la, préférait à toutes les autres. L’on ne sait pas précisément d’où elle a été écrite, ni par qui elle a été envoyée.

Saint Tite fut député en Dalmatie poury prêcher l’Évangile ; et il y était encore en l’an 65, lorsque l’Apôtre écrivit sa seconde Épître à Timothée. Il retourna ensuite en Crète, d’où il porta, dit-on, l’Évangile dans les îles circonvoisines. Il mourut et fut enterré dans l’île de Crète, âgé de quatre vingt quatorze ans. On assure que la cathédrale de la ville de Candie est dédiée sous son nom et qu’on y conserve son chef tout entier. Les Grecs font sa fête le 25 d’août, et les Latins le 4 de janvier.