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Tibère
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

L’empereur Tibère, fils de Livie, femme d’Auguste, et de Tibère Néron, de la famille patricienne des Claude, fut adopté par Auguste en l’an 4. de Jésus-Christ ou de l’ère vulgaire, et il lui succéda en l’an 14. de Notre-Seigneur, et régna vingt-deux ans sept mois sept jours. Nous n’entrons point dans le détail de ce qui regarde sa vie et son gouvernement ; il nous suffit de marquer ici ce qui peut avoir rapport à l’histoire sacrée et à l’éclaircissement de l’Écriture, qui est le principal objet que nous nous sommes proposé dans cet ouvrage. Les Juifs donc demandèrent à Tibère, en l’an 17 de Jésus-Christ, quelques diminutions des impôts dont ils étaient accablés. L’empereur remit cela à Germanicus, qui devait partir cette année-là pour aller en Orient. Mais nous ne savons point ce que Germanicus ordonna sur cela.

Quelques années après, c’est-à-dire en la dix-neuvième année de Jésus-Christ, quième et sixième de Tibère, le sénat défendit d’exercer dans Rome les cérémonies judaïques ; il ordonna même, selon Tacite, que les Juifs sortiraient d’Italie s’ils ne changeaient de religion dans un certain temps, sous peine à ceux qui n’obéiraient pas d’être réduits pour toujours en servitude ; mais ni Josèphe ni Suétone ne disent point qu’on les ait chassés de toute l’Italie. Philon attribue cette persécution aux intrigues de Séjan, qui appréhendait, dit-il, leur fidélité dans les mauvais desseins qu’ils formaient. Josèphe dit qu’elle vint de quatre Juifs qui, faisant profession à Rome d’enseigner le judaïsme, persuadèrent à une dame romaine nommée Fulvie, d’embrasser cette religion, et de leur mettre en main de riches présents pour les envoyer, disaient-ils, au temple de Jérusalem, mais en effet pour s’en accommoder eux-mêmes. Tibère en ayant été averti par Saturnin mari de Fulvie fit chasser tous les Juifs de Rome. On en enrôla quatre mille pour les envoyer en Sardaigne contre des voleurs.

Ce fut vers l’an 26 de l’ère commune que l’empereur envoya en Judée Ponce-Pilate pour succéder à Gratus. Pilate y demeura depuis l’an 26 jusqu’en l’an 35. Nous avons parlé de son gouvernement sous son article., Voyez Pilate. Ce gouverneur [procurateur], entreprit de consacrer à Tibère des boucliers d’or dans le palais d’Hérode à Jérusalem. Les Juifs en furent très-indignés ; ils supplièrent Pilate avec de grandes instances d’ôter ces boucliers, ou du moins de leur permettre de députer à l’empereur ou de lui écrire. Ils lui écrivirent en effet, et Mempereur commanda qu’on les ôtât promptement. Pilate donna encore un nouveau sujet de mécontentement aux Juifs, en faisant entrer des troupes romaines à Jérusalem avec leurs drapeaux, où étaient les armes de l’empereur ; mais la constance et les prières des Juifs l’obligèrent enfin à faire reporter ces enseignes à Césarée.

Quarante ans avant la ruine de Jérusalem, c’est-à-dire l’an 30 de Jésus-Christ 16 et 17 de Tibère, les Romains ôtèrent aux Juifs le pouvoir de vie et de mort (Jean 18.32). Mais l’année suivante, 31 de Jésus-Christ, Tibère ordonna au gouverneur de ne rien innover touchant les coutumes des Juifs, et de ne faire aucun tort à leurs personnes. Jésus-Christ étant mort l’an 33 de l’ère vulgaire, Pilate écrivit, dit-on, à Tibère, et lui envoya la relation de sa mort et des prodiges qui l’avaient suivie. Ainsi l’empereur apprit les preuves que Jésus-Christ avait données de sa divinité. [Voyez Abgare]. Il en écrivit au sénat d’une manière qui témoignait assez qu’il souhaitait qu’on décernà t les honneurs divins à Jésus-Christ ; mais le sénat refusa d’admettre le culte du Sauveur, soit pour maintenir son autorité, empêchant que d’autres n’adorassent un dieu sans sa permission, et prétendant que nulle divinité ne devait être reconnue qu’avec son agrément. Tibère ne laissa pas de continuer à témoigner de l’inclination pour les chrétiens, et menaça même de mort ceux qui les accuseraient et leur feraient de la peine. En effet nous ne voyons point que sous ce prince on ait persécuté l’Église. Il mourut au mois de mars de l’an 37 de Jésus-Christ.