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Sem
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Fils de Noé (Genèse 6.10), naquit l’an du monde 1558, avant le déluge 98 ans, avant Jésus-Christ 2142, avant l’ère vulgaire 2446. Nous croyons qu’il était plus jeune que Japhet et plus âgé que Cham. Il entra dans l’arche avec Noé son père ; et lorsque ce bon vieillard, ayant bu du vin, se trouva nu dans sa tente (Genèse 9.23-25), Sem et Japhet le couvrirent et ne virent rien dans lui d’indécent. Noé, à son réveil, combla Sem de bénédictions et lui dit : Que le Seigneur le Dieu de Sein soit béni, et que Chaman soit esclave de Sem. La plus grande prérogative de Sem est que le Messie est sorti, de sa race et que le culte du vrai Dieu s’est conservé parmi sa postérité. [Voyez alliance]. Étant âgé de cent ans, il engendra Arphaxad, et mourut âgé de six cents ans, l’an du monde 2158, avant Jésus-Christ 1842, avant l’ère vulgaire 1846.

Les descendants de Sem eurent pour partage les meilleures provinces de l’Asie, [depuis le rivage de la mer Méditerranée jusqu’au rivage des mers de la Chine, La Genèse lui donne cinq enfants : Élam, le père des Élamites ou des Perses ; Assur de qui sont issus les Assyriens ; Arphaxad, de qui descendaient Abraham et les Hébreux ; Lud, que quelques auteurs regardent comme le père des Lydiens ; et Aram, la souche des Araméens ou Syriens. On se sert de l’expression langues sémitiques pour désigner une certaine famille de langues parlées dans l’orient, mais il ne faut pas l’accepter comme devant s’appliquer rigoureusement aux descendants de Sem, car on y comprend quelquefois aussi l’idiome des peuples qui ne paraissent point avoir cette origine (Barbié du Bocage, et A. Balbi, Atlas ethnogr du globe, in-8°, page 104].

Les Juifs attribuent à Sem la tradition théologique des choses que Noé avait apprises des premiers hommes. Sem les communiqua à ses enfants, et de cette sorte la vraie religion s’est conservée dans le monde. Les rabbins croient aussi que Sem tenait une académie ou une école de religion sur le mont Thabor. Ils disent que Sem est le même que Melchisédech, et qu’il avait lui-même été à l’école de Mathusala avant le déluge, pendant soixante-dix-huit ans ; qu’il donna à Abraham toute la tradition et les cérémonies des sacrifices et de la religion, suivant lesquelles ce patriarche offrit dans la suite ses sacrifices. Enfin les Hébreux croient qu’il enseignait aux hommes la loi de la justice et la manière de compter, les mois et les années, et les intercalations des mois. On prétend que Dieu lui donna l’esprit de prophétie cent ans après le déluge, et qu’il prophétisa pendant quatre cents ans, avec assez peu de fruit, parmi les hommes, qui étaient fort corrompus. Méthodius dit qu’il demeura dans l’île du Soleil, qu’il inventa l’astronomie, et qu’il fut le premier roi qui ait dominé sur la terre. On lui attribue la fondation de Septa, ville maritime en Afrique, de Salerne en Italie, et de Salem en Judée. Ceux qui le confondent avec Melchisédech lui attribuent le psaume 109, Dixit Dominus Domino meo, etc., et un livre de médecine qui se trouve manuscrit en hébreu dans la bibliothèque de l’électeur de Bavière. Il faut voir le R. P. Scipion Sgambat, Archiv. Vet. Testament, lib. I pages 165.

Sem eut cinq fils, Élam, Assur, Arphaxad, Lud et Aram, qui peuplèrent les plus belles provinces d’Orient. On peut voir leurs titres. Moïse, dont le principal objet était l’histoire et les lois des Hébreux, a poussé la généalogie de Sem plus loin que celle des autres fils de Noé, qui ne faisaient qu’indirectement à son sujet. On prétend que Noé confia à Sem le corps d’Adam, et qu’il l’envoya l’enterrer sur le Calvaire. On veut aussi qu’il lui ait remis son testament, par lequel il partageait toute la terre à ses trois fils. On a quelque sujet de croire que les profanes l’ont confondu avec Typhon, fameux géant, ou divinité nuisible. Cham est Jupiter ; Japhet, Neptune ; Semp For the first timeluton. Il faut voir sur cela Bochart, Phalag, I. I chapitre 1 [Contentons-nous d’écouter sur ce sujet Delort de La vaur qui nous dit ce qui suit dans sa Conférence de la Fable avec l’Histoire sainte, chapitre 10 :

« Le troisième fils de Saturne et de Rhée est Pluton, à qui l’on donne pour son partage l’empire des morts et des enfers. Son nom vient du grec Ploutos, qui veut dire richesses, parce que, dit Cicéron, toutes choses retournent dans la terre comme elles en sont sorties. Par la même raison, les Latins l’ont appelé le père des richesses. Il est l’auteur et le dieu de toutes les cérémonies religieuses qui regardent les morts. Pindare lui donne une verge, avec laquelle il introduit les morts dans les enfers. Son nom grec est Adès, on Aeïdès qui veut dire triste ou ténébreux ; on l’appelle aussi le noir Jupiter. Plutarque enseigne qu’en Égypte on l’appelait Sérapis, et Diodore dit que Sérapis, Osiris, Denys ou Bacchus, Ammon, Jupiter et Pluton ne sont qu’un même dieu sous tous ces divers noms. Telle est la vanité et la confusion des fables, prises des traditions anciennes, qui ont confondu et défiguré les originaux de l’Histoire.

Pluton est la copie de Sem, troisième fils de Noé, qui avait eu l’Asie pour son partage. Le nom de Sern, en hébreu, veut dire destruction et désolation. Les noms Phéniciens de Pluton et de Proserpine sont de la même signification ; Axiokersos et Axiohersa ; c’est-à-dire, destruction et mort. C’est sous ces noms qu’ils étaient honorés dans l’île de Samothrace ; on les y nommait aussi dieux Cabires, c’est-à-dire, en Phénicien, grands et puissants.

La famille de Sem, bénie en sa personne par-dessus celle de ses frères, conserva le culte du vrai Dieu et se déclara contre les cultes des démons, ce qui lui attira l’envie et l’inimitié des autres peuples plongés dans l’idolâtrie, qui affectèrent de noircir cette famille et d’appeler son auteur le dieu des morts et des enfers, suivant la remarque de Bochart. Sa postérité régla les cérémonies de la religion. Sa discipline austère parut triste aux autres nations ; elle vivait séparée de tous les peuples, dans l’obscurité. Ainsi, les descendants de Sem furent traités d’obscurs et ténébreux, et leur chef en fut surnommé Adès.

« Moïse, dit Tacite, institua des cérémonies et des lois opposées à celles de tous les autres hommes ; les mœurs de ses sectateurs détruisaient toute raison et toute honnêteté ; des villes illustres de leur pays furent même consumées par le feu ; l’air, les eaux et la terre, les moissons et tous les fruits y étaient pestilents, le ciel et la terre étaient déclarés contre ce pays ; il semblait une bouche de l’enfer. » Voilà donc les descendants de Sein habitants et maîtres de l’enfer.

L’Asie, qui en hébreu signifie bourbeuse, tenue par Sem, et sa vaste étendue jusqu’aux extrémités de l’univers, alors impénétrables, la firent regarder comme en partie souterraine ; au delà et au-dessous du monde connu ; et ses richesses prodigieuses avec sa fécondité donnèrent le nom de Pluton à celui qui y régnait. La Fable fait l’Asie fille de l’Océan et de Thétis, femme del aphet et mère de Prométhée ; c’est que l’Asie était sortie des eaux du déluge avec Japhet père de Magog, qui est Prométhée. Son limon en conservait les marques et la mémoire. On ne doit pas être surpris de tous ces mélanges qui confondent divers endroits de nos livres saints, après ce que nous avons vu de Diodore, que Pluton est le même que tous les dieux de l’Égypte, de l’Afrique et de l’Asie. »