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Pharaon
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Nom commun des rois d’Égypte. Josèphe dit que tous les rois d’Égypte, depuis Minaeus, fondateur de Memphis, qui vivait plusieurs siècles avant Abraham, ont toujours porté le nom de Pharaon, jusqu’au temps de Salomon, pendant plus de trois mille trois cents ans. Il ajoute que le nom de Pharaon en égyptien signifie le roi, et que ces princes ne prennent ce nom que lorsqu’ils montent sur le trône, laissant alors celui qu’ils portaient auparavant. De là vient, dit encore Josèphe, qu’Hérodote, qui dit que Minœus, fondateur de Memphis, a eu trois cent trente rois qui lui ont succédé, n’en nomme aucun, parce qu’ils portaient tous le nom de Pharaon ; mais parce que ce num ne passait point aux femmes, il nomme une reine égyptienne Nicaulé, qui leur succéda. Enfin je trouve dans les monuments de notre nation, conclut Josèphe, que depuis Salomon aucun roi d’Égypte ne fut nommé Pharaon.

Il y a dans ce passage de Josèphe très-peu d’exactitude. Il est vrai qu’Hérodote dit que Ménès ou Minaeus est le premier roi d’Égypte et fondateur de Memphis ; qu’il y a eu trois cent trente rois qui ont régné après lui en Égypte ; qu’après eux est venue une reine nommée Nitocris, et non pas Nicaulé, comme l’appelle Josèphe ; mais il n’est pas vrai que ces rois n’aient point eu d’autre nom que celui de Pharaon. Hérodote dit expressément qu’on lisait dans les livres des prêtres égyptiens les noms et le catalogue de trois cent trente rois ; que dans ce nombre de trois cent trente, il y en avait dix-huit éthiopiens, et une femme étrangère nommée Nitocris ; et que tous les autres étaient Égyptiens. Ces princes avaient donc chacun leur nom propre marqué dans le catalogue des rois égyptiens. Aussi voyons-nous dans les fragments de Manéthon que chaque roi d’Égypte avait son nom particulier ; et nous ne trouvons que dans l’Écriture le nom de Pharaon.

Ce que Josèphe ajoute de la reine Nicaulé ou Nitocris, qu’il prétend être la même que la reine de Saba dont il est parlé dans l’Écriture (1 Rois 10.1-2), est entièrement fabuleux ; et ce qu’il dit, que depuis Salomon, les rois d’Égypte n’ont plus porté le nom de Pharaon, est insoutenable, puisque nous trouvons encore ce nom dans le 2e livre des Rois, sous Ézéchias (2 Rois 18.21) ; sous Josias (2 Rois 23.29-30, 33) et suivants, où ce nom est joint à Néchao, qui était le nom propre de ce prince ; sous Joakim (2 Rois 23.35), et dans les prophètes Isaïe, Jérémie et Ézéchiel, qui sont de beaucoup postérieurs à Salomon. Il y a toute sorte d’apparence que les Égyptiens donnèrent à leurs rois le nom de Pharaon tout le temps que la langue égyptienne fut commune et qu’il y eut des princes de leur nation dans le pays. Mais depuis la conquête qu’Alexandre le Grand fit de l’E-gypte, et que les Grecs y eurent introduit leur langue avec leur domination, on n’y connut plus le nom de Pharaon.

Bochart croit que Pharao signifie proprement le crocodile, et que c’est à cela qu’Ézéchiel (Ézéchiel 29.3) a voulu faire allusion, lorsqu’il dit : Je m’adresse à toi, Pharaon, roi d’Égypte, grand dragon marin, qui es couché au milieu de tes fleuves, etc. M. le Clerc croit trouver la vraie racine de Pharaon dans le verbe arabe pharah, être élevé, être supérieur. M. l’abbé Renaudot dit que Pharaon est le même que l’égyptien Pouro, qui signifie roi. Le P. Kircher dérive Pharaon de la racine pharah, qui signifie quelquefois délivrer ; et il veut que Pharaon signifie celui qui est libre et au-dessus des lois.

Nous allons donner en peu de mots l’histoire des Pharaons dont nous parle l’Écriture ; le premier qui nous soit connu, est celui sous lequel Abraham descendit en Égypte (Genèse 12.10-16) l’an du monde 2084, avant Jésus-Christ 1916, avant l’ère vulgaire 1919. Abraham, ayant été obligé par la famine de se retirer en Égypte, dit à Saraï, son épouse, qui était d’une rare beauté, qu’il la priait de dire qu’elle était sa sœur, prévoyant bien que les Égyptiens, touchés de sa beauté, ne manqueraient pas de l’enlever ; et craignant qu’ils ne le fissent mourir à cause d’elle, s’ils savaient qu’elle fût sa femme. En effet, à peine furent-ils arrivés en Égypte, que Saraï fut emmenée dans le palais de Pharaon ; et comme elle ne passait que pour sœur d’Abraham, on le traita favorablement, et ses richesses s’accrurent en Égypte. Il y posséda grand nombre de bestiaux et d’esclaves, qui étaient la principale richesse de ce temps-là.

Mais le Seigneur frappa Pharaon et sa maison de grandes incommodités, et lui fit connaître que cette femme était l’épouse d’Abraham. Il le fit venir, et lui dit : Pourquoi en avez-vous usé de cette sorte ? Pourquoi m’avez-vous dit qu’elle était votre saur ? C’est pourquoi reprenez votre femme, et retirez-vous. Pharaon en même temps donna ordre à ses gens de les conduire hors de l’Égypte avec tout ce qui leur appartenait. On ignore le nom propre de ce roi d’Égypte. Mais on voit par cette histoire qu’il craignait Dieu, et que la vraie religion n’était pas entièrement bannie de l’Égypte.

Le second Pharaon dont nous parle l’Écriture, est celui qui régnait en Égypte, lorsque Joseph y fut vendu par les marchands ismaélites qui l’avaient acheté de ses frères (Genèse 37.28). Ce prince, ou peut-être son successeur, ayant eu le songe mystérieux de sept vaches grasses, et des sept épis pleins, consumés par sept vaches maigres, et par sept épis vides et stériles (Genèse 41.2-3), et ayant été informé de la capacité de Joseph à expliquer les songes, le fit sortir de prison, lui exposa ce qu’il avait songé, et fut si content de ses explications, qu’il l’établit intendant de toute l’Égypte et de toute sa maison, ne se réservant, pour ainsi dire, que le nom de roi. En sorte que Joseph était considéré comme le père de Pharaon (Genèse 45.8-9) et le maître de tout le royaume. C’est le même Pharaon qui reçut le patriarche Jacob, et toute sa famille dans l’Égypte, et qui leur donna la terre de Gessen pour leur demeure.

Le troisième Pharaon connu dans les Livres saints est celui qui persécuta les Israélites. Moïse dit que c’était un roi nouveau qui ne connaissait pas Joseph (Exode 1.8). Ce prince, voyant les Israélites devenir nombreux et puissants, résolut de les accabler de travaux. Il leur fit bâtir les villes des tentes, Pithom et Ramessès, et leur donna pour commandants des ministres durs et impitoyables. Mais plus il les surchargeait, plus ils se multipliaient ; de manière qu’il ordonna aux sages-femmes égyptiennes qui accouchaient les femmes des Hébreux, de faire périr tous les enfants mâles, et de ne réserver que les filles. Cet ordre fut mal exécuté. Les sages-femmes craignirent le Seigneur, et conservèrent la vie aux jeunes enfants mâles, de même qu’aux filles.

Pharaon, voyant que tout cela ne lui réussissait pas, fit publier une ordonnance (Exode 1.22) de faire jeter dans le Nil tous les enfants mâles qui naîtraient des femmes israélites, et de ne réserver que les filles. Cet ordre fut exécuté avec rigueur. Cependant Dieu permit que Moïse fût préservé, nourri dans le palais même du roi d’Égypte par la princesse sa tille, qui le trouva exposé sur le Nil (Exode 2.2-4). Moïse étant devenu grand, et ayant tué un Égyptien qui maltraitait un Hébreu, fut obligé de sortir de l’Égypte, pour éviter la mort dont Pharaon le menaçait.

Il revint par l’ordre de Dieu plusieurs années après, âgé d’environ 80 ans, et fit devant Pharaon les prodiges que nous avons rapportés dans l’article de Moïse. Il y a assez d’apparence que ce Pharaon devant qui Moïse parut, et aux yeux duquel il frappa l’Égypte de tant de plaies, était différent de celui qui voulait le faire arrêter après qu’il eut tué l’Égyptien. Ce même Pharaon, ayant été forcé de renvoyer les Hébreux et de leur permettre de sortir de l’Égypte, se repentit bientôt de la liberté qu’il leur avait accordée ; il les poursuivit à la tête de son armée et de ses chariots ; mais il fut submergé dans la mer Rouge, où il eut l’imprudence de se jeter en les poursuivant avec ses troupes. Quelques historiens se sont hasardés de nous donner le nom de ce Pharaon : les uns, Comme Appion, le nomment Amosis, ou Amasis ; Eusèbe l’appelle Chenchris ; Ussérius, Aménophis ; mais on peut assurer qu’il n’y a rien de certain sur cela.

Le cinquième Pharaon qui nous est connu est celui qui donna retraite à Adad, fils du roi d’Idumée (1 Rois 11.15-18), qui lui fit épouser la sœur de la reine d’Égypte, son épouse, qui lui accorda des terres, et qui nourrit Genubath, son fils, dans son palais. Adad retourna en Idumée après la mort de David.

Le sixième Pharaon est celui qui donna sa fille en mariage à Salomon, roi des Hébreux (1 Rois 3.1) ; et qui ayant pris Gazer y mit le feu, en extermina les chananéens, et fit présent de cette ville à Salomon, pour servir de dot à sa fille, épouse de ce prince (1 Rois 9.16).

Le septième est Sesac (1 Rois 11.40), qui reçut dans son royaume Jéroboam, sujet rebelle de Salomon, et qui lui accorda retraite contre le, roi des Juifs. Le même Sesac déclara la, guerre à Roboam, fils et successeur de Salomon (1 Rois 14.25 2 Chroniques 12.2-5), assiègea et prit Jérusalem, enleva tous les trésors du roi, et ceux de la maison de Dieu, et en particulier les boucliers d’or que Salomon avait fait faire, en la place desquels Roboam en fit faire d’airain pour ses gardes. Le second livre des Paralipomènes nous apprend que l’armée de Sesac était de douze cents chariots, de soixante mille cavaliers, et d’une multitude infinie de soldats à pied qui l’avaient suivi de l’Égypte. Qui cette armée était composée de Libyens, de Troglodytes et d’Éthiopiens, sans compter les Égyptiens naturels : ce qui donne une grande idée de la puissance de Sesac.

Le même auteur ajoute qu’il prit les plus fortes villes de Juda, et vint jusqu’à Jérusalem. Et comme Roboam et les princes de Juda s’étaient enfermés dans Jérusalem, résolus de soutenir le siège contre Sesac, le prophète Séméias leur déclara que le Seigneur les livrerait entre les mains du roi d’Égypte. Alors ils s’humilièrent, ils reconnurent la justice de la sentence de Dieu, et ouvrirent les portes à Sesac. Voyez l’article particulier de ce prince.

Le huitième est Pharaon avec lequel Ézéchias avait fait alliance contre Sennachérib, roi d’Assyrie (2 Rois 18.21 Isaïe 36.9 2 Chroniques 32.3), l’an du monde 3290, avant Jésus-Christ 710, avant l’ère vulgaire 713. On peut voir le détail de cette affaire dans les articles de Sennachérib et d’Ézéchias. Ce Pharaon est apparemment celui qu’Hérodote nomme Sethon, prêtre de Vulcain, qui vint à la rencontre de Sennachérib devant Péluse, et au secours duquel Vulcain envoya une armée de rats, qui rongèrent les cordes des arcs et les liens des boucliers des soldats de Sennachérib.

Le neuvième est Pharaon Nechao ou Nechos, fils de Psammétique, qui fit la guerre à Josias, et le vainquit. Hérodote parle aussi de ce prince. On peut voir l’article de Nechao.

Le dixième est Pharaon Hophra, ou Ephrée (Jérémie 44.30), qui fit alliance avec Sédécias, roi de Juda, et se mit en devoir de venir à son secours contre Nabuchodonosor, roi de Chaldée. C’est ce Pharaon contre lequel Ézéchiel prononça plusieurs de ses prophéties. Voyez Ézéchiel 29, 30, 31, 32. Il est nommé Apriès dans Hérodote, 1. H, chapitre Guo. Il en est encore parlé dans Habacuc (Habakuk 2.15-18) Voyez aussi Isaïe, 19.20, et Jérémie (Jérémie 46.16-17), etc.

Voilà à-peu-près ce que les saintes Écritures nous apprennent des Pharaons, anciens rois d’Égypte. Les musulmans y ajoutent des particularités peu certaines, que nous ne laisserons pas de ramasser ici pour la curiosité des lecteurs. Ils enseignent que le Pharaon qui régnait en Égypte lorsque Jacob y vint s’appelait Rian ; que son successeur se nommait Massaab, et celui auquel Moïse s’adressa Cahous, ou Valid. Le premier éleva Joseph aux plus grands honneurs ; le second continua à bien traiter les Juifs, en considération de Joseph ; mais le troisième, ayant oublié Joseph, s’oublia aussi lui-même, jusqu’à vouloir passer pour une divinité, et disant à ses peuples : Je suis votre souverain maître, c’est-à-dire, votre dieu. Mais les Hébreux, ayant constamment refusé de le reconnaître pour tel, s’attirèrent une cruelle persécution, qui ne finit que quand Moïse les tira de l’Égypte.

Eutychius, patriarche d’Alexandrie, raconte que les chrétiens orientaux donnent le nom d’Amious au Pharaon qui fut submergé dans la mer Rouge en poursuivant les Hébreux. Quelques mahométans le nomment Senan Ben-Ulvan. Ils racontent aussi diverses circonstances sur la manière dont il entra dans le lit de la mer Rouge, y étant attiré-par l’archange Gabriel, monté sur une haquenée blanche ; et qu’après sa mort il fut rejeté successivement sur les flots premièrement du côté où étaient les Hébreux, et ensuite à l’autre bord où étaient les Égyptiens, afin que les uns et les autres le vissent et fussent témoins de sa perte et de son châtiment.

Noms pourrions donner ici une liste des Pharaons, si l’on avait quelque chose de certain sur leur commencement et sur leurs successions. Manéthon, de qui Eusèbe et Jules Africain ont pris ce qu’ils en ont dit, est assez différent de l’ancienne chronique égyptienne, que cite le moine Syncelle ; et l’un et l’autre donnent une si grande antiquité aux dynasties égyptiennes, que tous nos chronologistes sont obligés de les abandonner en tout ou en partie. Ainsi nous n’entreprendrons point ici de donner la suite des Pharaons, parce que nous ne la croyons pas assez certaine. Ceux qui voudront s’éclaircir sur cette matière plus à fond pourront consulter la chronique d’Eusèbe donnée par Scaliger, la chronique de George Syncelle et l’ouvrage du chevalier Marsham intitulé : Canon Chronictis AÉgyptiacus, etc.

On a trop parlé dans ces derniers temps des découvertes faites dans la terre des Pharaons, pour que nous puissions nous dispenser d’en parler ici. M. Champollion-Figeac, conservateur à la bibliothèque royale, a exposé les plus intéressantes dans un ouvrage ayant pour titre, Égypte ancienne, et faisant partie d’une collection d’histoires publiée par Firmin Didot, et intitulée, L’Univers pittoresque, histoire et description de tous les peuples. L’Égypte ancienne forme un volume de 500 pages et de 92 gravures, et porte la date de Paris, 1843.

Nous allons d’abord rapporter le tableau des dynasties pharaoniques tel que l’a fait M. Champollion-Figeac d’après Manéthon.

Et la conquête de l’Égypte par Alexandre le Grand est fixée, par les chronologistes à l’an 332 avant Jésus-Christ.

Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que la chronologie mosaïque n’est d’aucune considération devant M. Champollion-Figeac. L’origine du monde, l’époque de sa création, l’apparition de l’homme sur la terre, ne l’embarrassent pas ; ce sont, à ses yeux, des questions oiseuses (pages 264., col. 2, de son Égypte). Ce procédé est fort commode ; mais c’est tout le mérite que nous puissions raisonnablement lui reconnaître. Nous donnerons cependant, d’après M.Champollion-Figeac, qui suit Manéthon, les noms des Pharaons. Nous les tirons du précis que cet égyptologue a fait de leur histoire (pages 275-389), où il dit : « Pour la première fois on trouvera dans ce précis le résumé des témoignages que renferment et les écrits authentiques qui nous sont restés de l’antiquité classique, et les monuments égyptiens encore subsistants, revêtus de cette inaltérable autorité que les siècles ont consacrée, et que leur étude impartiale confirme de plus en plus. Ces monuments publics, temples ou palais, ont excité au plus haut dégré, l’admiration de tous les hommes qui les ont vus… Diodore de Sicile a tracé en quelques lignes un résumé assez exact de l’histoire générale.de l’Égypte… Il s’exprime ainsi (livre 2.2° part., chapitre 44) : « Suivant leur mythologie, quelques Égyptiens prétendent qu’en premier lieu les dieux et les héros régnèrent en Égypte pendant un espace de temps qu’ils n’estiment pas beau coup au-dessous de dix-huit mille ans, et que le dernier des dieux qui fut roi est Horus, fils d’Isis. Depuis, le pays a été gouverné par des hommes qui régnèrent un peu moins de cinq mille ans, jusqu’à la 180° olympiade (60 ans avant l’ère chrétienne)… »

Si cela est vrai, comment se fait-il que Moïse, qui naquit en Égypte, qui y fut élevé et instruit, qui y vécut quarante ans parmi les personnages les plus considérables, qui savait aussi parfaitement qu’eux l’histoire de ce pays, sa patrie, ait donné une chronologie toute différente ? Quelle raison a-t-il pu avoir pour donner au monde entier, depuis l’origine jusqu’à son époque, une durée moindre que celle que supposent les dynasties égyptiennes ? Ces questions et d’autres qu’on pourrait faire ne nous paraissent pas oiseuses. Et si nous venions à comparer la valeur historique des livres de Moïse avec les fragments de Manéthon, qui vivait environ treize siècles après lui, croit-on que le résultat serait en faveur du prêtre égyptien ? Mais ne poussons pas plus loin ces réflexions et donnons une liste des rois d’Égypte. Nous nous arrêterons avec M. Champollion-Figeac principalement à ceux qui sont nommés dans la Bible.

Première dynastie. « Après le règne des demi-dieux, dit Manéthon, cité par M. Champollion-Figeac, et celui des Manes, vint la première dynastie, composée de huit rois, qui régnèrent ensemble pendant 252 ans. Ménès fut le premier de ces rois : il était originaire de This ; il porta les armes égyptiennes dans les pays étrangers et se rendit illustre ; il fut enlevé par un hippopotame, après un règne de 62 ans. »

Athotis, son fils, lui succéda, et mourut après 27 ans de règne. Six autres lui succédèrent de père en fils : Cencènes, qui régna 31 ans ; Ouanéphis, 4.2 ans ; Ousaphès, 20 ans ; Niébaïs, 26 ans ; Mempsès ou Simempsis, 18 ans ; Oubienthis ou Vibithis, 26 ans.

Deuxième dynastie. Bôchos, 38 ans ; Choüs, 39 ans : c’est lui qui régla le culte des trois animaux sacrés, Apis à Memphis, Menévis à Héliopolis, et le bouc à Mendès ; Biophis, 47 ans ; Tlas, Séthinès,Chcerès, dont la durée du règne n’est pas marquée ; Népherchérès, 25 ans : il arriva sous son règne que les eaux du Nil, pendant onze jours, furent mêlées de miel ; Sésochris, qui avait cinq coudées (deux mètres et demi) de haut, et trois coudées de large, régna 48 ans ; Chénérès, dont la durée du règne n’est pas marquée.

Troisième dynastie. Néchérophès régna 28 ans ; Sésorthos, 29 ; Tyris, 7 ; Mésochris, 17 ; Sôuphis, 16 ; Tosertasis, 19 ; Achès et Séphuris, 72 à tous deux ; Kerphérès, 26.

Quatrième dynastie. Souphi régna 63 ans ; Sensaouphi, 66 ans ; Manchérès, 63 ans ; Sôris, Ratoeses, Bichères, Seberchères et Tamphtis ; mais il y a de l’incertitude sur la vérité de ces noms, sur leur ordre de succession, et la durée de leurs règnes n’est pas indiquée. Les pyramides de Ghizé furent édifiées par les trois premiers rois de cette dynastie. Les autres Pharaons de la 4e dynastie ne sont pas nommés. On compte depuis Ménès jusqu’à la fin de cette même dynastie quarante-deux règnes et 1194 années.

Cinquième dynastie. Elle sortit d’Eléphantine, île située aux frontières méridionales de l’Égypte, vers l’Éthiopie. Le premier Pharaon de cette dynastie est Ouserchérès, qui régna 28 ans ; ses huit successeurs régnèrent, savoir : Séphrès, 13 ans ; Népherchérès, 20 ; Sisiris, 7 ; Chérès, 20 ; Rathouris, 44 ; Mencherès, 9 ; Tanchérès 44 ; Onos, 33.

Sixième dynastie ; memphite. Le premier roi est Othoès, qui fut mis à mort par ses gardes. Les autres sont : Phios, qui régna 53 ans ; Méthousouphis, 7 ans ; Phiôps, qui vécut jusqu’à l’âge de cent ans ; Menthesouphis, qui n’occupa le trône que pendant une année, et à qui succéda la reine Nétocris. Cette femme est la première qui porta la couronne royale en Égypte, à la faveur de la loi par laquelle Biophis, roi de la 2e dynastie, avait modifié, en ce point, les règles antérieurement établies.Nitocris régna 12 ans,

Septième et huitième dynasties. Les noms des rois de ces deux dynasties sont inconnus.

Neuvième dynastie. Achthoès, le premier Pharaon de cette dynastie, est le seul nommé.

Dixième dynastie. Aucun nom ici, mais cette réflexion que les dix premières dynasties égyptiennes comprennent 90 règnes successifs, qui embrassent un espace de 2105 années, ce qui donne un terme moyen de 23 ans et quatre mois et demi pour chaque règne.

Onzième dynastie. Les seize premiers rois ne sont pas nommés ; leurs règnes ne durèrent que 43 ans, moins de 31 mois chacun. Amménémès, le dix-septième et dernier, régna pendant 16 ans.

Douzième dynastie. Le premier était fils d’Amménémès, se nommait Sésôchris, et régna 46 ans ; son successeur fut un autre Amménémès ou Amménémôph, et régna 38 ans. Vient ensuite un Sésostris, qui régna 48 ans. Ce serait Sésostris l’Ancien ; on lui donne une taille colossale ; on dit qu’il conquit toute l’Asie dans l’espace de neuf années, et qu’il pénétra même en Europe par la Thrace, laissant partout, inscrits sur des colonnes de pierre, les souvenirs de ses victoires. Labarès succéda à ce Sésostris ; il régna 8 ans, ainsi que chacun de ses deux successeurs, Animérès et Amménémès. Une femme, Scenniophrès, sœur de ce dernier, lui succéda et régna 4 ans.

Treizième dynastie. Soixante rois forment cette dynastie ; leurs règnes réunis s’élèvent au total de 453 ans, et le nom d’aucun d’eux n’a été conservé.

Quatorzième dynastie. Soixante-seize rois qui régnèrent pendant 484 ans, et qui tous sont également inconnus.

Quinzième dynastie. Le nombre et les noms des Pharaons de cette dynastie ne sont pas venus jusqu’à nous ; la durée de leurs règnes est néanmoins portée à 250 ans. M. Champollion-Figeac conjecture que les rois de cette 15e dynastie étaient au nombre de sept, que Mérenrhès était le septième, qu’il vivait vers l’an 2500 avant l’ère chrétienne ; et qu’Osymandyas appartenait aussi à cette dynastie.

Seizième dynastie. Elle est originaire de Thèbes et composée de plusieurs rois, dont les règnes successifs durèrent 190 ans. Nous n’avons pas par l’histoire les noms de ces rois ; mais des monuments élevés durant leur règne nous en ont révélé quelques-uns : ainsi Osortasen est le nom de l’un des derniers rois de cette dynastie ; on le lit sur les quatre faces de l’obélisque qui existe encore à Héliopolis, et qui est un des ouvrages de son règne. Le même nom est inscrit dans les tables généalogiques du temple de Karnac à Thèbes, ainsi que celui d’Ainenheinhé, qui succéda à Osortasen. Les inscriptions font dire au roi Amenhemhé qu’il a entrepris plusieurs guerres, notamment contre les Éthiopiens. Ici M. Champollion, que nous copions, rappelle un fait biblique. Il suppose d’abord que le peuple hébreu existait et formait un corps de nation capable d’inquiéter l’Égypte. « Encore à l’état de pasteurs, soumis au gouvernement patriarcal,… les Hébreux connaissaient les richesses de l’Égypte, et ne semblaient pas lui porter envie. Ils s’unissaient en mariage avec les Égyptiens ; Agar, femme d’Abraham, était née en Égypte, et elle choisit pour l’épouse de son fils une autre femme de la même nation. Ils y descendaient quand la famine frappait leur pays. La famine y conduisit Abraham, agé de soixante-quinze ans, et cet événement, le plus ancien de ceux que mentionne la Bible à l’égard de l’Égypte, se passa, d’après les époques connues de l’histoire sainte, pendant le règne d’un des rois de la 16e dynastie. » Nous avons déjà remarqué ailleurs qu’au temps d’Abraham, père du peuple hébreu, ce peuple ne pouvait exister. Voyez Hébreu. Il est probable que, quand Abraham se rendit en Égypte, Agar n’était point encore à son service ; et il est certain du moins qu’elle ne devint sa femme qu’après qu’il fut revenu de ce pays. Suivant M. Champollion-Figeac, la 16e dynastie pharaonique commença à régner l’an 2270 avant Jésus-Christ, et elle régna pendant 190 ans, jusqu’à l’an 2081 ; c’est, dit-il, pendant le règne d’un des rois de cette dynastie qu’Abraham fut conduit en Égypte par la famine, c’est-à-dire l’an 2173 avant notre ère (Voyez l’article Joseph). Suivant la chronologie des Hébreux donnée par M. Cahen (tome 18 de sa Bible ; Paris, 1839), d’après M. Zunz (Berlin, 1838), le patriarche fit ce voyage l’an 1964 ou 1963 ; suivant dom Calmet, l’an 1916, et, suivant l’Art de vérifier les dates, l’an 2289. Moïse dit que les Égyptiens firent de grands présents à Abraham ; ce qui est, dit M. Champollion-Figeac, un témoignage de la prospérité de l’Égypte aux temps de la 16e dynastie.

Nous voici arrivés à l’époque de l’invasion des Hyksos ou Pasteurs. Laissons parler M. Champollion-Figeac.

Le dernier des rois de la 16e dynastie, dit-il, est appelé Timaos par Manéthon ; l’historien juif Josèphe nous a conservé, au sujet de ce roi, quelques fragments du récit de l’annaliste égyptien ; il rapporte textuellement un court extrait de la seconde partie de l’histoire de Manéthon, dans laquelle se trouvait la narration de l’événement mémorable qui changea subitement la face des choses en Égypte : une barbarie farouche y remplaça l’habitude des lois, et la civilisation de l’Égypte aurait été entièrement détruite ; si elle avait reposé sur de débiles fondements ; mais elle résista à deux siècles et demi d’inouïes calamités. Laissons parler Manéthon.

Sous le règne de Timaos, Dieu fut irrité, on ignoré pourquoi, et des hommes de race ignoble, venant à l’improviste des régions orientales, envahirent l’Égypte, pénétrèrent dans la contrée et s’en emparèrent en peu de temps, presque sans combat ; ils opprimèrent les chefs du pays, brûlèrent les villes avec fureur, et renversèrent les temples des dieux. Ils se conduisirent en ennemis cruels contre les habitants de l’Égypte, réduisirent en esclavage une partie des femmes et des enfants ; et, ce qui mit le comble aux malheurs de l’Égypte, ils choisirent un d’entre aux, nommé Salathis, et ils le firent roi. Salathis se rendit maître de Memphis, sépara par là la haute Égypte de la basse, leva des impôts, plaça des garnisons dans les lieux convenables, et fortifia particulièrement la partie orientale du pays. Méditant une entreprise contre les Assyriens, alors très-puissants, Salathis se rendit dans le nome Méthraite, releva une ancienne ville située à l’orient de la branche bubastique du Nil, nommée Aouaris, la ferma de fortes murailles, et il y rassembla deux cent quarante mille hommes ; il les visitait dans la belle saison ; il les nourrissait, les comblait de présents, et les exerçait aux manœuvres militaires, afin d’inspirer le respect et la crainte aux nations étrangères. Salathis mourut après avoir régné pendant dix-neuf ans.

Tel est le récit de Manéthon. Le roi Timaos fut le témoin des premières entreprises de ces barbares ; il tenta vainement de leur résister ; son courage lui coûta la vie ; il la perdit après six années de règne, vers l’année 2082 avant l’ère chrétienne. Alors finit la 16e dynastie.

Dix-septième dynastie. « Les étrangers qui avaient envahi l’Égypte (c’est toujours M. Champollion-Figeac qui parle), et la tenaient courbée sous leur joug sanguinaire et dévastateur, sont désignés par Manéthon sous le nom de Hyksos ; on les appelle dans notre langue les pasteurs, et l’usage a accrédité cette dénomination. Leur origine n’est pas connue avec certitude ; Josèphe, pour exalter les antiquités de sa nation, les considère comme des Juifs, et il en conclut que les ancêtres de sa race ont ainsi régné sur l’Égypte, en brigands armés il est vrai, mais Josèphe ne répudie pas ces souvenirs. D’après ce que les monuments nous apprennent de ces hordes incultes et farouches, on voit qu’elles appartenaient, par leur constitution physique, à la race blanche ; que les individus étaient en général d’une taille haute et grêle ; on a cru y retrouver les traits principaux de la race scythique, et l’on sait que ses incursions armées sur les pays riches, parce qu’ils étaient civilisés, datent d’une très-haute antiquité dans l’histoire de l’Asie.

Après la mort de Timaos (nommé aussi Concharis), les principales familles du pays, fuyant devant l’ennemi, se retirèrent dans la haute Égypte, en Nubie, au-dessus de la première cataracte, et sur les côtes de la mer Rouge où l’Égypte possédait d’importants établissements. Timaos eut des successeurs tirés du sang royal, légalement revêtus, par droit d’hérédité, de la souveraineté, mais qui d’abord n’eurent vraisemblablement que peu d’occasions de l’exercer avec avantage. Ils s’établirent dans la haute Égypte.

Il y eut donc alors deux royaumes en Égypte et deux autorités contemporaines et rivales : les Pharaons, souverains légitimes, résidant dans la haute Égypte ; et les Pasteurs, barbares conquérants, occupant Memphis, la moyenne et la basse Égypte. C’est ainsi que la 17e dynastie égyptienne se compose de deux listes de rois qui furent contemporains, et dont l’existence, à-peu-près d’une durée égale, est un synchronisme historique incontestable, quoique fondé sur des preuves différentes ; car les textes écrits ont conservé l’histoire des Pasteurs, et les monuments des arts celle des Pharaons : la barbarie n’écrit ses annales sur les édifices qu’en les détruisant par le fer et la flamme.

Les Pasteurs s’y appliquèrent avec un déplorable succès, et de tous les monuments élevés en Égypte avant leur invasion, il en reste à peine un seul encore entier, tout le reste a été détruit, et il a fallu, singulière destinée ! une nouvelle série de catastrophes et de destructions, pour qu’il nous ait été donné de rencontrer dans les ruines des monuments élevés sur le sol de Thèbes et de Memphis par les grands rois de la 18e dynastie, les ruines toutes historiques des monuments élevés par les ancêtres de ces grands rois avant l’invasion des Pasteurs : Juifs ou Scythes, ils détruisirent tout ce que leur fureur aveugle put atteindre, et des grands édifices de l’Égypte aucun ne fut épargné.

Il paraît qu’ils pénétrèrent jusqu’à la cataracte de Syène, lignite méridionale de l’Égypte ; car jusque-là les deux rives du Nil, sur toute la longueur de la vallée, sont également dépourvues de traces de monuments antérieurs à l’autorité des Pasteurs ou Hyksos. Mais dès que la prévoyance de leur premier roi Salathis eut fait du lieu nommé Aouaris, dans la basse Égypte, un camp retranché ou une enceinte fortifiée, qui devint le séjour habituel de l’armée, le chef de ces hordes dut se tenir à leur portée, pour les visiter fréquemment, comme le dit Manéthon ; car sur cette armée reposait réellement son pouvoir. Le lieu qu’elle occupait assurait naturellement la défense de l’Égypte, qui était exposée, par le chemin que ces conquérants venaient de faire, aux entreprises des grandes monarchies de l’Asie, dès longtemps les rivales de l’Égypte. L’armée à Aouaris et le gouvernement à Memphis, Salathis gardait tout à la fuis les avenues de l’Égypte à l’est et au nord, et surveillait le midi, qui ne devait pas lui donner de craintes fondées, quoique les Pharaons s’y fussent réfugiés.

Les successeurs de Timaos surent en effet se maintenir dans la Thébaïde et les autres dépendances de l’Égypte soustraites à l’occupation des Hyksos ; les Pharaons ne purent toutefois y exercer qu’une autorité très-précaire, et presque nominale ; ils songèrent d’abord à maintenir leurs droits par ces droits eux-mêmes, par la fidélité de leurs serviteurs les plus dévoués, par l’adhésion aussi de la population tout entière, des castes supérieures surtout, dont tous les intérêts avaient péri du même coup qui avait frappé à mort le dernier roi de la 16e dynastie.

On ne peut s’empêcher de remarquer, avec quelque surprise, que, de tous les abréviateurs de Manéthon qui ont copié ses listes des dynasties et des rois, aucun n’a inscrit, pour la 17e dynastie, les noms des souverains de droit, des Pharaons ; que tous, au contraire, portant à six le nombre des règnes de cette dynastie, y ont inscrit les noms des rois Pasteurs occupant l’Égypte de fait en l’accablant de calamités, et qu’ils ont ainsi abandonné à l’oubli les noms et les actions des souverains de la race égyptienne, qui ne cessèrent de lutter contre les barbares, et qui, après deux siècles et demi de combats, purgèrent enfin le sol de la patrie de ces immondes vainqueurs. La surprise que cette remarque a fait naître cessera en se rappelant l’origine de ces abréviateurs de Manéthon et de leurs listes. Le plus ancien de tous est le Juif Josèphe ; il considérait les Pasteurs comme les ancêtres de sa nation ; il les inscrivit de préférence dans sa liste des rois d’Égypte ; il en rejeta les Pharaons, les véritables rois ; et les chroniqueurs venus après Josèphe ont copié ses listes, quoique étrangers à des intérêts, à des préjugés et à des prétentions que l’histoire n’a pu justifier.

Il en est tout autrement dans la table d’Abydos et dans les autres monuments de la piété des rois et des peuples de l’Égypte : immédiatement avant le prénom royal du premier prince de la 18e dynastie, on trouve les cartouches de six Pharaons de la 17e. Dans les monuments égyptiens, les Pasteurs ne sont rappelés que sous des formes propres à entretenir la haine universellement vouée à cette race d’impurs, la véritable plaie de l’Égypte.

On compte six règnes de Pharaons entre la mort de Timaos et l’expulsion des barbares ; ces Pharaons formèrent la 17e dynastie qui régna 260 ans. Le cartouche du premier roi est le premier, de droite à gauche, de la ligne intermédiaire de la table d’Abydos ; d’autres monuments ont fait connaître la légende entière de ce roi ; il se nommait Aménemdjôm. Plusieurs stèles, dont quelques-unes sont peintes, et d’autres se distinguent par une exécution soignée, portent des dates tirées du règne de ce roi. Une de ces stèles est datée de l’an 3, et le roi Aménemdjôm 1°, et un Osortasen l’un et l’autre de la 17e dynastie, sont mentionnés dans les inscriptions de ce monument. D’autres stèles portent des dates de la 3°, de la 14°, de la 19°, et de la 29e année du règne de cet Aménerndjôm, qui est le 2e de ce nom. À Beni-Hassan-El-Qadim, la légende entière du même roi se trouve deux fois dans les inscriptions du tombeau de Névêth, avec la date de l’an 9 de son règne ; enfin on voit au musée de Genève une autre stèle qui est relative à une campagne entreprise par ce même roi, en l’an 19 de son règne, contre les Éthiopiens. Dès les antiques époques, les ennemis les plus menaçants pour l’Égypte furent à ses frontières du midi : à chaque règne, on voit se renouveler les tentatives pour les repousser ou les contenir ; Aménemdjôm Il eut aussi ce devoir à remplir ; la durée du règne de ce roi, le premier de la 17e dynastie, fut au moins de 29 ans.

Il eut pour successeur un autre Osertasen, qui fut ainsi Osortasen Il. Son prénom est, sur la table d’Abydos, à la gauche de celui de son prédécesseur ; trois autres monuments contemporains font connaître son nom propre, écrit des mêmes signes que celui du premier Osortasen. On a vu au musée du Louvre une jolie statuette de cc roi, en cornaline, avec cette inscription : le roi Osortasen, fils du roi Améneradjôm. Une belle stèle en calcaire blanc porte la date de la 2e année de son règne. Les tombeaux de Beni-Hassan renferment aussi la légende entière de ce roi ; un scribe royal présente à son supérieur une tablette dont l’inscription porte la date de l’an 6 du règne d’Osortasen II.ce règne eut donc au moins cette durée.

Il paraît toutefois qu’elle fut courte, car Osortasen II eut pour successeur son frère, qui porta aussi le nom d’Osortasen. Son cartouche prénom est à son rang dynastique sur la table d’Abydos, et la légende entière de ce roi existe encore sur un grand nombre de monuments contemporains. Dans l’inscription de l’un d’eux, les signes du cartouche prénom sont précédés du titre de fils de roi. C’est dans la Nubie principalement que les souvenirs d’Osortasen III se sont conservés sur les monuments. Dans le temple de Semné, au-dessus de la seconde cataracte, la légende de ce Pharaon est sculptée dans le sanctuaire, et les tableaux qui ornent ce lieu représentent le roi adoré en même temps que le Nil ; ce qui a fait supposer, non sans vraisemblance, que ce souverain était le roi Nilus des historiens ; on le voit, en effet, adoré comme une divinité, et placé parmi les dieux, dans une des stèles sculptées à Maschakit, lieu situé au sud d’Ibsamhoul. Dans le même temple de Semné, le roi Moeris, de la 18e dynastie, rend ses hommages au dieu Nil et à Osortasen III en même temps. Un autre bas-relief du même temple représente ce même roi portant les titres : Le fils du soleil qui l’aime, Osortasen vivificateur, et figuré en pied, revêtu du costume d’Osiris, et assis dans un naos sur la barque du soleil ; enfin une inscription du même temple prouve que cet édifice fut dédié au dieu Nil et au roi Osortasen divinisé, circonstances plus que suffisantes pour que cette communauté d’adorations et d’hommages ait établi une communauté de dénomination entre le dieu et le roi. Ce prince n’a pas été oublié dans la table royale de Karnac à Thèbes ; on y lit son nom au rang qui lui était assigné. On ignore quelle fut la durée de son règne.

Le successeur d’Osortasen III fut an autre Aménemdjôm, le 3e de ce nom ; et si nous avons oublié de le faire, c’est à l’occasion des princes qui viennent d’être nommé, que nous devons rappeler l’usage adopté de toute antiquité en Égypte, et dont les monuments égyptiens de tous les temps fournissent des exemples, celui de donner habituellement le nom du grand-père au petit-fils ; c’est pour ce motif sans doute que les Osortasen et les Aménemdjôm se succèdent si régulièrement dans là liste des princes de la 16e et de la 17e dynastie. Le prénom d’Aménemdjôm ! Il se trouve sur beaucoup de monuments : dans la table d’Abydos comme dans celle de Karnac, sur une stèle funéraire de la bibliothèque royale, une amulette en terre émaillée de la galerie de Florence, et une autre stèle où se lit la date de l’an 25 de ce roi. D’autres monuments encore, revêtus du plus haut caractère historique, concourent à compléter ces données sur cet ancien Pharaon, et ne permettent pas de douter qu’il ne fût resté le maître des possessions égyptiennes en Arabie. De riches mines de cuivre existaient à El-Ma garah, dans cette province ; Sabout-El-Kadiin y était également situé ; et l’on a retrouvédans ces deux lieux des stèles sculptées sur les rochers mêmes, et qui portent des dates des années 3, 31, 41, 42 et 44 du règne d’Aménemdjôm III.

On ne connaît de son successeur, après son prénom royal inscrit à son rang dans les tables royales d’Abydos et de Karnac, que quelques monuments isolés, sur lesquels ce même prénom est figuré, deux scarabées, et une stèle funéraire qui existe à Paris. Mais aucun d’eux ne nous donne ni le nom que porta ce roi, ni la durée de son règne ; espérons dans les monuments pour faire cesser notre ignorance.

Le sixième roi de la 17e dynastie se nomma Ahmôs (le fils du dieu Lune), dont les Grecs ont fait Amosis ; son prénom signifiait le soleil seigneur de la vigilance. Avant de dire comment il justifia ce beau titre, et accomplit les devoirs qu’il lui imposait envers sa patrie, revenons aux pasteurs que nous avons laissés maîtres de Memphis, soumettant toute la contrée à leur brutale autorité, et régularisant en quelque sorte l’odieux exercice de leur pouvoir, en déférant à l’un de leurs chefs, à Salathis, le titre de roi.

Tout ce que nous savons de ses successeurs dans la lignée des barbares, c’est leurs noms et la durée de leurs règnes, grâce à la vaniteuse attention de Josèphe pour ces étrangers qu’il voulait bien considérer comme ses ancêtres en Israël. Il nous en donne cette liste : après Salathis, qui régna 19 ans, les pasteurs eurent pour chefs Boeon, 44. ans ; Apachnas, 36 ans 7 mois ; Apophis, 61 ans ; Anan, 50 ans 1 mois ; Assès ou Asséth, ans 2 mois ; total, pour le règne des six rois pasteurs, 259 ans 10 mois.

On ne doit chercher, ni dans les manuscrits ni dans l’histoire de l’Égypte, les noms ou les actions de ces prétendus rois d’origine inconnue : il ne resta d’eux, dans le pays, que la haine profonde qui anima, à toujours, toutes les classes. Ils n’édifièrent rien ; l’Écriture sacrée ne pouvait pas conserver leursnoms sur le frontispice des temples, ils rejetèrent la religion nationale ; ni sur les palais, ils habitaient les camps et détruisaient les cités lis permettaient la culture des champs, afin d’en tirer des tributs onéreux au peuple asservi, mais suffisants pour l’entretien de l’armée, les besoins des chefs, et les exigences de la guerre. C’est donc un fait d’une grande singularité, que le nom d’un des rois pasteurs se trouve dans un texte égyptien, écrit à la gloire d’un des Pharaons, proche descendant de celui qui les chassa ; le nom d’A pophis, tracé dans le cartouche consacré, et précédé du cartouche prénom dont le premier signe est aussi le disque du soleil, se trouve dans un manuscrit en écriture hiératique, relatif au règne et aux victoires de Sésostris.

Josèphe convient que tous ces rois nouveaux ne cessèrent de ravager le pays par leurs incursions et leurs pillages, s’efforçant avec persévérance de détruire la race égyptienne tout entière. Il avoue aussi que la première syllabe du mot Hyksos par lequel on les désignait, exprime, en langue égyptienne, l’idée de captif ; et la vérité de cette étymologie indique, sans nul doute, que cette dénomination, modifiée par Josèphe en celle de Pasteur, leur fut donnée par les Égyptiens. Manéthon, à qui l’historien des Juifs emprunte ces curieuses données, ajoute, selon le même historien, qu’en effet c’est à l’état de captif qu’on avait figuré ces étrangers sur les temples des dieux en Égypte : l’étude des monuments confirme pleinement l’assertion de Manéthon ; la figure des pasteurs enchaînés y fut très-fréquemment reproduite par la peinture et la sculpture : c’était une idée nationale que le gouvernement s’appliquait à entretenir dans toutes les classes ; toutes avaient sous leurs yeux des tableaux multipliés des actions les plus funestes à leurs intérêts : les femmes et les hommes trouvaient partout cette leçon sous leurs yeux.

Ce fut aussi durant le règne de ces étrangers que Joseph, fils du patriarche Jacob, parut en Égypte, d’abord comme esclave acheté par un des principaux officiers du roi, et successivement comme intendant de la maison de cet officier ; ensuite condamné aux fers comme ravisseur ; plus tard, honoré comme devin interprète des songes, et enfin premier ministre et favori du roi.

D’après le texte de la Bible, qui contient la naïve narration de la vie ou de la légende de Joseph, les marchands ismaélites qui l’avaient acheté de ses malheureux frères, l’emmenèrent en Égypte, et le vendirent à un Égyptien, nommé Putiphar. Ce nom ramené à sa véritable orthographe, Pétéphré, est en effet un nom égyptien qui signifie celui qui appartient à Phré (le dieu soleil), et il est analogue à d’antres noms égyptiens, tirés aussi de ceux de divinités, tels que Pet-Ammon, et Pet-Isis. On sait comment, par la malice de la femme de Pétéphré, Joseph, investi d’abord de la confiance entière de ce chef des troupes égyptiennes, fut bientôt après jeté dans une prison ; où, comme par l’effet d’une certaine prédestination au gouvernement des hommes, le geôlier lui remit une partie de son autorité et la surveillance de tous les autres prisonniers. Parmi eux se trouvaient le pannetier et le sommelier du roi : ils eurent des songes, Joseph les expliqua, et les prédictions de Joseph se réalisèrent.

Deux années après (pages 299), le roi d’Égypte eut aussi des songes, ses devins ni les savants du roi n’expiquèrent pas. Sur l’avis du panetier, qui avait été réintégré dans sa charge, comme Joseph l’avait prédit, le jeune Hébreu fut tiré de la prison, et après lui avoir coupé les cheveux et changé d’habit, on le conduisit auprès du roi. Joseph expliqua ses songes, et n’épargna pas au Pharaon de sages conseils : « Il faut, lui dit-il, que le roi donne à un homme habile et probe l’administration du territoire de l’Égypte ; que ses délégués, dans toutes les provinces lèvent, pendant les sept années de fertilité qui vont se succéder, un cinquième des récoltes ; que ces approvisionnements soient fermés dans les greniers publics, et qu’ils y restent, dans toutes les villes, sous l’autorité royale : on préparera ainsi les ressources nécessaires contre les sept années de stérilité qui doivent frapper l’Égypte. » Ce conseil plut au Pharaon ; et ce roi fut assez heureusement inspiré pour confier l’exécution de ce sage dessein à l’homme qui l’avait conçu. Il donna à Joseph l’administration supérieure de l’Égypte ; lui remit l’anneau royal, le revêtit de la tunique de byssus et du collier d’or ; changea son nom hébreu en celui de sauveur du monde, selon la langue égyptienne ; le présenta au peuple assis à ses côtés dans son char royal, et le maria avec la fille d’un prêtre d’Héliopolis, nommée Asséneth, autre nom égyptien d’une étymologie très-régulière. Joseph, qui était d’une belle figure et d’une physionomie agréable, avait 30 ans quand il fut conduit auprès du roi : il se passa à peine un jour entre son abjecte prison et son élévation à la plus éclatante fortune.

Les écrivains grecs commentateurs de la Bible, et parmi eux les plus savants, reconnaissent, etc. » Voyez la suite à l’article Joseph, tome 2 col. 1110, où M. Champollion-Figeac établit les rapports chronologiques de l’histoire de Joseph avec la dix-septième dynastie égyptienne. Nous allons signaler sur ce point quelques différences entre divers systèmes de Chronologie. En la dix-septième année du règne d’Apophis, répondant à l’an 1967 avant l’ère chrétienne, Joseph, suivant M. Champollion-Figeac, était âgé de 30 ans. C’est en 1759 que Joseph avait atteint l’âge de 30 ans, suivant la chronologie adoptée par MM. Zunz et Cahen ; en 1711, suivant celle de dom Calmet ; en 2083, suivant l’Art de vérifier les dates.

M. Champolliun-Figeac dit que Joseph était dans la cinquante-sixième année de son âge quand Jacob mourut, ce qui nous conduit à l’an 1940 avant notre ère, puisqu’il était âgé de dix-huit ans de plus ou de 711 ans l’an 1922. Or Jacob mourut l’an 1733, suivant la chronologie de M. Zunz ; l’an 1695, suivant dom Calmet ; l’an 2059, suivant l’Art de vérifier les dates.

On ne sait rien du règne des deux derniers rois pasteurs, dit M. Champollion-Figeac (page 300), depuis la mort de Joseph. On dit que ce fut le dernier de tous, Assèth, qui ajouta cinq jours au calendrier égyptien, et qui fixa ainsi la durée de l’année solaire à 365 jours ; des monuments encore subsistants indiquent à une époque bien antérieure au règne d’Asseth, cette import.inte réformation. D’ailleurs les habitudes des barbares ne se tournent pas d’ordinaire vers le perfectionnement des institutions publiques.

Pendant que tous ces événements se passaient à Memphis et dans la moyenne et la basse Égypte, les Pharaons au midi de Thèbes ne cessaient de penser et d’agir contre ces étrangers maîtres d’une partie de leurs États. Josèphe, dans son livre contre Apion, rapporte, d’après Manéthon, que les rois de la Thébaïde faisaient aux Pasteurs une guerre continuelle et poussée avec vigueur ; qu’après de longs efforts, un de ces Pharaons, à force de succès, réussit à expulser ces étrangers des divers points de l’Égypte qu’ils occupaient, et à les enfermer dans leur ville ou camp retranché d’Aouaris, dont il entreprit de faire le siège.

Ce Pharaon fut Ahmôsis ; ses campagnes contre les Pasteurs furent pénibles et multipliées. L’inscription funéraire d’un de ses officiers de marine nous apprend qu’il entra au service de ce roi au moment où le Pharaon se trouvait à Tanis ; que plusieurs combats sur l’eau furent livrés ; qu’un corps de troupes dont cet officier faisait partie fut dirigé contre l’ennemi vers le sud ; que ces guerres duraient encore dans la sixième année du règne d’Ahmôsis ; et que, dans les années suivantes, le roi se rendit en Éthiopie pour lever des tributs.

Il ne laissait point, pour cela, de pousser l’ennemi principal dès qu’il l’eut enfermé dans Aouaris ; mais Ahmosis mourut sur ces entrefaites, avant d’avoir terminé cette guerre sacrée.

Son fils, le roi Aménophis Thethmosis, dit Manéthon, continua le siège de cette place ; et, n’ayant pu la forcer ni l’enlever, après des tentatives infructueusement renouvelées, il entra en négociation, et, par l’effet du traité qui fut conclu, les Pasteurs quittèrent l’Égypte avec leurs troupeaux, leurs familles, tout ce qu’ils possédaient, et se rendirent en Assyrie par la route du désert.

Telle fut la fin, en Égypte, de cette horde conquérante, après en avoir occupé souverainement une grande partie pendant 260 ans. Le prince qui contribua le premier à en délivrer le pays fut Ahmôsis, le sixième et dernier roi de la dix-septième dynastie.

Dix-huitième dynastie. « Après les glorieux succès d’Ahmôsis, les actions des rois de la 18e dynastie régnant sur l’Égypte, énivrée d’une odieuse invasion, seront encore remarquables dans les fastes historiques. De mémorables événements s’accomplirent alors en Égypte, et l’on ne refusera pas cette qualification à l’expulsion complète des Pasteurs, à la restauration de l’antique monarchie, la construction des plus beaux édifices de Thèbes et de la Nubie, à la sortie des Hébreux conduits par Moïse, à l’émigration en Grèce des colonies égyptiennes, à des conquêtes plusieurs fois renouvelées en Afrique et en Asie…

Aménophis, le premier de ce nom, ouvre la liste des princes de cette 18e dynastie. Manéthon nous apprend que ce roi régna vingt-cinq ans et quatre mois, après que les Pasteurs eurent quitté l’Égypte ; indication qui porte la durée du règne d’Aménophis I à prés de trente années. Le même Manéthon nous dit, en effet, qu’après la mort d’Ahmôsis, Aménophis, à la tête d’une armée de quatre cent quatre-vingt mille hommes, continua à pousser vivement la guerre contre les Pasteurs renfermés dans Aottaris ; qu’il essaya vainement d’emporter cette place d’assaut et qu’il n’en reconnut l’impossibilité que par d’infructueuses tentatives plusieurs fois renouvelées un traité mit fin à cette guerre et à cette cruelle invasion. Le trône national fut dès lors relevé… »

Le fils d’Aménophis Ier lui succéda ; il se nomma Thôthmes, le fils de Thôth ; c’est un des Thouthmosis des écrivains grecs. Il mourut après un règne de treize ans. Il eut pour successeur son fils, qui s’appela aussi Thouthmosis, qui régna vingt ans et sept mois selon les listes de Manéthon. Il mourut sans enfants. Sa sœur Amensé lui succéda comme fille de Thouthmosis Ier et régna vingt-deux ans en souveraine. Elle mourut vers l’an 1736 avant l’ère chrétienne. Son fils Thouthmosis III surnommé Moeris, lui succéda immédiatement, et régna douze ans et neuf mois. Il y a peu de souverains égyptiens dont il reste autant de monuments, dont l’antiquité ait autant exalté la gloire et proclamé le renom. C’est Moeris qui orna le palais de Karnac de la Table historique et généalogique des rois, qui, avant lui, occupèrent le trône d’Égypte. Ce riche et précieux tableau nous représente ce pharaon faisant des offrandes et des prières à soixante rois, ses prédécesseurs. On reconnaît dans cette longue série plusieurs des princes de la 17e et de la 16e dynastie ; mais le plus grand nombre des noms de la table royale de Karnac s’élève à des époques où la critique historique n’a pas encore pénétré. Moeris consacra ce uonument à la mémoire de ses ancêtres vers l’année 1725 avant l’ère chrétienne. C’est au règne de ce même roi, et à l’année 1732 avant la même ère, qu’appartient le plus ancien manuscrit égyptien connu avec une date précise : ce manuscrit existe an musée de Turin ; c’est un contrat nate de la cinquième année du règne de Moeris.

Le fils et successeur de Moeris (l’an 1723 avant Jésus-Christ) se nomma Aménophis ; il est le second roi de ce nom dans la 18e dynastie. Il régna pendant vingt-cinq ans et dix dois. Thouthmosis 1V, son fils, lui site-céda ; il remporta une victoire sur les Libyens, le 8 du mois phaménoth, l’an 7 de son règne, 1691 ans avant Jésus-Christ, et mourut après avoir régné neuf ans et huit mois, vers l’an 1687. Aménophis III le Memnon des Grecs, l’un des plus illustres pharaons, lui succéda ; c’est lui que représentait la fameuse statue parlante ; il régna trente ans et quelques mois. Horus, son fils, lui succéda vers l’an 1650 avant notre ère ; son nom était celui du dieu fils d’Isis et d’Osiris. Tmahumot, la mère de la grâce ou la mère gracieuse, fille d’Horus, lui succéda et régna douze ans. On assigne trente-huit ans et demi aux règnes successifs d’Horus et de sa fille. Rhamsès fut le successeur d’Horus, son père, et de sa sœur Tmahumot ; il monta sur le trône vers l’an 1619 avant l’ère chrétienne. Son règne ne dépassa pas neuf années. Ménephtha, son fils, lui succéda vers l’an 1610, et il régna ans.

Rhamsès II fils aîné de Ménephtha et de Tsiré, sa première femme, lui succéda, fit la guerre en Asie et en Afrique et remporta des victoires. C’est à son règne qu’appartiennent les deux obélisques de Louqsor, dont l’un fut naguère transporté à Paris et orne la place. Louis XV ou de la Concorde. Louqsor est un village situé dans le territoire de Thèbes, sur la rive droite du Nil. Les deux obélisques sont monolithes ou chacun d’un seul morceau. Ils sont semblables. On peut diviser celui qui est à Paris en deux parties : 1° Le prisme quadrangulaire ou fût, comprenant toute la partie du monument depuis sa base jusqu’au pyramidion ; 2° le pyramidion, qui est la portion taillée en forme de pyramide et qui surmonte le prisme ou fût. La hauteur totale de l’obélisque est de 70 pieds 3 pouces 5 lignes. Sa plus grande largeur à la base (face nord) est de 7 pieds 6 pouces 3 lignes. Sa plus grande largeur à la base du pyramidion (faces est et ouest) est de 5 pieds 4. pouces 4, lignes. Le poids total du monolithe est évalué à 220528 kilogrammes. Les quatre faces de l’obélisque sont couvertes d’inscriptions en caractères hiéroglyphiques. Un léger exanien suffit pour faire voir que, sur chacune d’elles, les signes sont rangés symétriquement pour composer trois colonnes perpendiculaires, bien distinctes, et formant ainsi trois inscriptions, trois, phrases sur chaque face. Le nombre total des signes qui y sont sculptés est de 1600. Les cartouches de cet obélisque (c’est-à-dire les groupes de signes qui sont enfermés dans un encadrement dont les contours sont uniformes et réguliers) rappellent les noms et les actions de deux rois ; mais l’équité de l’histoire peut faire la part à chacun d’eux. C’est Rhamsès II qui fit extraire l’obélisque d’une carrière de granit rose, située à Syène, vers la frontière méridionale de l’Égypte, à la première cataracte, qui le fit transporter à Thèbes, et qui le destina à la décoration d’un grand édifice. Il est certain que cet obélisque devait consacrer par quatre inscriptions et transmettre jusqu’à nous le souvenir de la gloire et de la piété de Rhamsès II ; trois de ces inscriptions furent seules terminées. Comment ces chants de victoire furent-ils interrompus ? La mort surprit Rhamsès II au milieu de ses trophées. Rhamsès III ou Sésostris qui lui succéda, édifia ou termina le Rhamesséion de Louqsor, adopta les obélisques commencés par son prédécesseur, et employa à y rappeler sa propre gloire toute la place que Rhamsès II laissait inoccupée, c’est-à-dire trois faces entières de l’obélisque qui est encore à Louqsor, une face entière de l’obélisque qui est à Paris, etc… Ce concours de deux rois à l’achèvement de ces admirables monuments, fournit pour leur histoire des notions chronologiques assez précises. Le règne de Rhamsès II qui fit commencer ces obélisques, remonte à l’an 1580 avant l’ère chrétienne ; il n’existe pas de monuments avec des dates postérieures à la quatorzième année de ce règne, qui finit bientôt après ; ce fut donc vers l’an 1570 que ces obélisques furent entrepris par Rhamsès II après qu’il eut châtié les impurs en Afrique et en Asie, comme le disent ses inscriptions. Sésostris succéda à son frère vers l’an 1565 ; la construction par lui commencée ou continuée du palais de Louqsor exigea bien des années. Sur les bas-reliefs du pylone, qui est le frontispice même du palais, Sésostris fit sculpter en grand sa campagne contre les Asiatiques, et les inscriptions lui donnent pour date la cinquième année du règne de ce roi ; les obélisques ne furent élevés qu’après ce pylone : on peut donc les supposer dès l’an 1550 à la place où ils ont bravé, pendant près de 3400 ans, le temps et les hommes. Tout ce que nous venons de rapporter de Rhamsès II et de ses obélisques est extrait de l’ouvrage de M. Champollion-Figeac sur l’Égypte, pages 79-82, où il renvoie de la page 330. Nous revenons à la page 331, où nous apercevons une différence dans la date de la mort de Rhamsès II et de l’avènement de son successeur. Rhamsès II dit-il ici, mourut vers l’an 1571 avant l’ère chrétienne… Sésostris succéda à son frère vers l’an 1571 ; tandis qu’à la page 82 il dit, comme nous l’avons rapporté, qu’il lui succéda vers l’an 1565.

Après la mort inopinée de Rhamsès II qui arriva avant le terme ordinaire de la vie humaine ; et qui interrompit de grandes entreprises, laissant inachevés de grands édifices, son frère, Rhamsès plus généralement connu sous le nom de Sésostris ou Rhamsès le Grand, monta sur le trône d’Égypte. Il était fils de Ménephtha Ier et de Twéa, sa seconde femme. Quand il succéda à son frère, l’Égypte était engagée dans des guerres extérieures. Les tableaux historiques de l’édifice du Béit-Oually retracent les victoires de Rhamsès II.et Rhamsès III encore prince, y figure lui-même comme ayant pris une part active à ces actions : on l’y voit, dans le costume de prince, présenter au roi un groupe de prisonniers arabes asiatiques Dans une autre scène, pendant que le roi sur son char poursuit les Arabes, le prince frappe avec une hache la porte d’une ville ennemie et il emmène ensuite de nouveaux prisonniers. Parvenu au trône, il convoita celui de la terre habitable. Il soumit d’abord les Éthiopiens ; il envoya ensuite sur la mer Rouge une flotte de trois cents vaisseaux, qui s’empara de toutes les îles et des pays situés sur la côte jusqu’à l’Inde ; et, dans ce même temps, il soumit, à la tête de son armée, l’Asie entière ; il passa ensuite le Gange, s’avança dans l’Inde jusqu’à l’Océan, et dans le pays des Scythes jusqu’au Tanaïs ; successivement il s’empara des Cyclades, entra en Europe, et pénétra dans la Thrace, qui fut le terme de son expédition. L’histoire et les monuments s’accordent sur ces victoires, qui étaient accomplies dès la neuvième année du règne de Sésostris. Ce conquérant faisait élever des colonnes et d’autres monuments commémoratifs de son passage et de ses victoires dans les contrées étrangères qui se soumettaient à ses armes ; il existe encore un de ces monuments dans la Syrie Palestine ; il est à trois heures environ au nord de Béryte ou Beyrouth, en allant vers Tripoli, c’est-à-dire près de Nahhar-El-Kell, ou fleuve du Chien, l’ancien Lycus. De retour dans ses États, Sésostris les couvrit de monuments ; il fit bâtir dans chaque ville un temple à la divinité principale du lieu, défendit d’émployer à ces travaux publics aucun Égyptien, et les imposa aux prisonniers qu’il avait ramenés de l’Arabie, de Babylone et d’ailleurs. Il ferma l’Égypte orientale par une grande muraille qui traversait le désert depuis Péluse jusqu’à Héliopolis, Il fit exécuter d’immenses travaux à Memphis et à Thèbes. La durée de son règne est fixée à soixante-huit ans et deux mois. Pag.331-339.

Le règne de Sésostris se rattache à l’un des plus grands événements de l’histoire hébraïque : Moïse, qui a écrit la partie la plus ancienne de ces annales, fut le héros et l’historien de ce fait mémorable. Le peuple hébreu était dans l’état de servitude en Égypte depuis que, par l’effet de l’heureuse expulsion des Pasteurs, l’ancienne race des rois égyptiens était remontée sur le trône des ancêtres. Moïse assure que le nouveau monarque, redoutant la nombreuse population israélite, qui était plus forte que la population égyptienne, résolut de la soumettre à de dures lois, de l’opprimer par l’effet d’une, police attentive et sévère ; il craignait que, si une nouvelle invasion étrangère menaçait l’Égypte, l’ennemi ne trouvât dans les Israélites des auxiliaires et des alliés. Les Israélites passèrent par les plus cruelles vicissitudes de l’esclavage ; les travaux les plus fatigants et les plus abjects leur furent réservés ; leurs enfants mâles étaient frappés de mort à leur naissance : Dieu enfin ordonna à Moïse de délivrer les Hébreux de cette servitude, et Moïse les délivra… Nous allons indiquer ici l’époque où s’accomplit cet événement.

Nous la tirerons du récit même de Moïse ; il a dit, dans son livre intitulé : Exode ou Sortie (Exode 22.41-42), que la durée de la demeure des enfants d’Israël en Égypte fut de quatre cent trente années, et que ce fut le jour même où ce nombre d’années s’accomplissait que l’armée du Seigneur sortit de la terre d’Égypte. Elle y était entrée avec le patriarche Jacob, et ses enfants y avaient grandi et miraculeusement multiplié. Quand Joseph, ministre du roi Apophis, accueillit son père, ses frères, sa race et sa nation en Égypte, il en dirigeait déjà l’administration depuis neuf ans, et Apophis comptait la vingt-sixième année de son règne, qui répondait à l’an 1958 avant l’ère chrétienne. C’est de là que date réellement la demeure des Israélites en Égypte ; ils en sortirent donc vers l’an 1528 avant l’ère chrétienne, après un séjour de quatre cent trente années, partagées en périodes diverses de liberté et d’esclavage. Sésostris était alors à la quarante-troisième année de son règne : c’est le temps même où il consacrait aux dieux les merveilleux ouvrages d’Ibsamboul. Les riches carrières de grès à Silsilis annoncent encore, par leurs inscriptions, que dans ce même temps Sésostris en faisait extraire des matériaux pour les nombreux édifices dont il orna les villes principales de l’Égypte : c’était le temps des grands ouvrages publics ordonnés par ce grand prince, et celui aussi où les Israélites, plus accablés par ces ouvrages, par les travaux des carrières, la fabrication des briques, la construction des buttes factices, plus opprimés, en un mot, durent être plus désireux du repos et de la liberté. Lés exigences du maître donnèrent de la résolution aux esclaves : le génie de Moïse coordonna ces deux grands moyens d’action, et les Hébreux sortirent heureusement de l’Égypte.

Quelques critiques ont fait cette remarque : La relation de Moïse ne parle plus de Sésostris, de ce grand roi qui fit la conquête de l’Orient tout entier, sans jamais rencontrer les Hébreux sur ses pas. Les textes hébreux et les monuments égyptiens satisfont à cette observation, qui renferme en elle-même un doute historique. Selon les Hébreux, Moïse, sorti d’Égypte, se rendit dans le désert de Sinaï, et ce désert ne se trouva point sur la route de Sésostris, qui n’eut pas ainsi à penser aux Hébreux, et ne les rencontra pas. De plus les Hébreux demeurèrent pendant quarante ans dans co désert ; ils y étaient inconnus à Sésostris, à l’Égypte entière, qu’ils n’inquiétaient pas. Enfin les monuments égyptiens nous apprennent que les grandes entreprises militaires de Sésostris s’opérèrent dans les premières années de son règne, et alors les Hébreux étaient courbés sous le poids de ses lois, sur le sol même de l’Égypte. Ils s’en échappèrent vers la quarante-troisième année de son règne. ; et dès cette époque on ne connaît de Sésostris que les effets de sa vigilance pour l’ordre, la police intérieure de ses Elats, et ceux de sa pieuse munificence qui orna l’Égypte de tant de monuments dignes encore de notre admiration ; et, si Sésostris fit poursuivre les Hébreux emportant les vases précieux et d’autres richesses qu’ils avaient frauduleusement empruntées des Égyptiens, il put trouver quelque satisfaction à savoir confinée dans le désert d’Arabie une peuplade toujours suspecte et toujours offensive tant qu’elle demeura sur le sol de l’Égypte. Elle n’avait pas encore quitté ce désert, quand Sésostris mourut, environ vingt-cinq ans après qu’elle s’y fut réfugiée. »

Nous abandonnons ce rapprochement et cette explication aux réflexions du lecteùr. La remarque faite par quelques critiques touchant le silence de Moïse sur Sésostris, après le passage de la mer Rouge, ne présentait qu’unedifficulté peu importante, comparati vement à celle qui naît de l’opinion universellement admise que le Pharaon qui poursuivit les Hébreux périt avec son armée. Moïse dit en effet que ce roi fit atteler son chariot et emmena son peuple avec lui (Exode 14.6). Je serai, dit le Seigneur, glorifié dans Pharaon et dans toute son armée (Exode 14.17). Le premier de ces textes montre le roi d’Égypte à lapoursuite des Hébreux ; et il semble que le second lui réserve le même sort qu’à toute son armée. Cette difficulté n’a point arrêté M. Champollion-Figeac ; car, au lieu de s’en rapporter sur ce point à la relation de Moïse, il a préféré (pages 17) adopter la fausse et insoutenable opinion récemment et ridiculement imaginée par Dubois-Aymé, savoir que les Hébreux passèrent la mer Rouge dans un bas-fond guéable à marée basse (Voyez mer rouge, addition).

Quoique nous n’admettions pas la chronologie égyptienne dont M. Champollion-Figeac est l’auteur, et particulièrement que le passage des Hébreux ait eu lieu dans la quarante-troisième année du règne de Sésostris, longtemps avant sa mort, puisqu’il régna, dit-un, soixante-huit ans et deux mois, nous remarquerons cependant que le récit de Moïse ne semble pas dire que le Pharaon périt aussi dans les eaux de la mer Rouge. Il nous parle des Égyptiens poursuivant les Israélites, et entrant après eux dans la mer avec les chevaux, les chariots et les cavaliers de Pharaon (vers. 23) ; il nous dit que les eaux couvrirent les chariots et les cavaliers de toute l’armée de Pharaon, et que d’entre eux il n’en resta pas un seul (vers. 28). Dans son cantique, Moïse célèbre le Seigneur, qui a précipité dans la mer les chariots de Pharaon et son armée, et qui a submergé ses meilleurs capitaines (15.4). Le cheval de Pharaon est entré avec son chariot et ses cavaliers dans la mer, et le Seigneur a fait revenir sur eux les eaux de la nier (vers. 19). Nous n’oserions décider, sans faire un examen plus approfondi de ces textes et de ceux qui leur sont parallèles. Enfin, sur la date de 1528, assignée par M. Champollion-Figeac au passage de la mer Rouge, nous ferons observer que, suivant la table chronologique rédigée par M. Cahen (tome 18 de sa Bible) d’après celle de M. Zunz, ce fait s’accomplit l’an 1495 ; suivant celle de dom Calmet, l’an 1487 ; et, suivant l’Art de vérifier les dates, l’an 1645. Revenons au précis historique des Pharaons.

Ménephtha II le treizième des vingt-trois fils de Sésostris, monta sur le trône après lui (année 1503 avant Jésus-Christ). Il ne connut pas non plus les Hébreux son règne dut être court ; les monuments n’en portent pas la durée au delà de trois ou quatre années ; nous la portons jusqu’à cinq, dit M. Champollion-Figeac, en raison des travaux qu’il exécuta et dont les traces subsistent encore.

Thaoser, sa fille, lui succéda immédiatement l’an 1498, à cause sans doute du bas âge de son fils aîné ; elle se maria à Siphtha Ménephtha, qui fut son mari sans être roi. Ménephtha III qui paraît avoir été le frère de la reine Thaoser, fut le fils de Ménephtha II et le seizième roi de la 18e dynastie. Son règne fut de dix-neuf années, d’après les listes de Manéthon. On expliquera facilement et la durée du règne de Ménephtha III et l’imperfection de son tombeau par le règne même de sa sœur Thaoser, qui est confondu dans les dix-neuf années accordées à Ménephtha III. Ce prince ne régna pas assez longtemps pour faire terminer convenablement sa sépulture.

Les listes de Manéthon nomment Ménephtha III comme le dernier roi de la 18e dynastie ; mais la liste qui se trouve sur le monument de Médinet-Habou, et qui a bien plus d’autorité, porte à cette place le cartouche d’un autre Pharaon, de Rhaméri. Ce prince monta sur le trône vers l’an 1479 avant notre ère ; son règne se trouve avoir été de cinq ans et trois mois.

M. Champollion-Figeac termine son précis historique de la dix-huitième dynastie par le tableau suivant :

La 19e dynastie commença l’an 1474

Dix-neuvième dynastie. Rhamsès IV surnommé Méiamoun, aimant Ammon, est le premier roi de cette dynastie. Il se nommait aussi Séthos ; il était fils de Rhaméri, dernier roi de la 18e dynastie. Ce Rhaméri est encore appelé Aménophis ; il fut chassé du trône par les Pasteurs qui, envahirent de nouveau l’Égypte, et se retira en Éthiopie avec son fils Séthos, encore enfant ; il fut contraint d’y demeurer pendant 13 ans ; Séthos grandit, leva une forte armée, la mena en Égypte (alors il avait dix-huit ans), vainquit l’ennemi, le chassa de nouveau vers la Syrie, et jouit dès lors sans trouble de l’autorité royale. C’est Manéthon qui fournit ces détails, et M. Champollion les applique au règne de Rhamsès-Méiamoun. Manéthon ajoute que ce même Pharaon Séthos réunit de grandes forces de terre et de mer, et entreprit de lointaines conquêtes. Le roi, en partant, confia l’autorité royale à son frère Armaïs ; il cingla vers Chypre, attaqua la Phénicie, les Assyriens, les Mèdes, et, allant de succès en succès, les nations de l’Orient. Mais, ayant appris que son frère avait méprisé ses ordres et s’était ouvertement révolté contre son autorité, il revint en Égypte ; Ar-maïs s’enfuit devant lui, et cet Armaïs se nommait aussi Danaüs.

Ces circonstances, dit M. Champollion-Figeac, conviennent encore au règne de Rhamsès-Méiamoun. Ce prince fut un grand conquérant ; les monuments subsistants nous en instruisent sans équivoque ; les seuls tableaux historiques où figurent des entreprises navales, des combats sur mer, sont aussi de son règne ; enfin, si l’on compte dans le règne de ce prince les 13 années passées en Éthiopie (puisqu’on ne les comprend pas dans le règne de son père, qui n’a été porté qu’à 5 ans et trois mois), et qu’on y ajoute quelques années pour le temps de ses campagnes sur terre et sur mer, son règne ayant commencé en l’année 1474 avant l’ère chrétienne, la fuite d’Armaïs-Danaüs sera fixée vers l’année 1450, et c’est le temps même où l’antiquité classique place la venue en Grèce des colonies égyptiennes de Danaüs.

Rhamsès-Méiamoun fit construire le gigantesque palais de Médinet-Habou, qu’aucun édifice de ce genre n’égale en étendue, et dont M. Champollion a fait partiellement la description aux pages 58, 59, 155-159, 241, 34.6-348 de son ouvrage. Ce Pharaon mourut après un règne de cinquante-cinq ans, laissant une femme qui se nommait Isis et dix fils. Quatre d’entre eux, les quatre premiers, portèrent successivement la couronne.

Rhamsès V fils aîné de Rhamsès IV Méiamoun, lui succéda vers l’an 1419 avant notre ère. Il éleva à l’honneur d’Isis, sa mère, un tombeau royal. Dans les listes de Manéthon il est nommé Rapsis ou Rapsakes. Les mêmes listes lui donnent plus de soixante ans de règne. À cet égard M. Champollion-Figeac s’exprime en ces termes : Il faut conclure de la longue durée de son règne qu’il naquit peu d’années avant la mort de son père Rhamsès-Méiamoun, et qu’Isis, sa mère, ne fut peut-être pas la première femme de ce roi elle lui survécut. Le nom de son mari ne se lit pas dans son tombeau ; on n’y trouveque celui de son fils Rhamsès V » Page 350. Rhamsès VI frère de Rhamsès V et second fils de Rhamsès-Méiamoun, monta sur le trône vers l’an 1358 avant l’ère chrétienne. Ici les fragments de Manéthon et les tableaux des fils et successeurs de Rhamsès-Méiamoun sont loin de s’accorder.

Rapproché des listes de Manéthon, dit M. Champollion-Figeac, le tableau des dix fils de Méiamoun, dont les quatre premiers portèrent successivement la couronne, ne peut point être mis d’accord avec ces listes. Elles donnent en effet soixante et une années au règne du fils aîné, quatre-vingt-cinq ans à celui des trois autres frères suivants, et il en résulterait que le dernier aurait cessé de vivre et de régner cent quarante-six ans après la mort de leur père commun. Il y a donc du désordre et des erreurs dans la série des noms et dans les chiffres des listes qui nous sont venus des copistes de Manéthon, et l’ordre naturel de la vie des hommes y commande de sensibles rectifications. En le prenant pour règle, sans trop nous écarter des chiffres consignés dans la diversité de ces listes, et accordant au fils aîné, Rhamsès V soixante et un ans de règne, vingt ans au second, cinq ans au troisième et autant au quatrième, il en résulterait que la mort du dernier serait arrivée quatre-vingt-onze ans après celle du père, mort à l’âge de soixante ans, ce qui ne suppose pas au dernier de ses fils une longévité extraordinaire ; il faudrait aussi porter le règne du dernier roi de cette dynastie à quarante-huit ans. Mais les autorités nous manquent pour accréditer ce système, quelque conforme qu’il soit aux prescriptions de l’histoire, dont la véracité, quand il s’agit de l’homme, ne peut se fonder sur des exceptions aux lois générales de la nature.

Dans cet ensemble de doutes, nous n’avons à indiquer ici que les noms des successeurs de Rhamsès V ; les trois premiers furent ses frères, et portèrent aussi le nom de Rhamsès, et ce sont les, Vile et Ville de ce nom. Leur successeur, le sixième roi de la 19e dynastie, fut aussi un Rhamsès (Rhamsès IX) ; il s’appela Thoûoris, selon les listes de Manéthon… On ignore à quel de gré de parenté et à quel titre ce dernier succéda à son prédécesseur sur le trône…

Champollion le jeune a publié un registre de recettes sacrées faites dans un temple de Thèbes pendant le règne de Rhamsès 9. Ce registre est distribué par années, et le nombre des années entières, dans cet antique papyrus, ne s’élève pas au delà de six. Les listes de Manéthon indiquent aussi à la septième année la fin du régne du sixième roi de la 19e dynastie… Le tombeau de ce roi existe encore dans la vallée de Biban-El-Molouk, à Thèbes… L’état de ce tombeau suppose un règne d’une plus longue durée que celle que le papyrus de Turin et les listes de Manéthon accorderaient au roi Rhamsès 9. On voit aussi que le nombre des rois de cette 19e dynastie ne pouvant être porté au delà de six, leur durée totale s’étant élevée à cent quatre-vingt-quatorze années, et les cinq premiers rois ayant employé les cent quarante-six premières, il en reste quarante-huit pour le sixième. L’étendue, l’élégance et la belle construction du tombeau de Rhamsès 9 nous portent à croire ce nombre d’années de son règne approximativement exact. La 19e dynastie finit donc de régner vers l’année 1279 antérieure à l’ère chrétienne.

M Champollion-Figeac conjecture,.

1° Que sous un des rois de cette dynastie, surnommé Ménophrès, s’opéra, le 20 juillet 1322, le renouvellement du cycle sothiaque ou de la période de 1460 ans ; et

2° Que sous Rhamsès IX le dernier, eut lieu la prise de Troie.

Vingtième dynastie. Les listes de Manéthon portent à douze le nombre des Pharaons de cette dynastie, et à cent soixante-dit-huit ans la durée totale de leurs règnes réunis ; mais les abréviateurs de Manéthon ont dédaigné de transcrire les noms de ces rois. Il reste cependant de quelques-uns d’entre eux quelques rares souvenirs, et ils sont presque tous tirés de leurs tombeaux. D’après cela,

M : Champollion-Figeac nomme les suivants : Rhamsès X, Rhainsés XI, Rhamsès XII, Aménemsès, Rhamsès XIII, Rhamsès XIV dont le nom propre était Amon-Maï-Rhamsès, Rhamsès XV surnommé Raméri, Pahôr Amonsé grand prêtre d’Amon, Pihmé, aussi grand prêtre…

Vingt et unième dynastie. « Elle était originaire de Tanis, ville bâtie sur la rive orientale du Nil, dans la basse Égypte, et dont l’origine remonte aux plus anciens temps de l’histoire d’Égypte. Moïse l’a mentionnée dans son histoire de l’Exode… » Voyez Taras. Cette dynastie fut composée de sept rois, qui régnèrent 130 ans ; à compter de Son élévation arriva vers l’an 1100 avant notre ère. Le premier roi fut Mandouftep ; c’est le Mendès ou Smendès des listes de Manéthon ; son fils Aasénès ou Aasen, qui est le Psousennès de Manéthon, lui succéda : ce sont les seuls de cette dynastie connus par les monuments. Les noms de leurs cinq successeurs ne nous sont révélés que par Manéthon ; les voici : Nephercherès, qui régna 4 ans ; Aménophlès, 9 ans Osochôr, 6 ans ; Psénachès, 9 ans ; Psousennès ou Aasen 2.30 ans. Ce dernier mourut vers l’an 910 avant l’ère chrétienne.

Quelques personnages connus par l’histoire sainte furent contemporains de cette même dynastie : le roi David ; le jeune Adad qui, de l’Idumée, se sauva en Égypte pour échapper aux fureurs du saint roi, et qui s’y maria avec la sœur de la reine, femme de Pharaon ; enfin, si l’on y croit, c’est d’un des rois de cette vingt et unième dynastie que Salomon épousa une fille. Les pays soumis à l’autorité du fils de David touchaient aux frontières de l’Égypte ; le temple et les murs de Jérusalem n’étaient pas encore élevés ; mais bientôt après les fondements du temple furent jetés, et l’édifice fut terminé dès la onzième année du règne de Salomon. On a remarqué ailleurs l’analogie des formes du temple du Seigneur avec celles des temples de l’Égypte. La Syrie prenait aussi ses modèles en Égypte. L’histoire des rois de Juda va se mêler avec celle des Pharaons.

Le règne de David, suivant l’Art de vérifier les dates, commença l’an 1040 avant notre ère, et celui de Salomon finit l’an 962.

Vingt-deuxième dynastie. Le chef de cette dynastie se nommait Scheschonk, dont les Grecs firent Sésonchis : c’est ainsi que ce nom est écrit dans les listes de Manéthon. Il commença à régner l’an 971. « Ce même Pharaon Scheschonk est nommé Schischak et Sisac dans les divers textes de la Bible. Il exerça une grande influence sur les destinées politiques de la Judée. Ce fut auprès de lui en effet que chercha un protecteur et un refuge Iéroboam, menacé par Salomon. Salomon dit la Bible (livre 1 des Rois, et Paralipomènes), voulut tuer Jéroboam, qui se leva, s’enfuit en Égypte auprès de Schischak, roi d’Égypte, et y demeura tant que vécut Salomon.

Ayant appris sa mort, Jéroboam quitta l’Égypte, se fit le compétiteur de Roboam, et de cette lutte provinrent le démembrement des États de David et la création du royaume d’Israël. Roboam et Jéroboam ne cessèrent de se faire la guerre. Le Pharaon Scheschonk ne resta pas neutre ; il se déclara pour le réfugié qu’il avait favorablement accueilli ; et, dans la cinqième année du règne de Roboam, le roi d’Égypte se présenta devant Jérusalem, s’en empara, et enleva les trésors de la maison de Jéhovah, ceux de la maison du roi, et tous les boucliers d’or qu’avait faits Salomon. Roboam régna sur la tribu de Juda, et Iéroboam sur le reste d’Israël. Le roi d’Égypte conduisit en Judée une armée de douze cents chars, de soixante mille cavaliers, et d’une foule innombrable de fantassins égyptiens, libyens, troglodytes et éthiopiens.

Les monuments égyptiens encore subsistants confirment hautement ces récits de la Bible ; la première cour du grand palais de Karnac à Thèbes est en partie ornée de bas-reliefs ; l’un des plus étendus représente un roi de proportions colossales, menaçant de ses armes un groupe de prisonniers étrangers qu’il tient par les cheveux d’une de ses mains. Le même roi conduit aussi devant la trinité thébaine les chefs de plus de trente nations qu’il a vaincues ; ils sont liés par le cou, et chacun d’eux a près de lui un bouclier crénelé, dans lequel son nom est inscrit. Or un de ces princes de ces peuples vaincus, à barbe pointue et à physionomie asiatique, est nommé dans son bouclier louda Hauzalch, le royaume de Juda, et le roi qui l’a soumis à ses armes, porte, dans cette même scène, le nom de Scheschonk ; c’est le Sésac vainqueur de Juda à Jérusalem, et le Sésonchis des listes de Manéthon.

Le mauvais état de la grande inscription qui accompagne ce tableau, véritable monument historique, ne permet pas d’assigner, dans la durée du règne de Sésonchis, à quelle année de ce règne répondait la cinquième de Roboam, année où ceci se passa, et la chronologie comparée est par là privée d’un important synchronisme de l’histoire sainte avec l’histoire égyptienne. Roboam régna à Jérusalem 17 ans ; Jéroboam 22 ans, et Sésonchis 22 ans aussi : ces trois règnes furent contemporains dans la plus grande partie de leur durée. Sésonchis mourut vers l’an 948 avant l’ère chrétienne. On ne peut pas fixer la durée de son règne à moins de 22 ans ; cette date se lit dans une grande stèle de Sitsilis…

Suivant l’Art de vérifier les dates, Roboam régna depuis l’an 962 jusqu’en l’an 946, et Jéroboam depuis l’an 962 jusqu’à l’an 943 (vingt ans).

Les listes de Manéthon nomment Osorthon le successeur du chef de la 22e dynastie ; les monuments lui donnent en effet le nom plus régulier de Osorchôn…

Diverses inscriptions, rapportées par M. Champollion-Figeac, nous apprennent, dit-il, que le grand prêtre d’Amon Osorchôn était fils du grand prêtre d’Amon Scheschonk, qui était fils d’un roi nommé Osorchôn : or, d’après l’usage égyptien, qui faisait passer l’appellation des grands-pères aux petits-fils, le roi Osorchôn, père du grand prêtre Sches chonk, devait être le fils d’un roi nommé Scheschonk : ce sont là en effet la généalogie des rois de la 22e dynastie, et leur ordre de succession selon les listes de Manéthon : le premier roi eut pour successeur son fils Osorchôn, et les monuments nous font connaître cette race jusqu’à la quatrième génération ; le fils du deuxième roi qui se nomma Scheschonk, fut revêtu des fônctions de grand prêtre d’Amon, et le petit-fils fut nommé Osorchôn, et revêtu aussi du même sacerdoce.

Ces deux grands prêtres furent revêtus de ces fonctions sacerdotales, parce que le rang de primogéniture ne les appelait pas au trône, qui était l’apanage des premiers-nés ; mais ces faits historiques nous démontrent aussi qu’à l’époque de ces rois on n’avait pas oublié en Égypte que la monarchie avait été fondée sur les ruines du gouvernement théocratique, qu’il était utile de prévenir toute réaction d’une caste puissante et nombreuse, et qu’en conséquence de ces principes les hautes dignités sacerdotales étaient dévolues aux plus proches parents du roi : nouvelle preuve de la fausseté de l’opinion des écrivains qui présentent les Pharaons comme perpétuellement courbés sous l’autorité des pontifes.

Osorchôn ne fut pas inconnu aux Hébreux ; et d’habiles critiques retrouvent en lui le roi Zoroch (Zara) de la Bible, qui vint camper à Marésa avec une armée très-nombreuse sous le règne d’Asa, petit-fils de Roboam. Ces deux personnages furent de moins contemporains… Le roi Osorchôn mourut après un règne de quinze ana.

Son fils, nommé Scheschonk comme son père, fut son successeur, et ce nom indique à la fois sa descendance et sa place dans la liste des rois. C’est le Sésonchis II ; il régna vingt-neuf ans au moins. Takelothès, son fils, lui succéda ; une inscription porte une date de la 25e année de son règne. Osorchôn son fils allié, lui succéda ; il avait un frère qui occupa, selon l’usage, un des premiers emplois du sacerdoce. Les autres Pharaons de cette dynastie sont inconnus.

Vingt-troisième dynastie. Ptahavtep, le Petubastis des abréviateurs de Manéthon ;, son fils Osortasen, nommé Osorthôn Amerri. Hem-Djam ou Psamm, nommé Psammous, fils d’Osortasen ; et un autre dont le nom est inconnu.

Vingt-quatrième dynastie, ne put fournir qu’un seul roiooiruné Bocchoris, qui, après un règne de 44 ans, fut pris et brûlé vif parles Éthiopiens, qui avaient envahi l’Égypte :

Vingt-cinquième dynastie. Un Éthiopien, Sabacôn, en fut le fondateur ; il mourut après un règne de douze années, et eut pour successeur Sévékowtph ou Sévéchos. Il reste peu de souvenirs historiques du règne de ce dernier ; on lui rapporte toutefois caque dit la Bible du roi d’lsrael nommé Osée, qui, pour résister au roi d’Assyrie Salmanasar, implora le secours et l’alliance d’un roi-d’Égypte que la Bible nomme Sua ; et si l’on a remarqué que le nom de ce roi est emprunté de celui d’une divinité nommée indifféremment Sew ou Sevk, on ne trouvera plus-une absolue différence entre le nom.du roi d’Égypte nommé par la Bible et notre Sévécules : ce fait historique se passa d’ailleurs, selon la Bible, peu de temps avant le règne d’un roi nommé Tahraka ; et les listes de Manéthon nomment ainsi le successeur de Sévéchos… On sait avec certitude que le règne de Tahraka finit après une durée de vingt ans : les listes de Manéthon nous l’apprennent, et les inscriptions de Barka confirment leur témoignage : ces inscriptions sont en effet datées de la vingtième année de Tahraka. [Voyez Tharaca].

La Bible, dans l’histoire des rois, rapporte que, lorsque Sennachérib, roi des Assyriens, attaqua Ézéchias, roi de Juda, l’Éthiopien Tahraka, allié d’Ézéchias, conduisit une armée à son secours : l’Assyrie et l’Égypte nourrissaient d’antiques rivalités, mutuellement haineuses, et les régions intermédiaires des deux grands royaumes étaient le théâtre habituel de leurs dissensions armées : l’Assyrie ne pouvait se mouvoir vers les bords orientaux de la Méditerranée sans que l’Égypte s’avançât à sa rencontre pour l’en tenir écartée ; c’est ainsi que l’Égypte se trouvait l’alliée naturelle des peuples et des villes de la Syrie et de la Palestine. Hérodote dit quelques mots de Sennachérib ; mais il confond les temps et les lieux ; il paraît n’avoir recueilli sur ces circonstances que d’incertaines traditions. La Bible ne dit point que Sennachérib alla attaquer l’Égypte (Isaïe 20) ; il fut défait par l’ange du Seigneur dans les environs de Jérusalem, et il ne descendit pas jusqu’à Péluse, comme le suppose le récit d’Hérodote. » Page 364, 865. Cette dynastie régna depuis l’an 718 jusqu’à l’an 674.

Osée, roi d’Israël, commença à régner l’an 726 avant Jésus-Christ ; il fit alliance avec le roi d’Égypte l’an 721. Osée fut pris et son royaume détruit par Salmanasar l’an 718.

Ézéchias commença à régner l’an 723 ; Sennachérib, après avoir vaincu Tahraka et ravagé ses États, vint mettre le siège devant Jérusalem, et bientôt après toute son armée fut providentiellement détruite, l’an 707.

Vingt-sixième dynastie, dont le premier roi fut Stéphinatis, qui régna sept ans, à compter de l’an 674 avant l’ère chrétienne ; le second Néchepsôs six ans, et Néchaô huit ans. Vient ensuite Psamméticus, fort célébré par les Grecs. « Hérodote prétend qu’il assiègea pendant vingt-neuf ans consécutifs une ville de Syrie qu’il nomme Azotus. Le règne de ce roi fut en effet très-long ; les listes de Manéthon et le texte d’Hérodote le fixent également à cinquante-quatre ans. »

Néchaô II fils de Psamméticus, lui succéda. Son règne est porté à hait années dans les listes de Manéthon. Il est certain que le Pharaon Néchaô II porta la guerre en Syrie ; il s’y prépara en faisant d’abord construire des vaisseaux ; les traces de ses chantiers subsistaient encore quand Hérodote visita l’Égypte. Néchaô conduisit ensuite son armée par terre, et défit les Syriens près de Magdole ou plutôt Mageddo selon la Bible. On lit en effet, dans le quatrième livre des Rois, que du temps de Josias, roi de Juda, Néchaô ayant marché contre le roi d’Assyrie vers l’Euphrate, Josias alla au-devant du Pharaon et fut tué à Mageddo ; que son fils Joachaz fut élu roi à sa place. À peine Joachaz régnait depuis trois mois, qu’il fut détrôné par Néchaô, qui lui substitua Eliachim, autre fils de Josias, et envoya Joachaz prisonnier en Égypte, après avoir mis à contribution Jérusalem et le royaume de Juda. Eliachim, nommé aussi loacim, demeura tributaire de l’Égypte jusqu’à l’époque où le roi d’Assyrie se substitua, par la force des armes, au roi d’Égypte dans la perception de ces tributs, et ceci arriva, selon les prophéties de Jérémie, dans la quatrième année du règne de Ioacim.

La courte durée de celui de Néchaô II qui n’est porté qu’à six années dans les listes de Manéthon, s’accordera-t-elle avec les indications chronologiques de la Bible ? Aucun doute ne peut s’élever à ce sujet ; car Néchaô attaqua Josias, et celui-ci perdit la vie dans cette rencontre. Joachaz succéda à son père, mais il ne régna que trois mois. Ioacim vint après, et c’est à la quatrième année de son règne que Néchaô perdit sa conquête en Syrie, par suite d’une bataille donnée sur l’Euphrate, et gagnée contre lui par Nabuchodonosor, qui le repoussa dans la frontière ordinaire de l’Égypte : ces rapports historiques se corroborent donc réciproquement.

Josias monta sur le trône l’an 639 ; alors il n’était âgé que de huit ans. Dans le cours de l’année 632, âgé de seize ans, il prit en main les rênes du gouvernement. C’est en l’an 609, trente et unième de son règne, que, voulant s’opposer au passage de Néchaô, il fut tué dans la bataille qu’il avait livrée à ce prince. Etiakim ou Joakim fut mis par Néchaô à la place de Joachaz au commencement de l’an 108. Bientôt après Nabopolassar, roi de Babylone, envoya son fils Nabuchodonosor en Syrie et en Égypte pour y faire la guerre. La troisième année du règne de Joakim, 606, Nabuchodonosor, revenant victorieux de l’Égypte, assiègea Jérusalem et s’en rendit maître. L’année suivante, 605 avant notre ère, ou la quatrième de Joakim, le roi d’Égypte, étant revenu attaquer à son tour Nabuchodonosor, fut battu à Charcamis sur les bords de l’Euphrate.

M. Champollion-Figeac, d’après Manéthon, dit tantôt que Néchaô huit ans, et tantôt six ans. Les guerres de ce prince, sans parler des préparatifs, l’occupèrent depuis l’an 609 jusqu’en l’an 605, c’est-à-dire, cinq années tout entières. Il ne resterait donc que trois années, en admettant que son règne en ait duré huit, pour l’exécution des travaux du fameux canal au moyen duquel il voulait établir une communication entre la Méditerranée et la mer Rouge, et pour les grandes constructions maritimes qu’il fit faire sur ces deux mers. Il nous semble que ce n’est pas assez et qu’il y a erreur.

Joakim, en l’année 601, la huitième de son règne, se révolta contre Nabuchodonosor, qui fit la conquête des provinces appartenant à l’Égypte (nous copions l’Art de vérifier les dates), depuis l’Euphrate jusqu’à la petite rivière qui sépare l’Égypte de la Palestine. Depuis ce temps, dit l’Écriture, le roi d’Égypte n’osa plus sortir de son pays. L’an 598, le monarque babylonien vint lui-même en Judée, prit Jérusalem et fit mourir Joakim.

Psamméticus II fut le successeur de Néchaô II et régna dix-sept ans.

Le Vaphris ou Vaphrès de Manéthon, le Chophra ou Hophra de la Bible, nommé Apriès par Hérodote, succéda à Psamméticus Il e Hérodote dit que ce Pharaon fut le plus heureux de tous les rois ses prédécesseurs, pendant une partie de son règne. Il fit la guerre contre Sidon, vainquit les Tyriens surmer ; il obtint les mêmes succès sur les Cypriotes et les Phéniciens réunis, si l’on s’en rapporte à l’assertion de Diodore de Sicile. Apriès prêta aussi quelque secours à Sédécias, roi de Juda, contre le roi d’Assyrie et ses Chaldéens ; mais ces secours ne furent point efficaces ; le roi de Juda perdit la vie, Jérusalem fut prise, le temple du Seigneur dépouillé de ses richesses en or et en bronze ; et libre un instant au sein de ces calamités, le peuple des Juifs s’enfuit en Égypte, malgré les menaces et les lamentations de Jérémie. Du reste, le prophète annonça que Dieu avait mis Apriès dans les mains de ses ennemis, de ceux qui cherchaient son âme. Les succès d’Apriès, en effet, touchèrent bientôt à leur terme.

Il envoya contre Barcé et la Cyrénaïque une armée qui fut défaite, et se révolta contre lui. Amasis, un des chefs, se trouva porté sur le trône. Le règne d’Apriès dura dix-sept ou dix-neuf ans ; celui d’Ainasis quarante-quatre ans.

Amasis eut un fils qui lui succéda, et qui fut le Psamméticus III de la 26e dynastie ; mais Amasis fut réellement le dernier roi de cette dynastie saïte, l’enfant qui lui succéda de droit ayant à peine touché aux marches du trône, dit M. Champollion-Figeac. Mais cet enfant était un homme qui avait des enfants ; et il régna six mois. C’est sur lui que les Perses conquirent l’Égypte.

Suivant M. Champollion-Figeac, la 26e dynastie commença à régner l’an 674 avant notre ère et finit l’an 525. Le commencement du règne d’Apriès remonte vers l’an 586 ou 588, et Apriès est le Pharaon qui prêta quelque secours à Sédécias, roi de Judée, contre le monarque assyrien. Or, d’après l’Art de vérifier les dates, c’est en l’an 590 que Sédécias, la huitième année de son règne, fit alliance avec Apriès, et à la fin de l’an 588 que ce Pharaon vint pour le secourir. Ainsi ces deux chronologies ne s’accordent guère. Nabuchodonosor alla au-devant du roi d’Égypte et le tailla en pièces sur la fin de mars 587. Le Pharaon s’en retourna avec les débris de son armée sans pouvoir, dans la suite, se relever d’une si grande perte.

M. Champollion-Figeac dit que le total de la durée des règnes successifs de la 26e dynastie est de 150 années ; mais nous trouvons une différence, soit que nous comptions 6 ou 8 ans pour le règne de Néchaô II et 17 ou 19 pour celui d’Apries. Toutefois, nous n’avons pas apporté un grand soin au calcul des règnes de cette dynastie, et la pensée ne nous est pas venue d’en calculer aucune autre. Il nous semble aussi qu’il faudrait bien tenir compte du règne de Psamménite, fils et successeur d’Amasis, qui dura six mois.

Vingt-septième dynastie, celle des Perses.

Cambyse, fils de Cyrus, fut le premier roi de cette dynastie. M. Champollion-Figeac n’a que du blâme pour les Perses, parce qu’ils traitèrent durement ses chers Égyptiens ; mais les Égyptiens n’étaient-ils dignes que d’admiration et de louanges quand ils faisaient des conquêtes ? Sous Cambyse les Asiatiques se vengèrent de l’illustre Sésostris et de ses Égyptiens. Si Cambyse mutila des suonuments de pierres, Sésostris mutila plus d’hommes peut-être que le Perse ne fit entendre de fois les coups de son marteau destructeur. Sésostris foula sous ses pieds les signes royaux de l’Éthiopie. Il se fit adresser un discours par le roi des dieux qui lui disait : Les nations du Midi et du

Septentrion sont abattues sous tes pieds ; je te livre les chefs des contrées méridionales ; conduis-les en captivité, et leurs enfants à leur suite ; dispose de tous les biens existant dans leur pays : laisse respirer ceux d’entre eux qui voudront se soumettre, et punis ceux dont le cœur est contre toi. Je t’ai livré aussi le Nord… La Terre-Rouge (l’Arabie) est sous tes sandales…

C’est ce qu’on lit sur un tableau dans un monument à Thèbes. Sur un autre tableau, les princes et les chefs de l’armée égyptienne, dit M. Champollion, conduisent au roi victorieux quatre colonnes de prisonniers : des scribes comptent et enregistrent le nombre des mains droites et des parties génitales coupées aux Robou morts sur le champ de bataille. L’inscription porte textuellement Conduite des prisonniers en, présence de Sa Majesté ; ceux-ci sont au nombre de mille ; mains coupées, trois mille ; phallus, trois mille. Le Pharaon, aux pieds duquel on dépose ces trophées, paisiblement assis sur son char, dont les chevaux sont retenus par des officiers, adresse une allocution à ses guerriers ; il les félicite de leur victoire, et prodigue fort naïvement les plus grands éloges à sa propre personne. Sur un autre tableau on voit Sésostris debout sur un trône, haranguant cinq rangs de chefs et de guerriers égyptiens qui conduisent une fonte d’ennemis prisonniers, et ces chefs font une réponse au roi. En tête de chaque corps d’armée, on fait le dénombrement des mains droites coupées aux ennemis morts sur le champ de bataille, ainsi que celui de leurs phallus, sorte d’hommage rendu à la bravoure des vaincus. L’inscription porte à 2535 le nombre de ces trophées sur autant, d’ennemis courageux et vaillants. Tout cela n’empêche pas de dire que partout ce roi se montra humain et modéré, de lui prodiguer les plus nobles épithètes, d’appeler ennemis les peuples chez lesquels il portait le carnage et la dévastation, de traiter de barbares les nations qu’il foulait aux pieds, et de trouver que Cambyse mutila les monuments sacrés d’Héliopolis avec une féroce attention. Cambyse assurément n’est point irrépréhensible, mais Sésostris roi d’une nation dont on nous vante la civilisation, fut plus barbare que lui.

Huit rois perses, y compris Cambyse, dominèrent l’Égypte pendant cent-vingt ans. Le règne de Cambyse sur l’Égypte ne dura que trois années ; son nom égyptien est écrit Kmboth ou Kmbath. Le faux Smerdis, successeur de Cambyse, fut représenté en Égypte par un mage dont l’autorité dura, dit-on, pendant sept mois. Darius, fils d’Hystaspe, régna trente-six ans. Le nom égyptien Darius est Nt-Triouch. Xercès, son fils, en égyptien Schéarcha, lui succéda vers l’an 486, et eut pour successeur son fils Artaxercès, en égyptien Artakhschsech. Vinrent ensuite et successivement Xercès II, Sugdianus, et Darius Nothus.

Vingt-huitième dynastie. Amyrtée, Égyptien originaire de Saïs, placé à la tête d’une insurrection, affranchit sa patrie de la domination persane, régna six ans à compter de l’an 404 avant notre ère, et forma à lui seul cette dynastie.

Vingt-neuvième dynastie, dont le premier roi se nommait Noufrôuthph, en grec Néphéritès. Il était originaire de Mendès ; il succéda à Amyrtée l’an 398, fit un traité d’alliance avec Sparte dans la première année de la quatre-vingt-seizième olympiade ou l’an 395 avant l’ère chrétienne, et ne régna que pendant six années. Son successeur fut Hâkôr, nommé Achoris par les Grecs. La durée du règne d’Achoris est portée à 13 ans par, les listes de Manéthon. Psirnouth, ou Psammuthès, lui succéda, et ne régna qu’un an. Muthis est le nom de son successeur dans les listes de Manéthon ; son règne ne fut aussi que d’une année. Naïfroué, autrement Néphéréus, qui lui succéda, ne régna que quatre mois et fut le dernier roi de la vingt-neuvième dynastie.

Trentième dynastie, originaire de Sebennitus, eut pour premier roi, l’an 377, Nectanèbe, qui régna dix-huit ans, et dont le successeur fut Théos ou Tachus, qui régna deux ans, au bout desquels les Égyptiens se révoltèrent et proclamèrent pour leur roi un autre Nectanèbe, son neveu. Tachos s’enfuit en Perse. Dans la douzième année de son règne, Nectanèbe II fit alliance avec les Si-donjons et les Phéniciens contre les Perses, qui, depuis Darius Nothus, cherchaient à reprendre l’Égypte. Nectanèbe perdit cinq mille hommes dans une affaire avec les Perses ; et bientôt, battu, trahi et détrôné, il ne lui resta d’autre ressource que de s’enfuir avec son trésor en Éthiopie, d’où il ne revint jamais. Il régna dix-huit ans et fut le dernier roi de la 30e dynastie égyptienne, le dernier roi de race égyptienne qui régna sué l’Égypte, et l’asservissement de cette grande et immortelle nation à un sceptre étranger dure encore depuis les malheurs de Nectanèbe c’est-à-dire, depuis vingt et un siècles complets : la nouvelle occupation de l’Égypte par les Perses date de l’an 338 avant l’ère chrétienne. » Page 386. Ainsi fut dès lors et définitivement accomplie la prophétie d’Ézéchiel (Ézéchiel 30.13). M. Champollion-Figeac pense que cette prophétie fut vérifiée à la fin du règne des Lagides en Égypte ; mais c’est à tort, puisque les Lagides étaient Grecs : ils n’étaient point de terra AÉgypti.

Trente et unième dynastie. Ce fut Darius Ochus qui rétablit l’autorité des Perses en Égypte. Elle avait échappé à ce joug des Barbares pendant soixante-cinq ans. Cet intervalle est exactement donné par les listes des règnes des rois de Perse, et par colles des rois égyptiens assez heureux pour leur avoir résisté avec un plein succès. Le Pharaon Amyrtée rétablit en effet l’administration égyptienne à la mort de Darius À ce prince succédèrent sur le trône de Perse Artaxercès II dont le règne fut de 46 ans selon le canon des rois, placé en tête de la Grande Composition de Ptolémée, et Ochus, qui rétablit l’autorité persane en Égypte dans la vingtième année de son règne, ce qui arriva quelques mois après l’accomplissement de la soixante-cinquième année depuis la mort de Darius II et l’avènement d’Amyrtée : or Amyrtée et ses successeurs, formant la 28e, la 29e et la 30e dynastie égyptienne, ont régné ensemble 65 ans et 4 mois. Les rapports remarquables de ces deux supputations exigent que le règne du dernier Pharaon qui occupa le trône d’Égypte, Nectanèbe II soit porté à 18 ans, comme le veulent les listes de Manéthon, selon Jules l’Africain…

Vainqueur de Nectanèbe II à la bataille de Péluse, Ochus remit les troupes persanes en possession de l’Égypte, et lui donna Ferendate pour satrape ; il la dépouilla de ses richesses et en composa le trophée de sa victoire. Le nom du roi perse, écrit Olcouch, existe néanmoins dans une inscription hiéroglyphique avec une date qui, dépassant la vingtième année, est évidemment comptée de son avénement au trône de Perse. Il l’occupait en effet depuis vingt ans lorsqu’il remit l’Égypte sous son obéissance ; cette vingtième année fut la-première de son règne eu Égypte ; il mourut l’année d’après : Manéthon n’a donc dû donner que deux ans au règne d’Ochus en Égypte. Manéthon nomme comme son successeur Arsès, son fils, qui régna aussi deux années, et dont les monuments égyptiens, à notre connaissance, n’ont fait aucune mention. Il en est de même du dernier roi des Perses, de l’infortuné Darius III ; il régna 4 ans sur l’Égypte comme sur le reste du vaste empire des Perses. Mais cet empire s’écroulait de toutes parts : Alexandre le Grand étant désigné par la Providence comme le vengeur des peuples subjugués par le grand Cyrus, et comme son héritier, mais temporaire. Ce jeune héros ne connut pour bornes à ses victoires que les mers impraticables ou les déserts. Il tra, versa toute l’Asie et pénétra dans l’Inde ; il détruisit l’empire des Perses et en hérita. L’Égypte fut pour lui une conquête facile.

L’Égypte, soumise à un sceptre de fer, au despotisme intolérant de l’Asie, reçut Alexandre comme un libérateur. Il y établit son autorité en l’an 332 avant l’ère chrétienne. Huit années après, en l’an 324, Alexandre mourut à Babylone, au centre de ses conquêtes ; les dieux, qui l’avaient comblé de taus les biens, de toutes les gloires humaines, ne le préservèrent pas du poison des hommes ou de celui de l’intempérance. Ainsi la domination de fait ou de droit des Perses dura, en Égypte, autant de temps que l’empire de Cyrus dans les mains de ses successeurs, depuis Cambyse jusqu’à la mort de Darius III. [Voyez Lapides].