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Gog
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Gog et Magog. Nous ne séparons pas ces deux noms, parce que l’Écriture les joint pour l’ordinaire (Ézéchiel 38.2-3 ; 39.1-2 ; Apocalypse 20.7). Moïse (Genèse 10.2) parle de Magog, fils de Japhet ; mais il ne parle pas de Gog. Gog était prince de Magog, selon Ézéchiel. Magog signifie le pays, ou le peuple ; et Gog, le roi de ce pays. Nous avons fait voir sur la Genèse que la plupart des anciens faisaient Magog père des Scythes ou des Tartares, et que plusieurs interprètes trouvaient beaucoup de traces de leur nom dans les provinces de la grande Tartarie ; comme dans les provinces de Lug et de Mungug, de Cangigu et Gingui, dans les villes Gingui et de Cugui, de Corgangui et de Caigui.

D’autres ont cru que les Perses étaient les descendants de Magog. Suidas et Cédrène disent qu’on les nomme encore Magog dans leur pays. On y trouve des peuples nommés Magusiens, et des philosophes appelés Mages.

Quelques-uns se sont imaginé que les Goths étaient descendus de Gog et de Magog, et que les guerres décrites par Ézéchiel, et entreprises par Gog contre les saints, ne sont autres que celles que les Goths firent au siède cinquième contre l’empire romain.

Bochart a placé Gog aux environs du Caucase. Il dérive le nom de cette fameuse montagne de l’hébreu Gogchason, forteresse de Gog. Il montre que Prométhée attaché au Caucase par Jupiter n’est autre que Gog. On connaît au midi du Caucase le Gogarène, province d’Ibérie.

Enfin la plupart croient, avec beaucoup de fondement, que Gog et Magog marqués dans Ézéchiel et dans l’Apocalypse se doivent prendre dans un sens allégorique, pour des princes ennemis des saints et de l’Église. Ainsi plusieurs prennent Gog d’Ézéchiel pour Antiochus Épiphane, persécuteur des Juifs attachés à leur religion ; et celui qui est marqué dans l’Apocalypse, pour l’Antechrist, ennemi de l’Église et des fidèles. Nous avons essayé, dans une dissertation imprimée à la tête d’Ézéchiel, de faire voir que Gog était le même que Cambyse, roi des Perses ; et sur l’Apocalypse, nous avons prétendu que Gog et Magog désignent tous les ennemis qui persécuteront l’Église jusqu’à la fin des siècles.

Les Arabes appellent les descendants de Gog et de Magog, Jagiouge et Magiouge, et croient qu’ils habitent les pays les plus septentrionaux de l’Asie, au delà des pays des Tartares et des Sciaves, ou des Sclavons, nommés Chalybes par les anciens. Il y a apparence que Gog et Magog, selon l’idée des Arabes, habitaient autrefois les montages des Hyperboréens, et que c’est eux-mêmes que les anciens ont connus sous ce nom : car ils racontent qu’un nommé Salam, qui y fut envoyé par Vasek, neuvième calife du Corasan, de la race des Abassides, l’an de Jésus-Christ 842, fut deux ans à faire ce voyage, et qu’étant de retour après ce long terme, il rapporta qu’à trente-six journées de la mer Caspienne, tirant vers le, nord, il trouva enfin les villes des Hyperboréens, qui n’étaient plus que des masures sans habitants ; et à vingt-sept jours de là, il vit la ville de Hasna, ainsi nommée par les Arabes, à cause de son assiette presque inaccessible. On voyait assez près de ce fort les restes du fameux rempart bâti autrefois par Alexandre le Grand, pour empêcher les nations barbares du septentrion de faire des irruptions dans le cœur de l’Asie. Salam se fit porter en cet endroit : car il n’était accessible à aucune voiture, ni à aucune monture, et il eut la satisfaction d’y trouver tout ce que les anciennes relations en disaient.

Les anciens peuples de Gog et Magog habitaient, dit-on, dans ces montagnes, où l’on ne pouvait arriver qu’avec des difficultés presque insurmontables. Il fallait employer dix-sept jours à monter et à descendre par des pays extrêmement raboteux, avant que d’y arriver : tout ce qu’on y portait, se voiturait sur le dos des hommes, ou des chèvres, qui sont très-grandes en ce pays-là. Les peuples qui y demeuraient étaient si peu sociables, qu’on n’a jamais pu tirer d’aucun d’entre eux la moindre connaissance de ce qui regarde cette nation ou ce pays. C’est ce qu’on lit dans les auteurs arabes touchant le pays de Gog et de Magog. Cette nation est certainement très-fameuse dans l’antiquité ; mais on ignore son ancienne demeure. Nous ne doutons pas qu’ils n’aient été du nombre des Scythes, et qu’ils ne soient confondus dans les grands et petits Tartares, et peut-être dans les Moscovites et les autres peuples du Nord. Mais comme ces peuples n’ont point d’anciens historiens, on ignore absolument leur histoire.