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Aaron
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Fils d’Amram et de Jocabed, de la tribu de Lévi, naquit l’an du monde 2430, 1570 avant Jésus-Christ, et 1574 ans avant l’ère vulgaire, qui n’est que 4 ans après la véritable année de la naissance de Jésus-Christ. Cette remarque servira pour toute la suite de cet ouvrage. Il était plus âgé de trois ans que Moïse (Exode 7.7), étant né l’année de l’édit de Pharaon, qui ordonnait aux Hébreux de noyer tous les enfants mâles qui leur naîtraient (Exode 1.22). Dieu s’étant manifesté à Moïse dans le buisson ardent, et lui ayant déclaré la résolution qu’il avait prise de tirer par son moyen les Israélites de l’oppression des Égyptiens, Moïse s’excusa sur la difficulté de cette entreprise et sur une difficulté naturelle qu’il avait de parler (Exode 4.10-14, 15) mais Dieu lui dit qu’Aaron, son frère, serait son prophète, son interprète qu’il porterait la parole, et parlerait à Pharaon. L’Écriture ne dit rien de la vie d’Aaron jusqu’à cette époque ou Dieu l’associe h la mission de Moïse. Alors il était Agé de quatre-vingt-trois ans. En même temps le Seigneur inspira à Aaron de venir au-devant de Moïse, qui quittait l’Arabie, ou le pays de Madian, pour revenir en Égypte. Aaron s’avança jusqu’à la montagne sainte (Exode 4.27, An du monde 2513, avant Jésus-Christ 1487, avant l’ère vulgaire 1491). Moïse lui raconta tout ce que le Seigneur lui avait dit, et ils revinrent ensemble en Égypte.

Alors ils assemblèrent les anciens des enfants d’Israël, et leur firent savoir que le Seigneur voulait les tirer de l’esclavage où ils gémissaient. En même temps ils allèrent se présenter devant Pharaon, lui exposèrent les ordres qu’ils avaient reçus du Seigneur, et firent en sa présence les prodiges que Dieu leur avait ordonné de faire. Mais ce prince endurcit son cœur, les fit sortir de sa présence, et ordonna à ses officiers de ne plus fournir la paille aux Hébreux qui travaillaient aux briques. Ce qui ayant jeté les Hébreux dans une espèce de désespoir, ils s’en plaignirent amèrement à Moïse et à Aaron. Mais Dieu les rassura, et leur promit qu’il surmonterait la résistance des Égyptiens et l’endurcissement de Pharaon par tant de fléaux et de prodiges, qu’enfin ils seraient contraints de renvoyer les Hébreux. C’est ce qui arriva en effet, comme on le verra dans l’article de Moïse.

Pendant le voyage du désert, Aaron fut désigné de Dieu pour exercer son sacerdoce dans le tabernacle, lui et ses fils, à perpétuité. Il fut toujours regardé dans l’armée d’Israël comme le second après Moïse. Lorsque les Amalécites attaquèrent les Israélites, Moïse monta sur une montagne avec Aaron et Hur ; et pendant que Josué combattait dans la plaine, et que Moïse élevait ses mains en haut sur la colline, Aaron et Hur lui soutenaient les bras, afin qu’il ne se lassât point.

Moïse étant monté sur la montagne pour recevoir la loi du Seigneur, après la ratification de l’alliance qu’il venait de faire avec Israël, Aaron et ses fils, et les soixante-dix anciens d’Israël y montèrent aussi, mais non pas jusqu’au sommet, et ils virent le lieu où était le Seigneur, sans qu’il leur en arrivât aucun mal. Mais pendant les quarante jours que Moïse y demeura, le peuple ennuyé d’une si longue absence, s’adressa en tumulte à Aaron, et lui dit : Faites-nous des dieux qui marchent devant nous ; car pour ce Moïse qui nous a tirés de l’Égypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé. Aaron, troublé apparemment par la résolution de ce peuple, leur dit de lui apporter leurs pendants d’oreilles, et ceux de leurs femmes et de leurs enfants et lorsqu’on les lui eut apportés, il les jeta en fonte, et en forma un veau d’or, à l’imitation du bÅ“uf Apis, que les Égyptiens adoraient, et que la plupart des Hébreux avaient aussi adoré dans l’Égypte. Ils le placèrent sur un piédestal, lui offrirent des sacrifices, et se mirent à danser et à se réjouir, autour de cette idole, en disant : Israël, voilà vos dieux qui vous ont tiré de l’Égypte.

Le Seigneur avertit Moïse du crime qu’avaient commis les Israélites. Moïse descendit ayant dans ses mains les tables de la loi gravées de la main de Dieu même ; et approchant du camp, lorsqu’il vit ce qui s’y passait, il jeta les tables par terre, les brisa, reprocha au peuple sa prévarication, et à Aaron sa faiblesse. Aaron s’excusa le mieux qu’il put, s’humilia de sa faute ; et Dieu lui conserva le sacerdoce. Après l’érection du tabernacle, il fut consacré par les mains de Moïse, avec l’onction sainte, et il fut revêtu des ornements sacrés de sa dignité. Moïse lui mit d’abord une espèce de petit caleçon d’un lin tissu fort épais [Voyez Caleçon], et par-dessus une tunique de fin lin double, et solide, sur la tunique, une longue robe couleur de bleu céleste, au bas de laquelle était une bordure ornée de sonnettes d’or et de pommes de grenade de fils de différentes couleurs, placées à l’alternative, une sonnette, et puis une grenade [Voyez Clochettes]. Il portait par-dessus cette robe une ceinture de différentes couleurs, travaillée avec l’art du brodeur. C’est ce que l’Écriture appelle Éphod (Exode 25.7). Cet Éphod ou cette ceinture consistait en deux rubans d’un ouvrage exquis, qui, descendant de dessus les épaules, venaient se croiser sur l’estomac, et faisaient ensuite le tour du corps, et servaient de ceinture à la robe du grand-prêtre. À l’endroit où les rubans de l’Ephod se réunissaient sur la poitrine, on voyait ce que l’Écriture appelle le Rational ou le Pectoral. C’était une pièce carrée, large de dix pouces, d’un ouvrage de broderie assez épais et assez solide, dans lequel étaient enchâssées douze pierres précieuses, sur chacune desquelles était gravé le nom d’une des tribus d’Israël.

Au-dessus des deux épaules du grand-prêtre, étaient deux pierres précieuses, sur chacune desquelles était gravé le nom de six tribus d’Israël. Le bonnet du grand-prêtre était une espèce de mitre, liée par le bas sur le front du prêtre par une couronne, dont la partie de devant était composée d’une lame d’or, où étaient écrits ces mots : La sainteté est au Seigneur ; et elle se nouait par derrière avec un ruban. Il portait aussi sur sa poitrine l’urim et thummim, qui étaient ou les pierres mêmes du rational, ou quelques figures hiéroglyphiques, ou quelques autres ornements attachés au rational, et par le moyen desquels le Seigneur avait promis au grand-prêtre de lui découvrir ses volontés.

Aaron et Marie, sa sÅ“ur, ayant un jour murmuré contre Moïse, à l’occasion de Séphora, femme de Moïse, qui était Chusite, ou plutôt Madianite et native du pays de Chus dans l’Arabie Pétrée, sur la mer Rouge ; Marie fut aussitôt frappée de lèpre. Ce châtiment ayant fait ouvrir les yeux à Aaron, il reconnut sa faute et demanda pardon à Moïse pour lui et pour sa sÅ“ur. Quelque temps après, Coré, Dathan et Abiron se soulevèrent contre Moïse et Aaron. Coré prétendait que le sacerdoce ne lui appartenait pas moins qu’à Aaron, puisqu’il était comme lui de la tribu de Lévi ; et Dathan et Abiron étant de celle de Ruben, voulaient partager avec Moïse la souveraine autorité et le gouvernement du peuple. Dieu fit éclater sa colère contre ces rebelles ; et la terre s’étant ouverte, les engloutit avec ceux de leur faction. Aussitôt un feu sortit du tabernacle, consuma 250 Lévites complices de Coré, qui avaient eu la hardiesse de vouloir offrir, de leur chef, l’encens au Seigneur. Moïse ordonna que l’on ramassât les 250 encensoirs de ces conjurés et qu’on les réduisit en lames, que l’on attacha à l’autel des holocaustes pour servir de monument de ce qui était arrivé.

Le lendemain le peuple s’étant mis à murmurer contre Moïse et Aaron, le Seigneur fit sortir un feu de la terre qui prit au camp et consuma une partie du peuple. Mais Aaron, étant accouru avec son encensoir, se mit entre les vivants et les morts et arrêta l’incendie. Dieu fit encore un nouveau miracle pour lui assurer le sacerdoce ; car, Moïse ayant pris douze verges des chefs des douze tribus d’Israël et la verge d’Aaron séparément, il les mit dans le tabernacle d’alliance, ayant fait écrire sur chacune d’elles le nom de la tribu à qui elle appartenait, et sur celle d’Aaron le nom de ce grand-prêtre. Le lendemain lorsqu’on tira toutes les verges, on trouva celle d’Aaron qui était de bois d’amandier fleurie et chargée de feuilles, et toutes les autres dans le même état que le jour précédent. Cette verge fut mise au dedans ou à côté de l’arche, pour perpétuer le souvenir de ce prodige. Depuis ce temps, Aaron exerça paisiblement son sacerdoce.

Il avait épousé Élisabeth, fille d’Aminadab, de la tribu de Juda (Exode 6.23), dont il eut quatre fils, Nadab, Abiu, Eléazar et lthamar. Les deux premiers furent tués par une flamme envoyée du Seigneur, pour avoir voulu offrir l’encens avec un feu étranger, dont ils avaient rempli leurs encensoirs. Les deux autres continuèrent la race des grands-prêtres dans Israël. Aaron et Moïse n’ayant pas témoigné assez de confiance au Seigneur, lorsqu’il leur dit de frapper le rocher à Cadès, Dieu dans sa colère leur dit qu’ils n’entreraient point dans la terre promise ; et en effet peu de temps après, le Seigneur ordonna à Aaron de monter sur la montagne de Hor, au pied de laquelle les Hébreux étaient campés, et de s’y réunir à ses pères. Lorsqu’il y fut monté, il s’y dépouilla à la vue de tout le peuple, de ses ornements pontificaux, et en revêtit Eléazar, son fils aîné, et son successeur dans le pontificat. Après cela il mourut, L’an du monde 2552, avant Jésus-Christ 1148, avant Père vulgaire 1452, âgé de cent vingt-trois ans, et fut enterré par Moïse et par ses fils dans une caverne de cette montagne. Tout Israël le pleura pendant trente jours.

L’auteur de l’Ecclésiastique fait en ces termes l’éloge d’Aaron : « Le Seigneur a élevé Aaron frère de Moïse, et a fait avec lui une alliance éternelle. Il lui a donné le sacerdoce de son peuple et l’a comblé de bonheur et de gloire ; il l’a ceint d’une ceinture d’honneur ; il l’a revêtu d’une robe de gloire et l’a couronné d’un appareil plein de majesté. Il lui a donné la robe traînante, les culottes et l’Ephod : il a mis autour de sa robe un grand nombre de sonnettes d’or, afin qu’en marchant il fit du bruit, qui fût un avertissement pour les enfants de son peuple. Il lui a donné un vêtement saint, tissu d’or, d’hyacinthe et de pourpre, où étaient enchâssées douze pierres gravées par un excellent lapidaire, pour lui remettre en mémoire les douze tribus d’Israël. Il avait sur sa tête une couronne d’or, ou était gravé le nom de la sainteté. Il n’y eut jamais avant lui de vêtement si magnifique, et nul étranger ne s’en est revêtu ; mais seulement ses fils et les enfants de ses fils, dans la suite de tous les âges. Ses sacrifices étaient consumés par le feu deux fois chaque jour.

Moïse le consacra, lui remplit les mains et lui donna l’onction sainte qui fut comme un gage de l’alliance que Dieu fit avec lui et avec sa race. Il le choisit entre tous les vivants, afin qu’il lui offrît les sacrifices, l’encens et la bonne odeur. Il lui donna l’autorité pour faire observer ses préceptes, ses volontés et son alliance, pour enseigner à Jacob ses ordonnances, et pour donner à Israël l’intelligence de la loi. Les étrangers se sont soulevés contre lui ; les partisans de Dathan et d’Abiron, et la faction furieuse de Coré, sont venus fondre sur lui par un mouvement d’envie. Le Seigneur votre Dieu les vit, et ce dessein ne lui plut pas. Ils furent consumés par l’impétuosité de sa colère ; il les punit d’une manière inouïe, et la flamme du feu les dévora. Il augmenta encore sa gloire, en lui donnant pour héritage les prémices des fruits de la terre, et les sacrifices qui s’offrent au Seigneur. Mais il ne doit point hériter de la terre des nations, parce que le Seigneur est lui-même sa part et son héritage Â» [« Jamais, peut-être, deux frères, dit M. Coquerel, n’ont eu des caractères aussi différents, n’ont été moins égaux en génie et en gloire qu’Aaron et Moïse. Le premier était un homme simple, sincère et bon, mais faible et timide ; l’humble docilité avec laquelle il attend toujours avant d’agir les ordres et les conseils de son frère, moins âgé que lui, montre qu’il reconnaissait son infériorité ; son cÅ“ur est resté fermé à l’envie ; c’est là peut-être son plus grand éloge. Mais abandonné à lui-même, il s’égare ; son manque de fermeté l’a seul entraîné à devenir pour un jour le prêtre d’une idole, sans vouloir cesser d’être celui de l’Éternel ; il a été jaloux, comme il a été idolâtre, à l’instigation d’autrui et pour un moment. Cet homme si faible est admirable à la mort de ses fils, parce que c’est un malheur domestique à supporter, et non un devoir public à remplir ; son silence alors est sublime ; c’est le comble de la résignation, sans orgueil et sans désespoir ; les esprits faibles sont mieux instruits par les épreuves que par les triomphes, et la vision sur le mont Sinaï a moins sanctifié le cÅ“ur d’Aaron que la perte de ses deux enfants. Digne d’occuper la seconde place, il était incapable de remplir la première ; et si Moïse n’avait été législateur, jamais Aaron n’aurait été pontife. Son nom accompagne partout dans l’Écriture les mentions de la race sacerdotale, et souvent celles de la tribu de Lévi ; il serait inutile de charger la page de ces citations sans intérêt. Josué et Samuel, dans leurs derniers discours au peuple, ont joint son souvenir à celui de Moïse ; les Psaumes le rappellent, en parlant des prodiges et des bienfaits de la sortie d’Égypte, ou des institutions du culte. Il n’est nommé qu’une fois dans les Prophètes (Michée 6.4) et une fois dans les Actes (Actes 8.40) Saint Paul rend témoignage à sa vocation, établit la différence de la sacrificature du Christ et de la sienne, et cite le prodige du rameau fleuri conservé dans le lieu très-saint (Hébreux 5.4) Â»]

Saint Paul dans l’Épître aux Hébreux, chapitre 5 à 10, fait la comparaison du sacerdoce d’Aaron avec celui de Jésus-Christ et de la loi nouvelle, et fait voir la supériorité du sacerdoce nouveau au-dessus de l’ancien. Nous donnerons la liste des grands-prêtres successeurs d’Aaron, et nous parlerons des droits, des prérogatives et des devoirs des prêtres hébreux, sous le mot Prêtre. Pour la vie d’Aaron on peut voir l’Exode, le Lévitique et le livre des Nombres où sa mort est racontée.

Les Hébreux marquent le jour de la mort d’Aaron, et le jeûne qu’ils observent à ce sujet, au premier jour de leur cinquième mois, qu’ils nomment Ab, et qui revient à-peu-près à notre mois de juillet, en commençant l’année à Pâque. À leur imitation l’Église chrétienne a fixé la fête de ce patriarche au premier de juillet, persuadée que par sa pénitence il a expié la faute qu’il fit, en permettant aux Israélites d’adorer le veau d’or, et la défiance qu’il témoigna aux eaux de contradiction. Ce culte n’est pas nouveau, puisqu’on trouve son décès sur le mont Hor marqué dans les premiers martyrologes du nom de saint Jérôme, et dans ceux d’Adon, d’Usuard, et les plus modernes.

Le sépulcre d’Aaron est demeuré jusqu’ici inconnu aux hommes. L’Écriture dit en un endroit qu’Aaron mourut à Mosera Deutéronome 10.6 ; et ailleurs qu’il mourut sur le mont Hor (Nombres 33.38) c’est qu’apparemment, le mont Hor était voisin du campement de Mosera, où était le peuple lorsque Dieu appela à lui le grand-prêtre Aaron : il mourut entre les bras de Moïse son frère, et d’Eléazar son fils et successeur dans la grande sacrificature. Ils lui donnèrent la sépulture dans quelque caverne de cette montagne, et tinrent caché aux Israélites le lieu où ils l’avaient mis, peut-être de peur qu’ils ne lui rendissent à l’avenir quelque culte superstitieux, ou que les Arabes, au milieu desquels ils étaient, ne violassent dans la suite la sainteté de son tombeau [Dieu avait choisi le sommet du mont Hor, pour qu’Aaron mourût en vue de tout le peuple ; ce fait, accompli dans des circonstances solennelles, dut rester dans la mémoire des Hébreux et s’étendre chez les Arabes. Ces derniers, en effet, nomment sépulcre d’Aaron un monument qui existe sur le mont Hor. Les voyageurs en font mention. M. Léon Delahorde, se rendant de Pétra au Sinaï, a fait les remarques suivantes, qui concordent avec les faits racontés par l’historien sacré : « Sur la gauche, dit-il, en remontant vers le milieu, s’étend la Ouadi-Araba, longue plaine de sable qui descend de la mer Morte à la mer Rouge, dans une direction régulière et continue. On doit reconnaître dans cette disposition le lit d’un fleuve et celui du Jourdain avant l’éruption volcanique qui forma le bassin actuel de la mer Morte. Sur la rive droite, à l’ouest, s’y joint la Ouadi-Gehb, vallée par laquelle les Fellahs de Pétra se rendent à Gaza. En appuyant à l’Est, on remarque, au milieu d’une petite plaine, le rocher isolé, appelé El Aase, surmonté d’un tombeau. Plus à droite, un rocher élevé, formant comme le premier rempart aux abords de Pétra, s’élève en forme de tour : un autre le domine. En suivant la même direction, on rencontre le mont Hor, le plus haut rocher de la contrée, au sommet duquel est construit le tombeau d’Aaron… Les Arabes, si fidèles dans leurs traditions, vénèrent encore aujourd’hui, en haut de cette montagne, le tombeau du prophète Haroun. Burchardi prit le prétexte d’un vÅ“u qu’il avait fait de sacrifier une chèvre à ce santon pour entreprendre le voyage de Ouadi-Mousa ; mais son conducteur refusa de le conduire plus loin que cette plaine, et force lui fut de consommer son sacrifice en bas de la montage. Un vieil Arabe qui sert de gardien à ce lieu vénéré, habite au haut du rocher, et reçoit les visites des habitants de Gaza et des Fellahs de Ouadi-Mousa, qui, s’y rendent quelquefois dans un but religieux, mais le plus souvent pour cultiver quelques portions de terre végétale, que les terrasses du rocher offrent à l’industrie des hommes dans une contrée aussi aride (Léon de Laborde, Voyage de l’Arabie Pétrée, in-f). Â» Voyez Hor].

Ceux qui ont recherché avec plus de soin les rapports de ressemblance que l’histoire sacrée fournit, comparée avec la fable, remarquent plusieurs traits de conformité entre Aaron et Mercure. Ce faux dieu était, dit-on Égyptien, enfant du Nil, pasteur, dieu des pasteurs, des voyageurs et des marchands, messager et interprète des dieux : on le dépeint avec une verge miraculeuse, enveloppée de serpents ; on lui attribue une science extraordinaire ; le don de prédire l’avenir et d’interpréter les songes : on l’adore comme le dieu des chemins, des maisons, des voleurs, des joueurs d’instruments : on lui attribue l’invention de la lyre.

Aaron était né en Égypte, avait fait comme ses pères le métier de pasteur, était avec Moïse, son frère, à la tête du peuple d’Israël, qui était une nation de voyageurs dans le désert. Il fut établi de Dieu même pour être la langue et l’interprète de Moïse, et le messager de Dieu envers Pharaon et les Égyptiens (Exode 7.1-2) Le caducée de Mercure, environné de serpents, désigne la verge miraculeuse qu’Aaron jeta devant Pharaon et qui fut changée en serpent. Le caducée, miraculeux instrument de mille merveilles, ne représente qu’imparfaitement le nombre des miracles opérés dans l’Égypte et dans le désert par le moyen de la verge de Moïse, que ce législateur mit entre les mains de son frère. Les dons de science et de prophétie attribués à Mercure, sont le symbole des faveurs que Dieu avait faites à Aaron, et qu’il communiqua même à ses successeurs dans le souverain pontificat, à qui il accorda le privilège de porter l’Urim et Thummim, qui était comme un oracle toujours présent dans Israël. La lyre, la flûte, les instruments de musique, les trompettes sacrées étaient le partage des prêtres et des lévites israélites. Il était réservé à eux seuls de s’en servir dans le temple et dans les assemblées de religion. Le vol prétendu que les Hébreux, prêts à se mettre en voyage, firent aux Égyptiens de ce qu’ils avaient de plus précieux, a pu contribuer à faire confondre Aaron avec Mercure, le dieu des chemins et des voleurs. Mercure conduit les morts en enfer et les en tire quand il plaît aux dieux : Aaron et Moïse conduisirent les Hébreux dans le lit de la mer Rouge et les en tirèrent miraculeusement comme du tombeau. Coré, Dathan et Abiron engloutis dans la terre avec toute leur faction à l’occasion de leur révolte contre Aaron, peuvent encore avoir occasionné ce qu’on dit de Mercure. Enfin Mercure, dieu de l’éloquence ; est figuré par Aaron, dont il est dit (Exode 4.14-16) Je sais qu’Aaron, votre frère, est homme éloquent, il viendra au devant de vous, parlez-lui et mettez mes paroles dans sa bouche : Je serai dans votre bouche et dans la sienne ; il parlera pour vous au peuple et il sera votre bouche, ou votre interprète.

Il paraît que les poètes ne se sont pas bornés à copier leur Mercure sur le frère de Moïse. Delort de Lavaur s’est attaché à montrer que, sur l’histoire d’Aaron, ils ont aussi calqué la fable de Phaéton. Après avoir rappelé qu’ils font communément Phaéton fils du Soleil, il ajoute : « Quelques auteurs, comme Hésiode, dans sa Généalogie des dieux, après lui Pausanias, dans ses Attiques, et Hygin dans ses Fables, le font fils de l’Aurore et petit-fils du Soleil. Â» Il fait remarquer ensuite que le nom de Phaéton est aussi un nom ou une épithète du soleil même, et continue en ces termes :

« Quand on lit dans cette fable célèbre que Phaéton, pour avoir voulu conduire le char du Soleil son père ou son aïeul, fut brûlé d’un coup de foudre par Jupiter, et qu’au milieu d’un grand embrasement qu’il causa, il fut précipité dans l’Eridan, on conçoit aisément que les poètes ont voulu enseigner par cet exemple combien les projets téméraires de l’ambition sont dangereux et pernicieux à ceux qui s’y abandonnent, et souvent à bien d’autres que ceux-ci entraînent et enveloppent dans leur ruine. On le voit, pour insinuer cette morale, dans les emblèmes d’Alciat (n° 56). Mais on ne saurait comprendre qu’une fiction si extravagante eût pu tomber dans l’imagination de ceux qui ont voulu donner cette leçon, pour laquelle ils pouvaient employer ou composer assez d’aventures naturelles et vraisemblables ; ni que celle-là eût été suivie et adoptée si généralement qu’elle l’a été, si elle n’avait eu quelque fondement dans des traditions et des histoires véritables, altérées à l’ordinaire par le temps et par la diversité des peuples et des auteurs. Lucien a fait sur ce sujet un dialogue entre Jupiter et le Soleil, pour faire voir, suivant son génie, le ridicule et de la Fable et des dieux. Diodore de Sicile la rapporte pour la réfuter ; et, après lui, Strabon fait aussi voir que dans les lieux dont elle a fait la scène de cette catastrophe et de ses suites, il n’y a rien qui puisse lui servir de fondement. Les premières traditions ont bien pu être ainsi altérées et défigurées, mais non pas être entièrement effacées jusque dans leur fond, par les ornements et le merveilleux que la liberté et la magnificence poétiques ont tâché d’y répandre. Â»

Afin d’en démêler l’origine dans l’Histoire sainte, il rappelle que les descendants de la tribu de Lévi furent destinés au service du temple et du tabernacle sous Aaron et ses enfants préposés à la tête des autres lévites, et que par-dessus tous Aaron fut établi grand sacrificateur et souverain prêtre. Après quoi il parle comme il suit de la partie intérieure du Tabernacle, appelée le Saint des Saints :

Les colonnes, les tables, les vases, le chandelier, les lampes et les chérubins d’or, d’un ouvrage au-dessus du prix de la matière, ornaient ce saint lieu ; les voiles et les tapisseries, dont il était couvert, y brillaient des plus belles couleurs de pourpre, d’hyacinthe et d’écarlate, travaillées avec l’art le plus exquis ; elles le rendaient si éclatant, que les poètes n’ont su rien dépeindre de plus brillant quand ils ont épuisé leur imagination pour les descriptions du palais du Soleil et des charmes de l’Aurore. Cet endroit auguste, qui était dans le milieu du Tabernacle, représentait le ciel où Dieu habite, d’où effectivement il parlait et rendait ses oracles, et qui était souvent éclatant et couvert de sa gloire : Lorsqu’on découvrait le tabernacle, ceux qui le voyaient de loin croyaient voir le ciel, dit Josèphe (Histoire des Juifs, livre 3 chapitre 5 et 8). Les autres parties, continue-t-il, qui étaient ouvertes, représentaient le ciel et la terre avec leurs ornements. Les douze mois de l’année, les douze signes du zodiaque, les sept planètes, les quatre éléments y étaient figurés ; les éclairs et les tonnerres y étaient aussi représentés, tout, en or, ou en argent, ou en pierreries.

Les habits du grand-prêtre surpassaient encore en richesse, en pierreries, et par l’art dont tout était mis en Å“uvre, toute la somptuosité de ce saint lieu. L’éphod et le rational, qui faisaient un troisième vêtement que le grand sacrificateur portait sur sa poitrine, attachés par une grosse pierre précieuse sur chaque épaule, étaient garnis de douze pierres inestimables, émeraudes, diamants, escarboucles et autres, qui paraissaient jeter du feu, et répandaient une lumière dont l’éclat éblouissait. Toute la nature, dit encore Josèphe, y était aussi figurée : la terre, la mer, le soleil et la lune, les douze mois, la lumière, le ciel et la majesté de Dieu. C’est ce qu’on voit décrit dans l’Exode, et dans Josèphe (Histoire des Juifs, livre 3 chapitre 5 à 8) qui en était bien instruit, étant lui-même de la race des sacrificateurs, et qui en donne précisément toutes les explications que nous venons de rapporter.

Cela donne si naturellement l’idée du palais et du char du Soleil, qu’il n’est pas difficile de l’y prendre ; aussi trouve-t-on les mêmes images employées dans la description pompeuse qu’Ovide en fait. Ayant ramassé tout ce qu’on en avait pu dire, il n’ajoute rien de considérable à ce que nous venons de voir, soit qu’il ait puisé ces idées dans Moïse même, soit qu’il les ait prises ou reçues d’ailleurs. Ce palais, dit ce poète, élevé sur de hautes colonnes, est brillant d’or, d’argent et de pierreries qui semblent jeter du feu. L’ouvrage néanmoins en est plus précieux que la matière. On y voit gravées la terre et la mer, avec ce qu’elles contiennent, et le ciel au-dessus orné de ses signes. Les jours, les mois, les années avec les heures y sont représentés en pierres précieuses ; on y a aussi gravé les quatre saisons : tout y est or, ou argent, ou pierreries, qui augmentent la lumière qu’elles reçoivent. Il n’y a pas non plus oublié les charmantes couleurs de l’Aurore.

L’élévation si distinguée d’Aaron et de sa famille, leur attira la jalousie des autres membres de la même tribu, et même des autres tribus. Ceux qui n’osaient pas se mettre à la tête d’un soulèvement, piquèrent ceux qui leur paraissaient les plus ambitieux et les plus hardis. Coré, dont le père Isaar était frère d’Amram père d’Aaron (l’un et l’autre petits-fils de Lévi), et Dathan et Abiron, frères, fils d’Éliab, qui descendait de Ruben, frère aîné de Lévi. Faites voir, disait-on au premier, si vous voulez qu’on le croie, que vous êtes de la race de Lévi ; et vous, disait-on aux deux autres, que vous descendez du frère aîné de Lévi. Ces jeunes hommes, comme il est rapporté au livre des Nombres (Nombres 16), sensibles à des reproches qui piquaient si vivement leur orgueil, s’abandonnèrent à la présomption de s’élever aussi haut qu’Aaron, et d’entreprendre les fonctions permises à lui seul, en offrant également les encensements au Seigneur. Ils le demandèrent avec hauteur et s’y disposèrent ouvertement, sans que Moïse pût les en détourner, quoiqu’il leur représentât de toute sa force les ordres de Dieu, qui ne permettaient ces fonctions qu’au seul grand-prêtre qu’il y avait établi, et menaçaient de perdre ceux qui voudraient les usurper.

Ils n’eurent pas mis tous trois le feu et l’encens dans les encensoirs, que la terre s’ouvrit sous leurs pieds et les engloutit dans un profond abîme avec leurs femmes et leurs enfants, d’où ils furent précipités vivants dans l’enfer qui s’ouvrit pour les recevoir. Il en sortit en même temps une grande flamme, allumée par le Seigneur, qui, se répandant aux environs, consuma de plus deux cent cinquante hommes qui s’étaient joints à ces trois premiers. L’embrasement s’étendit ensuite si fort, que quatorze mille sept cents de ce peuple y furent enveloppés et y périrent ; le surplus en fut sauvé par les prières de Moïse et d’Aaron, et par les encensements que celui-ci fit au milieu de toute la multitude : on vit aussitôt s’éteindre ce grand embrasement qui paraissait devoir tout consumer. Voilà l’exposition de l’Histoire sainte.

Quelque temps auparavant, les enfants même d’Aaron, Nadab et Abiu, pour avoir mis, à l’insu de leur père, dans leurs encensoirs, du feu, qui n’avait pas été pris sur l’autel, et avoir offert au Seigneur de l’encens jeté sur ce feu, contre les défenses qui leur étaient faites, furent sur-le-champ consumés par un feu du ciel. Ce sont là les textes de l’Écriture, qui ont servi et suffi aux poètes pour en composer, avec les autres secours de leur imagination, la fable de Phaéton.

Ce qui peut encore avoir contribué à donner cette idée, et qui marque même qu’on l’a prise de l’Histoire sainte, c’est que le nom d’Éliab, père de Dathan et d’Abiron, qui, eu Hébreu, signifie Dieu mon père, signifie en grec le soleil, ce qui a fait attribuer cette aventure au fils du soleil qui voulut faire voir que ce Dieu était son père ; et le nom grec de Phaéton, qui veut dire placé dans un lieu élevé, est de même sens que celui d’Abiron, qui, en Hébreu, veut dire Père d’élévation. Ce malheureux imprudent, victime de son ambition, est placé par les poètes dans la Grèce, où ils ont transporté toutes les fables ; ils le font cependant presser et pousser à cette funeste entreprise par la querelle et par les reproches d’Epaphus qui régnait en Égypte, et qu’Hérodote assure être, en langage grec, le même qu’Apis, qui était le bÅ“uf adoré à Memphis ; aussi appelé Sérapis, sous la figure et le symbole duquel on adorait véritablement Joseph, comme le prouve après d’autres le savant père Thomassin. L’idée de l’adorer sous cette figure venait de ce que les Égyptiens avaient mis sur son tombeau la figure d’un bÅ“uf, pour marquer en leur manière, par ce monument hiéroglyphique, qu’il avait garanti l’Égypte de la famine, l’avait nourrie et avait interprété le songe mystérieux des vaches que Dieu avait envoyé au roi Pharaon, et dont il avait donné l’intelligence à Joseph. Ainsi l’on a conservé la fable dans ce peuple établi en Égypte par Joseph, et dont les descendants passèrent pour Égyptiens, parce qu’ils vinrent de l’Égypte, après y avoir demeuré trois siècles. Tous les déguisements de la fable n’ont pu effacer ces traits de son origine.

C’est à ce fond et à ces idées qu’on a ajusté la fable de Phaéton, représentée avec tant d’étendue et tant d’éclat par Ovide, qui a étalé avec tous les ornements de la poésie tout ce qu’il en a trouvé dans les auteurs précédents et dans les différentes traditions ; la voici :

Epaphus, prince égyptien (d’origine hébraïque, comme nous l’avons appris d’Hérodote), pour piquer Phaéton, orgueilleux d’avoir le soleil pour père, lui conteste cette naissance qui le rendait fier ; le poète feint que Phaéton en porte sa plainte à sa mère, et lui demande de lui justifier la qualité qu’elle lui a fait prendre. Elle entre dans sa douleur et dans une querelle qui leur était commune, et après lui en avoir donné toutes les assurances qu’elle pouvait, elle le renvoie à son père pour s’en faire avouer. Phaéton y court. Cela est suivi de la brillante description du palais et du char du Soleil, qui reconnaît Phaéton pour son fils.

Cette peinture est, comme nous l’avons vu, prise de celle du tabernacle, au service duquel les Lévites étaient appliqués, et, particulièrement de sa partie intérieure appelée le Saint des Saints, dont l’entrée n’était confiée qu’à Aaron, grand sacrificateur. Les poètes ont suivi dans le détail toutes les parties.

Après que le soleil eut reconnu Phaéton pour son fils, et qu’il lui en eut promis, par un serment que les dieux ne pouvaient violer, telle preuve qu’il plairait à son fils de souhaiter, celui-ci lui demande de remplir pour un jour ses fonctions de monter sur son char, et de le conduire dans la course qu’il fait pour éclairer l’univers. Voilà les fictions ingénieuses dont le poète orne la fable et défigure l’histoire.

Le père emploie tous ses efforts pour détourner son fils de cette entreprise téméraire qui en renversant un ordre immuable, le conduit à une perte certaine. C’est un beau champ à la poésie pour décrire la course du Soleil, son étendue, sa rapidité, ses difficultés et ses dangers, avec la tendresse et la douleur d’un père qui ne peut détourner son fils de se perdre lui-même. Mais ces remontrances sont vaines et ne peuvent arrêter la fougue de ce jeune ambitieux. Il prétend, puisque le sang qui coule dans ses veines est celui du dieu qui donne le jour au monde, que la même prérogative ne lui peut être refusée, et que ce que son père fait tous les jours ne peut avoir de danger pour lui ; il veut en courir le risque. Son père, ne pouvant l’en dissuader, l’oint d’une liqueur capable de le garantir d’être brûlé par les feux de son char. Ce qui paraît bien une idée prise de l’onction d’Aaron et de ses enfants.

Phaéton monte sur le char ; il prend les rênes en main ; mais il n’est pas plutôt entré dans la carrière, que les chevaux s’écartent ; ils renversent le char et le malheureux conducteur ; l’air et la terre sont enflammés du feu du ciel. Le poète peint ici au long et à son aise les désordres de l’univers qui s’embrase. Les campagnes et les villes sont brûlées, les hommes même y périssent. Enfin la terre s’entrouvre jusqu’aux enfers, pour demander la vengeance et le secours du ciel, auquel elle adresse d’éloquentes plaintes de l’invention du poète. Jupiter touché de sa prière, après avoir foudroyé et précipité dans un abîme le téméraire Phaéton, arrête et éteint l’incendie qui semblait menacer de consumer l’univers. Ainsi, dans l’histoire, l’incendie sorti de l’abîme de la terre entrouverte, où Abiron et ses complices avaient été précipités, fut arrêté et éteint par les prières de Moïse et d’Aaron.

La Fable fait précipiter Phaéton de ce coup de foudre dans l’Eridan, qu’on veut sans nulle raison être le PÔ ; mais Strabon cité ci-dessus, assure qu’il n’y a dans l’univers aucun fleuve de ce nom, qui, en grec, veut dire, apprenez, considérez. Les autres auteurs (comme nous l’avons remarqué), ne le trouvent point non plus, et traitent cette fable de ridicule, aussi bien que le changement que les poètes ont feint des sÅ“urs de Phaéton en arbres, dont ils font découler une gomme qu’ils appellent de l’ambre, et qu’ils disentêtre les larmes de ces sÅ“urs. C’est pour donner à la fable une fin de leur façon, et pour ne pas dire naturellement ; comme l’histoire, que la famille de celui qui avait voulu témérairement s’élever à des fonctions qui lui étaient défendues par la loi de Dieu, avait été enveloppée dans sa ruine.

L’Eridan, qui n’a jamais été dans aucun pays, n’est qu’une manière hiéroglyphique de désigner l’enfer (où les enfants d’Éliab dans l’original, et dans la copie Phaéton, furent précipités) ; c’est un endroit dont la vue crie à ceux que l’ambition peut tenter de s’élever au-dessus de leur état et de leurs forces : Apprenez et instruisez-vous par cet exemple ; comme Virgile fait sortir la même leçon de ce lieu de tourments. Aussi les poètes ont-ils mis sur le tombeau de Phaéton cette épitaphe : C’est la grande ambition de Phaéton qui, pour l’avoir voulu trop élever, l’a fait descendre ici-bas. C’est cette leçon qui a fait donner le nom d’Eridan au lieu dans lequel il fut abîmé.

Quelque point d’histoire éclatant qu’on mette entre les mains des poètes pour l’accommoder à leur art, ils le refondront, ils l’orneront de fables de leur invention ; ils y ajouteront, ils y changeront pour le moins autant que cette fable de Phaéton a changé au fond véritable de l’histoire. Â»

Il ne suffisait pas que les poètes défigurassent l’histoire d’Aaron ou divers événements qui s’y rattachent. « De prétendus magiciens ont invoqué le frère de Moïse comme leur patron. Plusieurs hérésiarques dans les premiers temps de l’Église ont voulu se faire passer pour Moïse et Aaron. Un certain Noctus (l’an 239 après Jésus-Christ) prétendait qu’il était Moïse, et que son frère était Aaron ; mais cette secte n’a eu qu’une durée éphémère. Dans le 16e siècle, le docte François Junius a mis Aaron, à cause de la construction du veau d’or, à la tête de son catalogue des anciens sculpteurs, peintres, statuaires. Aaron méritait cette place par le droit d’antiquité, quand même l’ordre alphabétique ne le lui eût pas donné. Â»

A
Aaronites  
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