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Assur
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Assur (1)

Fils de Sem (Genèse 10.22 1 Chroniques 1.17), donna son nom à l’Assyrie. On croit qu’originairement il demeurait dans le pays de Sennaar et autour de la Babylonie ; mais que, forcé par l’usurpateur Nemrod, il en sortit pour aller plus haut vers les sources du Tigre, dans la province d’Assyrie, à laquelle il donna son nom et où il bâtit la fameuse ville de Ninive et celles de Rohobot, de Chalé et de Résen. C’est le sens que l’on donne ordinairement à ces paroles de Moïse (Genèse 10.11-12) : De terra illa (Sennaar) egressus est Assur, et oedificavit Niniven, et plateas civitatis, et Chale ; Resen que que inter Niniven et Chale.

Mais d’autres expliquent autrement le texte de Moïse. Ils l’entendent de Nemrod, qui sortit de son pays, et vint attaquer l’Assyrie, dont il se rendit maître et où il bâtit Ninive, Rohobot, Chalé et Résen, y établit le siège de son empire et y devint le plus puissant et apparemment le premier monarque de l’Orient. Le prophète Michée (Michée 5.6) donne à l’Assyrie le nom de terre de Nemrod.

Suidas, Jean Malala, et Cédrène, racontent qu’après Ninus, régna Thuras à Ninive. Il eut guerre avec Caucase, de la race de Japhet ; il le vainquit et le tua. Après la mort de Thuras, les Assyriens donnèrent son nom à la planète de Mars, et l’adorèrent sous le nom de Baal, qui dans leur langue signifie le dieu de la guerre. C’est ce dieu Baal dont parle Daniel, et qui était adoré à Babylone. Voilà ce que dit Suidas. On croit communément que Thuras est le Même qu’Assur et que le Baal des Assyriens et des Babyloniens est leur premier roi, et le fondateur de leur monarchie. Mais au lieu de faire Thuras fils et successeur de Ninus, il faudrait au contraire dire que Ninus fut le fils et le successeur de Thuras ou d’Assur, autrement Baal ou Bélus ; car les historiens font constamment Ninus fils de Bélus. Mais il y en a qui confondent Ninus avec Assur. D’autres le font fils de Nemrod. On ne doit guère espérer de lumières de la part des profanes dans une telle antiquité. Mais on doit bien distinguer Bélus l’ancien, qui est apparemment le même qu’Evéchoüs, roi de Chaldée ; et Bélus l’Assyrien, père de Ninus. Evéchotis régnait à Babylone quatre cent quarante ans avant Bélus l’Assyrien.

L’empire des Assyriens passe pour le plus ancien des empires d’Orient. On en attribue la fondation à Assur, ou à Nemrod, ou à Bélus, ou à Ninus. Les origines n’en sont pas tout à fait bien distinctes. Hérodote, que l’on suit le plus ordinairement dans cette matière, dit que Ninus, fils de Bélus fonda l’empire d’Assyrie, qui subsista cinq cent vingt ans dans la hante Asie. Ussérius fixe le commencement de cet empire à l’an du monde 2737, de la période Julienne 3447, avant Jésus-Christ 1263, et avant l’ère vulgaire 1267. À Ninus succéda Sémiramis, son épouse, qui régna quarante-deux ans. Après elle, régna Nicias, son fils, pendant trente-neuf ans. On lui donne pour successeurs une suite de trente-six rois, dont on marque les noms, les dates et la durée du règne, jusqu’à Sardanapale. Mais comme ces listes sont fort suspectes et, qu’elles n’apprennent rien de particulier, nous croyons qu’il est inutile de les rapporter ici.

L’Écriture (Genèse 10.8-11) nous parle de la fondation de l’empire d’Assyrie par Nemrod, longtemps avant Ninus ; c’est-à-dire, vers le temps de la tour de Babel, du monde 1757, avant Jésus-Christ 1243, avant l’ère vulgaire 1241, et avant la prise de Babylone par Alexandre le Grand, dix-neuf cent trois ans. Dès ce temps-là, les Babyloniens commencèrent à faire leurs observations célestes ; et celles qui furent envoyées par Callisthène à Aristote, remontaient à dix-neuf cent trois ans auparavant. Nous ne connaissons pas les successeurs de Nemrod ; seulement nous lisons que, du temps d’Abraham (Genèse 14) et vers l’an du monde 2092, Codorlahomor, roi des Élamites, s’étant ligué avec Amraphel, roi de Sennaar, Arioch roi d’Ellazar, Thadal roi des Nations, vint attaquer les rois de Sodome et de Gotnorrhe et des villes voisines, qui s’étaient soulevés contre lui. Et longtemps après, sous les Juges (Juges 2.10), vers l’an du monde 2591, le Seigneur livra les Israélites à Chusan-Rasathaïm, roi de Mésopotamie, qui les opprima pendant huit ans. Jules Africain dit qu’Evéchotis régna en Chaldée deux cent vingt-quatre ans avant les Arabes ; c’est-à-dire l’an du monde 2242, du temps d’Isaac. Les Arabes conquirent l’empire de Chaldée en 2466, et le tinrent pendant deux cent seize ans ; jusqu’à l’an du monde 2682. Aux Arabes succéda Bélus l’Assyrien, cinquante-cinq ans avant la fondation de l’empire des Assyriens par Ninus.

Denys d’Hatycarnasse remarque fort bien que l’empire d’Assyrie était fort peu étendu dans les commencements ; et ce que nous venons de dire le montre assez, puisque nous voyons des rois de Sennaar, d’Élam, de Chaldée, et d’Ellazar, dans le temps où l’empire d’Assyrie, fondé par Nemrod, de vait subsister et avant que Ninus, fils de Bélus fondât, ou plutôt agrandît le seul empire d’Assyrie qui ait été connu par les auteurs profanes ; car ils n’ont pas été informés de celui qui avait été établi par Nemrod.

Sous David et sous Salomon, les monarques d’Assyrie ne possédaient rien en deçà de l’Euphrate. David subjugua toute la Syrie, sans que ces rois s’en missent en peine. Lorsqu’il attaqua les Ammonites, ils envoyèrent demander du secours au delà de l’Euphrate (2 Samuel 10.16) ; mais David battit le secours et obligea même les peuples de delà ce fleuve à lui payer tribut (2 Samuel 10.16,19). Le premier roi d’Assyrie dont il soit parlé dans l’Écriture, est celui qui régnait à Ninive lorsque Jonas y alla prêcher la pénitence (Jonas 3.6), vers l’andu monde 3180. Ce prophète ne nous apprend pas le nom du prince qui régnait alors à Ninive ; mais il décrit cette ville comme une place d’une grandeur prodigieuse. Les livres des Rois et des Paralipomènes (2 Rois 15.19 1 Chroniques 5.26), racontent que Phul, roi d’Assyrie, vint sur les terres d’Israël, sous le règne de Manahem. On conjecture que Phul est le père de Sardanapale. Ce dernier commença à régner, selon Ussérius, l’an de la période Julienne 3947, du monde 3237, qui était la cinquième année de Manahem ; et la venue de Phul sur ›es terres arriva au commencement du règne de Manahem.

Les crimes de Ninive étant montés à leur comble, Dieu suscita à Sardanapale des ennemis, qui l’obligèrent à se tuer. Arbacès, gouverneur de Médie, indigné de voir la mollesse où vivait Sardanapale dans le secret de sa cour, se ligua avec Bélésus, satrape de Babylone, et resolut avec lui de secouer le joug des Assyriens, et de mettre les Mèdes et les Chaldéens en liberté. Après divers combats, Sardanapale fut contraint de s’enfermer dans Ninive ; et la troisième année du siège, comme le Tigre eut abattu vingt stades des murs de la ville, Sardanapale se brûla dans son palais avec ses richesses, ses eunuques et ses concubines. Ainsi la ville étant prise, Bélésus et Arbacès prirent le nom de roi, mirent en liberté les Mèdes et les Chaldéens, et démembrèrent l’ancien empire des Assyriens, qui avait duré depuis Nemrod environ deux mille cinq cents ans et depuis Ninus, fils de Bélus, cinq cent vingt ans.

Cet ancien empire d’Assyrie se soutint encore avec quelque éclat à Ninive sous le jeune Ninus et ses successeurs. Nous croyons que ce Ninus est le même que Téglathphalassar, dont il est parlé dans les livres des Rois (2 Rois 15.29 ; 16.7-10 ; 1 Chroniques 10.6 2 Chroniques 28.20). Ce prince vint au secours d’Achaz, roi de Juda, et vainquit les rois de Damas et d’Israel. Salmanassar succéda à Téglathphalassar, l’an 3986, de la période Julienne, du monde 3236, avant Jésus-Christ 765. Sennachérib, successeur de Salmanassar, est célèbre dans l’Écriture et dans les profanes. Il fut tué par deux de ses fils, et eut pour successeur un autre de ses fils nommé Assaraddon, qui après avoir régné quelque temps à Ninive, se rendit maître de Babylone, et réunit l’empire des Chaldéens à celui des Assyriens. Il laissa l’empire à Saosduchin, qui régna vingt ans. On croit que c’est lui qui est nommé Nabuchodonosor dans Judith. À Saosduchin succéda Sarac, ou Chinaladan, qui régna vingt-deux ans.

Nabopolassar autrement Nabuchodonosor, satrape de Babylone et Astyages, autrement Assuérus, fils du roi de Médie, ayant assiégé Ninive, prirent la ville, tuèrent Chinaladan, et se partagèrent la monarchie des Assyriens. Nabopolassar eut Ninive et Babylone, et Astyages demeura maître de la Médie et des provinces voisines. Nabopolassar fut père du grand Nabuchodonosor qui prit Jérusalem. Evilmérodach lui succéda, et Balthasar succéda à Evilmérodach. Après Balthasar, Darius le Mède entra en possession de l’empire. Jusqu’ici nous avons l’autorité de l’Écriture, qui nous marque distinctement Nabuchodonosor, Evilmérodach, Balthasar, et Darius le Mède.

Mais les auteurs profanes racontent différemment la suite des successeurs d’Evilmérodach. Mégasthène dit qu’Evilmérodach futmis à mort par Nériglissor, son beau-frère, qui régna quatre ans. Il eut pour successeur Labassoaraschus. Celui-ci fut mis à mort par des conjurés, qui déférèrent la couronne à l’un d’eux, nommé Nabonide, ou Nabannidoch, ou Labinith. C’est sur ce dernier que Cyrus conquit Babylone. Bérose dit à-peu-près la même chose que Mégasthène. Il donne à Nériglissor quatre ans de règne, à La borosardoch neuf mois, à Nabonide dix-sept ans. Après quoi Cyrus se rendit maître de l’empire de Chaldée ; et réunit les empires d’Assyrie, de Chaldée et des Perses.

Assur (2)

Voyez Ashur.