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Tribut
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Tributum ; en grec, phoros ; en hébreu, mas, qui dérive du verbe masas, fondre, liquéfier.

Les Hébreux ne reconnaissaient proprement pour souverain que Dieu seul, d’où vient que Josèphe appelle leur gouvernement une théocratie ou gouvernement divin. Ils reconnaissaient le souverain domaine du Seigneur par un tribut ou capitation que chaque Israélite lui payait par chacun an d’un demi-sicle par tête (Exode 30.13). Aussi Notre-Seigneur, dans l’Évangile, fait ce raisonnement à saint Pierre (Matthieu 17.24) : De qui est-ce que les rois de la terre reçoivent le tribut ? Est-ce de leurs propres enfants, ou des étrangers ? Voulant dire qu’en qualité de Fils de Dieu, il devait être exempt de cette capitation. Je ne vois pas que ni les rois, ni les juges des Hébreux, quand ils étaient de leur nation, exigeassent d’eux aucun tribut.

Salomon, au commencement de son règne (1 Rois 9.21-22, 23 2 Chroniques 8.9), obligea les chananéens qui étaient demeurés dans le pays de lui payer tribut et de servir par corvées aux ouvrages publics qu’il avait entrepris. Et pour les enfants d’Israël, il ne permit point qu’aucun fût employé à ces ouvrages ; mais il en fit ses hommes de guerre, ses ministres, ses principaux officiers, pour commander ses armées, ses chariots et sa cavalerie. Toutefois, sur la fin de son règne, il leur imposa des tributs et les fit servir par corvées à ses travaux (1 Rois 5.13-14 ; 9.15 ; 11.27) : ce qui aliéna beaucoup les esprits et jeta les semences de la révolte qui commença par la rébellion de Jéroboam, fils de Nabat, qui fut d’abord obligé de se sauver en Égypte, mais qui éclata enfin par le soulèvement total des dix tribus : d’où vient que les Israélites disaient à Roboam, fils de Salomon (1 Rois 12.4) : Votre père nous a chargés d’un joug très-dur ; diminuez donc quelque chose de la dureté et de la pesanteur de ce joug, et nous Vous demeurerons assujettis, etc.

Il est inutile de remarquer que les Israélites furent souvent soumis à des princes étrangers qui les accablèrent de tributs. La crainte et la nécessité les obligeaient à subir ce joug ; cependant, dans les derniers temps, c’est-à-dire, après qu’Archélaüs eut été relégué à Vienne, en France, l’an 6 de l’ère vulgaire, et que la Judée eut été réduite en province (Joseph. Antiq. livre 27 c.15), Auguste ayant envoyé Quirinius dans ce pays pour faire un nouveau dénombrement des personnes et une nouvelle estimation des biens, pour pouvoir régler le tribut que chacun devait payer aux Romains, Judas, surnommé le Galiléen ou le Gaulonite, parce qu’il était de Gamala en Galilée, dans le canton de la Gaulonite, se souleva et forma une faction pour s’y opposer, prétendant qu’il n’était pas permis de payer le tribut aux Romains, que c’était là une véritable servitude, et qu’il ne leur était pas permis de reconnaître pour maîtres ceux qui n’avaient pas Dieu pour Seigneur. C’est là l’origine de la secte des Galiléens ou des Hérodiens, dont nous avons parlé sous l’article de Judas le Galiléen et sous celui des Hérodiens. Voyez dans saint Matthieu (Matthieu 22.16-18), etc., la réponse que Jésus-Christ fit aux Pharisiens qui étaient venus lui demander, pour le tenter, s’il était permis de payer le tribut à César, ou non ; et dans saint Jean (Jean 8.33), où les Juifs se vantent de n’avoir jamais été esclaves de personne ; d’être une nation libre, qui ne reconnaît que Dieu seul pour maitre et pour souverain. Comme il y avait alors plusieurs Juifs qui étaient dans les principes de Judas le Gaulonite, et qui inspiraient aux peuples des sentiments d’indépendance el d’une vaine liberté, les apôtres saint Pierre et saint Paul, dans leurs Épîtres, ont pris a tâche de recommander aux fidèles la soumission et l’obéissance aux souverains, et la fidélité à payer les tributs.Voyez (Romains 23.1-8, 1 Pierre 2.13).