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Tigre
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Tigre (1)

Fleuve célèbre, qui prend sa source dans l’Arménie, et qui se dégorge dans le golfe Persique. Moïse l’appelle (Genèse 2.14) Chidkel. Les anciens le nommaient Diglito ; et encore aujourd’hui il est appelé Tegil ou Tigil. Josèphe, le paraphraste chaldéen, les traducteurs arabes et persans le nomment Diglat. Pline dit qu’à sa source, et tandis qu’il coule plus doucement, on l’appelle Diglito ; mais qu’étant devenu plus rapide, on lui donne le nom de Tigris, qui, dans la langue des Mèdes, signifie une flèche. Il ajoute qu’il prend sa source dans la grande Arménie, au milieu d’une campagne nommée Elékosine. Il entre dans le lac Aréthuse, et passe au travers sans y mêler ses eaux. Après cela il rencontre le mont Taurus, rentre dans la terre, passe sous la montagne et va reparaître de l’autre côté. La caverne où il entre s’appelle Zoroanda ; et une preuve que c’est lui-même, et que ce n’est pas un nouveau fleuve qui sort au delà de la montagne, c’est qu’il rend à sa sortie ce qu’on y avait jeté à l’entrée de la caverne. Ainsi parle Pline. Ptolémée met aussi la source du Tigre au milieu de l’Arménie, au trente-neuvième degré de latitude et un tiers.

Mais Strabon semble avoir pris pour la source du Tigre sa sortie du mont Taurus, puisqu’il la met hors de l’Arménie, et qu’il dit qu’il naît au midi du mont Niphate, qui fait partie du mont Taurus. Le Tigre à l’orient, et l’Euphrate au couchant, bordent la Mésopotamie, gui est entre deux. Après avoir parcouru beaucoup de pays du septentrion au midi, ces deux fameux fleuves se dégorgent dans le golfe Persique. Aujourd’hui ils y tombent par un canal commun ; mais autrefois ils y tombaient séparément, comme Pline l’a remarqué ; et on voyait encore de son temps les vestiges de leurs anciens canaux. Le Tigre avait sa source dans le pays d’Éden (Genèse 2.14), et c’était un des quatre fleuves qui sortaient du paradis terrestre. Le Tigre se déborde au commencement du printemps, à cause de la fonte des neiges des montagnes d’Arménie.

Le Tigre, dit M. Bore (Histoire de l’Arménie, pages 9, col. 1, dans l’Univers pittoresque de Didot), prend sa source dans l’ancienne province de Haschdéan, et il sort des montagnes appelées monts des Kurdes. En arménien on l’appelait Tegghath. Il coule parallèlement à l’Euphrate, et le pays renfermé entre ces deux fleuves forme la Mésopotamie. Après avoir reçu sur son passage le tribut d’une infinité de petites rivières, il va se jeter dans le golfe Persique. »

D’après le géographe (arménien) Vartan, dit ailleurs le même savant voyageur (Mémoire sur la Chaldée, première part., parg. 7), les monts de Gordjik sont les montagnes des Gorduiens ; et Moïse de Chorène nous les représente comme la barrière que la nature avait élevée entre sa patrie et la terre assyrienne. L à sont les sources du Tigre, nommé encore par les Chaldéens Zaba, parce que ses flots, disent-ils, resserrés en des ravins profonds et s’ouvrant avec violence un passage, hurlent comme le loup.

Tigre (2)

Cet animal farouche a la figure d’un chat, avec des griffes, mais il est plus grand. Oppien dit qu’il est le plus beau des animaux à quatre pieds, comme le paon est le plus beau des oiseaux. Il est si vite et si prompt que les poêtes ont dit qu’il était conçu des vents : la Fable donne des tigres à Bacchus pour tirer son char, comme pour marquer que le vin dompte les hommes les plus fiers et les plus féroces. Dans la cour du Mogol on fait des combats d’hommes contre les tigres.

Il n’est parlé du tigre qu’une seule fois dans le texte latin de l’Écriture : Le tigre est mort, parce qu’il n’a point trouvé à manger, dit Job (Job 4.11). L’hébreu laïs, qu’on a traduit par un tigre, signifie plutôt un vieux lion. Il est certain que le tigre est une espèce de lion ; et qu’à l’exception des taches dont la peau du tigre est marquée, ces animaux sont assez semblables en tout le reste. La peau du tigre est variée par de longues bandes, au lieu que celle de la panthère est tachetée et marquée de taches rondes. On peut voir Bochart, de Animal sacr., page 1, livre 7 chapitre 8, page 792.