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Térébinthe
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

L’auteur de la Vulgate et les Septante traduisent ordinairement par terebinthus le mot hébreu elah (Genèse 35.4), que d’autres rendent par un chêne, un orme, un châtaignier, ou en général un arbre. Saint Jérôme n’est pas non plus constant dans la traduction de ce terme ; il le traduit quelquefois par quereus, ou ilex, un chêne. Le térébinthe est un arbre dont le bois et l’écorce ressemblent au lentisque, et qui a ses feuilles comme le frêne, mais un peu plus grosses et plus grasses. Sa fleur ressemble à celle de l’olivier, et son fruit en sort en forme de grappes. Ce fruit est dur, résineux, gros comme celui du genièvre, et a de petites cornes rouges, de même que celles des chèvres, dans lesquelles s’engendrent certains moucherons. Elles ont aussi quelque liqueur comme le lentisque. Sa résine vient du tronc, comme aux autres arbres qui en jettent. Cet arbre était commun dans la Judée.

Le térébinthe sous lequel Abraham reçut les trois anges (Genèse 18.1-2) est très-fameux dans l’antiquité. Josèphe (De Bello, livre 4 chapitre 7) dit qu’on montrait à six stades d’Hébron un fort grand térébinthe, que les peuples du pays croyaient aussi ancien que le monde. Eusèbe assure qu’on voyait encore de son temps le térébinthe d’Abraham, et que les peuples des environs, tant chrétiens que gentils, l’avaient en singulière vénération, tant à cause de la personne d’Abraham qu’à cause de ceux qu’il y reçut. Saint Jérôme dit que ce térébinthe était à deux milles d’Hébron. Sazumène le met à quinze stades de cette ville, et un ancien itinéraire à deux milles. Ces diversités pourraient faire douter que ce térébinthe dont parle Josèphe soit le même que celui que l’on montrait du temps d’Eusèbe, de saint Jérôme et de Suzomène.

Quelques anciens ont avancé que ce térébinthe était le bâton d’un des trois anges’ qui furent reçus et traités par Abraham, et qui, ayant été fiché en terre, prit racine et devint un grand arbre. On voyait au pied du térébinthe un autel sur lequel on immolait des sacrifices profanes. L’empereur Constantin en ayant eu avis écrivit à Eusèbe, évêque de Césarée, et lui ordonna de renverser l’autel et de faire bâtir un oratoire au même endroit.

L’on dit que quand on mettait le feu à ce térébinthe, tout d’un coup il paraissait enflammé ; mais qu’après qu’on avait éteint le feu, l’arbre se trouvait sain et entier comme auparavant. Le concours du peuple qui venait de toutes parts au térébinthe avait donné occasion à une foire qu’on y établit. Saint Jérôme et quelques autres assurent qu’après la guerre que l’empereur Adrien fit aux Juifs on y vendit une infinité de captifs de telle nation, qui furent donnés à vil prix, et que ceux qu’on n’y put où vendre furent transportés en Égypte, ou la plupart périrent misérablement. Sanute assure qu’on montrait encore de son temps le tronc du térébinthe, et qu’on en tirait des morceaux auxquels on attribuait une grande vertu.

Le térébinthe où Jacob enfouit les faux dieux que ses gens avaient apportés de la Mésopotamie (Genèse 25.4) était derrière la ville de Sichem, et fort différent de celui près duquel Abraham avait sa tente, aux environs d’Hébron. On n’a pas laissé de les confondre très-mal à propos. On croit que c’est sous ce même térébinthe que la Vulgate appelle chêne (Josué 24.26) que l’on renouvela l’alliance avec le Seigneur sous Josué (Josué 24.26), et qu’Abimélech, fils de Gédéon, fut sacré roi par les Sichémites (Juges 9.6).

Térébinthe (vallée du). Voyez vallée.