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Songe
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

On donne ordinairement ce nom aux songes envoyés de Dieu, qui sont prophétiques ou significatifs. Les Orientaux, et les Juifs en particulier, étaient fort attachés aux songes ; ils les observaient et en demandaient l’explication à ceux qui se vantaient de les expliquer. On voit l’antiquité de cet usage parmi les Égyptiens dans l’histoire de l’échanson et du panetier de Pharaon (Genèse 40.5-8), et dans Pharaon lui-même (Genèse 41.15-16). On la remarque chez les Chaldéens dans la personne de Nabuchodonosor (Daniel 2.1-3 ; 4.2-3).

Dieu avait très expressément défendu à son peuple (Lévitique 19.26 Deutéronome 18.10) d’observer les songes et de consulter ceux qui se mêlaient de les expliquer. Il condamnait à mort (Deutéronome 13.1-3) celui qui se vantait d’avoir des songes prophétiques et de prédire l’avenir, quand même ce qu’il aurait prédit serait arrivé, si après cela il voulait engager le peuple dans l’idolâtrie. Mais il ne leur était pas défendu, lorsqu’ils croyaient avoir eu quelque songe significatif, de s’adresser aux prophètes du Seigneur ou au grand prêtre revêtu de l’éphod, pour en avoir l’explication.

Aussi le Seigneur dans l’endroit même où il défend aux Hébreux de consulter les devins, les magiciens et les interprètes des songes, leur dit (Deutéronome 13.15-18) : Les peuples dont vous allez posséder la terre consultent les devins et les augures : mais pour vous, ce n’est pas ainsi que vous avez été instruits. Le Seigneur suscitera du milieu de vous, et d’entre vos frères, un prophète comme moi ; vous le consulterez, et vous l’écouterez. C’était donc à Dieu et à ses prophètes que les Israélites devaient s’adresser pour apprendre l’explication des songes, et la prédiction des choses futures. Saül, un peu avant la bataille de Gelboé, alla consulter une pythonisse (1 Samuel 28.6-15), parce que le Seigneur s’était retiré de lui, et n’avait pas voulu l’écouter, et lui faire connaître le succès de cette guerre, ni par le moyen des prophètes, ni par les songes, ni par l’urim et thummim.

Pour se proportionner aux préjugés et à l’idée de ces peuples, qui croyaient que souvent les songes étaient significatifs, et envoyés de Dieu, le Seigneur découvrait effectivement quelquefois ses volontés en songe, et suscitait des personnes qui en donnaient l’explication. Il avertit Abimélech en songe que Sara était épouse d’Abraham (Genèse 20.3-6). Il fit voir en songe à Jacob l’échelle mystérieuse (Genèse 28.2-3) ; il lui révéla en songe la manière de multiplier les troupeaux (Genèse 31.11-12). Joseph fut de très-bonne heure favorisé de songes prophétiques (Genèse 37.5-7), dont Jacob son père vit aisément la signification. Les songes du panetier et de l’échanson du roi d’Égypte furent expliqués par Joseph (Genèse 40.5), aussi bien que ceux de Pharaon (Genèse 41.1-5,6). Dieu dit qu’il parle aux autres prophètes en songe, mais à Moïse face à face (Nombres 12.6). Les Madianites croyaient aussi aux songes, comme il parait par celui qu’un Madianite racontait à son compagnon, et dont Gédéon tira un heureux présage pour le succès de son entreprise (Juges 7.13-15).

Jérémie (Jérémie 23.25-27) invective contré les faux prophètes, qui se vantaient d’avoir des songes, et qui abusaient de la crédulité du peuple qui les écoutait. Si quelqu’un a un songe ou une vision de ma part, qu’il parle, et qu’il annonce la vérité en mon nom. Qu’y-a-t-il de commun entre la paille et le grain, dit le Seigneur ? Mes paroles ne sont-elles pas comme un feu, et comme un marteau qui brise les rochers ? Joël promet de la part du Seigneur (Joël 3.1) que dans la nouvelle alliance, et sous le règne du Messie, l’effusion du Saint-Esprit sera plus abondante qu’autrefois, et que les vieillards auront des songes prophétiques, et les jeunes gens des visions.

Songe, se prend aussi pour ces vaines images qui se forment dans l’imagination pendant le sommeil, et qui n’ont aucun rapport à la prophétie, ni aux dons surnaturels du Saint-Esprit. Job (Job 20.8) : Velut somnium avolans non invenietur ; transibit quasi visio nocturna. Et Isaïe (Isaïe 29.7) : Ces peuples étrangers, qui ont combattu contre Ariel, contre Jérusalem, seront dissipés comme un songe. Et de même qu’un homme qui a faim, et qui songe qu’il mange, ne se trouve point rassasié à son réveil ; et celui qui a soif, et qu’il songe qu’il boit, n’est pas pour cela désaltéré à son réveil ; il en sera de même de toutes les nations qui ont fait la guerre à la montagne de Sion. Voyez aussi (Psaumes 72.20 ; Ecclésiaste 5.2-6).