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Serapis
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Divinité des Égyptiens. Son nom ne se trouve pas dans le texte de l’Écriture ; mais on ne peut guère se dispenser de le mettre ici, à cause qu’on a prétendu que les Égyptiens avaient adoré le patriarche Joseph sous le nom de Sérapis. Ce sentiment se trouve dans quelques anciens, comme, Julius Firmicus et Rufin ; et il a été embrassé par quelques savants modernes, comme Vossius, Onzélius, Spencer et quelques autres. On fonde cette opinion sur plusieurs vraisemblances entre Joseph et Sérapis. On dit que Sérapis avait mérité les honneurs divins en Égypte, pour avoir délivré le pays de la famine ; on le dépeignait avec une corbeille et des épis sur la tête.

On prétend que Sérapis est le même qu’Apis, et qu’il n’y a de différence entre l’un et l’autre que comme entre un bÅ“uf vivant et un bÅ“uf mort, et mis dans le cercueil ; tandis que le taureau Apis était vivant, il était adoré sous le nom d’Apis. Dès qu’il était mort, on lui donnait le nom de Sérapis, comme qui dirait en grec Apis en soro, Apis dans le cercueil, ou Soros Apidos, le cercueil d’Apis. On confondait aussi Sérapis avec Pluton, avec Jupiter, avec Osiris, avec le Soleil, avec Esculape de plus, on lui donnait une étymologie hébraïque, qui revenait plus au caractère de Joseph. Sar, en hébreu, signifie prince ; Apis, le taureau Apis ou Sar-abir, le prince puissant ; et, comme on trouve encore entre Joseph, et Apis, et Osiris quelques traits de ressemblance, on s’est persuadé que les Égyptiens avaient voulu honorer Joseph souples noms de ces différentes divinités.

Mais on oppose à cela une raison qui renverse tout ce système. Les historiens enseignent que Sérapis est une divinité nouvelle dans l’Égypte. Tacite raconte l’histoire de sa translation de Sinope, ville de Pont, à Alexandrie, par les soins de Ptolémée, premier roi d’Égypte : Origène, parlant de ce Dieu, dit qu’il est récent dans l’Égypte ; que son histoire est longue et peu assurée et qu’il n’a été mis en crédit que par le roi Ptolémée, qui avait entrepris d’introduire son culte dans son royaume. Sur ce pied-là, on ne peut pas dire que Sérapis soit le même que Joseph, ni que les Égyptiens aient voulu rendre leur culte à ce patriarche sous le nom de Sérapis, puisque Joseph est de tant de siècles plus ancien que Sérapis.dans ce pays-là. Quant aux étymologies du nom de Sérapis qui sont tirées du grec, elles ne méritent aucune attention, puisque la langue grecqué n’a été connue dans l’Égypte que depuis les Ptolémées ; et d’ailleurs ces étymologies ne prouvent rien du tout pour le sentiment qui veut que ce soit le même que Joseph.

Il est vrai que quelques-uns croient qu’il y a deux Sérapis connus en Égypte : l’un ancien, connu dans le pays longtemps avant celui qui fut apporté de Sinope, puisqu’il est le même qu’Apis et Osiris ; l’autre, plus moderne, dont nous avons parlé ci-devant. Tacite distingue clairement ces deux divinités, lorsqu’il dit que le roi Ptolémée fit bâtir à Sérapis un temple magnifique à Rachotis, au lieu où auparavant on voyait une chapelle consacrée à Sérapis et à Isis. Mais comment ce prétendu ancien Sérapis a-t-il échappé à la diligence d’Hérodote et aux autres anciens qui ont traité de la religion des Égyptiens ? Tacite a donc mis sans doute Sérapis et Isis au lieu d’Osiris et d’Isis.