A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z


Anneaux
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Bost

L’antiquité des anneaux est connue dans l’Écriture et dans les profanes. Judas donna son anneau à Thamar (Genèse 38.18). Pharaon ayant donné à Joseph le commandement de toute l’Égypte, tira l’anneau de son doigt (Genèse 41.42) et le mit en la main de Joseph. Les Israélites, après la victoire qu’ils remportèrent sur les Madianites, offrirent au Seigneur les anneaux, les bracelets et les colliers d’or qu’ils avaient pris aux ennemis (Nombres 31.50). Les femmes Israélites portaient des anneaux non-seulement aux doigts, mais aussi au nez, et aux oreilles (Isaïe 3.16-18). Saint Jacques distingue l’homme riche et en dignité, par l’anneau d’or qu’il porte en son doigt (Jacques 2.2). Au retour de l’enfant prodigue (Luc 15.22), le père de famille ordonne que l’on donne à ce fils nouvellement revenu, un habit neuf et un anneau d’or au doigt. Le Seigneur menaçant le roi Jéchonias des derniers effets de sa colère (Jérémie 32.24) dit que quand il serait comme un anneau dans sa main droite, il l’en arracherait.

L’anneau servait principalement à cacheter, et l’Écriture le met principalement entre les mains des rois et des puissants ; comme du roi d’Égypte, de Joseph, d’Achaz, de Jézabel, ou plutôt d’Achab (1 Rois 21.8), du roi Assuérus (Esther 3.10), d’Aman, son favori, de Mardochée qui succéda à Aman dans sa dignité, du roi Darius (Daniel 6.17). Les patentes et les ordres de ces princes étaient scelés de leurs sceaux ; c’était ce qui les rendait authentiques et respectables. [Voyez Bague].

L’anneau était une des marques de la souveraine autorité. On a déj à remarqué que Pharaon donna son anneau à Joseph, en signe de l’autorité dont il le revêtait, et qu’il voulait qu’il exerçât sur tout son peuple. Alexandre le Grand ayant donné son anneau à Perdiccas, cela fit juger qu’il l’avait désigné pour son successeur. Antiochus Épiphane étant près de mourir, mit entre les mains de Philippe (1 Machabées 6.15) un de ses amis, le diadème, le manteau royal et l’anneau, afin qu’il les remît au jeune Antiochus, son fils et son successeur. Auguste étant tombé malade d’une maladie dont il croyait devoir mourir, donna son anneau à Agrippa, comme au plus juste de ses amis.

On connaît certains anneaux magiques auxquels on attribue plusieurs effets extraordinaires, soit pour se préserver de certains maux, ou pour se procurer certain bonheur et certains avantages. Les Orientaux, par exemple, racontent mille choses d’un anneau prétendu de Salomon, qui lui communiquait des lumières admirables, qui l’ont fait regarder comme le plus sage et le plus heureux des rois. Ils disent que ce prince ayant un jour quitté son anneau en prenant le bain, une furie infernale le lui déroba, et le jeta dans la mer. Salomon s’abstint pendant quarante jours de monter sur son trône, ne se croyant pas capable de bien gouverner, étant dépourvu d’un secours qui lui était si nécessaire ; mais enfin il le recouvra par le moyen d’un poisson qui l’avait avalé, et que l’on servit sur sa table.

Les anneaux, ou pendants d’oreilles si fréquents dans la Palestine et dans l’Afrique, étaient aussi apparemment des anneaux superstitieux, et des talismans, ou des phylactères à qui l’on attribuait des effets surnaturels. Jacob étant arrivé dans la terre de Chanaan, à son retour de Mésopotamie (Genèse 35.4), ordonna à ses gens de lui donner tous les dieux étrangers qui étaient en leurs mains, et les anneaux ou pendants qui étaient à leurs oreilles. Ce qui semble insinuer que ces dieux étrangers étaient des figures magiques ou superstitieuses, qui étaient gravées dans leurs anneaux, dans leurs bracelets et dans leurs pendants d’oreilles ; ou même, selon quelques commentateurs, que ces anneaux et ces pendants d’oreilles étaient aux mains et aux oreilles de ces faux dieux. Saint Augustin invective fortement contre ces phylactères des faux dieux, que les Africains ses compatriotes attachaient au haut de leurs oreilles, et auxquelles ils attribuaient mille vertus surnaturelles et superstitieuses, cherchant bien moins par cet ornement à se parer et à plaire aux hommes, qu’à plaire aux démons et à les servir.

Année