A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z


Quarantaine
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Quarantaine (1)

En latin Quadragesima. Voyez Carême.

Quarantaine (Désert et Montagne de la) (2)

Le désert de la Quarantaine est celui où Jésus-Christ se retira après avoir reçu le baptême de Jean, son précurseur. Il est situé dans les montagnes de Jéricho, à environ une lieue de cette ville et vers la rive occidentale du Jourdain, à l’orient de Jérusalem. Au nord de ce désert est une montagne, une des plus élevées de ce côté, et nominée montagne de la Quarantaine ; il y a quelques grottes dans cette montagne, et c’est dans l’une d’elles que Jésus-Christ accomplit son jeûne de quarante jours et de quarante nuits. L’auteur des Voyages de Jésus-Christ, in.8°, Paris, 1831, décrit cette montagne et ces, grottes (pages 107-109). Cette montagne est aussi le mons excelsus au sommet de laquelle Jésus-Christ fut transporté par Satan, qui de là lui fit voir tous les royaumes de la terre. Voici en quels termes M. Poujoulat parle de la montagne de la Quarantaine dans la 106 lettre de la Correspondance d’Orient, tome 4 pages 375-377. « En allant de la fontaine d’Élisée à la montagne de la Quarantaine, dit-il, on rencontre les débris d’anciens aqueducs et le restes d’un monastère. Le mont où Jésus-Christ jeûna pendant quarante jours, est un grand bloc de marbre, de forme triangulaire, dont les teintes jaunes et grises produisent un effet lugubre ; l’œil ne découvre sur ses flancs escarpés ni arbuste, ni herbe, ni aucune trace de vie ; ce mont sacré porte sa tête au-dessus de tous les monts voisins ; des cellules taillées dans le roc, des grottes qui gardent des débris d’autels rappellent au voyageur que là vécurent jadis des anachorètes chrétiens ; on creusa pour la prière et la pénitence des habitations semblables à celles qu’on avait creusées ailleurs pour la mort ; la montagne de la Quarantaine est percée de cellules comme beaucoup d’autres montagnes de l’Orient sont percées de tombeaux. La grotte qui reçut le Sauveur se trouve au sommet du mont, dans les régions les plus inaccessibles. C’est du haut de cette montagne que l’esprit des ténèbres montrait au fils de Marie les contrées du septentrion et du midi, du couchant et de l’aurore, en lui disant : Je te donnerai tous ces royaumes, si tu tombes à mes pieds pour m’adorer. »

Le père Nau, dont vous connaissez la relation, est un des voyageurs qui ont visité le plus en détail la montagne de la Quarantaine ; je me suis assis quelques instants pour lire son récit ; mes cavaliers étaient éloignés de plus de cent pas de moi, et je me trouvais seul avec Antoni, mon jeune interprète. Tout à coup, levant les yeux devant moi, je vois six Bédouins qui s’avancent, et deux d’entre eux m’ajustent sans dire mot ; le cas était périlleux, et il était permis d’avoir peur ; je me suis prudemment abstenu de toucher aux pistolets pendus à ma ceinture, parce que déjà vingt Bédouins étaient venus se joindre à leurs frères ; je me suis borné à leur faire dire par mon interprète que je n’étais point un ennemi, et qu’un simple but de curiosité m’avait conduit dans leur désert ; mais Antoni était pâle de frayeur, et pouvait à peine balbutier quelques paroles ; mes cavaliers, au lieu d’accourir à mon secours, restaient timidement à l’écart, et se contentaient de leur crier de loin que nous ne voulions tuer personne ; après sept ou huit minutes passées en face de plusieurs fusils braqués contre moi, j’ai vu arriver le cheik de Jéricho, qui est parvenu, non sans peine, à faire entendre raison aux barbares. Voici quelle a été la cause de cette subite apparition des Bédouins : un de mes compagnons s’était amusé à tirer deux coups de fusil dans le précipice qu’on trouve au pied de la montagne de la Quarantaine ; les bédouins du voisinage étaient accourus à ce bruit, croyant qu’on avait tiré sur un de leurs frères ; de plus, les cellules de la montagne renferment les provisions en grains de cette tribu, et ces pauvres enfants d’Ismaël s’étaient mis dans l’esprit que je voulais m’emparer de leur orge ou de leur froment. J’ai pu voir en cette occasion que les cavaliers de la garnison musulmane ne sont pas des gens d’un courage à toute épreuve, et qu’au moment du péril leur escorte n’est point pour les voyageurs une sûre protection. »