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Proposition
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Pains de proposition. L’Hébreu à la lettre (Exode 25.30) pains des faces ou de la face. On appelait ainsi les pains que le prêtre de semaine mettait tous les jours de sabbat sur la table d’or qui était dans le Saint devant le Seigneur. Ces pains étaient carrés et à quatre faces, disent les rabbins. On les couvrait de feuilles d’or. Ils étaient au nombre de douze, et désignaient les douze tribus d’Israël. Chaque pain était d’une grosseur considérable, puisqu’on y employait à chacun deux assarons de farine, qui font environ six pintes (Lévitique 24.5-7). On les servait tout chauds en présence du Seigneur le jour du sabbat, et on ôtait en même temps les vieux, qui y avaient été exposés pendant toute la semaine, lesquels ne pouvaient être mangés que par les prêtres seuls. Si David, dans un cas extraordinaire, a cru en pouvoir manger (Matthieu 12.4), il n’y a que la nécessité qui ait pu l’exempter de péché. Cette offrande était accompagnée d’encens (Lévitique 24.7) et de sel (Lévitique 2.13). Quelques commentateurs croient qu’on y joignait aussi du vin. On brûlait l’encens sur la table d’or tous les samedis, lorsqu’on y mettait des pains nouveaux.

On n’est pas d’accord sur la manière dont les douze pains de proposition étaient rangés sur l’autel du Saint. Quelques-uns croient qu’il y en avait trois piles de quatre chacune. D’autres veulent qu’ils aient été rangés en deux piles de six pains l’un sur l’autre ; et il est malaisé de concevoir que cela se pût faire autrement, ni qu’une table de deux coudées de long sur une coudée de large puisse fournir assez de place pour douze pains composés chacun de six pintes de farine. Les rabbins disent qu’entre chaque pain il y avait deux tuyaux d’or soutenus par des fourchettes de même métal, dont l’extrémité posait à terre, pour donner de l’air aux pains et empêcher qu’ils ne se moisissent.

Moïse (Lévitique 24.8) semble dire que les Israélites fournissaient les pains que l’on présentait devant le Seigneur ; mais cela doit s’entendre en tant que le peuple fournissait aux prêtres les prémices et les décimes, qui faisaient leur principal revenu ; et sur ces prémices et ces décimes, ils prenaient de quoi faire les pains de proposition, et les autres choses qui étaient à leur charge dans le service du temple. Du temps de David (1 Chroniques 9.32), les lévites de la famille de Caadh avaient soin des pains de propositice, ou, comme ils sont nommés dans les Paralipomènes, des pains de l’arrangement. C’étaient apparemment les lévites qui les cuisaient, et qui les préparaient ; mais c’étaient les prêtres qui les offraient devant le Seigneur, comme il est dit dans un autre endroit (1 Chroniques 23.28). Saint Jérôme dit pourtant, sur la tradition des Juifs, les prêtres semaient, moissonnaient, faisaient moudre, pétrissaient, et cuisaient les pains de proposition. Voyez le Commentaire sur (1 Chroniques 9.32 ; 23.28).

Il y a encore sur ces pains diverses remarques rabbiniques que les commentateurs ont eu soin de ramasser. Ils étaient posés six à six l’un sur l’autre sur un bassin d’or, et par-dessus ils étaient couverts d’un autre bassin d’or, surmonté d’une coupe d’or pleine d’encens le plus pur. Ils étaient sans levain, et pétris avec de l’huile. Tostat dit qu’on les faisait cuire dans une tourtière d’or. D’autres soutiennent qu’on les cuisait dans un four ordinaire, mais qui n’était destiné que pour cela seul ; et que le bois qu’on y employait. était choisi exprès, le plus entier et le plus sain qui se pouvait. À côté de ces pains, était un vase plein d’excellent vin. Ce vase était bien bouché, de peur que le vin ne s’aigrit, et il était de la capacité de la quatrième partie du hin, c’est-à-dire, d’une pinte, chopine, un poisson, un pouce cube, et un peu plus. Lorsqu’on changeait les pains, on répandait le vin en libations devant le Seigneur. Le vase ou la coupe qui était remplie de sel auprès de ces pains, était d’or et couverte, de même que le vase où était l’encens, de peur qu’il n’y tombât quelque poussière, ou autre chose qui le salit. Ces pains se mangeaient dans le temple par les prêtres qui étaient de semaine, et il n’était pas permis de les emporter hors du temple, pour les manger dans la maison.