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Nicodeme
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Disciple de Jésus-Christ, était Juif de nation, et pharisien de secte. L’Évangile le nomme Prince des Juifs (Jean 3.1), et Jésus-Christ lui donne le nom de Maître en Israël (Jean 3.10). Lorsque le Sauveur commença à se manifester par ses miracles à Jérusalem, dans la première Pâque qu’il y célébra depuis son baptême, Nicodème ne douta point qu’il ne fût le Messie ; et il vint le trouver la nuit, pour apprendre de lui la voie du salut (Jean 3.2-3). Jésus lui dit : Nul ne peut voir le royaume de Dieu, s’il ne naît de nouveau. Nicodème lui répondit :Comment peut naître un homme qui est déjà vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère, pour naître une seconde fois ? Jésus répliqua : Si un homme ne renaît de l’eau et de l’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair, est chair, et ce qui est né de l’esprit, est esprit. Nicodème lui dit : Comment cela se peut-il faire ? Jésus répondit : Vous êtes Maître en Israël, et vous ignorez ces choses ? Nous vous disons ce que nous savons, et vous ne recevez point notre témoignage. Si vous ne croyez point des choses communes, et pour ainsi dire terrestres, comment me croirez-vous lorsque je vous parlerai des choses du ciel ? Personne n’est monté au ciel, que le Fils de Dieu, qui en est descendu. Et tout ainsi que Moïse a élevé dans le désert le serpent d’airain, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé en haut ; car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que nul homme qui croit en lui ne périsse, mais qu’il ait la vie éternelle.

Depuis cet entretien, Nicodème devint disciple de Jésus-Christ ; et il ne faut pas douter qu’il ne l’entendît toutes les fois que le Sauveur vint à Jérusalem. Un jour que les prêtres et les pharisiens avaient envoyé des archers pour arrêter Jésus (Jean 7.45-47), comme ces archers revinrent, disant que jamais homme n’avait parlé comme celui-là, les Pharisiens répliquèrent : Êtes-vous aussi vous-mêmes séduits ? Y a-t-il quelqu’un des sénateurs ou des Pharisiens qui ait cru en lui ? Alors Nicodème prenant la parole leur dit : La loi permet-elle de condamner quelqu’un sans l’entendre ? Ils lui répondirent : Est-ce que vous êtes aussi Galiléen ? Lisez avec soin les Écritures, et apprenez qu’il ne sort point de prophète de Galilée. Après cela chacun se retira. Enfin Nicodème se déclara ouvertement disciple de Jésus-Christ (Jean 19.39-40), lorsqu’il vint avec Joseph d’Arimathie pour rendre les derniers devoirs au corps de Jésus crucifié, qu’ils le descendirent de la croix, l’embaumèrent et le mirent dans le sépulcre.

Nicodème reçut le baptême des disciples du Sauveur ; mais on ne sait si ce fut avant ou après la passion. Les Juifs l’ayant appris, le déposèrent de la dignité de sénateur, l’excommunièrent et le chassèrent de Jérusalem. On dit même qu’ils voulurent le faire mourir, mais qu’en considération de Gamaliel, qui était son oncle, ou son cousin germain, on se contenta d’abord de le battre presque jusqu’à rendre l’âme, et de piller tout son bien. Gamaliel le retira dans sa maison de campagne, lui fournit tout ce dont il eut besoin pour son entretien et sa nourriture ; et quand il fut mort, il le fit enterrer avec honneur auprès de saint Étienne. Dieu découvrit son corps en 415, avec ceux de saint Étienne et de Gamaliel, et l’Église latine les honore tous ensemble le 3 d’août.

L’on a encore aujourd’hui un Évangile apocryphe, sous le nom de Nicodème, qui porte dans quelques manuscrits le nom d’Actes de Pilate. Mais il est certain qu’il n’est point ce que les anciens ont cité sous le nom d’Actes de Pilate envoyés à Tibère, et que c’est une pièce nouvelle, remplie de fables et d’absurdités qui ne méritent aucune attention. On lit à la fin de ce faux Évangile ces paroles, qui seules en pourraient faire voir la fausseté : Au nom de la sainte Trinité, ici finissent les Actes de notre Sauveur Jésus-Christ qui furent trouvés à Jérusalem par Théodose le Grand, dans le prétoire de Ponce-Pilate, dans les Actes publics, qui furent écrits l’an dix-neuvième de l’empereur Tibère, et l’an dix-septième d’Hérode, fils d’Hérode, roi de Galilée, le huitième jour d’avant les calendes d’avril, qui est le vingt-troisième jour de mars, dans l’année de la deux cent deuxième olympiade, sous les princes des prêtres Joseph et Caïphe. Ce qui a été réduit en histoire par Nicodème, et écrit en hébreu après la croix et la passion du Sauveur.