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Naaman
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Naaman (1)

Ou Néoman, fils de Benjamin (Genèse 46.21).

Naaman (2)

Fils de Balé, et petit-fils de Benjamin (1 Chroniques 8.4). [Au verset 7 on retrouve le nom de Naaman ; qui est ce Naaman ?]

Naaman (3)

Général de l’armée de Benadad, roi de Syrie, était en grand crédit dans la cour du roi son maître, parce que le Seigneur avait sauvé par lui la Syrie (2 Rois 5.1-3). Naaman avait dans sa maison une jeune fille Israélite qui était au service de sa femme, et qui dit un jour à sa maîtresse : Plût à Dieu que mon seigneur eût été trouver le prophète Élisée qui est à Samarie ! Il serait bientôt guéri de sa lèpre ; car Naaman était lépreux, et l’on n’avait alors aucun remède naturel contre cette maladie. Naaman ayant ouï ces paroles, fut trouver Benadad, et le pria de trouver bon qu’il allât à Samarie voir le prophète Misée. Le roi y consentit, et écrivit au roi d’Israël en ces termes : Lorsque vous aurez reçu cette lettre, vous saurez que mon intention est que vous guérissiez Naaman général de mon armée. Le roi d’Israël Joram, frère d’Ochozias, ayant reçu cette lettre, déchira ses habits, et dit : Suis-je un Dieu, pour pouvoir ôter et rendre la vie ? Vous voyez que Benadad ne cherche qu’un prétexte pour rompre avec moi.

Mais Élisée ayant su ce qui était arrivé, envoya dire à Joram : Que cet homme vienne à moi, et qu’il sache qu’il y a un prophète dans Israël. Naaman vint donc avec ses chevaux et son chariot, et se tint à la porte de la maison d’Élisée, soit par respect pour sa personne, ou à cause de sa lèpre qui le rendait impur, et incapable de converser avec les personnes saines. Élisée, sans sortir de sa maison, lui envoya dire : Allez vous laver sept fois dans le Jourdain, et vous serez guéri. Naaman, tout fâché, commençait à se retirer, en disant : Je croyais qu’il me viendrait trouver, qu’il invoquerait le nom de son Dieu, et qu’en me touchant il me guérirait. N’avons-nous pas à Damas les fleuves d’Abana et de Pharphar, qui sont meilleurs que tous ceux d’Israël, pour m’y aller laver et me guérir ? Comme donc il tournait visage pour s’en aller, tout en colère, ses serviteurs lui dirent : Père, quand le prophète vous aurait ordonné quelque chose de difficile, vous auriez dû lui obéir ; à plus forte raison le devez-vous faire, puisqu’il ne vous commande rien que de très-aisé ? Naaman les crut, alla au Jourdain, s’y lava sept fois, et fut parfaitement guéri.

Alors il revint trouver l’homme de Dieu, et lui dit : Je sais certainement qu’il n’y a point d’autre Dieu que le Seigneur. Je vous supplie de recevoir quelque présent de ma main. Mais Élisée ne voulut jamais rien recevoir, quelque instance qu’il lui en fit. Naaman voyant qu’il ne pouvait vaincre sa résistance, lui dit : Je vous prie donc de me permettre d’emporter la charge de deux mulets de terre de ce pays ; car désormais votre serviteur n’offrira plus de sacrifices à aucun autre Dieu qu’au Seigneur Dieu d’Israël. Élisée le lui permit aisément, voyant sa grande foi et son respect pour le Seigneur, qui lui faisaient croire que la terre de Syrie était une terre souillée, et qu’il ne pourrait offrir de sacrifices agréables à Dieu, que sur une terre sainte et prise du pays d’Israël. Cette dévotion est ancienne parmi les Juifs et même parmi les chrétiens. Benjamin de Tudèle dit que les Juifs de Nahardéa, dans le royaume de Perse, avaient bâti leur synagogue avec la terre et les pierres qu’ils avaient apportées exprès de Jérusalem. On assure que l’impératrice Hélène, mère du grand Constantin, en fit apporter à Rome une grande quantité, qu’elle fit mettre dans

L’église de Sainte-Croix, surnommée, en Jérusalem. Saint Augustin et Grégoire de Tours en fournissent encore quelques autres exemples.

Naaman ajouta, en parlant à Élisée : Il y a une chose pour laquelle je vous supplie de prier le Seigneur pour votre serviteur, qui est que, lorsque le roi mon seigneur entrera dans le temple de Remmon, pour adorer, en s’appuyant sur ma main, si j’adore dans le temple de Remmon lorsqu’il y adorera, que le Seigneur me le pardonne. Élisée lui répondit : Allez en paix ; et Naaman se sépara de lui. Ce passage souffre de grandes difficultés. La plupart des commentateurs croient que Naaman, ayant assez déclaré qu’il n’adorait que le seul Dieu d'Israël, demande permission à Élisée de continuer à rendre à son maître Benadad le service extérieur qu’il avait accoutumé de lui rendre lorsqu'il entrait dans le temple de Remmon ; mais non pas d’adorer Remmon, dont il détestait le culte ; et qu’Élisée lui permet de continuer d’accompagner le roi son maître dans le temple de cette idole, à condition toutefois qu’il ne lui rendra aucun culte. Les rabbins croient qu’un prosélyte de domicile, tel qu’était Naaman, n’était pas obligé de s’abstenir de l’idolâtrie hors la terre d’Israël ; et que, s’il tombait dans le culte des faux dieux en une terre étrangère cette faute ne lui était pas imputée.

D’autres en grand nombre, traduisent l’hébreu par le passé de cette sorte : Que le Seigneur pardonne ceci à votre serviteur : mon maître venant au temple de Remmon pour y adorer, et s’appuyant sur mon bras ; et j’ai adoré dans le temple de Remmon. Lorsque j’ai adoré dans le temple de Remmon, que le Seigneur pardonne cette action à votre serviteur. Élisée lui répondit : Allez en paix. Où l’on voit que Naaman ne demande pas permission d’accompagner son maître, lorsqu’il ira dans le temple de Remmon, mais qu’il demande pardon de l’avoir fait autrefois. Il n’exprime que ce péché, dont il demande pardon, parce que l’idolâtrie contient en quelque sorte tous les autres crimes ; et il insiste principalement sur cela dans la déclaration qu’il fait au prophète de ne vouloir désormais adorer que le Seigneur lé Dieu d'Israël. Nous avons traité plus au long cette matière dans une Dissertation particulière, à la tête du Commentaire sur le quatrième livre des Rois ; et dans le supplément sur le même livre, p.127, à la fin de notre dernier tome sur le Nouveau Testament.

Naaman s’en retournait en son pays tout joyeux de la réponse que lui avait donnée le prophète ; mais à peine avait-il marché la longueur d’un arpent de chemin (2 Rois 5.19), c’est-à-dire, cent vingt pieds, que Giézi, fâché qu’Élisée n’eût rien voulu recevoir de Naaman, courut après lui pour lui demander quelque chose. Naaman le voyant venir, descendit promptement de son chariot, et lui demanda ce qu’il désirait. Giézi lui dit : Mon maître m’a envoyé vous dire que deux enfants des prophètes lui sont arrivés tout à l’heure de la montagne d’Éphraïm ; il vous prie de me donner pour eux un talent et deux habits. Le talent valait quatre mille huit cent soixante-sept livres trois sols neuf deniers de notre monnaie. Naaman lui répondit : Il vaut mieux que je vous donne deux talents ; et il le contraignit de les recevoir. Il lui donna ensuite deux de ses serviteurs, pour les porter. Sur le soir, il prit les deux talents dans sa maison et renvoya les deux serviteurs de Naaman. Giézi étant venu ensuite trouver Élisée, ce prophète lui demanda où il avait été. Giézi répondit qu’il n’avait été nulle part. Mais Élisée lui dit : Mon esprit n’était-il pas présent, lorsque cet homme vous a donné dé l’argent et des habité ? Vous allez donc acheter des champs, des vignes et des plants d’oliviers avec cet argent ; mais aussi la lèpre de Naaman vous demeurera, et à votre race pour toujours. Et en effet Giézi devint tout blanc de lèpre. Voyez Glial. Depuis ce temps l’Écriture ne dit plus rien de Naaman.

Naara