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Monceau
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Les anciens, avant l’usage de l’écriture, et même encore depuis, érigeaient assez souvent des monceaux de pierres, pour conserver la mémoire de certains événements remarquables. Jacob allant en Mésopotamie, et ayant eu une vision céleste à Béthel (Genèse 28.11-18), érigea en monument la pierre qui lui avait servi de chevet, l’oignit d’huile, fit vœu d’offrir à Dieu la dîme de tout ce qu’il lui donnerait, et de regarder ce lieu comme un lieu sacré et la maison de Dieu. Et en effet, après son retour de delà l’Euphrate, il se rendit à Béthel, avec toute sa famille, y offrit des sacrifices au Seigneur, et s’y acquitta de ses promesses.

Le même patriarche ayant fait alliance avec Laban, son beau-père, sur les montagnes de Galaad (Genèse 31.44-47), ils se dirent l’un à l’autre : Venez, amassons ici un monceau de pierres. Ils l’amassèrent, et, après cela, mangèrent dessus, en signe d’amitié. Laban le nomma le monceau du témoin, et Jacob, le monceau du témoignage, chacun selon la propriété de sa langue. Et Laban dit à Jacob : Ce monceau servira de témoin entre vous et moi aujourd’hui ; c’est pourquoi on appela Galaad les montagnes ou le monument fut érigé.

Il y a assez d’apparence que cet autel de gazon ou de pierres brutes, que l’on bâtit au pied du mont Sinaï (Exode 20.25 ; 24.4-5), et les douze monuments, duodecim titulos per duodecim tribus Israel, que l’on érigea au même lieu, pour y offrir des sacrifices dans la cérémonie de la ratification de l’alliance que le Seigneur faisait avec Israël, étaient aussi de ces monuments pour servir de mémoire à la postérité, de même que cet autel composé de grandes pierres brutes, qu’on devait élever sur le mont Hébal (Deutéronome 27.4-7), sur lequel on devait offrir des holocaustes, et y écrire les paroles de l’alliance de Dieu avec son peuple.

Josué érigea deux monuments de pierre en mémoire du passage miraculeux du Jourdain, l’un au milieu du lit de ce fleuve, et l’autre sur le bord, au lieu nommé Galgal (Josué 4.3-9), afin, dit-il, que lorsque vos enfants vous demanderont quelque jour : Que veulent dire ces pierres ? Vous leur répondiez : Les eaux du Jourdain se sont arrêtées devant l’arche du Seigneur, lorsqu’elle passait ce fleuve ; c’est pourquoi on a amassé ces pierres, pour servir d’un monument éternel aux enfants d'Israël (Josué 22.10-11).

Après la conquête et la distribution de la terre promise, les Israélites des tribus de Ruben et de Gad, et ceux de la moitié de la tribu de Manassé, qui avaient combattu pour leurs frères, ayant repassé le Jourdain, commencèrent à faire un amas prodigieux de terre et de pierres, sur le bord de ce fleuve, pour servir de monument, et faire connaître à la postérité que les Hébreux de deçà le Jourdain, de même que ceux de delà, ne sont qu’un même peuple et ne suivent que la même religion.

Monceau de Mercure (Proverbes 26.8) Acervus Mercurii. Voyez ci-devant Mercure.

Monceaux de Pierres amassées sur les tombeaux des personnes odieuses. Nous en voyons, dans l’Écriture, des exemples en la personne d’Achan (Josué 7.26), que tout le peuple lapida, et amassa sur lui un très-grand monceau de pierres, que l’on y montrait encore longtemps après. On en usa de même envers le roi de Haï (Josué 8.29), on le pendit à un poteau jusqu’au soir ; puis on jeta son cadavre à la porte de sa ville et on jeta sur lui un très-grand monceau de pierres. Absalom reçut un pareil traitement (2 Samuel 18.17) etc.

Les prophètes parlent aussi des monceaux de pierres qui se voient dans les masures et dans les villes ruinées : Erit Damascus sicut acervus lapidum in ruina, dit Isaïe (Isaïe 17.1) ; comme aussi des monceaux de pierres qu’on ramassa dans les vignes et dans les champs (Michée 1.6).