A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z


Matharée
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Bourg à six milles du Caire en Égypte. On voit à l’entrée de la Matharée un makad ou oratoire à la turque, bâti sur les ruines d’une ancienne église des chrétiens égyptiens. Dans le makad il y a un petit réservoir fait de marbre de plusieurs couleurs, qui est toujours plein d’eau qui.vient d’un puits qu’on croit miraculeux, et qui est à côté du makad. Il est vaste et fort profond ; son eau est toujours claire et excellente par sa douceur et sa légèreté. Les Bachas la préfèrent à celle du Nil. Du makad on passe dans, un grand jardin rempli de beaux arbres, orangers, limoniers ; et entre autres, d’un vieux sycomore qui porte toutefois du fruit tous les ans. Ce jardin était autrefois tout rempli de l’arbrisseau qui porte le baume, et dont nous avons parlé ailleurs. Près du jardin on voit un obélisque qui est debout et quelques restes de bâtiments qui font voir que ce lieu était autrefois considérable. Ce fut en ce lieu que Selim campa lorsqu’il prit le Caire en 1518.

Les chrétiens du pays croient que la sainte Vierge a demeuré quelque temps à la Matharée avec son fils Jésus, qu’elle s’est servie du réservoir qui est dans le makad, et qu’elle a mis l’enfant Jésus reposer dans une niche qui y est creusée dans la muraille ; c’est pourquoi les religieux qui vont en ce lieu par dévotion y disent quelquefois la messe sur un autel portatif. On ajoute que le vieux sycomore du jardin dont on a fait mention s’ouvrit miraculeusement pour y recevoir la sainte Vierge et l’enfant Jésus, et se referma incontinent pour les dérober à la poursuite des soldats d’Hérode. On juge bien que c’est là une de ces traditions populaires qui ne demandent pas un examen sérieux et sévère. Il est certain que l’arbre est très-vieux, qu’il a été ouvert autrefois, et que ce n’est que depuis l’an 1656 que le morceau qui s’était séparé du tronc fut rompu. [Voyez Héliopolis]. Plusieurs anciens ont avancé que les idoles de l’Égypte furent renversées dans le moment que Jésus-Christ entra en Égypte. Ils appliquent à cette entrée ce passage d’Isaïe (Isaïe 19.1) : Le Seigneur, monté sur une nuée légère, entrera en Égypte, et les statues des Égyptiens seront ébranlées en sa présence.