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Agag
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

Agag (1)

Dans un des chants prophétiques de Balaam en faveur d’Israël, nous lisons ce passage (Nombres 24.7) : Son roi (d’Israël) sera rejeté à cause d’Agag, et le royaume lui sera ôte ; c’est la traduction de la Vulgate qui porte : Tolletur propter Agag rex ejus, et auferetur regnum illius ; et dans ce roi on a vu Saül, premier roi d’Israël, qui fut rejeté du trône pour n’avoir pas exécuté la loi de l’interdit sur Agag, roi des Amalécites (Voyez l’article suivant). On chercherait en vain dans ce trait le caractère de la prophétie de Balaam ; il est comme une parenthèse dans le discours du prophète annonçant à Israël les prospérités qui lui sont réservées, et n’a aucun rapport avec ce qui précède, ni avec ce qui suit. On peut lire l’hébreu autrement que ne l’a lu l’auteur de la Vulgate, les Septante l’ont rendu ainsi : Et le royaume de Gog sera élevé, et son royaume sera augmenté. Du moins c’est ainsi que ce passage est écrit dans les exemplaires des Septante que j’ai sous les yeux. Je préfère la traduction de Symmaque, qui dit : Son roi

(d’Israël) sera élevé au-dessus de Gog, etc. D. Calmet, ci-après au mot Balaam, dit, non d’après l’original, et je ne sais d’après quelle version : Son royaume sera élevé au-dessus de Gog, et sa monarchie sera augmentée. Mais le texte original ne permet pas de lire Gog, il dit Agag ; le voici en son entier : Son roi (d’Israël) sera élevé au-dessus d’Agag, et son royaume sera exalté ou s’élèvera de plus en plus ; le Samaritain s’énonce de même et c’est la vraie leçon. Ainsi ce trait prophétique s’accorde avec l’ensemble du chant de Balaam, et ne donne lieu à aucune difficulté ; les difficultés, ici comme souvent ailleurs, viennent, non pas du texte, mais des interprètes et des copistes. Je suis persuadé que les Septante avaient autrefois au-dessus d’Agag, au lieu de Gog, qu’ils font lire aujourd’hui, ce qui rendait exactement l’hébreu.

Il y a pourtant une difficulté, mais elle est d’un autre genre ; elle vient, non du texte, mais de la curiosité des commentateurs. Il se pourrait faire que le prophète eût désigné le roi amalécite que vainquit et épargna Saül ; c’est l’opinion de ceux qui s’en tiennent à la leçon de la Vulgate ; ce serait aussi, mais par d’autres raisons, le sentiment de ceux qui préfèrent le texte original. Saül, roi d’Israël, vainqueur d’Agag, n’est-il pas au-dessus de lui ? Et le royaume d’Israël n’a-t-il pas marché de prospérité en prospérité durant les règnes de Saül, de David et de Salomon ?

Agag (2)

Roi des Amalécites. Les Amalécites ayant inhumainement attaqué les Israélites dans le désert, après leur sortie d’Égypte, lorsqu’ils étaient tout accablés de fatigue, et ayant massacré ceux qui n’avaient pu suivre le gros de l’armée (Exode 17.14), le Seigneur ne se contenta pas de la victoire que Josué remporta sur eux dans le même désert, il protesta avec serment qu’il détruirait la mémoire d’Amalec de dessous le ciel, et qu’il lui ferait une guerre éternelle et sans miséricorde (Exode 17.14-16). Cela arriva l’an du monde 2513 ; avant Jésus-Christ : 1487, avant l’ère vulgaire 1491. Le Seigneur environ quatre cents ans après, se souvint de la malice qu’avait autrefois exercée Amalec centre son peuple, et il ordonna à Samuel de venir dire à Saül de marcher contre Amalec, de le tailler en pièces et de détruire tout ce qui était à lui. Ne lui pardonnez point, lui dit Samuel, ne désirez rien de ce qui lui appartient, faites passer au fil de l’épée tout ce qui a vie : hommes, femmes, enfants et les animaux même, de toute espèce. Saül donna donc ses ordres au peuple, et les ayant assemblés, il s’en trouva dans la revue qu’il en fit, deux cent mille hommes de pied, sans compter dix mille hommes de la tribu de Juda qui faisaient un corps à part.

Étant donc entré dans le pays d’Amalec, il tailla en pièces tout ce qu’il trouva d’Amalécites depuis Hévila jusqu’à Sur, qui est vis-à-vis l’Égypte. Il prit vif Agag, roi des Amalécites, et le conserva avec ce qu’il y avait de meilleur dans les troupeaux de brebis, de bœufs et de béliers, et tout ce qu’il y avait de plus beau et de plus précieux dans les dépouilles. Alors le Seigneur adressa sa parole à Samuel et lui dit : Je me repens d’avoir fait Saül roi, parce qu’il m’a abandonné et n’a point exécuté mes ordres. Samuel en fut attristé et cria au Seigneur toute la nuit. Dès le lendemain donc il alla trouver Saül, qui était de retour avec son armée à Galgal, où il offrait au Seigneur des holocaustes du butin qu’il avait fait sur Amalec.

Lorsque Samuel fut près de Saül, ce prince le salua et lui dit ; J’ai accompli la parole du Seigneur. Samuel lui répondit : D’où vient donc ce bruit des troupeaux de brebis et de bœufs que j’entends ici et qui retentit à mes oreilles ? Saül lui dit : On les a amenés d’Amalec, car le peuple a épargné ce qu’il y avait de meilleur dans les troupeaux de brebis et de bœufs, pour en offrir des holocaustes au Seigneur notre Dieu, et nous avons tué tout le reste. Samuel dit à Saül : Permettez-moi de vous dire ce que le Seigneur m’a ordonné de vous annoncer. Dites, répondit Saül. Alors Samuel lui signifia la résolution que le Seigneur avait prise de le rejeter et de donner la royauté à un autre. Saül voulut s’excuser, mais Samuel lui dit que Dieu ne lui demandait ni hosties, ni holocaustes, mais qu’il voulait une parfaite obéissance, et que lui résister et lui désobéir était comme le crime de magie et d’idolâtrie. Après cela, il dit : Qu’on m’amène Agag, roi d’Amalec ; et après qu’on le lui eut présenté dans les liens et tout tremblant (1 Samuel 15.32), Agag dit : Faut-il qu’une mort amère me sépare de toutes choses ! Et Samuel lui dit : Comme votre épée a ravi les enfants à tant de mères, ainsi votre mère parmi les femmes sera sans enfants ; et il le tailla en pièces devant le Seigneur à Galgal. Ainsi finit sa vie Agag, roi d’Amalec, vers l’an du monde 2930, avant Jésus-Christ 1070, avant Père vulgaire 1074.