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Cuirasse
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal

Il y avait différentes espèces de cuirasses chez les Hébreux. Les unes étaient de lin ou de laine battue en manière de feutre ; les autres étaient de métal, c’est-à-dire de fer ou d’airain ; et ces dernières étaient encore différentes entre elles, en ce que les unes étaient composées de diverses écailles ou lames posées et ajustées les unes sur les autres, à-peu-près comme les écailles de poisson ; les autres étaient proprement, ce qu’on appelle chemises de maille ; enfin les autres étaient composées le plus souvent de deux pièces d’airain ou d’acier, dont l’une était destinée à garantir la poitrine et l’autre le dos. On les rattachait au moyen d’agrafes l’ parle de toutes ces espèces de cuirasses. Goliath avait une cuirasse d’écailles, selon l’expression de l’original (1 Samuel 17.5), c’est-à-dire composée de plusieurs lames d’airain et de fer superposées en forme d’écailles. Il n’était pas rare de voir de pareilles cuirasses. Les Hébreux commencèrent à en faire e usame sous David. On croit que la cuirasse dont Saül était revêtu à la bataille de Gelboé (2 Samuel 1.9),était de lin ou de laine l’Amalécite qui raconte à David la mort de ce prince, lui dit qu’il l’avait vu appuyé contre son épée et essayant de se percer, mais qu’il ne pouvait pénétrer sa cuirasse de lin, Confer (Exode 28.4 ; Psaumes 45, 14). Les Égyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains ont porté de ces sortes de cuirasses, qui, comme celles de lainé, qu’ils avaient aussi, résistaient au fer, et, se prêtant, laissaient le mouvement du corps parfaitement libre.

M. Papadopoulo Vreto a lu à l’Académie des Sciences (séance du 7 février 1842) un Mémoire sur les cuirasses en feutre, soit de lin, soit de laine, dont se servaient les anciens, et sur la possibilité de fabriquer aujourd’hui une cuirasse en feutre de lin, qui serait avantageusement mise en usage à bord des vaisseaux de guerre l’Académie, ayant nommé deux commissaires pour éprouver une cuirasse de ce genre, fabriquée par M. Papadopoulo, il lui fut fait, dans la séance du 18 juillet, un rapport dont je vais citer les lignes suivantes :

Le Mémoire de M. Papadopoulo contient d’intéressantes recherches sur les armes défensives des anciens ; sans vouloir reproduire les citations nombreuses d’auteurs consultés par M. Papadopoulo, qu’il nous soit permis de dire que ses investigations tendent à établir, en définitive, qu’à ces époques reculées, les matières végétales filamenteuses, imprégnées de sel et de vinaigre, étaient employées avec succès pour former des cuirasses propres à garantir le corps des hommes de l’atteinte des armes blanches perforantes ou coupantes.

Préoccupé du choix que les anciens avaient fait des substances végétales pour protéger leurs corps dans les combats, M. Papadopoulo a pensé que de semblables procédés, légèrement modifiés, pourraient encore servir utilement de nos jours à garan, tir les soldats contre le choc si violent des petits projectiles lancés par la poudre. Aussi a-t-il fait confectionner, avec du lin très-divisé, une espèce de feutre auquel il a donné le nom de pilima (feutre, en grec). C’est avec cette matière qu’il a formé le plastron qu’il propose pour l’armement des troupes et sur l’efficacité duquel il a provoqué avec confiance votre examen.

… La prétention de M. Papadopoulo est de former avec du lin divisé, macéré dans une dissolution de sel et de vinaigre, feutré à l’arçon du chapelier, une espèce de matelas végétal et infranchissable à la balle du pistolet de munition tiré même à bout portant… Vos commissaires… rendent hommage à la vérité en déclarant que toutes les balles par eux tirées, …avec le pistolet de cavalerie, …contre le plastron de pilima, se sont toutes arrêtées dans son épaisseur…

Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, tome 15 pages 103 et suivants