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Cendebee
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Général des troupes d’Antiochus Sidetès, fils de Démétrius, roi de Syrie. Ce prince s’étant brouillé avec Simon, grand-prêtre et prince des Juifs, lui ôta le gouvernement des côtes de la Méditerranée, et le donna à Cendebée, avec ordre de fortifier Gédar, ou Gadara, et de faire le dégât dans la Judée (2 Machabées 15.26 ; 16.1-2). Cendebée vint donc à Jamnia, fortifia Gédar et fit des courses sur les terres des Juifs. Jean avertit Simon, son père, de tout ce qui se passait, et Simon, envoya ses deux fils, Jean et Judas, avec.des troupes, pour s’opposer à Cendebée, ne pouvant y aller lui-même à cause de son grand âge. Jean livra la bataille ; et au moment qu’on eut fait sonner les sacrées trompettes, Cendebée prit la fuite avec toutes ses troupes. Jean et Judas les poursuivirent, et en tuèrent plusieurs. Le reste se sauva avec Cendebée dans Gédar qu’il avait fortifiée. Voici quelques observations sur la déroute des troupes de Cendebée par Jean-Machabée, fils de Simon.

Observations sur la déroute de Cendebée par Jean Machabée, fils de Simon. Machab., l.1, chapitre 16. Le livre des Machabées est de tous ceux de l’Écriture celui où il y a le plus à apprendre dans la science militaire, quoique j’y remarque presque tous les mêmes principes de la tactique des anciens Hébreux. Rien n’est plus beau, plus instructif, plus capable de former un héros chrétien et un excellent chef d’armée. Dieu favorise les grands courages, les âmes nobles et intrépides sans acception de personne ; il s’en sert dans l’exécution de ses volontés et de ses desseins pour la punition on pour le salut et la gloire de son peuple, aussi je ne vois nulle part dans les livres sacrés, si je ne me trompe, qu’il ait fait choix d’un homme sans cœur dans les guerres qu’il a ordonnées ou qu’il a inspirées à des peuples.pour le châtiment des autres. Tous les Machabées ont été des héros ; le père a commencé de rendre son nom recommandable, les enfants n’ont pas moins été dignes de ce nom : ils ne se sont pas moins acquis de gloire dans les armes. Chose rare et merveilleuse que les enfants des héros ressemblent à leurs pères.

Il y a plus dans les Machabées : écoutons l’Écriture (1 Machabées 16.1). Jean avertit Simon, son père, de de tout ce que Cendebée avait fait, ontre son peuple. Simon fait alors venir ses doux fils, et leur dit : Nous avons battu et humilié, mes frères et moi, et toute la maison de mon père, les ennemis d’Israël, depuis notre jeunesse jusqu’à ce jour, et les affaires ayant réussi sous notre conduite, nous avons délivré Israël diverses fois. Voilà trois générations de héros, de grands capitaines ; non pas un seul des enfants de cette tige miraculeuse, mais tous tiennent de leurs pères et de leurs aïeux. Si l’on trouve ailleurs que dans les Machabées une chose si extraordinaire, on me surprendra fort ; je ne sache pas avoir rien lu de semblable dans aucun historien. Le père décrépit, et n’en pouvant plus, exhorte ses enfants de l’imiter dans ses belles actions, comme dans celles des héros de leur nom.

Jean, animé par son père se met en campagne,à la tête d’une armée de vingt mille hommes, et marche à l’ennemi tout plein d’espérance, de courage et de résolution ; et, imbu des maximes et des principes de son père, il débute par une action digne d’un grand capitaine : ce n’est pas la fortune ou le hasard qui le fait vaincre, mais l’ordre et la conduite. La victoire, dit-on, est pour les gros escadrons ! non, certainement, mais pour les petits bien conduits et bien menés ; il faut que ceux-ci l’emportent sur les gros, car à la guerre le nombre ne fait rien, il est au contraire très-méprisable, quand même il serait bien conduit, si un autre plus faible lui oppose une plus grande habileté. Voilà comme la maxime des gros escadrons tombe d’elle-même ; cela est fâcheux pour tant de généraux qui en sont follement entêtés.

L’armée de Cendebée était supérieure à celle de Jean, et avantagée encore par un torrent qui séparaît les deux armées, et qu’il fallait que les Hébreux passassent pour combattre leurs ennemis.

Jean, dit l’Écriture (1 Machabées 16.6), fit avancer ses troupes vers eux ; et voyant que ses gens craignaient de passer le torrent, il le passa le premier ; ce que les troupes ayant vu, ils le passèrent après lui. Voilà un général qui commence le premier à donner l’exemple, pour guérir ses soldats de la crainte du désavantage. Mais ce n’est pas ce que les gens du métier, comme les autres, doivent le plus admirer dans ce nouveau général, qui débute par un coup de vieux guerrier, c’est-à-dire par un coup de maître ; c’est l’ordre et la distribution de ses armées, c’est ce qu’on voit rarement. J’ai donné une dissertation dans mes Nouvelles Découvertes sur la guerre, où je fais voir le ridicule de mettre la cavalerie sur les ailes, et l’infanterie au centre ; car c’est l’infanterie, comme une armée très-forte, qui doit bien plutôt assurer et couvrir les ailes de la cavalerie. Je crois cet exemple très-grave et très-sensé, et j’ai regret d’avoir négligé de l’apporter pour preuve.

Jean ayant passé le torrent avec une diligence extraordinaire, cela ne pouvait être autrement, pour être aussitôt formé de l’autre côté, divisa, dit l’auteur sacré, son infanterie en deux corps, et mit au milieu sa cavalerie. Quant aux ennemis, ils avaient un grand nombre de gens de cheval.

Il est apparent que Cendebée, qui ignorait l’ordre sur lequel son ennemi devait se ranger, suivit la tactique ordinaire des nations de l’Asie ; car c’est ici une disposition qui n’entre point dans la tête des partisans de la routine, il dut disposer sa cavalerie sur les ailes, et l’infanterie au centre ; car de changer son ordre en présence de l’ennemi, ce mouvement était trop délicat ; il paraît même qu’il n’y pensa pas, puisqu’il marcha droit à lui. Cet ordre de bataille de Jean dut surprendre Cendebée et son armée ; l’infanterie qui vit de la cavalerie lui faire front, au lieu de l’infanterie, dut tomber dans une grande surprise ; cela suffit pour la décourager, car il est ordinaire à l’infanterie qui n’a pas accoutumé à combattre la cavalerie, de craindre une arme qu’elle croit plus redoutable dans une plaine, qu’elle ne l’est en en effet. Il en est de même de la cavalerie contre l’infanterie ; mais celle-ci serait la maîtresse contre la cavalerie et la battrait toujours, si elle connaissait sa force. Il paraît dans cette affaire que les yeux furent les premiers vaincus dans l’armée de Cendebée, de là vint la victoire de Jean presque sans combat. Il n’y a donc rien de miraculeux dans la défaite de Cendehée ; ou si l’on veut qu’il y ait du miracle, ce n’est qu’en ce que Dieu favorise toujours ceux qui prennent la défense de la justice et de la religion.