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Éphèse
Dictionnaire Biblique Bost
Westphal Calmet

Ville importante de l’Ionie et, sous les Romains, de l’Asie proconsulaire, sur les bords du Cayster, non loin de la mer d’icarie, entre Milet et Smyrne, à 320 stades (70 km) de cette dernière ville. Grâce à sa position elle faisait un commerce de transit fort considérable ; mais ce qui lui assurait le plus une haute célébrité, c’était son temple de Diane. Détruit par un fou, ce bâtiment que deux siècles avaient à peine suffi à construire, périt dans une seule nuit, mais il fut rebâti plus somptueux encore, et conservait toute sa magnificence au temps de Paul (Actes 19.24 ; voir Diane). Lorsque l’apôtre y arriva pour la première fois, il y trouva un certain nombre de Juifs qui reçurent l’Évangile (Actes 18.19-20) ; il n’y fit d’abord qu’un court séjour, et pendant son absence le juif Apollos le remplaça avec beaucoup de succès. Puis Paul revint, et continua d’accomplir pendant trois ans (20.31), son Å“uvre d’évangélisation, parmi les Juifs d’abord, puis parmi les païens, chez qui il trouva des amis, même d’entre les Asiarques (19.31), de sorte que son église fut un mélange de Juifs et de Grecs (20.21). C’est de là qu’il écrivit son épître aux Galates et la 1re aux Corinthiens. Il dut quitter la ville en suite de l’émeute de Démétrius, et au retour de son voyage en Macédoine, passant par Milet, il fit appeler auprès de lui les Anciens d’Éphèse, auxquels il donna de vive voix de nouvelles instructions (20.17) ; il ne paraît pas qu’il y soit retourné depuis (20.38), quoiqu’on ait voulu le conclure d’une certaine interprétation de 1 Timothée 1.3.À son départ il établit et consacra Timothée pasteur d’Éphèse ; plus tard la tradition nous montre aussi l’évangéliste Jean pasteur de la même ville : Jean doit y être mort, ainsi que Marie, la mère de Jésus, dont ce disciple bien-aimé s’était chargé, et Marie Madeleine. L’épître écrite à l’ange de cette église (Apocalypse 2.1-7), nous la montre dans un état spirituel en général assez prospère, quoiqu’il lui soit reproché en même temps d’avoir abandonné son premier amour ; il ne paraît pas que ni Jean ni Timothée ne s’y trouvassent encore à cette époque : Timothée y avait souffert le martyre peut-être quelque temps auparavant, et Jean était exilé. La ville d’Éphèse était l’un des plus grands sièges de la magie orientale (cf. Actes 19.13-20) ; là aussi nous la voyons succomber devant les témoins de la vérité ; son développement, puis sa chute éclatante et rapide, rappellent les succès et la confusion des magiciens de l’Égypte.

Épître aux Éphésiens. Elle fut écrite de Rome, et probablement à la même époque que celle aux Colossiens, puisque l’une et l’autre furent envoyées par Tychique, qui avait ordre de donner en même temps de vive voix aux églises des nouvelles de l’apôtre. Cette épître ne renferme de polémique contre aucune erreur déterminée ; elle ne contient presque rien que l’expression des sentiments de l’apôtre, des exhortations pratiques, et un exposé de la doctrine évangélique, tel qu’on pouvait le présenter à tous les païens nouvellement convertis. La seule partie spéculative est formée par l’exhortation à l’union entre les chrétiens-païens et les judéo-chrétiens, exhortation fondée sur la doctrine de l’économie divine. L’apôtre ne parle nullement à ses lecteurs comme à des personnes qu’il connaisse personnellement, puisqu’au contraire il leur fait connaître sa vocation (3.2-4). Il les salue d’une manière générale, et il est remarquable qu’il ne les saluait pas au nom d’un seul de ses nombreux compagnons, pas même de Timothée. Il est donc évident que cette épître ne peut avoir été adressée à l’église que Paul avait fondée lui-même à Éphèse ; Grotius a cru pouvoir en conclure, conformément à quelques manuscrits, qu’elle fut écrite aux Laodicéens (cf. Colossiens 1.16), mais la grande majorité des manuscrits s’oppose à cette manière de voir, et l’opinion d’Usserius, appuyée par Hug, Olshausen, Harless, Steiger, nous paraît beaucoup plus probable, savoir que c’était une lettre encyclique adressée entre autres aux Éphésiens, aux Laodicéens et aux églises environnantes ; arrivée à destination et copiée, il a pu facilement arriver que dans quelques exemplaires on ait mis le nom de Laodicée au lieu de celui d’Éphèse, et le caractère général de la lettre s’explique.