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Tabernacle
Dictionnaire Biblique Bost
Westphal Calmet

Ce mot qui a fini par prendre, dans notre langue, une signification, ou, pour ainsi dire, une couleur particulière, n’est autre que le mot latin qui signifie tente, et nous réunissons, dans un même article, ce qu’il y a à dire sur les tentes des Hébreux, et sur les divers tabernacles dont il est parlé dans l’Écriture.

Les tentes sont le plus ancien système d’habitations que la civilisation ait donné aux hommes ; comparées aux cavernes des hommes primitifs, elles sont le premier pas vers le progrès, et les peuplades nomades, les Arabes en particulier, en conservèrent l’usage longtemps après l’introduction d’un mode d’habitation plus solide (habakuk 3.7). Les soldats, les bergers et les voyageurs de l’Orient, continuèrent également de s’en servir, et ces derniers, au temps de Jésus, portaient souvent avec eux des tentes légères et faciles à transporter, n’étant pas toujours assurés de trouver pour la nuit un abri ou un gîte hospitalier.

Les patriarches demeuraient dans des tentes (Genèse 13.3-12 ; 18.1 ; 26.25), et plusieurs expressions du Pentateuque, qui n’ont pas dans nos traductions la même valeur, sont empruntées à la manière de planter, de dresser ou d’enlever les tentes. Elles étaient d’abord couvertes de peaux ; plus tard on y substitua des couvertures de laine ou de poil de chameau, ordinairement noires, ou du moins foncées (Cantique 1.4) ; celles qui étaient tissées avec du poil de chèvre passaient pour les meilleures contre la pluie ; les chèvres de Cilicie fournissaient, sous ce rapport, les matières les plus estimées, et l’on croit que c’est à faire des étoffes de ce genre que s’occupait l’apôtre Paul de Tarse.

La couverture, supportée par une ou plusieurs perches, était assujettie dans la terre par des pieux, et fortement tendue. La forme des tentes de l’Orient moderne, est ronde, ou ovale comme la coque renversée d’un vaisseau ; l’intérieur est divisé, par des rideaux ou tapis, en trois compartiments, dont le premier est réservé aux animaux délicats (les autres restent dehors), le second aux hommes, le troisième aux femmes. Les riches avaient même pour les femmes, et spécialement pour les veuves, des tentes séparées (Genèse 24.67 ; 31.33), comme les émirs de nos jours en Arabie.

La première division même, au lieu d’être affectée au bétail, sert quelquefois de vestibule chez les grands personnages, et de chambre pour les gens de service. Le sol est garni de tapis ou de nattes, qui font, la nuit, l’office de lits. L’ameublement de ces tentes est toujours fort simple : une lampe pour éclairer l’intérieur, et un tapis de cuir, coupé en rond, pour servir de nappe à l’occasion. Les villages nomades campent ayant leurs tentes disposées circulairement, et gardées par de gros et mauvais chiens. Il est parlé de villages semblables (Genèse 25.16 ; Ésaïe 42.11) ; ce sont plutôt des campements.

Le tabernacle d’assignation, appelé aussi tabernacle de l’assemblée, ou tabernacle de Dieu, parce que c’était là qu’Israël s’assemblait dans le désert pour le service divin, était une grande tente mobile, garantie des injures du temps par plusieurs couvertures que Moïse construisit d’après le modèle que Dieu lui-même lui en avait donné sur le Sinaï (Hébreux 8.5 ; Exode 25-27, surtout 26.13-30 et 36.3ss).

Le tabernacle était un rectangle dont la largeur et la longueur étaient entre elles comme 8 à 20 ; il était fermé de trois côtés, au nord, au sud, et à l’ouest, par des ais d’acacia couverts de lames d’or, avec des bases d’airain, hauts de 10 coudées, larges de 1,5 coudée, emboîtés l’un dans l’autre par deux tenons, l’un en haut, l’autre en bas, et portés par deux bases l’une supérieure, l’autre inférieure, où il y avait deux mortaises dans lesquelles ils s’emboîtaient ; pour soutenir le tout, comme le tabernacle devait être souvent démonté et remonté, il y avait à chaque ais cinq anneaux d’or à égales distances, dans lesquels on passait cinq bâtons de bois d’acacia, plaqués en or. La longueur du tabernacle était de 30 coudées (vingt ais de 1,5 coudée) 16,20 m ; sa largeur de 12 (huit ais de 1,5) 6,48 m ; l’intérieur n’avait que 10 coudées de large, 15,40 m, soit que l’on admette avec Bsehr que l’épaisseur des ais fut de 1 coudée, ce qui n’aurait pas rendu le tabernacle très portatif, soit que les ais du plus petit côté fussent posés horizontalement, et protégeassent par une saillie de 1 coudée de chaque côté les coins du tabernacle (voir Exode 26.24). L’entrée, tournée vers l’orient, se fermait par un magnifique voile ou tapis de fin lin, teint en pourpre, et brodé, attaché par des anneaux d’or à cinq colonnes de bois plaquées d’or.

Le tabernacle n’avait aucun jour ; d’épaisses tentures le recouvraient de toutes parts ; la première de ces draperies, celle de dessous, était la plus précieuse ; c’était un tapis de fin coton retors, bleu foncé, pourpre, et cramoisi, semé de figures de chérubins ; il garnissait l’intérieur du tabernacle, et retombait des deux côtés jusqu’à environ une coudée du sol ; il n’était visible au dehors que du côté de l’orient, fermant l’entrée du sanctuaire ; sa longueur était de 28 coudées (10,12 m), sa largeur de 40 (21,60 m). Par-dessus ce premier voile s’étendait, pour le préserver de la pluie, une tenture en poils de chèvre, ayant 30 coudées de long, et 44 de large ; puis une troisième couverture en peaux de moutons teintes en rouge, et enfin une quatrième, couleur de terre, de peaux de blaireaux, ou taissons. Les deux premiers tapis étaient fixés au tabernacle par des crochets ou agrafes d’or ; les autres couvertures étaient superposées, et n’avaient d’autre but que de protéger les premières contre les intempéries de l’air.

On y a vu cependant un type, la protection dont Christ couvre son Église, Christ aux enfers, Christ sur la croix, et Christ dans la gloire, successivement figuré par la couleur de terre, par le rouge, et par le bleu ; ou encore Christ (le rouge) servant d’intermédiaire entre Dieu et la terre, le bleu et le taisson. L’intérieur du tabernacle était divisé en deux compartiments, le lieu saint, long de 20 coudées, et au fond le saint des saints, long, large, et haut de 10 (5,40 m), séparé du lieu saint par un voile de pourpre, orné de figures de chérubins, supporté par quatre piliers d’acacia plaqués en or. Le lieu saint contenait la table des pains de proposition, le chandelier d’or, et l’autel des parfums ; dans le saint des saints était l’arche de l’alliance. (Mon frère, le pasteur J. Bost, de La Force, a reconstruit d’après les données bibliques, et en réduisant la coudée à 1 centimètre, le plan complet du tabernacle, avec tous ses accessoires, couleurs, boiseries, tentures, etc. C’est la meilleure manière de se former une idée exacte et précise de ce monument du mosaïsme. Il serait utile de le reproduire, et peut-être sur une échelle un peu plus grande. Je crois qu’on pourrait, malgré quelques difficultés d’exécution, faire un travail analogue pour le temple de Salomon.)

Le tabernacle était entouré d’une grande cour, le parvis des lévites et des sacrificateurs, qui seuls avaient le droit d’y entrer. Ce parvis avait 100 coudées de long, et 50 de large ; il était fermé par des courtines de fin coton retors, attachées à des colonnes, 20 dans la longueur, 15 dans le fond ; quatre piliers avec leurs soubassements d’airain servaient de porte sur le devant, et supportaient une tapisserie plus fine que le reste (Exode 27.9-18). Dans cette cour étaient la mer d’airain, les cuviers, l’autel des holocaustes, et quelques ustensiles destinés aux sacrifices.

On appelait enfin parvis du peuple tout l’espace environnant le parvis des prêtres, parce qu’il était permis au peuple d’aller jusque-là. Dans les campements, la tribu de Lévi entourait de tous côtés le parvis qui était son apanage, Moïse, Aaron et ses fils étant près de l’entrée, les Mérarites, les Guersonites, et les Kéhathites occupant les trois autres côtés. Les douze tribus avaient chacune leur place déterminée ; Juda était vis-à-vis de l’entrée ; les enfants de Rachel étaient derrière, etc. les Lévites étaient chargés d’assembler, de désassembler et de transporter les diverses pièces du tabernacle (Nombres 3.21 ; 10.17), nul autre qu’eux seuls n’eût osé y toucher.

Après que les Israélites furent établis en Palestine, le tabernacle fut d’abord fixé à Silo (Josué 18.1 ; 19.51), jusqu’au temps de Saül (Juges 18.31 ; cf. 20.18 ; 21.2 ; 1 Samuel 1.3 ; 2.14 ; 3.3 ; 4.3 ; 14.3). Cependant il n’était pas considéré comme unique sanctuaire, et d’autres lieux, tels que Nob et Sichem (Josué 24.26 ; 1 Samuel 21 ; Juges 17.5), servirent successivement ou simultanément de lieux de culte. Dès ce moment, l’arche paraît seule ; elle est portée à Kiriath-Jéarim, puis à Jérusalem, sans que les historiens sacrés nous disent positivement ce qu’est devenu le tabernacle. Peut-être était-il encore sous Saül à Nob dans la tribu de Benjamin, et fut-il transporté à Gabaon lors de la destruction de cette ville (1 Samuel 22). Il ressort en effet (de 1 Chroniques 16.39 ; 21.29), qu’aux jours de David le pavillon de l’Éternel était encore à Gabaon ; d’après 1 Rois 8.4, il aurait été déposé dans le temple de Jérusalem ; c’est la dernière notice biblique sur le sort de ce célèbre monument du désert.

Le rationalisme a voulu voir dans la description biblique du tabernacle une description faite après coup, ornée et embellie dans un temps où les pièces du procès avaient disparu, et où l’on ne pouvait plus en vérifier l’exactitude ; on s’appuie pour cela sur la magnificence de cette construction, la masse de métaux précieux qu’elle eût dû absorber, la rareté de plusieurs substances qu’on y a employées, la pourpre en particulier, et la difficulté de se les procurer dans le désert, le peu de temps employé à l’achèvement de tous ces travaux, neuf ou dix mois, les difficultés enfin du transport, si le tabernacle était tel qu’il est décrit. Il est aisé de répondre à toutes ces objections : le génie des chefs de travaux, l’or et l’argent emporté d’Égypte, les caravanes du désert, le grand nombre d’ouvriers mis en œuvre, toute une tribu employée au service matériel de transport et de rassemblement, font disparaître la plupart des difficultés.

Fête des Tabernacles. C’était l’une des trois grandes fêtes des Hébreux, l’une de celles que les Israélites devaient célébrer par leur présence personnelle à Jérusalem (Deutéronome 16.15 ; 31.10 ; cf. Zacharie 14.16 ; Jean 7.2). C’était aussi la plus réjouissante de ces fêtes annuelles. Comme elle était instituée en mémoire du voyage dans le désert, les Israélites quittaient leurs maisons, et s’établissaient pendant sept jours, le huitième était un sabbat, sous des tentes de feuillage et de peaux, qu’ils dressaient soit hors de la ville, soit dans les rues, dans les cours, ou même sur les toits (Lévitique 23.42 ; Néhémie 8.15). C’était aussi la fête de la récolte, parce qu’elle venait après que les Israélites avaient heureusement recueilli les fruits de leurs jardins, de leurs vignes, et de leurs champs ; on la célébrait en conséquence par des actions de grâces publiques, et des réjouissances auxquelles étaient invités les pauvres, les étrangers, les serviteurs et les orphelins (Deutéronome 16.11 ; Exode 23.16 ; Nombres 29.12). Outre les sacrifices ordinaires qui sont indiqués dans les passages ci-dessus, on devait prendre des fruits des plus beaux arbres, des branches de citronniers, de palmiers ou de saules (d’où son nom de fête des palmes), des rameaux d’arbres branchus, et les porter en signe de réjouissance (Lévitique 23.40). Les Juifs du temps de notre Seigneur chantaient aussi dans ces jours-là, des cantiques entremêlés d’Hosannas (sauve, je te prie !). La tradition ajoute que, depuis l’exil, les Juifs allaient, pendant les jours de cette fête, puiser de l’eau à la fontaine de Siloé, et qu’ils venaient en faire aspersion dans le temple, en chantant les paroles de Ésaïe 12 : Vous puiserez de l’eau avec joie des sources de cette délivrance ; peut-être le passage Jean 7.37, renferme-t-il une allusion à cette coutume. – La fête commençait au milieu du septième mois (tisri), le quinzième jour après la nouvelle lune de septembre ; les travaux de la campagne étaient finis, et la fraîcheur de la saison n’était pas encore assez sensible pour rendre incommode ou désagréable le séjour des pavillons de feuillage.