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Sheba
Dictionnaire Biblique Bost

1°. Descendant de Cham et de Cush par Rahma, nommé à côté de Dedan (Genèse 10.7 ; cf. 1 Chroniques 1.9).

2°. Descendant de Sem et de Héber par Joktan (Genèse 10.28 ; cf. 1 Chroniques 1.22). La tradition arabe a conservé cette origine pour une de ses peuplades.

3°. Fils de Jokshan, et petit-fils d’Abraham et de Ketura (Genèse 25.3). Il est également nommé à côté de Dedan. (Quant à Seba, fils aîné de Cush, voir Shéba 2°). Ces trois hommes du nom de Sheba sont-ils différents ? sont-ils des chefs d’autant de peuplades différentes ? Rosenmûller le pense, et il retrouve la troisième famille (Job 1.15), où cependant il est plus naturel de l’entendre des Arabes en général, de troupes d’Arabes. L’identité de nom des deux frères pourrait faire penser à une identité des individus, nos et , si la descendance n’était pas différente, la première étant camite et la troisième sémite. Quant aux deux premiers chefs, Michaélis essaie de les fondre en une seule famille, ou plutôt en une alliance de familles, tellement que le pays de Sheba aurait été habité en partie par des Cushites, en partie par des Joktanides ; Vater et Bohlen y voient au contraire deux traditions différentes sur l’origine d’une même peuplade ; Schrœder tient le milieu entre ces deux opinions, mais inclinant davantage vers la première ; les Sabéens, dit-il, ont dans cette table généalogique, un double élément d’origine, ils remontent par une fusion de races à Cham et à Sem, et peut-être les uns à Cham, les autres à Sem, mais habitant le même territoire et ne formant plus qu’un seul peuple, sinon une même famille.

4°. Région du sud de l’Arabie. On ne doute pas qu’il ne s’agisse sous le nom de Sheba, des célèbres Sabéens de l’Arabie Heureuse, habitant le nord du Yémen actuel, selon d’autres une partie de l’Arabie méridionale (Joël 3.8 ; Psaumes 72.10 ; Jérémie 6.20). Leurs caravanes traversaient les déserts, et portaient jusqu’aux ports marchands de la Méditerranée, les trésors de leur riche végétation et de leurs précieuses mines, de l’or, des pierreries, des épices, de l’encens, de la casse, etc. (Ézéchiel 27.22 ; 38.13 ; Job 6.19 ; Ésaïe 60.6). Cette peuplade riche et belle, la plus grande de l’Arabie, devait à ses richesses la considération générale dont elle était entourée, et les parfums aromatiques de ses rivages donnaient lieu aux récits les plus exagérés, aux légendes les plus fabuleuses.

Ils faisaient le commerce de transit entre l’Asie et l’Europe, et leurs caravanes allaient jusqu’en Syrie et en Mésopotamie ; ils paraissent même avoir été en relations d’affaires avec les Indes. Leur capitale, bâtie sur une colline, portait le nom de Sabas, et resplendissait de palais et de temples aux colonnes plaquées d’or ; des travaux d’art, gigantesques, et de la plus haute antiquité, réunissaient au-dessus de la ville les eaux des montagnes voisines, et formaient un lac artificiel dont les eaux, en s’écoulant par un nombre considérable de petits canaux, assuraient aux jardins, aux prairies, et aux plantations d’arbres, une fertilité digne du paradis. Descendants de Cush, les Sabéens, déjà grands, trouvèrent un nouvel élément de grandeur et de puissance dans leur fusion avec les Sabéens joktanides, auxquels se joignirent plus tard encore, comme troisième élément d’une nationalité qui grandissait en se mélangeant, les Sabéens issus d’Abraham et de Ketura. Ils paraissent avoir fait un commerce d’esclaves (Joël 3.8).

La reine de Sheba qui visita Salomon (1 Rois 10), était selon toute apparence originaire de cette contrée, et c’est à tort que Josèphe la fait venir d’Éthiopie ; les détails qui accompagnent le récit de sa visite s’accordent mieux avec la première supposition qu’avec la seconde. Les Abyssins, du reste, ont accepté la tradition de Josèphe comme donnant un certain lustre a leur histoire ; ils ajoutent qu’elle se nommait Maqueda, et qu’elle eut de Salomon un fils qui ressemblait tellement à son père que celui-ci, jaloux, le renvoya ; le jeune Menihélec emporta l’arche de l’alliance, qui l’aida un jour de sabbat à traverser une rivière, et ce miracle le convertit (Gobât, p. 322) ; la reine elle-même aurait aussi embrassé le judaïsme.

Preiswerk, dans le cinquième volume du Morgenland, p. 50., voit dans Sheba et Dedan, les deux familles principales de l’Inde, unies ou séparées par le Gange, et place Sheba à l’orient ; cette opinion ne peut guère se soutenir, quoiqu’elle ait aussi pour elle l’appui de Bohlen.