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Samarie
Dictionnaire Biblique Bost
Westphal Calmet

1°. Ville du centre de la Palestine, située sur le plateau d’une colline et entourée de montagnes plus élevées (1 Rois 16.24), noble situation pour une ville royale ; isolée, la colline de Samarie, haute de 133 mètres environ, ressemble à une citadelle qu’entoure un large fossé ; escarpée, elle est cependant pourvue d’eau, et dut sans doute, aux avantages de sa situation, l’honneur d’être choisie pour capitale d’Israël et de le rester malgré plusieurs changements de dynastie. Samarie, conservant le nom de Semer son premier possesseur, fut bâtie par Omri roi d’Israël (928 av. J.-C.) qui, après avoir encore habité six ans la ville de Thirtsa, après que le palais en eut été brûlé, changea de résidence, et passa les six dernières années de son règne à Samarie (cf. 1 Rois 16.29 ; 20.1-43 ; 21.1 ; 22.10-37). Cette ville fut à diverses reprises le siège principal du culte de Baal en Éphraïm (1 Rois 16.31 ; cf. 2 Rois 10.18 ; Jérémie 23.13).

Comme capitale du royaume des dix tribus, elle est souvent opposée à Jérusalem dans les oracles des prophètes (Ézéchiel 16.46 ; Amos 6.1 ; Michée 1.1). Elle fut assiégée par les Syriens sous Achab et sous Joram, et prise enfin par les Assyriens sous la conduite de Shalmanéser, après un siège de trois ans (1 Rois 20 ; 2 Rois 6, 7, 17, 18 ; 721 ou 722 av. J.-C.), puis peuplée comme les autres villes d’Israël par des colons étrangers (2 Rois 17.24 ; Esdras 4.10). Dans les temps qui suivirent l’exil, Samarie était encore une ville forte ; Jean Hyrcan la prit après un blocus d’un an, et la détruisit. Son territoire, au temps d’Alexandre, appartenait encore aux Juifs ; le général romain Gabinius releva la ville, Pompée la donna à la Syrie, et Gabinius acheva de la fortifier ; l’empereur Auguste la donna à Hérode le Grand, qui l’embellit, y mit une garnison de vétérans, la fortifia encore, et lui donna en l’honneur de son maître le nom de Sébaste (Augusta), qu’elle a conservé dans ses ruines sous la forme altérée de Subuste. La prospérité naissante de Sichem (Néapolis) porta le dernier coup à l’existence de Sébaste qui ne fit que dépérir ; on ne trouve plus sur l’emplacement de l’ancienne capitale des dix tribus qu’un petit village tout à fait insignifiant, auquel Clarke et d’autres voyageurs refusent même l’honneur d’occuper la place de l’ancienne Samarie, qu’ils croient être à quelques lieues de là, à Santorri ou Sanhùr, où l’on voit encore les ruines d’un vieux château.

Les prophéties sont accomplies, et lorsque tant d’autres villes conservent encore quelque chose d’imposant dans leurs ruines, Samarie n’est plus qu’un monceau de pierres dans les champs (Michée 1.6) ; ses ruines mêmes ont été démolies dans l’intérêt de l’agriculture, ses pierres ont été précipitées dans la vallée et entourent le tronc des oliviers ; ses fondements ont été découverts, et les débris d’une église grecque s’élèvent sur les fondements ruinés et découverts d’un des monuments de l’ancienne Samarie. Une vieille tradition fort incertaine, portant que Jean-Baptiste a été décapité ( !) ou du moins enterré à Samarie, il va sans dire qu’on lui a fait un tombeau et une église ; vingt et une marches conduisent le voyageur dans le caveau qui contient cinq niches funéraires.

2°. Comme capitale du pays, Samarie donna bientôt son nom à la contrée qui l’environnait ; on dit : les montagnes et les villes de Samarie, avant de penser à faire de Samarie le nom de la contrée, et les prophètes, considérant la capitale comme le représentant de l’idolâtrie qui avait envahi Israël, contribuèrent pour leur part à étendre le nom de Samarie au pays tout entier (1 Rois 13.32 ; 2 Rois 17.26 ; 23.19 ; Jérémie 31.5 ; Ézéchiel 16.51 ; 23.4 ; Osée 7.1 ; 8.5 ; Amos 3.9 ; Michée 1.5). L’expression : champs de Samarie, ou territoire de Samarie, se présente pour la première fois (Abdias 19), comme désignant d’une manière positive et claire, le pays sous le nom de sa capitale ; plus tard cet usage gagna naturellement du terrain, d’autant plus qu’il n’y avait pas d’autre nom convenable pour désigner cette contrée, les anciens noms ayant perdu leur valeur, ou ne rappelant plus que de tristes souvenirs. C’est dans les apocryphes (1 Maccabées 10.30 ; 11.28), que le nom de Samarie commence à être employé pour désigner le pays habité par les Samaritains, en opposition à la Judée et à la Galilée ; ce pays intermédiaire qui s’étendait de la mer au Jourdain et qui était l’un des plus riches de la Palestine, fut constitué en province par les rois de Syrie, et comprenait le territoire d’Éphraïm, celui de Manassé occidental et la partie sud-est de Issacar ; ses villes principales étaient Samarie, Sichem, Sunem, Éphraïm, Timnath-Sérah, Silo, etc. Césarée, qui appartenait au territoire de Samarie, était cependant une résidence des gouverneurs de la Judée. Le nom de cette province apparaît fréquemment dans le Nouveau Testament. Jésus la visita, et l’Évangile y fut annoncé par Philippe (Luc 17.11 ; Jean 4.4 ; Actes 1.8 ; 8.1 ; 9.31 ; 15.3).