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Monnaie
Dictionnaire Biblique Bost
Westphal Calmet

Les Hébreux ne connurent que fort tard l’argent monnayé ; jusqu’aux jours de l’exil, on les voit peser l’argent et l’or, et ne faire entrer en ligne de compte dans les dons, les échanges ou les ventes que le poids des métaux, leur nature et leur plus ou moins bon aloi ; Abraham pèse 400 sicles pour le tombeau de Sara, Joseph est vendu pour 20 pièces d’argent, le serviteur d’Abraham donne à Rebecca des bracelets pesant 10 sicles et des boucles d’oreilles de 2 sicles ; Moïse mesure en sicles les doses des divers objets qui doivent entrer dans la composition du parfum du tabernacle ; le poids des cheveux de Absalom est de 200 sicles, et toujours l’unité de poids est prise pour l’évaluation de l’argent (cf. Genèse 23.16 ; 24.22 ; 37.28 ; 43.21 ; 2 Samuel 18.12 ; Jérémie 32.9 ; voir Mines, Sicle, etc.).

Chez tous les peuples, les monnaies frappées au coin ne se sont introduites que fort tard, et les Chinois, à l’heure qu’il est, ne les possèdent pas encore, au dire des voyageurs. L’unité de poids chez les Hébreux, n’était cependant pas aussi incertaine et flottante qu’on pourrait le croire, parce que l’étalon en était conservé avec soin dans le sanctuaire (Exode 30.24), et qu’il devait servir à découvrir les fraudes et à maintenir immuablement l’unité une fois adoptée (cf. Lévitique 27.23 ; Ézéchiel 43.12 ; Amos 8.5). Il paraît que les Arabes ont eu aussi fort anciennement des poids fixes destinés à la vérification des contrats ; de là cette expression : « un sicle ayant cours chez les marchands » (Genèse 23.16 ; etc.). On s’en servait, sauf à les vérifier eux-mêmes, comme de nos jours encore, les marchands orientaux acceptent nos pièces monnayées, et ne les en pèsent pas moins. On se servait, comme chez nous, de bourses et de sacs pour porter l’argent ou pour l’expédier (2 Rois 5.23 ; 12.10). Les Phéniciens, et selon d’autres, les Indiens encore avant eux, ont eu la première idée de donner une empreinte aux pièces en circulation.

Après l’exil, on trouve d’abord des monnaies perses, les dariques, puis de l’argent gréco-syrien, des philïppes, des archers, des bœufs, etc., suivant que l’image du roi, d’un archer ou d’un bœuf se trouvait frappée sur le métal ; enfin, après avoir été regardés comme nuls pendant la captivité babylonienne et sous la domination des Grecs, les Hébreux obtinrent sous Antiochus Sidétès la permission de frapper des sicles et des demi-sicles à l’image de leur prince Simon Macchabée ; c’est la première monnaie hébraïque connue. La pièce d’argent mentionnée (Genèse 33.19 ; Josué 24.32 ; Job 42.11), sous le nom hébreu de kesita, n’était qu’un poids déterminé d’or ou d’argent qui, par la comparaison de Genèse 33.19 avec 23.16, devait valoir 4 sicles environ ; les anciens traducteurs rendent ordinairement ce mot par mouton, brebis, mais rien ne justifie cette version, quoique Munter essaie de la maintenir en comparant une monnaie de Chypre qui avait l’empreinte d’un mouton.

On trouve encore dans plusieurs cabinets de médailles des sicles juifs à l’image de Simon, mais ils renferment un bon huitième d’alliage de plus que les monnaies grecques ; on les connaît sous le nom de monnaies samaritaines ; la légende est en vieux caractères hébraïques. Il ne parait pas, du reste, que ces sicles maccabéens aient joui d’un grand crédit dans la circulation, et les princes juifs n’étaient pas bien placés pour battre monnaie avec avantage ; l’argent grec n’a jamais été hors de cours chez les Hébreux, et du temps de Jésus on calculait souvent encore en drachmes, en didrachmes, et en patères. La pite, ou lepton, était la plus petite de ces monnaies (Marc 12.42 ; Luc 12.39) ; elle valait environ 7 centimes.

Sous la domination romaine, les Juifs adoptèrent aussi le système monétaire de leurs vainqueurs, et même il paraît que du temps de Jésus c’était, sans exclusion des autres, celui qui avait le plus généralement cours ; on trouve mentionnés dans le Nouveau Testament : le denier (0,83 cent.) ; l’as (Matthieu 10.29 ; Luc 12.6), à l’effigie de l’empereur ; il était de cuivre et valait d’abord 1/10, puis seulement 1/18 du denier ; enfin le quadran de cuivre qui valait 1/4 d’as (Matthieu 5.26 ; Marc 12.42), selon d’autres 0,07 cent.

Pour se faire une idée, non point exacte sans doute, mais approximative de la valeur relative de l’argent aux différentes époques de la vie juive, on peut comparer les chiffres suivants : en temps ordinaire le sat de fine farine valait un sicle, et pour le même prix on pouvait avoir deux sats d’orge (2 Rois 7.1) ; un cheval d’Égypte valait sous Salomon 150 sicles (1 Rois 10.29) ; le prix ordinaire d’un esclave était de 30 sicles (Exode 21.32 ; cf. Genèse 37.28 ; Matthieu 26.15) ; sous les juges un homme donna 10 sicles par an au sacrificateur de sa maison (Juges 17.10) ; un bon cep de vigne est évalué à un sicle (Ésaïe 7.23) ; David achète pour 50 sicles une aire avec une paire de bœufs (1 Samuel 24.24) ; une vigne doit rapporter à Salomon 1000 sicles par an (Cantique 8.11 ; cf. Juges 17.4 ; 1 Samuel 9.8 ; Néhémie 5.15). Dans le Nouveau Testament, nous voyons la journée de travail payée un denier (Matthieu 20.2), et les soins donnés à un malade dans un caravansérail pour plus d’une journée, rétribués deux deniers (Luc 10.35). Plusieurs de ces chiffres laissent de l’incertitude dans l’esprit à cause de l’indétermination des poids et des mesures ; il en ressort pourtant d’une manière générale que la vie n’était pas chère, et que les denrées nécessaires à la vie étaient bon marché aussi bien que la main-d’œuvre.