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1°. Voir Josué.
2°. Roi d’Israël. Dix-neuvième et dernier roi d’Israël, fils d’Éla (2Rois, 15.30 ; 17.1). Il succéda à Pékakh contre qui il avait conspiré, et qu’il fit mettre à mort, mais il ne put monter sur le trône qu’après neuf ou dix ans d’une affreuse anarchie. Moins coupable que ses prédécesseurs, il ne suivit cependant pas la bonne voie ; éminemment faible, il laissa subsister l’idolâtrie dans ses états, mais sans s’opposer aux prophètes et aux saints messagers de la repentance et de la loi. Salmanéser roi d’Assyrie, fils de Tiglath-Pilèser, marcha contre lui, l’asservit et lui imposa un tribut ; mais quelque temps après, ayant fait alliance avec le roi d’Égypte, Osée crut pouvoir secouer le joug, et refusa de payer le tribut ; ce fut le dernier acte de la politique d’Israël. Salmanéser revint, assiégea Samarie, la prit, égorgea une partie de ses habitants, et emmena en exil le roi et l’élite de la nation. Ainsi furent accomplies les prophéties d’Ésaïe (5.7-13-19, 22-30, et d’Osée (8.5-7 ; 9.7 ; etc.).
D’après 2 Rois 15.30, Osée commença à régner la vingtième année de .lotham (739 avant Jésus-Christ), et d’après 2 Rois 17.1, ce ne fut que la douzième année d’Achaz (729) ; le même historien aurait donc, dans le même livre et dans deux passages presque successifs, établi une différence de dix ans entre deux données sur le commencement d’un règne qui a dû être célèbre ; il est évident qu’il ne saurait y avoir là de contradiction ; l’inspiration même n’est pas en cause, mais le simple tact, le bon sens, la réflexion de l’historien. Le premier passage fixe l’année de la mort du précédent roi, celle où Osée commence à se mettre à la tête des affaires, et à lutter pour se faire reconnaître ; le second passage indique le moment où, après de longs combats, il commence à régner sans conteste (Desvignoles, Bengel, Winer, etc.).
C’est dans la troisième année du règne d’Osée que le pieux Ézéchias étant monté sur le trône de Juda, fit convoquer à Jérusalem les fidèles des dix tribus pour une Pâque solennelle qu’il se proposait de célébrer ; mais les peuples s’en moquèrent ; quelques hommes seulement d’Aser, de Manassé, et de Zabulon se rendirent à cet appel. Ce royaume était vermoulu et mûr pour sa ruine.
Avec Osée tomba le royaume d’Israël, près d’un siècle et demi avant celui de Juda, laissant à celui-ci un avertissement solennel des conséquences de l’idolâtrie ; on peut remarquer qu’aussitôt après avoir raconté la chute d’Israël, l’historien sacré ajoute la liste des péchés dont cette chute était le châtiment.
3°. Prophète. Le premier en rang des douze petits prophètes, et aussi l’un des trois plus anciens dans l’ordre chronologique. Quant à sa personne, tout ce que l’on en sait, c’est qu’il était fils d’un certain Beéri qui, du reste, est complètement inconnu. L’ingénieux rapprochement de ce nom avec celui de Béera, Rubénite (1 Chroniques 5.6), ne peut rien démontrer. On ignore même si Osée appartenait au royaume de Juda ou à celui des Dix tribus ; les arguments pour ou contre ces deux hypothèses se contrebalancent à peu près, comme le font remarquer Winer et De Wette ; cependant, l’opinion qui fait d’Osée un sujet du roi d’Israël, se justifierait plutôt par les considérations suivantes, développées par Haevernick. D’abord il est rare qu’un prophète de Juda ait été envoyé auprès des Dix tribus ; les seuls exemples connus sont ceux de 1 Rois 13, Amos 7, et, dans ces deux cas, il y a, en quelque sorte, une justification, une explication de ce fait, ce qui n’a pas lieu pour Osée. Puis le langage de ses oracles, un peu rude et semé d’araméismes, semble indiquer que l’auteur appartenait aux districts septentrionaux de la Palestine. Enfin, la connaissance détaillée que le prophète possède des diverses localités du royaume schismatique (5.1 ; 6.8-9 ; 12.12 ; 14.6 ; etc.), et surtout certaines expressions, comme le pays (1.2), notre roi (7.5), ne s’expliquent guère que dans la bouche d’un natif du pays, d’un sujet de Jéroboam II.
Le temps auquel vécut Osée est indiqué dans le premier verset de son livre, qui sert de titre à tout le recueil. Il a prophétisé sous le règne des rois de Juda, Ozias, Jotham, Achaz et Ézéchias, et du roi d’Israël Jéroboam II. Les époques extrêmes de son ministère ont donc été Jéroboam qui mourut (784 avant Jésus-Christ) et Ézéchias qui monta sur le trône en 725, ce qui constitue une activité prophétique d’au moins soixante années ; si l’on prend, au contraire, pour extrêmes l’avènement de Jéroboam et la mort d’Ézéchias, on atteint le chiffre de cent vingt-deux ans ; mais il est clair que le premier est plus près de la vérité que le second. Sous ce rapport, Osée rappelle Jérémie et Daniel, qui commencèrent dès leur jeune âge, et poursuivirent, pendant leur longue carrière, leur laborieuse mission. Osée et Jérémie apparaissent comme les anges gardiens de leur patrie, se voilant la face parce que leurs paroles ne peuvent réveiller leurs compatriotes, ni les sauver de la destruction qui les menace.
Osée vivait pendant l’époque la plus sombre de la politique d’Israël. Avec Jéroboam, la maison de Jéhu se précipitait vers sa ruine. Des troubles intérieurs, des attaques du dehors sous Phul et Tiglath-Piléser, menaçaient l’indépendance et l’existence même du pays. Après la chute de la maison de Jéhu, sous Zacharie, quelques aventuriers heureux, Sallum, Manahem, Pékach, réussirent à s’emparer, les uns après les autres, du trône, mais sans pouvoir tenir les rênes de l’État, qui était réellement livré à l’anarchie sous l’apparence de la royauté. Au point de vue religieux, les Éphraïmites faisaient au prophète la position la plus difficile ; s’ils eussent été complètement idolâtres, Osée eût pu directement s’élever en témoignage contre leur abandon du vrai Dieu ; si, tout en se livrant aux désordres de la vie, de la chair et du péché, ils eussent conservé, pur et sans mélange, le culte de l’Éternel, le prophète eût pu en appeler de leurs œuvres à leur foi, et les convaincre de péché par leur propre profession ; mais ils avaient adopté un mélange philosophique de judaïsme et de paganisme, un amalgame du culte de Baal avec la religion de leurs pères, qui les relevait à leurs propres yeux, les endurcissait dans leur demi-erreur, et semblait leur permettre de croire que, pourvu qu’ils restassent attachés à l’Éternel, il n’était point nécessaire qu’ils renonçassent au culte de Baal et des veaux de Dan et de Béthel. Dans la supposition la plus favorable, Osée ne pouvait leur apparaître que comme un enthousiaste, un fanatique bien intentionné.
Les mœurs devaient naturellement se ressentir et de l’anarchie politique, et de l’apostasie religieuse. La puissance que le royaume avait un instant recouvrée sous Jéhu, n’avait servi qu’à frayer la voie à tous les vices ; en s’enrichissant, le peuple s’était corrompu ; avec le relâchement des liens civils, les autres liens s’étaient également relâchés ; la religion n’avait plus d’influence sur les cœurs, parce que ceux qui l’avaient faite l’avaient, comme toujours, modelée sur les passions de la multitude, et façonnée au gré du grand nombre. La mesure était comble. De là le caractère particulier des oracles du prophète. S’il rappelle Amos en plusieurs passages (cf. Osée 4.15 ; Amos 5.5 ; Osée 5.5 ; 7.10 ; Amos 6.8 ; Osée 10.4 ; Amos 6.12 ; 5.7 ; Osée 8.14 ; Amos 2.5), c’est comme Ésaïe 2, rappelle Michée 4 ; comme 2 Pierre rappelle Jude ; son individualité, son caractère ne disparaît pas sous ces rapprochements. Il ne vient pas tant pour consoler son peuple et lui ouvrir des perspectives de bonheur, que pour l’instruire, l’avertir et le censurer ; car l’homme enflé de sa propre sagesse n’aspire pas vers des temps meilleurs ; il faut surtout chercher à le convaincre de l’immoralité de ses actions, afin d’en déduire clairement son appauvrissement spirituel sur lequel il se fait illusion.
C’est probablement avec Osée que commence la transition de la prophétie parlée, à la prophétie écrite, et l’on a tout lieu de croire qu’il est le premier qui ait rédigé et recueilli ses oracles. Tout chez lui semble indiquer non le commencement d’une ère nouvelle, mais la fin de l’ancienne. Il reste éminemment juif ; sa mission se borne au royaume d’Éphraïm ; ce n’est qu’en passant qu’il parle de celui de Juda, et, quant aux nations étrangères, il n’a rien pour elles, pas même des menaces. Des menaces seraient, en effet, déjà un avertissement, par conséquent une marque d’intérêt, et les prophètes postérieurs s’occupent des païens sous ce rapport ; puis, après les menaces, viennent aussi peu à peu les promesses. La transition est à la fois naturelle, intelligible, et bien appropriée aux besoins et aux préjugés des Juifs. Mais les oracles relatifs aux Gentils ne pouvaient leur être adressés de vive voix ; ils devaient être écrits. Osée, en écrivant ses prophéties pour les Juifs, prépare ainsi la voie à ceux qui écriront pour Tyr, l’Arabie, et les nations plus éloignées.
Il embrasse moins l’avenir que le présent, dont il fait un tableau varié, vivant, et remarquablement coloré. Son style lyrique est obscur et difficile, composé de phrases sentencieuses, courtes et saccadées, qui indiquent plutôt qu’elles n’expliquent la pensée du prophète. Il semble parler parfois en hiéroglyphes, et l’on se surprend souvent à désirer qu’il développe et coordonne les idées qu’il ne présente que détachées et comme voilées. Le recueil de ses prophéties se divise en deux parties principales : la première, chapitres 1-3, est en prose : elle date du commencement de son ministère (1.2) et contient l’histoire de ses rapports avec deux femmes, dont l’une, Gomer, fille de Diblaïm, fut son épouse légitime, et lui donna plusieurs fils ; l’autre, femme d’une conduite irrégulière, conclut avec lui un marché par lequel elle consentait à habiter dans sa maison, mais sans aucun autre rapport que celui de la protection qu’Osée lui promettait. La signification symbolique de cette double relation devait rappeler aux Juifs, d’une manière frappante, les rapports de Dieu avec eux, et leur défection représentée souvent comme un adultère dans les oracles des prophètes.
Un grand nombre d’auteurs, Calvin entre autres, scandalisés de l’interprétation littérale de ces premiers chapitres, ont voulu n’y voir qu’une simple parabole. Hengstenberg et Hievernick vont un peu plus loin, et pensent que ces faits ont dû se passer réellement, mais pas extérieurement, dans l’esprit et non dans la vie du prophète, qui raconte ici des expériences intimes, et les développe à l’usage du peuple. Il serait trop long d’entrer ici dans la réfutation de ces systèmes allégoriques ; nous renvoyons aux articles de freiswerk dans le Morgenland (1841, p. 129 et suiv., 461 et suiv.), et traduits en français sous le titre de : « Les douze petits prophètes », par la Société de Neuchâtel ; nous nous bornerons à faire remarquer que si le fait lui-même était de toute autre nature, on n’aurait pas eu l’idée d’en nier la réalité ; qu’il s’agit pour Osée d’un mariage réel ; que Gomer peut aussi bien avoir été une femme idolâtre, païenne ou juive, qu’une femme débauchée ; que, dans les rapports d’Osée avec la seconde femme, rien n’indique qu’il y ait eu commerce intime et illégitime ; que les détails donnés par le prophète sur le nom de la première femme et de son père, le prix de la seconde, le sexe des enfants, seraient tout à fait oiseux si l’histoire, n’était qu’une allégorie ; qu’enfin un ordre de Dieu enlève à une action quelconque tout caractère d’immoralité.
Quant au sens de cette première partie, l’auteur a pour but de faire considérer les maux d’Israël comme un châtiment de son schisme et de son idolâtrie ; il annonce la ruine de la maison de Jéhu et la chute des dix tribus, les compassions de Dieu pour le royaume de Juda, les jours heureux qui recommenceront à luire sur Israël dès qu’il sera revenu pour toujours à ses rois légitimes et à son Dieu.
La 2e partie du livre comprend les chapitres 4-14 : le style en est poétique et lyrique, et semble préparer le langage prophétique. On peut dire d’une manière générale que ces onze chapitres appartiennent à la dernière moitié du ministère d’Osée, mais on n’en fixe pas l’époque ; on ignore même s’ils appartiennent à divers temps, ou s’ils ont été rédigés par le prophète au même moment : dans ce dernier cas ils seraient postérieurs à la prise d’Arbélah par Shalman (10.14), qui eut lieu sous Osée roi d’Israël, et en la sixième année d’Ézéchias, roi de Juda, c’est-à-dire en 719, (ce qui porte à soixante-cinq ans au moins la vie prophétique d’Osée.) Le prophète développe ici ce qu’il a dit dans ses trois premiers chapitres ; sa parole sévère ne s’adresse qu’au présent, et n’empiète qu’à peine sur les temps futurs ; ce n’est qu’au dernier chapitre qu’il jette comme un regard furtif sur les jours du salut ; alors il ne sera plus question de recourir aux puissances temporelles de l’Égypte et de l’Assyrie (14.3) ; l’idolâtrie aura pris fin (v. 8), Israël converti de cœur se réjouira en l’Éternel seul (v. 1-2, 4), Osée n’en dit pas davantage sur ce sujet ; il annonce des malheurs prochains, mais le moment n’est pas venu d’annoncer clairement les promesses ; d’ailleurs qui les comprendrait ? qui est celui qui est sage ? C’est avec cette parole plaintive qu’il se retire de la scène prophétique, laissant à ses successeurs le bonheur de faire connaître à un peuple châtié et mieux préparé, les moyens de grâce que l’Éternel a en réserve pour ceux qui le craignent.
Plusieurs passages d’Osée sont rappelés dans le Nouveau Testament (Matthieu 2.15 ; 9.13 ; Luc 23.30 ; 1 Corinthiens 15.55 ; etc.) ; le prophète est nommé en Romains 9.25-26.