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Art très ancien puisqu’on trouve des poteries dans les sépultures préhistoriques : néolithique palestinien. « La Palestine est riche en argiles rouges et en marnes plastiques. Malgré la profusion de ces matières premières, faciles à travailler, l’art du potier palestinien, d’abord très fruste, n’arrive à produire que des vases mastocs et lourds, faits avec une pâte grenue, mal cuite, et même à l’origine simplement cuite au soleil. Elle contient souvent des fragments de calcaire ou des petits cailloux, destinés, sans doute, à bien lier la pâte et à la consolider. Ces vases primitifs, monochromes et lourds, sont peu élégants. Leurs goulots au rebord épais s’évasent assez largement. La plupart sont sans anse ; d’autres ont un bourrelet ou des oreillettes sur la panse pour faciliter leur transport ; quelques autres portent de véritables anses de fortes dimensions. Cette poterie est faite à la main, sans tour. Plus tard, l’artiste esquisse quelques ornements striés, verticaux ou obliques, tracés avec la pointe fine d’un silex ; il pratique des incisions avec l’ongle ou des incrustations avec des coquilles ; et même il s’essaie à reproduire des animaux, oiseaux, quadrupèdes, dont les formes anguleuses et la facture naïve rappellent les dessins que les petits enfants font sur les murs » (Dr Perrier, La Préhistoire, de la Palestine et la Bible, p. 14s).
Sérieux progrès : usage du tour. Céramique régulière, formes symétriques et élégantes. Les anses s’amincissent et s’allongent (vases à étrier). Aspects très variables depuis le simple bol sans ornement jusqu’à la cruche au bec gracieusement recourbé. Des décorations apparaissent : oiseaux aux pattes grêles, antilopes élancées, poulpes aux bras tordus gracieusement enchevêtrés.
Avec de fines ornementations souvent copiées sur des ustensiles de métal. L’art de la poterie égyptienne avait atteint un remarquable degré de perfection, comme en témoignent les peintures sépulcrales et les innombrables vases égyptiens.
Les Israélites connaissaient cet art : non seulement ils se servaient d’outrés (voir ce mot) en peaux de bêtes (Genèse 21.14 ; Juges 4.19 ; 1 Samuel 16.20 etc.), mais ils employaient aussi des cruches (Genèse 24.14 ; Juges 7.16 ; 1 Rois 17.12 etc.). Ils avaient des ustensiles en terre lors de leur séjour dans le désert (Lévitique 6.21 ; Lévitique 14.5 ; Nombres 5.17). L’argile destinée à la poterie était foulée aux pieds de manière à former une pâte (Ésaïe 41.25 ; Sagesse 15.7). La pâte était ensuite placée par le potier sur un tour formé de deux disques de bois superposés, l’un plus grand que l’autre, et fixés sur un axe perpendiculaire. Ce tour pouvait être tourné à la main ou au moyen d’une pédale (Ésaïe 45.9 ; Jérémie 18.1-4 ; Siracide 38.29). Les vases étaient ensuite polis, vernis et enfin passés au four (Siracide 38.30). Il est question dans l’Ancien Testament de vases cassés, de tessons (Ésaïe 30.14 ; Job 2.8).
Ces ustensiles de terre (figure 228, 292) étaient employés de diverses manières : conservation de contrats (Jérémie 32.14) ; tuiles sur lesquelles on écrit (ostraca), cuisine et usages domestiques (voir Maison). Il y eut même en Israël une corporation royale de potiers (1 Chroniques 4.23). Voir Papyrus et ostraka.
La fragilité des vases d’argile est l’image de la faiblesse humaine devant la puissance de Dieu (Psaumes 2.9 ; Ésaïe 30.14 ; Ésaïe 41.25). La puissance du potier sur l’argile est l’image de la souveraineté de Dieu (Ésaïe 29.16 ; Ésaïe 64.8 ; Jérémie 18.2 ; Jérémie 19.1-10 ; Siracide 33.13 ; Romains 9.20 ; Romains 9.24). Le thème de fable montrant le pot de terre brisé par le pot de fer (La Fontaine, Fables, V, 2) se trouve déjà dans Siracide 13.2 ; le même auteur déclare : « Instruire un sot, c’est coller un pot » (Siracide 22.7). Les vases d’argile du potier sont opposés à l’or pur, comme image du contraste entre petits et grands (Lamentations 4.2). Les divers vases d’argile sont eux-mêmes destinés à des utilisations nobles ou viles (Sagesse 15.7, cf. Romains 9.21). Dans Zacharie 11.12 et suivant, le geste de jeter l’argent au potier est une marque de mépris ; ce passage semble avoir été combiné avec celui de Jérémie 32.6 ; Jérémie 32.9 sur l’achat d’un champ, dans l’explication de Matthieu 27.7 ; Matthieu 27.10 sur le Champ du Potier, qui se réfère au prophète Jérémie (voir Aceldama). Certaines expressions bibliques, comme Genèse 2.7 ; Siracide 27.5, etc., sont encore empruntées au métier du potier.
Voir H. Vincent, Canaan, ch. V ; Bertholet, Histoire de la civilisation d’Israël, pages 43, 102, 240ss.
Pour la porte de la Poterie, voir Harsith.
P. A.