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D’après Genèse 1.21, ils sont l’œuvre du cinquième jour, comme les grands monstres de la mer et les oiseaux du ciel (voir Création). Ils forment un groupe spécial dans diverses énumérations (Genèse 9.2 ; 1 Rois 4.33) ; mais nulle part la Bible ne fait un essai de classification, ni de distinction d’espèces ou de genres : elle n’a conservé aucun nom de poisson. La seule division indiquée est d’ordre rituel : entre les poissons purs, qui sont pourvus de nageoires et d’écailles, et les impurs, qui en sont dépourvus (Lévitique 11.9 s). Cette condition devait caractériser les poissons proprement dits, et prohiber les animaux aquatiques, cétacés, amphibies, reptiles d’eau, etc., ou même l’anguille, qui ressemblait à un serpent.
Les livres saints font de fréquentes allusions à la pêche. Les Israélites avaient pu l’apprendre en Égypte, où le poisson était la principale ressource alimentaire (Nombres 11.3, cf. Ésaïe 19.8) ; les deux premières plaies avaient fait périr les poissons et fait sortir des eaux les grenouilles (Exode 7.14-8.15 ; Psaumes 105.29 et suivant ; Sagesse 19.10). Salomon passait pour avoir décrit dans ses ouvrages le monde des poissons (1 Rois 4.33). Jérusalem possédait un marché aux poissons (Néhémie 3.3 ; Néhémie 12.39 ; Sophonie 1.10), sans doute approvisionné par les pêcheries de la Phénicie (Néhémie 13.16) et du lac de Galilée. Au temps du Christ, les pêcheries de la mer de Tibériade étaient très prospères (Josèphe, Guerre des Juifs, II, 21.8 ; III, 10.9). Les principaux disciples sont d’anciens pêcheurs ; plusieurs sont originaires de Bethsaïda (voir ce mot), dont le nom signifie : lieu de pêche. Sans parler des paraboles qui ont trait à la pêche, nous avons deux récits de pêches miraculeuses (Luc 5 ; Jean 21).
Les eaux de Palestine sont très poissonneuses, surtout dans les lacs galiléens : ceux-ci, avec le Jourdain dont ils ne sont que les élargissements, renferment une forte proportion d’espèces qui leur, sont spéciales, 14 sur les 43 que compte la faune palestinienne (voir Palestine, VII).
Les principales appartiennent aux genres chromis (tanches, etc.) et cyprinodon (carpes, goujons), pourvus de nageoires et d’écaillés et par conséquent tenus pour purs ; le clarias tnacracanthus, sorte de silure, également très commun, poisson sans écailles, était impur et interdit. Ce sont probablement ces poissons que les pêcheurs rejetaient au lac avec le menu fretin, coquillages, oursins, etc., lorsqu’ils triaient leur récolte (Matthieu 13.47).
Le poisson qui n’était pas consommé était sans doute salé, comme encore aujourd’hui. On a cru que les Israélites conservaient aussi les poissons dans des viviers ; c’est une erreur, due à de fausses traductions (voir Piscine).
Alors que le Jourdain et ses affluents sont très riches en poissons, on sait que par contre la mer Morte (voir article) ne contient aucun être vivant dans ses eaux sursaturées de sels mortels : ceux que le courant y entraîne périssent aussitôt. D’où la puissance de la vision d’Ézéchiel, annonçant que la mer Morte, régénérée par le courant jailli du seuil oriental du temple, nourrira des espèces de poissons aussi nombreuses que celles de la Méditerranée (Ézéchiel 47.8 ; Ézéchiel 47.10).
Les poissons du système jordanien sont très voisins de ceux de l’Afrique orientale ; ces affinités, également constatées pour les oiseaux et les végétaux, rattachent étroitement la Palestine au continent africain.
Le poisson de Jonas (Jonas 2.1) est qualifié de grand poisson (hébreu gad) ; c’est aussi le sens du mot grec kêtos (Matthieu 12.40), que certaines versions (Martin) ont rendu bien à tort par : baleine.
On sait le rôle que jouent le foie et le fiel d’un poisson dans le prodigieux magique du conte de Tobit (Tobit 6.2 ; Tobit 6.9-17 ; Tobit 8.2 ; Tobit 11.4 ; Tobit 11.8 ; Tobit 11.11).
Plusieurs peuples de l’antiquité ont pratiqué le culte du poisson, d’où la défense justifiée de Deutéronome 4.18 ; les Égyptiens en adoraient plusieurs espèces ; Dagon (voir ce mot), le dieu national des Philistins, dont les temples de Gaza et d’Asdod étaient les principaux sanctuaires, pouvait être un dieu-poisson.
On a indiqué, à l’article Alphabétique (poème), paragraphe III, comment le nom grec du poisson, ichthus, est devenu par acrostiche le symbole du Christ Sauveur et de ses fidèles ; ce symbole est « très fréquent sur les murs des Catacombes : tantôt seul, tantôt supportant une petite croix, tantôt supportant un navire (Jésus-Christ soutenant l’Église), ou bien près d’une ancre, ou encore près d’une colombe (Jésus-Christ et le Saint-Esprit). » (P. Bourguet, Le visage de Jésus, p. 42).
E. D.