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C’est la région que le Nouveau Testament appelle le « pays au delà du Jourdain » (Matthieu 4.25), et qui correspond au « pays de Galaad » de l’Ancien Testament (Juges 10.8), aujourd’hui le massif de l’Adjloûn. Les LXX ont traduit par péran toû Iordanou ou to péran toû Iordanou (Juges 10.8 ; Deutéronome 1.1 ; Deutéronome 1.4 ; Deutéronome 3.8 ; Josué 1.1), mais c’est Josèphe qui, le premier, parla de Pérée pour désigner ce territoire qui est d’une grande importance dans l’histoire de la Palestine.
Le pays de Galaad appartint aux Israélites jusqu’au VIIIe siècle, date de la conquête assyrienne. Il rentra dans l’histoire juive sous les Macchabées quand Judas, aidé de Jonathan, son frère, ramena à Jérusalem ses compatriotes menacés par les « païens de Galaad » (1 Macchabées 5.9 ; 1 Macchabées 5.54). Ceux-ci furent à nouveau sous la domination juive par suite des conquêtes de Jean Hyrcan (Madaba) et surtout d’Alexandre Jannée, qui réoccupa un territoire allant du pied de l’Hermon aux bords de la mer Morte, en lui imposant la loi et les coutumes juives. En 63 avant Jésus-Christ, Pompée organisa la province de Pérée dont Josèphe nous indique les frontières (Guerre des Juifs, III, 3.3). Au nord lle atteignait au domaine de Pella (Kkirbet Fâhil), au sud à Machaerus (Kh. el-Mkaour, à l’est de la mer Morte), à l’ouest au Jourdain, à l’est au territoire nabatéen et aux villes autonomes de Hesbon, Philadelphie (Amman) et Gérasa (Djérach). Le reste de l’ancien pays de Galaad était attribué aux autres villes de la Décapole : Gadara (Mkeïs), un peu au sud de la vallée du Yarmoûk et au sud-est du lac de Tibériade ; (cf. Matthieu 8.28) Abila (Tell Abil), à l’est de Mkeis ; Pelia (Kh. Fâhil, cf. le FHL du Talmud), qui fut le refuge de la communauté chrétienne de Jérusalem, au moment du siège de la ville sainte ; Dion (Edoûn), au sud d’irbid.
À l’époque évangélique, Hérode Antipas, que les textes bibliques appellent parfois simplement le roi Hérode (Marc 6.14), un des fils d’Hérode le Grand, était tétrarque de Galilée et de Pérée (Luc 9.7) ; Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVII, 8.1). Durant le cours de son ministère, Jésus eut de fréquents rapports avec les habitants de Pérée, que sa prédication attira en Galilée (Matthieu 4.23 ; Marc 3.8), ou qu’il visita souvent (Matthieu 19.1 ; Marc 10.1). C’est pendant un de ces séjours qu’il fut rappelé à Béthanie par la maladie de Lazare (Jean 10.39 ; Jean 11.3 et suivant). Quelques années après la mort de Jésus, Hérode Antipas était tombé en disgrâce (an 37) ; Agrippa 1er reçut sa succession, à laquelle l’empereur romain Claude ajouta le reste de la Palestine, mais à sa mort (44 après Jésus-Christ) tout le pays devint province romaine. Pourtant, quelques années plus tard, Agrippa II (celui de Actes 25.13), qui avait hérité du domaine de son oncle Hérode de Chalcis (l’Iturée), obtint à nouveau la Pérée ; mais en l’an 100 Trajan, profitant de la mort d’Agrippa, fit rentrer toute la contrée sous la domination romaine.
A. P.