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Ce mot, dérivé du terme grec employé dans le Nouveau Testament, traduit exactement le terme araméen dont se servaient les Juifs de Palestine an temps de Jésus, puisqu’il signifie comme lui (et, du reste, comme le mot église), « assemblée » ou « congrégation ».
Comme le mot d’église, encore, celui de Synagogue s’emploie dans un sens large ou dans un sens étroit.
Dans son acception la plus étendue, la Synagogue désigne une collectivité, un groupe social, une communauté civile et religieuse, correspondant, dans un petit village, à la totalité de la population ; dans une ville, aux habitants d’un quartier, d’un groupe de maisons ou même aux membres d’une corporation ; dans une cité étrangère, à l’ensemble ou à une partie de la colonie juive, selon son importance. Dans son acception la plus restreinte, la Synagogue est le lieu de réunion, le bâtiment où s’assemble la communauté. Ces édifices étaient donc plus ou moins nombreux, selon l’importance de la localité.
Il se peut que l’origine de la Synagogue doive être cherchée dans la période de l’exil. Il est difficile, en effet, de ne pas admettre que la ferveur religieuse, qui naquit en ces temps d’épreuve, n’ait pas été allumée et entretenue par des réunions de fidèles — quel que fût le nom qu’on leur donnât. Ainsi s’expliquerait la facilité avec laquelle cette institution s’implanta en Palestine, après le retour des déportés, malgré le rétablissement du culte sacrificiel à Jérusalem. L’absence de ce culte aurait provoqué, en Babylonie, la nécessité de grouper les croyants pour entretenir leur foi et cette coutume nouvelle se serait perpétuée dans la patrie retrouvée, malgré la reconstruction du Temple, à cause des bienfaits spirituels qui y étaient attachés. La tradition juive attribuait à Esdras l’institution de la Synagogue et il est fort possible qu’elle ne se trompât point, même s’il faut chercher dans l’exil l’éveil du besoin que ce réformateur voulait satisfaire. Toutefois, le premier texte qui atteste sûrement l’existence d’une synagogue ne date que de la seconde moitié du IIIe siècle avant notre ère.
Quand parurent les Pharisiens (voyez ce mot), en qui il faut voir les successeurs d’Esdras ils favorisèrent de toute leur influence, toujours grandissante, l’institution de la Synagogue.
La communauté qui portait ce nom de Synagogue avait des directeurs dont les attributions étaient à la fois religieuses et civiles, du moins dans toutes les bourgades et même dans toutes les villes où l’élément juif était prépondérant, la distinction entre la vie religieuse et la vie civile étant inconnue en Israël. Ailleurs, comme dans les villes de l’Empire, où les Juifs ne formaient que des colonies, la Synagogue n’exerçait évidemment qu’une influence religieuse et patriotique.
Les directeurs de la Synagogue formaient un sanhédrin (voyez ce mot) qui rendait la justice. C’est de ce tribunal local que parle Jésus dans le sermon sur la montagne (Mt 5.22) et ailleurs (Mt 10.17 ; Marc 13.9). Ceux qui le composaient s’appelaient soit les anciens (Luc 7.3 ; voir ce mot), soit les chefs (Mt 9.18 et 23 ; Luc 8.41).
Les châtiments infligés étaient :
1° la flagellation (Mt 10.17 ; 23.34 ; Marc 13.9 ; Ac 22.19), qui était administrée dans la Synagogue même. Le nombre des coups de verge était de trente-neuf (2Co 11.24) ;
2° l’excommunication (voir : anathème), sentence qui avait pour résultat, comme l’indique le mot, de chasser le condamné de la communauté (Jean 16.2). La sentence de condamnation pouvait, paraît-il, être formulée par ces simples mots : « Je ne t’ai jamais connu » (Mt 7.23) ;
3° la peine capitale.
L’édifice appelé Synagogue parait avoir été d’une architecture assez simple. Quelques ruines, découvertes en Galilée, datant vraisemblablement du IIe siècle après J.-C., nous apprennent que la forme en était rectangulaire, que le toit était soutenu non seulement par les murs, mais par plusieurs rangées de colonnes, et que les ornementations décelaient l’influence de l’art gréco-romain. Le mobilier se composait d’une armoire ou d’un coffre, destiné à contenir les rouleaux des Ecritures saintes, d’une estrade pour le lecteur et de bancs pour les auditeurs.
La Synagogue était le lieu de réunion de la communauté. Elle devint plus tard, après la destruction du Temple, une véritable « église ». Mais, à l’époque de Jésus, peut-on dire qu’un culte y fût célébré ? Josèphe et Philon appellent la Synagogue une « école », non pas seulement parce que, dans les bourgades, elle servait effectivement d’école aux enfants, qu’on ne pouvait rassembler ailleurs, mais parce que les adultes eux-mêmes y étaient convoqués pour écouter la lecture et l’explication de la Loi. Tous les passages des Evangiles qui nous montrent Jésus à la Synagogue nous disent qu’il y « enseignait » (Mt 4.23 ; Marc 1.21 ; 6.2 ; Luc 4.15,31 ; 6.6 ; 13.10 ; Jean 6.59 ; 18.20).
Néanmoins, le programme des réunions comportait une prière, à laquelle la communauté s’associait par des répons, et la bénédiction sacerdotale prononcée, si possible, par un prêtre. Le nom de proseuché (prière), donné très souvent aux Synagogues, suggère que l’édification tenait dans ces réunions une large place, à côté de l’instruction.
L’enseignement de la Synagogue, comme le montrent l’histoire de Jésus et, plus tard, celle de l’apôtre Paul (Ac. 13.5, 14-16, 42, 44 ; 14.1 ; 17.1-2 ; etc.), n’étant pas réservé à un « maître » officiel : il pouvait être donné par le premier venu, pourvu qu’il en fût capable. La Synagogue avait un « servant » ou « ministre » qui, entre autres fonctions, devait présenter au lecteur les rouleaux de la Loi et les replacer ensuite dans le coffre (Luc 4.20). Il est probable que l’enseignement de la Synagogue était généralement donné par les scribes (voyez ce mot) partout où il y en avait.
L’importance historique de la Synagogue est très grande à deux points de vue :
1° elle rapprocha du peuple une religion dont le seul organe officiel était le clergé de Jérusalem, elle lui permit de vivre indépendamment du Temple et de ses sacrifices, de se répandre en tous pays et de subsister après la ruine de la nation ;
2° les premières réunions des chrétiens subirent l’influence de la Synagogue en ce sens qu’elles en imitèrent très naturellement la simplicité et, si l’on peut employer ce mot, la « laïcité ».