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Manteau
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet
Westphal Bost

En latin pallium, se prend dans l’Écriture,

1° Pour l’habit de dessus ;

2° Pour toute sorte d’étoffe ou de couverture : par exemple on appela pallium les rideaux du tabernacle que Moïse fit dans le désert (Exode 36.18). On composa un grand voile de tous les rideaux de poil de chèvre qui couvraient le tabernacle, et dans les décampements on enveloppait l’arche et la table des pains de proposition et d’autres choses dans le voile précieux de couleur de bleu céleste (Nombres 5.7-9). L’épée de Goliath était dans le tabernacle, enveloppée dans un voile : Involutus pallio post ephod (1 Samuel 21.9).

Le pallium, ou le manteau, en hébreu muhil, était un habillement propre aux femmes et aux hommes. Rébecca, ayant vu de loin Isaac, son futur époux, se hâta de se couvrir de son manteau (Genèse 24.65). L’Hébreu lit zaiph, qui signifie plutôt un voile dont les femmes se couvraient la tête et le visage. L’épouse du Cantique dit que les gardes de la ville l’ont trouvée, et lui ont ôté son manteau : l’hébreu redid (Cantique 5.7) signifie aussi un voile précieux propre aux femmes. On peut dériver ce terme de l’hébreu radah, dominer, et alors il aura la même signification que potestas, que saint Paul veut que les femmes portent sur leur tête (1 Corinthiens 11.10). Ce voile, cette puissance, est la marque de l’autorité de l’homme sur la femme. Ruth portait aussi un manteau (Ruth 3.15) dans lequel Booz lui chargea six mesures de levain, et l’Écriture lui donne le nom de mipheat, différent de ceux que nous venons de voir.

Quant au manteau des hommes, il paraît par toute l’Écriture qu’ils les mettaient pardessus la tunique et qu’il n’était point taillé. C’était une simple pièce d’étoffe, ou d’autre matière, dont on s’enveloppait de différentes manières, selon le besoin et selon les circonstances où l’on se trouvait. On le tournait et retournait en tout sens ; on s’en enveloppait la tête ou les épaules, on l’attachait sur la poitrine, ou sur l’épaule, ou autour du cou, avec une agrafe. La femme de Putiphar arrache le manteau de Joseph ; les fils de Noé prennent un manteau à reculons, et jettent ce manteau sur la nudité de leur père. Les Hébreux, au sortir de l’Égypte, n’ayant pas eu le temps de cuire du pain, emportèrent de la farine dans leurs manteaux. Saül, voulant arrèter Samuel qui se retirait de lui, le prit par le manteau et le rompit (1 Samuel 15.27). Le prophète Ahias coupe en douze pièces le manteau qu’il portait (1 Rois 11.29), pour marquer la séparation future des dix tribus de celle de Juda. Élisée, ayant ramassé le manteau d’Élie, le roula et en fit une espèce de bâton, dont il frappa les eaux du Jourdain et les divisa (2 Rois 2.13), etc.

La matière du manteau était la laine, ou la peau, ou d’autre matière précieuse. Joseph ayant été établi intendant de l’Égypte, fut revêtu du plus fin coton, ou du lin le plus précieux (Genèse 41.42). David, dans la cérémonie du transport de l’arche à Jérusalem, portait un manteau de byssus (1 Chroniques 15.27). Mardochée, élevé en honneur par le roi Assuérus, paraissait avec un manteau de byssus (Esther 8.15) ou de soie couleur de pourpre. Les faux prophètes et les hypocrites se revêtaient de manteaux de cilices, pour se rendre vénérables par l’austérité de leur vie, feignant d’imiter la vie des vrais prophètes (Zacharie 13.4). Le manteau était une espèce de marque de dignité. La Pythonisse, consultée par Saül, dit qu’elle voyait parattre un homme vénérable avec un manteau, etc.

Pour distinguer les Hébreux des autres peuples, même par l’habit, Dieu leur commande (Nombres 15.38 Deutéronome 22.12) de porter aux quatre coins de leurs habits des houppes de couleur d’hyacinthe ou de bleu céleste, et le long du bord du même habit une frange ou galon, dont il ne prescrit ni la couleur, ni la largeur, ni la matière. Jésus-Christ portait de ces franges à son manteau, comme il paraît par l’Évangile (Matthieu 9.20). Le Sauveur reproche aux pharisiens de porter par affectation de plus grandes franges au bas de leurs manteaux, ou de plus longues houppes aux coins de leurs habits (Matthieu 23.5).

Les Juifs d’aujourd’hui, pour ne se pas rendre ridicules par la singularité de leurs vêlements, ne portent plus au dehors ces houppes ni ces franges à leurs manteaux ; mais ils ont sous leurs habits une pièce de soie ou de lin carrée, avec quatre petites houppes aux quatre coins. Cette espèce d’habillement est double ; une partie se met par devant et l’autre par derrière, et les deux pièces sont attachées par des cordons qui tiennent sur les deux épaules : c’est ce qu’ils appellent harba-canephoth ; les quatre ailes, ou les quatre coins ; c’est un diminutif de leur ancien manteau. Dans l’Écriture, il est parlé assez souvent des ailes du manteau, qui n’étaient autres apparemment que les quatre coins dont nous venons de parler. Saül arracha l’aile du manteau de Samuel ; et David coupa l’aile du manteau de Saül dans la caverne (1 Samuel 15.27).

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