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Il y a plusieurs villes de ce nom : mais l’Écriture ne parle que de celle de Phrygie, sur le fleuve Lycus, et voisine de Colosses. Son ancien nom était Diospolis. On l’appela ensuite Rhoas. Enfin Antiochus, fils de Stratonice, la fit rebâtir et la nomma Laodicée, du nom de sa femme Laodicé.
Saint Paul n’avait jamais été dans cette ville, et les fidèles de Laodicée ne le connaissaient point de visage et ne l’avaient jamais vu (Colossiens 2.1). Cependant, ayant appris par Epaphras, leur apôtre, que les faux docteurs répandaient dans Colosses et dans Laodicée une pernicieuse doctrine, il écrivit à ceux de Colosses pour les prémunir contre ces mauvais docteurs ; et il prie les Colossiens, lorsqu’ils auront lu sa lettre, de l’envoyer à ceux de Laodicée ; et de même il souhaite que ceux de Laodicée envoient leur lettre à ceux de Colosses (Colossiens 4.16).
L’expression de saint Paul, qui dit aux Colossiens : Et lisez aussi celle des Laodicéens, est équivoque. Elle peut signifier ou la lettre que saint Paul a écrite à ceux de Laodicée, au celle que les Laodicéens ont écrite à saint Paul. C’est ce qui a partagé les interprètes, les uns l’ayant prise dans le premier sens, et d’autres dans le second. On voit encore à présent une lettre sous le nom de saint Paul aux Laodicéens. Théodoret et saint Jérôme en ont connu une sous ce titre. Les Pères du septième concile disent que leurs anciens en ont aussi eu connaissance. Mais et les uns et les autres l’ont rejetée comme fausse et supposée ; et tous les savants sont aujourd’hui convaincus de la supposition de celle que l’on cite sous le nom de saint Paul, et que l’on a mise dans quelques anciennes Bibles imprimées en Allemagne et à Anvers. On la trouve aussi dans d’anciens manuscrits. Il y a même sujet de douter que celle-ci soit la même que celle dont parlent les anciens, puisque nous ne la voyons pas en grec ; celle que Hutterus a donnée en cette langue ayant été traduite par lui sur l’exemplaire latin. De plus, saint Philastre dit que les hérétiques ont ajouté quelque chose à l’épître aux Laodicéens ; et Timothée, prêtre de Constantinople, dit qu’elle a été forgée par les manichéens. Or nous ne voyons aucune trace de manichéisme ni d’autre hérésie dans celle qui est entre nos mains, et dont voici la copie :
Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par un homme, mais par Jésus-Christ, aux frères qui sont à Laodicée. Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Je rends grâces à Dieu dans toutes mes prières de ce que vous êtes fermes et persévérants dans les bonnes œuvres, attendant la promesse de Dieu au jour du jugement. Ne vous laissez point ébranler par les vains discours de ceux qui accusent la vérité, pour vous faire quitter la vérité de l’Évangile que j’ai précité. J’espère que Dieu fera en sorte que mes disciples demeurent attachés à la perfection de la vérité évangélique, et clans la pratique des bonnes œuvres, qui leur mériteront la vie éternelle. Les liens que je porte pour Jésus-Christ sont connus de tout le monde : je m’en réjouis et je m’y plais : et cela me servira pour le salut éternel, par le moyen de vos prières, et par le secours du Saint-Esprit, soit pour la vie ou pour la mort. Ma vie est en Jésus-Christ, et ma mort est ma joie. Il vous accordera par sa miséricorde que vous soyez toujours unis par une charité parfaite.
Ainsi, mes très-chers frères, comme vous avez appris que le Seigneur doit venir, demeurez dans les mêmes sentiments, et conduisez-vous dans sa crainte, et vous aurez la vie éternelle ; car c’est Dieu qui opère en vous ; faites donc tout ce que vous faites sans péché, et pratiquez toujours ce qui est plus parfait. Mes très-chers frères, réjouissez-vous en Notre-Seigneur Jésus-Christ, et évitez tout gain sordide. Adressez à Dieu toutes vos demandes. Demeurez fermes dans les sentiments que vous avez de Jésus-Christ, et pratiquez toujours ce qu’il y a de plus parfait, de plus vrai, de plus pur, de plus juste et de plus aimable. Retenez dans votre cœur ce que vous avez appris, et vous jouirez de la paix. Tous les saints vous saluent. Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit. Ainsi soit-il. Faites lire celle-ci aux Colossiens, et lisez celle qui est adressée aux Colossiens.
Mais si cette épître est supposée, comme on eu convient, quelle est donc celle des Laodicéens, que saint Paul veut que les Colossiens lisent dans leur assemblée ? Marcion prétendait que c’était celle aux Éphésiens, et Grotius le croit de même, aussi bien que M. Le Clerc et Hammond. Ils disent que saint Paul, ayant écrit aux Éphésiens et aux Laodicéens une lettre conçue en mêmes termes, voulait que ces deux lettres fussent comme circulaires dans toute l’Asie Mineure, et qu’on les envoyât d’une Église à une autre. Comme Laodicée était plus voisine de Colosses que d’Éphèse, saint Paul aime mieux que les Colossiens s’adressent aux Laodicéens qu’aux Éphésiens, pour avoir communication de cette épître.
D’autres, en grand nombre, tant parmi les anciens que parmi les nouveaux, enseignent que c’est une épître que ceux de Laodicée avaient écrite à saint Paul, et dont cet apôtre souhaitait que les Colossiens fissent la lecture, pour leur édification et leur instruction. Cette hypothèse est assez probable, mais on ne peut la donner comme véritable. Il semble que saint Paul devait plutôt envoyer de Rome la lettre qu’il avait reçue des Laodicéens, s’il voulait qu’on la lût à Colosses, que de renvoyer les Colossiens pour la demander à ceux de Laodicée, dans l’incertitude si ceux-ci en avaient conservé une copie.
D’autres veulent que saint Paul ait écrit aux Laodicéens, en même temps qu’aux Colossiens, une lettre qui n’est-point venue jusqu’à nous. Mais une preuve indubitable que saint Paul n’écrivit pas alors à ceux de Laodicée, c’est que dans l’Épître aux Colossiens il prie qu’on salue de sa part les frères de Laodicée (Colossiens 4.15). Il vaut donc mieux supposer que saint Paul veut parler de la lettre qui lui avait été écrite par ceux de Laodicée, et qui s’est perdue. Ce fait n’est pas certain, il est vrai, mais c’est la plus plausible des hypothèses que l’on propose pour éclaircir l’endroit dont il est ici question [Laodicée était la métropole de la Phrygie Paratienne. Elle était une des sept Églises d’Asie, et saint Jean fut chargé de lui reprocher sa tiédeur, son aveuglement, sa nudité (Apocalypse 3.14) etc. Elle ne voulut pas suivre le conseil divin qui lui fut donné, et elle a subi le sort que devait lui attirer le christianisme commode et raisonnable qu’elle avait arrangé à son goût : Dieu l’a vomie de sa bouche ! elle expie depuis longtemps sa raison et ses plaisirs sous ses propres ruines ! Voyez Keith, Accomplissement littéral des prophéties, dans les Démonstr. évangél., tome 15 col. 1167 et suivants]