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Il ne peut être parlé ici de l’onction morale, de ce trait du caractère, de la parole ou de la vie, mélange de tendresse et de sévérité, d’amour et de sainteté, qui doit être un des traits principaux, mais qui est aussi l’un des traits les plus rares, parce qu’il se compose de qualités contraires, de la personne du chrétien, et du prédicateur en particulier, caractère si frappant dans tous les enseignements du maître, si frappant encore chez l’apôtre de la charité qui était, en même temps, un fils du tonnerre, de même que dans plusieurs épîtres de Paul.
Nous ne parlerons que de l’onction matérielle, de l’onction d’huile, renvoyant, pour plusieurs détails, aux articles spéciaux. L’habitude de se frotter d’huile, de se répandre de l’huile sur le corps, ou sur quelques parties du corps, a été de tout temps, comme elle l’est encore de nos jours, fort connue dans les climats chauds de l’Orient, et chez les peuples du midi de l’Europe, chez les Grecs et chez les Romains ; elle est, en quelque sorte, une nécessité de ces pays où la chaleur produit sur les corps animaux une transpiration souvent accompagnée d’une odeur désagréable et malsaine. Si les pauvres sont obligés de supporter toujours cette incommodité, les personnes aisées ne pouvaient se dispenser, surtout lorsqu’elles donnaient des repas, ou qu’elles recevaient des personnes de distinction, ou enfin lorsqu’elles accordaient l’hospitalité à quelqu’un, de fournir des huiles excellentes à leurs hôtes, et de s’en servir elles-mêmes (Proverbes 27.9 ; Ézéchiel 16.9 ; Ruth 3.3 ; Cantique 1.2). Les huiles, les graisses parfumées, les pommades, appartenaient donc aux objets de luxe, mais de luxe nécessaire, des Israélites (Ecclésiaste 7.1). Ce n’était que dans les temps de deuil, dans les fêtes solennelles, et notamment au grand jour des expiations, qu’on s’abstenait de toute espèce d’onction (Daniel 10.3 ; 2 Samuel 14.2 ; cf. 12.20 ; Matthieu 6.17 ; etc.). On oignait les cheveux et la barbe. Le Psaumes 133.2, montre que cela se faisait quelquefois si richement, que l’huile répandue ruisselait jusque sur les vêtements ; les mains, le visage, quelquefois les habits et les lits, étaient oints de la même manière, et, lorsqu’on voulait donner à quelqu’un une grande marque de respect ou d’affection, l’on allait jusqu’à oindre ses pieds (Psaumes 45.8 ; Proverbes 7.17 ; Jean 12.3 ; Luc 7.38-46) ; voir ailleurs, ce qui regarde l’onction des malades (Marc 6.13 ; Jacques 5.14), et celle des boucliers (2 Samuel 1.21). Les prêtres, quelquefois les prophètes (1 Rois 19.16), et les rois, même des rois païens, étaient ordinairement consacrés par l’huile aux fonctions qui leur étaient conférées. Les ustensiles du lieu saint des Hébreux avaient été inaugurés de la même manière, avant d’être mis en usage (Exode 30.26).
Les parfums dont on se servait étaient quelquefois, mais rarement, simples, tels que l’huile de nard ; le plus souvent ils se composaient d’un mélange d’huile d’olive fine, et de quelque autre produit odoriférant, indigène ou étranger, huile ou résine, tel que du nard, de la myrrhe, etc. (Michée 6.13 ; Deutéronome 28.40 ; Ézéchiel 27.22 ; 1 Rois 10.10). En général, de pareils parfums étaient fort chers (Amos 6.6), et prouvaient un grand luxe et une grande richesse chez leurs possesseurs ; les rois avaient des cabinets de parfumeries, comme ils avaient des garde-robes et des arsenaux (Ésaïe 39.2). C’étaient surtout les Phéniciens qui faisaient ce genre de commerce ; ils expédiaient presque toujours leurs parfums et leurs huiles dans des flacons d’albâtre, estimés ceux qui conservent le mieux, le plus purement et le plus longtemps, les odeurs délicates. La préparation de ces huiles exigeait une certaine habileté, et l’on trouve de bonne heure des hommes qui faisaient de ce travail leur métier (Exode 30.25-35 ; Ecclésiaste 10.1 ; Cantique 3.6) ; les riches avaient des esclaves habiles dans l’art de faire des parfums (1 Samuel 8.13).
De toutes les huiles, la plus précieuse était celle du sanctuaire, l’huile pour l’onction sainte, dont on oignait les prêtres et les vases sacrés. Il était interdit de s’en servir pour des usages particuliers ; sa composition est indiquée en Exode 30.22ss. (cf. 35.15 ; 37.29 ; Nombres 4.16). Ézéchiel 23.41, reproche aux Juifs l’emploi qu’ils ont fait sur leurs tables des parfums de l’Éternel, et de l’huile sainte du tabernacle.