A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z


Å’il
Dictionnaire Biblique Westphal
Calmet

I Sens propre

L’œil est le principal organe de la perception, « la lumière du corps » (Matthieu 6.32). Il est souvent cité dans les locutions proverbiales du langage courant (Exode 21.24 ; 1 Corinthiens 2.9 ; 1 Corinthiens 12.16s etc.). Sa valeur inestimable est évoquée dans l’expression : la prunelle de l’œil (Deutéronome 32.10 ; Psaumes 17.8 ; Zacharie 2.8) ; le nom hébreu de la prunelle signifie littéralement « le petit homme », allusion au fait que l’on se voit réfléchi dans la prunelle qu’on regarde de près. La Bible mentionne :

  • la beauté des yeux (Genèse 29.17 ; 1 Samuel 16.12 ; Cantique 1.15 ; Cantique 4.1 ; Cantique 7.5),
  • leur séduction (Proverbes 6.35 ; Ésaïe 3.16) ;
  • les pleurs qu’ils peuvent verser (Jérémie 13.17 ; voir Larmes) ;
  • l’antimoine qui les farde (2 Rois 9.30 ; Jérémie 4.30 ; voir Antimoine) ;
  • la vue trouble des vieillards (dans l’apologue de Ecclésiaste 12.5) ;
  • les yeux rouges du buveur (Genèse 49.12 ; Proverbes 23.29) ;
  • le collyre qui avait fait la célébrité de l’école de médecine de Laodicée (Apocalypse 3.18) ;
  • le supplice de l’œil droit crevé pour rendre impropre au service militaire (1 Samuel 11.2 ; Zacharie 11.17), parce que le bouclier laissait le côté droit dégagé. Voir Aveugle.

II Sens figuré

L’œil est le révélateur le plus expressif des sentiments :

  • orgueil (Psaumes 18.28 ; Psaumes 101.5 ; Proverbes 21.4),
  • humilité (Job 22.29),
  • bonté (Proverbes 22.9),
  • dureté (Deutéronome 15.9 ; Ésaïe 13.18),
  • tristesse (Job 17.7 ; Lamentations 1.16 ; Lamentations 3.51),
  • raillerie (Proverbes 30.17),
  • envie et jalousie (voir la plupart de ces mots).

L’œil accueille la tentation (Genèse 3.6 ; Job 31.1) ; d’où l’expression « la convoitise des yeux » (1 Jean 2.16) et l’ordre imagé d’arracher l’œil qui fait tomber (Matthieu 5.28 et suivant).

À Dieu sont attribués les yeux qui voient tout (Psaumes 14.2 ; Ézéchiel 11.8 ; Matthieu 6.4-6 ; Matthieu 6.18), emblème anthropomorphique de son omniscience, inséparable de sa sainteté (Habakuk 1.13).

C’est le sens des « sept yeux », dans les visions d’apocalypses (Zacharie 4.10 ; Apocalypse 5.6 ; Apocalypse 1.14 ; Apocalypse 2.18).

Ce regard divin, suivant les circonstances, est favorable aux hommes (Deutéronome 11.12 ; Psaumes 33.18 ; Psaumes 101.6 ; Esdras 5.5 ; 1 Pierre 3.12) ou indigné contre eux (Amos 9.8).

Chez l’homme, le péché aveugle et fausse l’œil spirituel, le regard de l’âme (Ésaïe 5.21 ; Matthieu 13.14 ; Luc 19.42 ; Luc 24.16 ; Jean 12.40 ; Romains 3.18 ; Romains 11.8-10 ; 1 Jean 2.11). Dieu ouvre les yeux des croyants sur son Å“uvre et sa personne (2 Rois 6.17 ; Psaumes 119.18 ; Éphésiens 1.18).

Jésus, accomplissant les prophéties (Ésaïe 29.18 ; Ésaïe 35.5 ; Ésaïe 42.7), est venu pour donner conscience aux hommes de leur cécité morale et spirituelle et pour les guérir (Luc 4.19 ; Jean 9.39 ; Jean 20.29) ; il a déclaré que la pureté du cÅ“ur est la condition pour voir Dieu (Matthieu 5.8)

Et la foi chrétienne a pour principe directeur, non pas la faculté matérielle de la vue, mais la foi qui voit l’invisible (2 Corinthiens 5.7, cf. 2 Corinthiens 4.18 ; Hébreux 11.1 ; Hébreux 11.27). Voir Regard.


Dictionnaire Encyclopédique de la Bible par Alexandre WESTPHAL, Pasteur, Docteur en Théologie, et professeur honoraire de l'Université de Toulouse (Faculté de Théologie protestante de Montauban).
Edition originale publiée en 1932 par les Editions et Imprimeries « Je Sers », Issy-les-Moulineaux. Imprimeries Réunies Ducros et Lombard, Aberlen et Cie. Valence sur Rhone.
Numérisation Yves PETRAKIAN – 2005 France.